Mauvais traitements et négligence
à l'égard des aînés: document de travail
Le contexte canadien
Le présent document a pour objet de donner un aperçu général
des principales réalisations qui se sont produites dans le domaine
de la violence et de la négligence à l'égard des
aînés depuis la publication du premier document de travail,
en 1989. À cette fin, nous réexaminons les problèmes
relatifs à la définition de la violence et de la négligence;
les questions concernant l'incidence et la prévalence de la violence;
les progrès faits sur le front théorique et les problèmes
afférents qui ont trait à la détermination des facteurs
de risque de violence et de négligence. Nous étudions également
les modifications apportées à la législation sur
la protection des adultes et la recherche effectuée à cet
égard, les progrès faits dans la création de protocoles
de détection et d'intervention et les innovations survenues dans
les programmes. Nous terminons l'étude en examinant quelques-unes
des stratégies de prévention adoptées au Canada et
en énonçant certaines idées pour la recherche de
demain.
La recherche sur les mauvais traitements à l'égard des
aînés1 a connu une expansion considérable
depuis la publication du premier document de travail fédéral,
en 1989 (Gnaedinger, 1989). À cette époque, le problème
venait juste d'être reconnu comme une autre forme de la violence
familiale, à mettre au même rang que l'enfance maltraitée,
« découverte » au cours des années 1960,
ou la violence conjugale, définie au cours des années 1970.
Bien que la première mention de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés ait été faite
en Angleterre, au cours des années 1970 (Baker, 1975; Burston,
1975), c'est aux États-Unis, à la même époque,
et au Canada, au cours des années 1980, que l'on a attaché
la plus grande importance à cette question. Les premières
études2 de prévalenceeffectuées
par Bélanger (1981) et Grandmaison (1988), au Québec, par
Shell (1982) et King (1984), au Manitoba, par la G. A. Frecker Association
on Gerontology (1983), à Terre-Neuve, par Haley (1984), en Nouvelle-Écosse,
par Stevenson (1985), en Alberta, et par le ministère des Services
sociaux et communautaires (1985), en Ontario permettaient de supposer
qu'un pourcentage important d'aînés canadiens étaient
maltraités aux mains des personnes qui les soignaient.
1 Lorsque qu'on a commencé à reconnaître l'existence
de la violence et de la négligence à l'égard des
aînés, on a d'abord parlé du problème des « vieillards
maltraités », comme c'est encore le cas aujourd'hui dans
la plupart des pays (Kosberg et Garcia, 1995b). Au Canada, au milieu des
années 1990, plusieurs chercheurs et représentants de gouvernement
ont décidé d'utiliser d'autres termes. Ils ont également
consulté les aînés euxmêmes. Les nouveaux termes
proposés ont été « violence et négligence
à l'égard des aînés, ou des personnes âgées »,
ou encore « mauvais traitements à l'égard des
aînés ». En effet, l'utilisation du terme « vieillards »
risquait d'être stigmatisante et de concentrer l'attention sur les
plus âgés des aînés (Spencer, 1995). Dans le
présent document de travail, nous n'employons les anciens termes
que lorsque nous citons les premières recherches, effectuées
avec ces termes.
2 On entend ici par prévalence le nombre
de cas survenus dans une vie.
1. Le contexte canadien
Vers la fin des années 1980, le premier ouvrage canadien concernant
la violence, rédigé par Schlesinger et Schlesinger (1988),
a attiré l'attention du milieu sur certains problèmes alarmants
auxquels devaient faire face les praticiens et les législateurs.
Les auteurs ont trouvé près de deux cents documents nord-américains
portant sur les mauvais traitements à l'égard des personnes
âgées, et ils ont dressé la première bibliographie
commentée du Canada. Au cours des années 1980, la nécessité
de remédier au problème a entraîné un examen
de la législation de la protection des adultes et une évaluation
des avantages et des inconvénients de l'obligation de signaler
les cas de violence. Les premiers débats, limités à
un petit groupe de praticiens et d'universitaires, ont fourni l'impulsion
nécessaire pour réformer le système de la tutelle
des adultes et la législation de la protection des adultesprocessus
qui avait débuté en 1973 à Terre-Neuve, et en 1976
en Alberta. À la même époque, le gouvernement fédéral
et les provinces du Canada commencèrent à financer différents
projets de recherche, d'éducation et d'intervention, qui visaient
tous à produire des preuves irréfutables de l'existence
de la violence et de la négligence à l'égard des
aînés.
En 1989, l'enquête nationale historique, effectuée par Elizabeth
Podnieks, a révélé que 4 p. 100 des Canadiens
âgés vivant dans des maisons privées subissaient une
certaine forme de mauvais traitements (Podnieks, 1990). La publication
de cette étude a apporté une conclusion favorable à
la première période des recherches canadiennes dans le domaine.
Un groupe limité mais néanmoins important de praticiens
résolus, secondé par un groupe de chercheurs encore plus
réduit, a réussi à attirer l'attention des Canadiens
sur le problème social troublant de la violence et de la négligence
à l'égard des personnes âgées.
Les années 1990 ont inauguré une nouvelle époque,
caractérisée par un engagement croissant dans la recherche,
l'éducation et l'intervention en faveur des aînés
canadiens maltraités. Aujourd'hui, de nombreuses conférences
nationales, provinciales et locales, qui s'adressent aux professionnels,
au public et aux personnes âgées elles-mêmes, portent
sur tout l'éventail des questions liées à la violence
et à la négligence à l'égard des aînés
(ex., La Voix, 1995; Santé et Bien-être social Canada,
1997). Une mine de documents éducatifs est produite régulièrement
aux échelons local, national et gouvernemental, malgré des
ressources réduites, en vue d'apporter des solutions novatrices
au problème (ex., British Columbia Seniors Advisory Council, 1992;
Coalition « Vieillir sans violence », 1991; Santé
et Bien-être social Canada, 1992; Santé et Bien-être
social Canada, 1993; Mackenzie, 1991; Seniors Education Centre, 1991;
Wasylkewycz, 1993; Wigdor, 1991).
2
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Le début des années 1990 a vu arriver toute une nouvelle génération
de chercheurs qui, non contents de prouver que la violence à l'égard
des aînés était un problème social, ont commencé
à mener des recherches pour guider la pratique et l'élaboration
de la politique et, dans une moindre mesure, la refonte de la législation
(ex., Beaulieu, 1992; Pittaway et Westhues, 1993; Poirier, 1992; Reis et
Nahmiash, 1995a; Stones et Pittman, 1995; Sweeney, 1995). À l'approche
de la fin de la décennie, la violence à l'égard des
aînés a été reconnue comme un problème
crucial, qui mérite des recherches universitaires sérieuses
et une action sociale concertée de la part de tous les Canadiens.
Au Canada, à l'approche du prochain millénaire, nous devons
être conscients de cette évolution, des nouvelles questions
qu'elle soulève et de leurs répercussions sur les aînés
de demain.
2
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
Définition de la violence et de la négligence à
l'égard des aînés
2.1 Définitions proposées
Un éminent chercheur dans le domaine de la violence à l'égard
des aînés a fait remarquer que, dès le début
de la recherche scientifique sur la nature et les causes de la violence
à l'égard des personnes âgées, les définitions
ont constitué un problème important (Wolf, 1988, p. 758).
L'absence d'une définition généralement acceptable
a entraîné la création d'un large éventail
de définitions de la violence et de la négligence, qui continuent
encore aujourd'hui à susciter des controverses et des débats
(Bennett, 1990; Council of Europe, 1992; Decalmer et Glendenning, 1993;
Kozma et Stones, 1995; Sanchez, 1996; Wallace, 1996). Néanmoins,
la plupart des chercheurs semblent d'accord pour retenir trois grandes
catégories d'actes de violence ou de négligence : 1)
la violence familiale à l'égard des aînés;
2) la violence institutionnelle; (3) la négligence de soi ou la
violence envers soi. La majorité des chercheurs s'entendent aussi
sur les principaux types de mauvais traitementsviolence physique,
violence psychologique et exploitation financière. Toutefois,
au-delà de cette classification, on s'entend peu (Decalmer et Glendenning,
1993; Hudson, 1994; Wolf, 1992).
Le choix des définitions est manifestement risqué. Aux
fins du présent document, nous nous appuyons sur les définitions
du National Centre on Elder Abuse (NCEA) des États-Unis, surtout
parce qu'il existe un certain consensus quant à leur utilité.
On entendra généralement par « violence familiale à
l'égard des aînés » des mauvais traitements
infligés à une personne âgée par quelqu'un
qui a un lien particulier avec elle, par exemple un conjoint, un frère,
une soeur, un enfant, un ami ou un soignant, dans le foyer même
de la personne âgée ou dans celui de la personne soignante
(NCEA, 1998). On parle de « violence familiale » parce
que cette forme de mauvais traitements se produit au sein de la collectivité
plutôt que dans une institution comme une maison de soins infirmiers.
L'acte de violence peut causer un préjudice physique, psychologique
ou matériel à la personne âgée, ce qui entraîne
chez elle de la détresse et de la souffrance (Hudson, 1991; McDonald,
1996).
On entendra par « violence physique » l'utilisation
de la force physique, laquelle peut entraîner des blessures corporelles,
de la douleur physique ou une détérioration de la santé.
La violence physique peut prendre diverses formes, entre autres :
frapper (avec ou sans
2. Définition de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés
objet), battre, pousser, secouer, gifler, donner des coups de pied, pincer
ou brûler (NCEA, 1998; Stones, 1995; Wolf et Pillemer, 1989). Administrer
abusivement des médicaments, utiliser abusivement des moyens de contention,
faire manger l'aîné de force sont également considérés
comme de la violence physique (NCEA, 1998). Les signes et symptômes
possibles de violence physique sont résumés au tableau 1.
On entendra par « violence sexuelle », lorsqu'elle
n'est pas incluse dans la violence physique (McDonald, 1996), un contact
sexuel sans consentement et de n'importe quel type avec une personne âgée.
Tout contact sexuel avec une personne incapable de donner son consentement
est également considéré comme de la violence sexuelle.
La violence sexuelle prend diverses formes : des attouchements non
désirés et des agressions ou sévices sexuels graves,
comme le viol, la sodomie, la nudité forcée et la photographie
sexuelle explicite (NCEA, 1998). Les signes et symptômes possibles
de violence sexuelle sont résumés au tableau 1.
On entendra par « violence psychologique (ou morale) »
le fait de causer de l'angoisse, de la douleur ou de la détresse
par des actes verbaux ou non verbaux. Ce type de violence comprend, sans
s'y limiter, les agressions verbales, les insultes, les menaces, l'intimidation,
l'humiliation et le harcèlement. Sont à considérer
également comme de la violence morale le fait de traiter une personne
âgée comme un enfant en bas âge, de l'éloigner
de sa famille et de ses amis, de lui interdire ses activités
régulières, de passer de longues périodes sans lui
adresser la parole, et de la tenir isolée sur le plan social. Ce
type de violence est difficile à déterminer, comme on peut
le voir à l'examen des signes et des symptômes mentionnés
au tableau 1.
L'« exploitation matérielle » ou « exploitation
financière » est l'utilisation illégale ou abusive
des fonds, des biens ou des actifs de la personne âgée. Font
partie de ce type de mauvais traitements : l'encaissement des chèques
de l'aîné sans son autorisation, la falsification de sa signature,
l'utilisation abusive ou le vol de son argent ou de ses biens, le fait
de lui faire signer un document (ex., un testament) en recourant à
la force ou à la tromperie, et l'utilisation abusive d'une tutelle
ou d'une procuration (Gordon, 1992; Santé et Bien-être social
Canada, 1993; McDonald, 1996; NCEA, 1998). Les signes et symptômes
d'exploitation financière sont résumés au tableau
1. Le vol, l'agression physique, le viol et le cambriolage lorsqu'ils
sont commis par une personne n'ayant pas de relation de confiance avec
la personne âgée ne sont habituellement pas considérés
comme des actes de violence à l'égard de l'aîné
mais plutôt comme des crimes. On retrouve parmi les crimes contre
les personnes âgées certaines formes de violence à
l'égard des aînés, mais pas toutes (Santé et
Bien-être social Canada, 1993; McDonald, 1996).
La « négligence » est un comportement nuisible
intentionnel ou non intentionnel de la part d'une personne qui dispense
des soins bénévoles ou non bénévoles à
l'aîné, et à qui l'aîné a accordé
sa confiance. Il y a négligence non
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
intentionnelle quand la personne ne s'acquitte pas de ses responsabilités
en matière de soins, sans intention de causer du tort à l'aîné;
il y a négligence intentionnelle lorsque la personne, consciemment
et à dessein, ne satisfait pas les besoins de l'aîné,
ce qui lui cause un préjudice psychologique, physique ou matériel
(McDonald, 1996). On entend habituellement par « négligence »
le refus ou l'omission de fournir à la personne âgée
les nécessités de la vie, comme l'eau, les aliments, les vêtements,
le logement, l'hygiène personnelle, les médicaments, les menus
articles de confort, la sécurité personnelle et les autres
biens essentiels (NCEA, 1998). La négligence est également
difficile à déterminer, étant donné que les
symptômes peuvent facilement se confondre avec la maladie (Filinson
et Ingman, 1989). Certains des signes de négligence sont résumés
au
tableau 1.
La négligence de soi est le comportement d'une personne âgée
qui menace sa propre santé et sa propre sécurité.
On entend habituellement par ce terme le fait que l'aîné
refuse, ou omet, de se procurer luimême les nécessités
de la vie, énumérées plus haut. Cette nouvelle définition
de la négligence de soi exclut les situations où une personne
âgée mentalement capable prend sciemment la décision
de commettre des actes qui menacent sa sécurité (NCEA, 1998).
Les signes et symptômes de la négligence de soi sont semblables
à ceux de la négligence, mais il y a lieu de se demander
si la négligence de soi doit être incluse dans une étude
sur les mauvais traitements à l'égard des aînés,
étant donné qu'il n'intervient ici aucune violence de la
part d'une personne chargée de fournir des soins à l'aîné.
2. Définition de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés
Tableau 1 : Signes et symptômes de mauvais traitements
Violence Physique
Violence sexuelle
Exploitation financière
ou matérielle
meurtrissures autour des seins ou des zones génitales
maladie vénérienne ou infections génitales
inexpliquées
saignement vaginal ou anal inexpliqué
sous-vêtements déchirés, salis ou tachés
de sang
déclaration de la personne âgée selon laquelle
on l'a agressée sexuellement ou violée
meurtrissures, yeux au beurre noir, cicatrices, lacérations,
traces de restriction par corde
fractures d'os, fractures du crâne
plaies ouvertes, coupures, perforations, blessures non traitées
à divers stades de guérison
entorses, dislocations et blessures ou saignements internes
lunettes brisées, signes de contention
découvertes en laboratoire de dose excessive de médicament
ou de sous-utilisation de médicaments prescrits
déclaration de l'aîné selon laquelle on le
frappe, le gifle, lui donne des coups de pied ou le maltraite
changement soudain de comportement chez l'aîné
refus d'une personne soignante de permettre aux visiteurs de voir
une personne âgée
changements soudains dans le compte de banque ou dans les pratiques
bancaires
inclusion d'autres noms sur la fiche de signature bancaire de
l'aîné
retrait de fonds sans autorisation de l'aîné, au
moyen de sa carte de guichet automatique
modification soudaine du testament ou d'autres documents financiers
disparition inexpliquée de fonds ou de biens précieux
factures impayées malgré des fonds suffisants
falsification manifeste de la signature de l'aîné
transfert soudain et inexpliqué de biens de l'aîné
à quelqu'un de la famille ou de l'extérieur
déclaration de l'aîné selon laquelle il est
victime d'exploitation financière
Violence morale
ou psychologique
agitation sur le plan émotif
aîné extrêmement distant, non communicatif,
non réceptif
comportement inhabituel attribué d'ordinaire à la
démence (ex. sucer, mordre, se balancer)
déclaration de l'aîné selon laquelle on le
maltraite verbalement ou moralement
Abandon
abandon de l'aîné à l'hôpital, dans une
maison de soins infirmiers ou dans une institution
abandon de l'aîné dans un centre commercial ou dans
un autre endroit public
déclaration de l'aîné selon laquelle on l'a
abandonné
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Tableau 2 : Signes et symptômes de négligence et de
négligence de soi
Négligence
Auto-négligence
déshydratation, malnutrition, plaies de lit non traitées,
mauvaise hygiène personnelle
problèmes de santé laissés sans soins ou
sans traitement
conditions de vie hasardeuses ou dangereuses (ex., mauvais câblage
électrique, pas de chauffage)
conditions de vie malsaines ou malpropres (odeurs)
vêtements inappropriés ou insuffisants, manque d'aides
médicales (ex. lunettes, appareil auditif)
logement très inadéquat ou pas de logement
déshydratation, malnutrition, plaies de lit non traitées,
mauvaise hygiène personnelle
problèmes de santé laissés sans soins ou
sans traitement
conditions de vie hasardeuses ou dangereuses (saleté, literie
sale, odeurs)
Remarque : Adapté d'un document du National Centre on Elder
Abuse, 1998.
Récemment, on a ajouté l'abandon à la liste des
mauvais traitements. Il y a « abandon » quand une
personne chargée de donner des soins à l'aîné
ou d'assurer sa garde physique l'abandonne (NCEA, 1998). Les signes et
symptômes les plus fréquents d'abandon sont énumérés
au tableau 1.
2.2 Les débats concernant les définitions
De nombreux professionnels de la lutte contre les mauvais traitements
à l'égard des personnes âgées sont las de la
recherche constante de définitions de la violence et de la négligence.
Cependant, la question demeure importante : les définitions déterminent
qui est compris on non parmi les victimes de violence, qui est visé
ou non par la législation, et
qui est admissible ou non aux services offerts. Elles permettent aussi
de déterminer le type de traitement que l'on offrira et, enfin,
dans quelle mesure ce traitement sera efficace. Bref, des définitions
précises de la violence et de la négligence assurent l'exactitude
du dépistage et de la classification, et le choix d'un traitement
approprié.
En outre, les écarts entre les définitions rendent impossible
de regrouper ou de comparer les données recueillies dans les différentes
provinces du Canada ou par les divers organismes de services sociaux d'une
même ville. Sans définitions normalisées de la violence
et de la négligence, il est également hors de question d'établir
des comparaisons entre les différentes parties du pays. Si le Canada
devait effectuer une autre étude pour déterminer la prévalence
de
2. Définition de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés
la violence comme il l'a fait en 1989, nous devrions retenir les définitions
originales de la violence pour pouvoir juger si le problème a reculé
ou s'est aggravé depuis cette époque (Podnieks, 1992).
Le « désordre des définitions » observé
par Pillemer et Finkelhor (1988, p. 52) peut être attribué
à un certain nombre de facteurs. L'une des difficultés manifestes
est le fait que les définitions ont été élaborées
selon différentes perspectivescelles de l'aîné
maltraité, celle du proche qui le soigne, celle du professionnel
de la santé, celle de l'avocat, celle de la police, celle du travailleur
social et celle du décideur. Si le policier subit probablement
l'influence des définitions du Code criminel, l'intervenant
communautaire, lui, suit la ligne de conduite de son organisme, qui encourage
très probablement l'utilisation d'une définition plus générale,
susceptible de s'appliquer à tous les cas de violence qui se présentent
dans la collectivité. Cette différence de perspective est
facile à illustrer : ainsi, lors d'une étude canadienne,
on a constaté qu'il existait un écart considérable
entre l'opinion du public sur la violence physique et celle des professionnels
qui sont en contact avec la violence (Gebotys, O'Connor et Mair,
1992). Les définitions juridiques de la violence et de la négligence
varient également avec les provinces. Par exemple, à Terre-Neuve,
la législation ne s'applique qu'aux adultes « négligés »
et ne contient aucune disposition sur la violence, tandis qu'en ColombieBritannique,
la législation donne une définition précise de la
violence (Robertson, 1995).
L'examen des premiers ouvrages consacrés à la violence
envers les aînés révèle que les chercheurs
et les praticiens avaient tendance à élaborer des taxonomies
ou des typologies (listes de types) de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés (Block et Sinnot,
1979; Chen et al, 1981; Hickey et Douglas, 1981; Lau et
Kosberg, 1979; McDonald et al, 1991; Pillemer et Finkelhor,
1988;
Rathbone-McCuan et Voyles, 1982; Sengstock et Hwalek, 1987; Sengstock
et Liang, 1982; Steinmetz, 1990) ou à tenter d'élaborer
des définitions conceptuelles générales et exhaustives,
qui saisissent la nature multi-dimensionnelle de la violence (Filinson,
1989; Fulmer et O'Malley, 1987; Hudson, 1988; Johnson, 1986, 1991;
O'Malley et al, 1979, 1983; Podnieks, 1985; Rathbone-McCuan, 1980;
Wolf, 1988).
Le problème inhérent aux listes descriptives des différents
types de violence est qu'il n'existe aucune uniformité, ni entre
les catégories des experts, ni au sein de ces catégories.
Par exemple, certains chercheurs incluent la violation des droits parmi
les mauvais traitements, tandis que d'autres omettent cette catégorie
(Lau et Kosberg, 1979; Sengstock et Hwalek, 1987). En
outre, les catégories contiennent un éventail d'actes de
violence si vaste qu'elles ont tendance à devenir inutilisables
dans la pratique parce que tous les actes deviennent alors des actes de
violence ou de négligence. Les définitions conceptuelles
occasionnent également des problèmes. À titre d'exemplestypes,
mentionnons la définition de Fulmer et O'Malley (1987) :
les mauvais traitements
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
désignent tout acte commis par un aidant qui créent des besoins
non satisfaits chez l'aîné (p. 27), ou celle de Johnson (1991) :
les souffrances que s'inflige la personne âgée ou que lui infligent
d'autres personnes, qui ne sont pas nécessaires au maintien de la
qualité de sa vie et qui constituent de la violence et de la négligence
résultant d'une situation accablante (p. 4). La première définition
porte sur les conséquences de la violence, alors que la seconde renvoie
aux causes, aux moyens et aux conséquences de la violence (Johnson,
1991; Stones, 1995). Le manque d'uniformité des définitions
conceptuelles et leur nature imprécise causent de la confusion non
seulement chez les chercheurs mais aussi chez les travailleurs sociaux.
2.3 Les années 1990
et au-delà
Même si la terminologie de la violence et de la négligence
est loin d'être définitivement établie, il y a eu
au cours des années 1990 un effort concerté pour remédier
à l'absence de consensus autour des définitions. Les chercheurs
ont « étudié » les définitions
elles-mêmes et ils ont obtenu certains résultats intéressants.
Le chercheur canadien Michael Stones (1995) trouve trois approches de
base dans les définitions de la violence et de la négligence
que l'on retrouve dans les ouvrages professionnels. Il montre qu'il existe
des définitions associatives, qui mettent l'accent sur les conséquences
de la violence, comme les deux exemples ci-dessus, tirés de Johnson
(1991) et de Fulmer et O'Malley (1987). Il existe aussi des définitions
basées sur des critères structurels, qui
mettent en évidence les critères à utiliser pour
déterminer si le comportement est violent. Stones (1995) renvoie
à sa propre définition : une violation des normes reconnues,
commise par une personne en qui l'aîné a des raisons d'avoir
confiance (p. 114). La troisième approche consiste à utiliser
des définitions dénotatives, comme ce que nous avons fait
en dressant nos listes descriptives du tableau 2. Les exemples du tableau
2 découlent de la compilation d'un inventaire des actes de violence,
produit à la suite de plusieurs séances dans le cadre desquelles
des personnes âgées et des praticiens se sont mis d'accord
sur les différents types de mauvais traitements (Stones, 1995).
Le cadre conceptuel de Stones projette un nouvel éclairage sur
la question des définitions. Les efforts constants visant à
faire participer les aînés et les personnes qui les soignent
au processus de définition sont cruciaux si l'on veut que tous
les Canadiens soient en mesure de reconnaître la violence (Beaulieu,
1992; Hudson, 1994; Johnson, 1995; Nandlal et Wood, 1997).
Certains chercheurs norvégiens, qui utilisent la science des significations
(sémiologie) pour comprendre les actes de violence (Johns, Hydle
et Aschem, 1991), ont élaboré un modèle selon
lequel la violence et la négligence commises par d'autres adultes
est un acte social, qui comporte un témoin ayant une vision claire
et une évaluation morale de l'acte. Il s'agit d'un point de vue
totalement différent des perspectives américaines, qui,
récemment encore, ne s'arrêtaient pas aux aspects moraux
de la violence.
2. Définition de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés
Alors même que l'on s'attaque aux lacunes des définitions existantes,
de nouveaux problèmes compliquent la question. La mondialisation
des activités relatives à la violence et à la négligence
à l'égard des personnes âgées entraîne
de nouveaux défis en matière de définitions, par suite
de l'apport intellectuel des divers pays. Cette diversité des perspectives
nous a aidés à prendre en compte la diversité multiculturelle
de notre propre société, la société canadienne.
C'est ainsi que dans le cadre d'une étude récente sur les
perceptions interculturelles des mauvais traitements infligés aux
aînés, le concept d'abandon a été introduit à
propos des aînés victimes de violence en Inde (Shah, Veedon
et Vasi, 1995) et à Hong Kong (Kwan, 1995). La notion d'abandon
a été adoptée depuis par le NCEA des États-Unis.
Dans certains pays, les définitions de la violence ne tiennent pas
compte de l'âge, souvent parce que la faible espérance de vie
de la population empêche la plupart des personnes d'atteindre un âge
avancé (Kosberg et Garcia, 1995a). Plus près de nous,
Tindale (1994) déplore à juste titre le manque de recherches
sur les différences ethniques dans les modèles de violence
et de négligence à l'égard des aînés au
Canada. Quelques études canadiennes sur les communautés ethnoculturelles,
effectuées par l'Association des infirmières et infirmiers
autochtones du Canada (AIIAC) (1992), Bergin (1995) et Spencer (1996), représentent
un pas dans la bonne direction, mais cela n'est qu'un début. La première
conférence nationale sur la compréhension de la violence à
l'égard des aînés des populations minoritaires et sur
la lutte contre cette violence s'est tenue aux ÉtatsUnis aussi
récemment qu'en 1997, ce qui nous force à conclure que nos
connaissances en ce domaine sont, au mieux, préliminaires.
Les années 1990 ont également été celles
de la « découverte » d'un autre groupe de Canadiens
vulnérables à la violence : les personnes handicapées,
que certains cercles rangent avec les aînés victimes de violence
en les regroupant sous la notion générale d'adultes vulnérables (Mickish,
1993; Roeher Institute, 1995; Santé et Bien-être social Canada,
1997; Sobsey, 1994). On justifie cette classification en expliquant qu'un
nombre croissant de personnes handicapées se rendent jusqu'à
la vieillesse et qu'elles partagent un grand nombre de besoins et d'intérêts
avec les aînés victimes de violence. En outre, on se dit
qu'en fusionnant les deux groupes, il devient plus facile de maximiser
les résultats étant donné les ressources limitées
dont on dispose pour lutter contre le problème dans l'un et l'autre
groupes (Santé et Bien-être social Canada, 1997). Certes,
la combinaison des ressources profitera sans aucun doute aux deux groupes;
mais il reste à voir comment cette fusion sera perçue par
les personnes handicapées et par les aînés, et comment
les deux groupes réagiront à l'attribution du statut commun
d'« adultes vulnérables »
une autre expression qui appelle une définition.
Le défi du prochain siècle consistera donc à perfectionner
les définitions de la violence et de la négligence, à
continuer de chercher un terrain d'entente sur les définitions
entre praticiens, universi-taires, législateurs et décideurs,
à
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
assimiler les perspectives sur la violence qui sont celles des collectivités
ethniques du Canada et, peut-être, des groupes de personnes handicapées,
et enfin à assurer et améliorer la participation des personnes
les plus touchées par l'élaboration des définitionsles
aînés canadiens euxmêmes (McDonald, Harnick, Robertson
et Wallace, 1991).
2. Defining Elder Abuse and Neglect
3
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
La violence et la négligence à l'égard des aînés
en
milieu familial
De nombreuses études ont permis de documenter l'existence et la
nature de la violence et de la négligence à l'égard
des aînés, mais ce n'est que dans quelques-unes que l'on
a recueilli des données sur la prévalence (nombre de cas
dans toute une vie) et l'incidence (nombre de nouveaux cas au cours d'une
période donnée) du problème parmi les aînés
hors établissement. Il s'est révélé difficile
d'obtenir des données exactes, non seulement parce que les définitions
de la violence et de la négligence varient mais aussi parce que
les méthodes employées pour traiter ce sujet très
délicat diffèrent et que les échantillons étudiés
ne représentent pas complètement ni exactement les personnes
âgées (Decalmer et Glendenning, 1993; McDonald, 1996). La
violence est un problème caché que, parfois, les personnes
âgées n'osent pas signaler (McDonald et al, 1991)
et les cas signalés ne représentent probablement que « la
partie émergée de l'iceberg ». Vu ces difficultés,
il n'est pas facile d'interpréter les taux de prévalence
déclarés, lesquels varient de taux aussi bas que de un à
trois p. cent en Australie, en Norvège et aux États-Unis,
de quatre p. 100 au Canada et cinq p. 100 en Finlande,
jusqu'à un taux aussi élevé que 17 p. 100
en Suède et un taux maximal signalé de 20 p. 100
en France (Compton, Flanagan et Gregg,
1997; Dunn, 1995; Hugonot, 1990; Johns et Hydle, 1995; Kivelä, 1995;
Kurrle, Sadler et Cameron, 1992; Kurrle et al, 1997; Pillemer et
Finkelhor; 1988; Podnieks, 1992).
L'étude la plus largement citée a été effectuée
en 1985-1986 aux
États-Unis (Pillemer et Finkelhor, 1988). L'étude de la
région métropolitaine de Boston, basée sur un échantillon
représentatif de 2 020 personnes, toutes âgées
de 65 ans ou plus, a permis de constater que 3,2 p. 100 de celles-ci
avaient subi un certain type de violence. Environ 2 p. 100 des
personnes de l'échantillon avaient subi de la violence physique,
1,1 p. 100 avaient subi de la violence verbale chronique et environ
0,4 p. 100 avaient été négligées.
On n'a pas pris en considération l'exploitation financière
dans cette recherche, ce qui a donné un taux de prévalence
généralement plus faible que ceux déclarés
au Canada et en Grande-Bretagne. Cette recherche a montré que la
violence envers le conjoint était plus prévalente (58 p. 100)
que la violence exercée par les enfants adultes (24 p. 100);
elle a aussi montré qu'un nombre égal d'hommes et de femmes
étaient victimes de violence et que la situation financière
et l'âge n'étaient pas liés au risque de violence
(McDonald, 1996).
3. La violence et la négligence à l'égard
des aînés en milieu familial
Des versions modifiées d'une étude de prévalence américaine
ont été effectuées au Canada et en Grande-Bretagne.
L'enquête téléphonique nationale de 1989 effectuée
au Canada, parfois appelée étude Ryerson, a porté sur
2 008 personnes âgées choisies au hasard. Au cours de
cette étude, on a constaté qu'environ quatre p. 100
des personnes de l'échantillon ont signalé un certain type
de violence (Podnieks et al, 1990). Environ 2,5 p. 100 des personnes
de l'échantillon ont subi de l'exploitation financière, 1,4
p. 100 ont subi de l'agression verbale chronique et 0,5 p. 100
ont subi de la violence physique. Environ 0,4 p. 100 ont signalé
de la négligence. La violence physique et l'agression verbale physique
ont été le fait de conjoints, tandis que l'exploitation financière
a eu tendance à être le fait de personnes parentes et non parentes.
Comme dans l'étude américaine, les hommes et les femmes étaient
également représentés parmi les personnes victimes
de violence (Podnieks et al, 1990).
Bien qu'il n'y ait pas eu d'autres études de prévalence
nationales au Canada, il y a eu, en Colombie-Britannique, une étude
appelée Notary Study, laquelle a projeté un nouvel éclairage
sur l'exploitation financière, la forme la plus commune d'exploitation
au pays (Spencer, 1996). Dans un échantillon aléatoire de
deux cents personnes âgées choisies sur une liste de recensement
provinciale, on a constaté qu'environ un sur 12, soit 8 p. 100,
des répondants avaient subi de l'exploitation financière
depuis qu'ils avaient 60 ans. Les hommes et les femmes âgés
étaient également susceptibles de subir de l'exploitation,
habituellement de la part
de membres de la famille, et les filles étaient les plus susceptibles
d'exercer cette exploitation. Les principaux types d'exploitation étaient,
entre autres, l'abus des procurations et des transactions immobilières,
par exemple la cession du droit de propriété d'une maison.
Dans cette étude, les personnes âgées exploitées
n'étaient pas plus susceptibles d'être physiquement dépendantes
de la personne exerçant l'exploitation que les personnes non exploitées
mais, si elles l'étaient, l'exploitation avait tendance à
être de nature plus grave. La dépendance physique était
également associée à une forte probabilité
que les autres formes de violence se produisent en même temps (Spencer,
1996). Fait assez intéressant, les personnes qui subissaient l'exploitation
n'avaient pas moins d'expérience financière que celles qui
n'en étaient pas victimes (Spencer, 1996). Une autre forme de violence
était associée aux deux tiers des situations d'exploitation
financière
(Spencer, 1996).
L'étude britannique a été effectuée dans
le cadre d'une enquête régulière qui est effectuée
tous les mois par la section « omnibus », chargée
des recensements de l'Office of Population (Bennett et Kingston, 1993;
Ogg et Bennett, 1992). Les rapports, basés sur un sous-échantillon
de 593 personnes âgées, provenant d'une enquête nationale
britannique effectuée en 1992 et portant sur 2 130 personnes,
ont indiqué que cinq p. 100 des personnes de l'échantillon
étaient victimes de violence verbale de la part d'un membre de
leur famille, que deux p. 100 étaient victimes de violence
physique et que deux p. 100 subissaient de l'exploitation
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
financière. On n'a donné aucun chiffre global sur le nombre
de cas de violence. Plus de femmes que d'hommes subissaient de la violence
verbale tandis qu'une proportion un peu plus élevée d'hommes
ont signalé de la
violence physique et de l'exploitation financière (Bennett et Kingston,
1993).
Les résultats de ces études nationales de prévalence
ne peuvent pas se comparer directement en raison des différences
dans leurs méthodes et procédures; toutefois, les trois
enquêtes révèlent que la plupart des personnes âgées
ne sont pas victimes de violence et de négligence. Les taux de
prévalence de cinq p. 100 ou moins sont relativement
bas mais ils peuvent également être trompeurs. Bien que ces
études représentent les meilleures études de prévalence
à l'heure actuelle, elles souffrent toutes de lacunes dans leur
conception et dans leur mise en oeuvre; elles sont sujettes à des
différences culturelles et contextuelles et, très probablement,
elles fournissent de faibles estimations parce que les personnes qui présentent
des déficiences cognitives ont été exclues des recherches
(McDonald, 1996, p. 2).
Les taux d'incidence de violence à l'égard des personnes
âgées sont encore presque inconnus dans la plupart des pays,
dont le Canada. Aux États-Unis, une étude nationale d'incidence
effectuée entre 1994 et 1997 vient de se terminer, mais les données
ne sont pas encore prêtes pour la publication. Cette étude,
effectuée par le NCEA, a permis de recueillir des données
sur la violence familiale à l'égard des aînés.
Ces données provenaient des services de protection des adultes,
des bureaux régionaux s'occupant du vieillissement
et de « sentinelles » (personnes effectuant la collecte
de données qui sont formées spécialement pour cette
étude) en poste dans des organismes ne s'occupant pas exclusivement
du vieillissement. Cette approche, que l'on a utilisée pour les
études d'incidence et de prévalence de violence à
l'égard des enfants, fournira des renseignements sur des cas signalés
et non signalés de violence à l'égard des personnes
âgées (NCEA, 1998; Wolf, 1997).
Dans l'intervalle, le National Aging Resource Centre on Elder Abuse,
aux États-Unis, a tenté d'estimer les taux d'incidence sur
la base de deux enquêtes des organismes d'État chargés
du service de protection des adultes et des unités d'État
qui s'occupent du vieillissement à la grandeur des États-Unis.
En 1986, 117 000 rapports motivés de violence en milieu familial
ont été soumis, contre 128 000 en 1987, 140 000
en 1988, 211 000 en 1990 et 227 000 en 1991. Il y a eu 227 000
rapports en 1993 et 241 000 en 1994 (NCEA, 1998). La négligence
semble être la forme de mauvais traitements la plus répandue,
allant de 47 p. 100, en 1990, à 58,5 p. 100,
en 1994. Les rapports de violence physique sont tombés de 20,2 p. 100
de l'ensemble des rapports à 15,7 p. 100, en 1994. Au
cours de la période de quatre ans, l'exploitation financière
est tombée de 17,3 p. 100 à 12,1 p. 100,
tout comme la violence émotive, laquelle est tombée de 11,7 p. 100
de l'ensemble des rapports, en 1990, à 8,1 p. 100, en
1994. Les rapports de violence sexuelle ont semblé demeurer constants
au cours des quatre années, représentant environ 0,5 p. 100
des cas (NCEA, 1998).
3. La violence et la négligence à l'égard
des aînés en milieu familial
Ces chiffres nationaux doivent être interprétés avec
une certaine prudence, en raison des grandes différences dans les
définitions et les critères sur lesquels on se fonde pour
signaler la violence, ainsi que de la possibilité de chevauchement
dans les déclarations. Il est manifeste que le taux d'incidence est
à la hausse, mais cela pourrait dépendre de la sensibilisation
accrue au problème et d'améliorations apportées aux
méthodes de déclaration. En outre, certains experts soutiennent
qu'un seul
cas de violence familiale sur 14
(à l'exclusion de la négligence de soi) est porté à
l'attention des organismes (NCEA, 1998).
Au Canada, nous n'avons aucun moyen de savoir si le problème diminue
ou s'il
empire, parce que nous n'avons que des données sur la prévalenceun
bref instantané en 1989et absolument pas de données
sur l'incidence. Au moment où nous nous préparons à
l'avenir, il serait utile de connaître l'ampleur réelle du
problème afin de pouvoir nous assurer que nos stratégies
d'intervention et d'éducation sont établies de façon
à répondre aux besoins actuels. Un suivi auprès des
répondants à l'étude Ryerson nous aiderait à
atteindre cet objectif d'une façon relativement peu coûteuse.
De même, une étude d'incidence, comparable à l'Étude
nationale sur l'incidence de la violence envers les enfants (Santé
Canada), nous aiderait à planifier l'avenir, au moment où
les membres de la génération du
baby-boom prennent de l'âge.
4
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
La violence et la négligence à l'égard des aînés
en milieu institutionnel
4.1 Définitions
et catégories
Les Canadiennes et les Canadiens ont été assez lents à
effectuer des recherches sur la violence et la négligence à
l'égard des personnes âgées en milieu institutionnel,
bien que Podnieks ait exprimé des préoccupations au sujet
de ce type de violence dès 1983. Le terme « institution »
renvoie d'ordinaire à un large éventail d'établissements,
comme les hôpitaux et les établissements de soins prolongés,
lesquels comprennent les maisons de soins infirmiers et les foyers pour
personnes âgées (McDonald, 1996). En 1994_1995, le gouvernement
fédéral, en partenariat avec un groupe consultatif national
de professionnels s'occupant de la violence à l'égard des
personnes âgées, a produit trois publications sur la violence
et la négligence à l'égard des aînés
en milieu institutionnel (Beaulieu et Tremblay, 1995; Spencer et Beaulieu,
1994). Reconnaissant que la violence en milieu institutionnel est « un
concept élusif »3, selon ces rapports, on
entend par violence et négligence en milieu institutionnel
«
tout acte ou omission concernant un pensionnaire d'une institution
qui cause un préjudice à cette personne ou qui la prive
injustement de son indépendance. » (Spencer, 1994,
p. 19). En élargissant cette définition, l'auteur lui ajoute
une nouvelle dimension que n'ont pas la plupart des autres définitions4,
notamment qu'un auteur de violence en milieu institutionnel pourrait être
une autre personne se trouvant dans une situation de confiance, par exemple
un membre de la famille ou un ami (Spencer, 1994).
3 Wierucka et Goodridge, (1996), font remarquer que la violence institutionnelle
est un concept élusif, en particulier lorsqu'un préjudice
non intentionnel est causé au pensionnaire. Leur exemple d'un malade
arthritique forcé de prendre un bain douloureux en raison d'une consigne
de l'institution pourrait être considéré comme de la
violence bien qu'il n'y ait eu là aucune intention de faire tort
au malade. Spencer et Beaulieu (1994) reprennent cette piste dans leur discussion
quant à savoir si l'intention devrait être incluse dans la
définition de la violence à l'égard des personnes âgées
et elle se prononce contre son inclusion et en faveur de mesures visant
à remédier au préjudice.
4 La définition employée pour la
violence en milieu institutionel par le National Centre on Elder Abuse
est semblable à celle concernant la violence et la négligence
en milieu familial; sauf que les auteurs d'actes de violence en milieu
institutionnel sont habituellement des personnes qui ont l'obligation
légale ou contractuelle de fournir aux personnes âgées
les soins et la protection. Cette définition est axée sur
l'aspect juridique de la relation de personne soignante et met moins l'accent
sur les conséquences de la violence, si on la compare à
la définition canadienne.
4. La violence et la négligence à l'égard
des aînés en milieu institutionnel
La violence et la négligence à l'égard des personnes
âgées en milieu institutionnel entrent dans les mêmes
catégories que celles qui servent à décrire la violence
familiale, mais les victimes sont vraisemblablement plus vulnérables
face à la violence, en raison du fait qu'elles ont besoin du milieu
protecteur d'un établissement (Beaulieu et Bélanger, 1995).
Certains chercheurs, dont Spencer (1994), ont ajouté les violations
des droits civils ou des droits fondamentaux à la liste des actes
de violence qui peuvent se produire dans les institutions, ainsi qu'une
catégorie particulière de violence médicale qui comprend
« ... tout procédé ou traitement médical
qui est effectué sans la permission de la personne âgée
ou de son fondé de pouvoir reconnu légalement »
(1994, p. 20). La violence ou la négligence en milieu institutionnel
peut donc prendre plusieurs formes, par exemple «
un acte
isolé en opposition complète avec les normes de conduite convenable
de la société (p. ex., donner un coup de poing à un
pensionnaire) » ou «
une répétition
régulière de n'importe quel type d'acte de violence ou de
négligence » (Spencer, p. 20). Les institutions peuvent
aussi être la scène de violence et de négligence systémiques,
c'est-à-dire de situations préjudiciables créées,
permises ou facilitées par les procédures de l'institution,
qui sont censées être conçues pour dispenser les soins
(Spencer, 1994). Comme dans le cas
de la violence familiale, de nombreux actes de violence ou de négligence
dans les institutions sont des crimes, par exemple l'agression, l'agression
sexuelle, le vol et la falsification (Spencer, 1994). D'autres exemples
de violence et de négligence en milieu institutionnel figurent au
tableau 3.
Comme on pouvait s'y attendre, les personnes intéressées
s'entendent peu sur les définitions de la violence et de la négligence
en milieu institutionnel, pour bon nombre des mêmes raisons que
dans le cas de la violence familiale : des perspectives professionnelles
différentes; des valeurs et des croyances personnelles divergentes
et des différences de culture et de perspective entre la personne
soignante et la personne victime de violence (Bennet et Kingston, 1993;
Spencer, 1994)5. Malgré cette absence de consensus,
on semble acquérir graduellement une compréhension de plus
en plus complète et complexe de la violence en milieu institutionnel.
Dans l'une des études canadiennes, Beaulieu (1992) décrit
la façon dont les opinions des gestionnaires d'établissements
publics ont changé avec le temps. Dans son étude, les gestionnaires
ont déclaré qu'ils avaient modifié leur compréhension
de la violence en l'espace de quelques années, passant d'un point
de vue sur la violence limité aux mauvais traitements physiques
à l'inclusion de formes plus subtiles de violence à l'égard
des personnes âgées,
5 Les répercussions des problèmes relatifs
aux définitions sont mises en évidence par l'expérience
du Groupe de travail canadien sur l'examen médical périodique
(1994). Ce groupe de travail a examiné les données sur la
détection, l'évaluation et le traitement des cas de violence
et il a conclu que la détection est impossible parce qu'on ne possède
pas suffisamment de données pour justifier l'inclusion ou l'exclusion
des conclusions des cas. Une partie du problème vient du fait que
les facteurs de risque ne sont pas spécifiques ni suffisamment perceptibles
pour être utiles dans les conclusions des cas (Groupe de travail canadien,
1994).
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
comme la violation des droits de la personne. Ils ont également semblé
reconnaître la possibilité de la violence systémique
(Beaulieu, 1992).
4.2 L'incidence et la prévalence des
actes de violence et de négligence à l'égard des
aînés en milieu institutionnel
La violence en milieu institutionnel a été étudiée
beaucoup moins que la violence familiale, peut-être à cause
du fait que si peu de personnes âgées vivent en institution
(seulement environ sept pour cent des personnes âgées vivent
dans les maisons de soins infirmiers au Canada) (Beaulieu et Bélanger,
1995; Spencer, 1994). Un chercheur de Grande-Bretagne soutient que l'on
n'a accordé presque aucune attention à la violence en milieu
institutionnel parce que cette violence a été assimilée
à une forme de violence familiale; cela empêche l'étude
de la violence en milieu institutionnel (Phillipson, 1993).
Toutefois, il existe suffisamment de preuves anecdotiques que le comportement
violent est un aspect répandu et régulier de la vie en milieu
institutionnel. Il y a eu des rapports d'exploitation matérielle,
y compris le vol des fonds du patient et des frais de thérapie
et de pharmacie frauduleux; de violence physique, y compris des mauvais
traitements médicaux comme la contrainte chimique et la contention
physique; de violence psychologique, dont l'isolement social (Beaulieu
et Tremblay, 1995; Gilleard, 1994;
Halamandris, 1986; Meddaugh, 1993; Middleton et Forbes, 1993; Paton, Huber
et Netting, 1994; Payne et Cikovic, 1995; Spencer, 1994).
L'étude la plus fidèle de la violence dans les maisons
de soins infirmiers a été effectuée aux États-Unis
(Pillemer et Moore, 1989, 1990). Dans une enquête fondée
sur un échantillon aléatoire de 577 infirmières et
infirmiers et aides de soins infirmiers, effectuée en 1989, on
a demandé aux membres du personnel de signaler les actes de violence
commis par d'autres personnes ainsi que leurs propres actes de violence.
On n'a pris en considération que la violence physique et psychologique.
Les chercheurs ont constaté que, dans l'ensemble, 36 p. 100
des personnes de l'échantillon avaient été témoins
d'au moins un incident de violence physique au cours de l'année
précédente. Le type le plus fréquent de violence
physique observé par le personnel était la contention excessive
des malades. Un total de 81 p. 100 des personnes visées
par l'enquête avaient été témoins d'au moins
un incident de violence psychologique au cours de l'année précédente.
Le type le plus fréquent de violence psychologique observé
par le personnel était le fait de se mettre en colère et
de crier à un malade (70 p. 100). Dix pour cent des infirmières
ont déclaré qu'elles avaient elles-mêmes commis
un ou plusieurs actes de violence physique, le plus fréquent étant
l'utilisation excessive de moyens de contention (six p. 100). Quarante
pour cent des infirmières ont reconnu avoir commis des actes de
violence psychologique, dont la forme la plus fréquente consistait
à crier à un malade (33 p. 100).
4. La violence et la négligence à l'égard
des aînés en milieu institutionnel
Tableau 3 : Exemples de signes et de symptômes de violence
et de négligence dans les institutions
Exploitation financière
Violence médicale
Négligence
réaction thérapeutique diminuée ou absente
piètre documentation des dossiers médicaux
administration inappropriée de médicaments
aucune raison donnée pour le traitement
manque de nécessités de la vie ou de menus articles
de confort
utilisation sans permission de l'argent ou des biens du pensionnaire
par d'autres personnes
disparition des biens du pensionnaire
modification inexpliquée d'un contrat ou d'un testament
moyens inadéquats de protection des biens du pensionnaire
le pensionnaire manque toujours d'argent pour s'acheter de menus
articles de confort
absence de comptabilisation de la façon dont les sommes
ont été dépensées
déshydraté, mal nourri
prothèse dentaire, lunettes, appareils auditifs manquants
manque d'hygiène, vêtements inappropriés
problèmes médicaux non traités
mauvais état de la peau
malade laissé sans soins ou attaché à un
lit ou à une chaise
omission de surveiller les malades soumis à la contention
omission de permettre des services extérieurs, aucun rendez-vous
médical extérieur
Violation des droits
difficulté de rendre visite à la personne âgée,
de l'appeler ou de communiquer avec elle
la personne âgée n'a pas la permission de gérer
ses propres affaires financières
le pensionnaire n'a pas beaucoup de choix dans la vie
le pensionnaire manque d'intimité
le pensionnaire n'a pas la permission de participer à la
prise de décision concernant ses propres affaires
il existe un manque de confidentialité dans l'utilisation
des dossiers de soins médicaux
Violence psychologique ou morale
sentiments de crainte, de passivité, de honte, de culpabilité
passivité et comportement de retrait extrêmes
symptômes de dépression
exclusion des activités et de la famille
utilisation ou menace de punition
décisions prises pour le pensionnaire
Violence physique
blessures inexpliquées, fractures, meurtrissures
chutes inexpliquées
utilisation sans autorisation ou utilisation inappropriée
de moyens de contention
retard dans la recherche et l'obtention d'un traitement
Violence sexuelle
douleur, enflure, saignement dans la zone génitale
crainte de personnes particulières ou crainte de rester
seul avec elles
maladie transmise sexuellement
réflexe de recul pour se soustraire aux attouchements
Note: Adaptation de l'ouvrage « Les mauvais traitements
et la négligence envers les personnes âgées en milieu
institutionnel » (Spencer, 1994).
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
de commettre des actes de violence que les infirmières et infirmiers
auxiliaires immatriculés. La majorité des auteurs déclarés
d'actes de violence étaient des femmes, et les personnes âgées
victimes de violence étaient plus susceptibles d'être des femmes
qui présentaient des déficiences cognitives, qui étaient
en mauvaise santé et qui étaient confinées au lit.
Sept sur dix des répondants considéraient le client comme
ayant été la principale cause de la violence, habituellement
en raison de son comportement peu obligeant. Moins de la moitié des
cas signalés ont fait l'objet d'un suivi (Ordre des infirmières
et infirmiers de l'Ontario, 1993). Bien que cette étude constitue
une première étape dans la compréhension de l'étendue
de la violence dans les institutions, il est important de noter que l'enquête
ne fait état que d'incidents allégués de violence et
que les incidents n'étaient pas limités à une période
de temps donnée.
L'une des lacunes de cette étude est le caractère limité
des instruments qui ont servi à évaluer la violence physique
et psychologique. Pour prendre connaissance d'une critique plus détaillée
de cette enquête, veuillez vous reporter à Kozma et Stones
(1995) et à Middleton et Forbes (1993).
Au Canada, il n'y a pas eu d'études nationales de la prévalence
ou de l'incidence de la violence et de la négligence dans les institutions.
En fait, il n'existe réellement qu'une seule étude provenant
de l'Ontario, laquelle donne une image rudimentaire de la nature et de
l'étendue de la violence en milieu institutionnel. Un sondage téléphonique
par échantillon aléatoire de 804 infirmières et infirmiers
accrédités et de 804 infirmières et infirmiers auxiliaires
immatriculés a été effectué en Ontario dans
le but de déterminer l'étendue, les circonstances et le
type de la violence dont ils avaient été témoins
ou dont ils avaient entendu parler au cours de leur travail (Ordre des
infirmières et infirmiers de l'Ontario, 1993). Près de la
moitié des répondants avaient été témoins
d'un ou plusieurs incidents de violence et la violence verbale avait été
le type le plus fréquent (37 p. 100 des répondants),
suivi de la violence physique (32 p. 100 des répondants).
Quatre-vingt-cinq pour cent des membres du personnel infirmier ont nommé
les hôpitaux comme étant le milieu où la violence
s'était produite, tandis que 36 p. 100 ont nommé
les maisons de soins infirmiers ou les foyers pour personnes âgées.
Il est important de noter que les répondants estimaient que les
incidents avaient tendance à être isolés et que les
infirmières et les infirmiers n'étaient pas plus susceptibles
4.3 La compréhension de la violence et
de la négligence en milieu institutionnel
On n'a proposé que peu de théories pour expliquer la violence
à l'égard des aînés dans les institutions.
Tout comme dans l'analyse de la violence familiale, plusieurs chercheurs
nord-américains ont cerné un certain nombre de facteurs
qui, selon eux, contribuent à la violence du personnel des institutions
à l'égard des pensionnaires âgés. Ces facteurs
sont, entre autres, l'absence de lignes de conduite complètes et
cohérentes à l'égard des personnes âgées
infirmes; le fait que le système de soins prolongés se caractérise
par des encouragements
4. La violence et la négligence à l'égard
des aînés en milieu institutionnel
financiers intégrés qui contribuent à des soins de
mauvaise qualité; l'application peu stricte des normes de soins infirmiers;
la culture et l'organisation de l'institution; le manque de personnel hautement
qualifié et bien formé; le stress lié au travail et
l'épuisement professionnel; l'impuissance et la vulnérabilité
des pensionnaires âgés; les traits de personnalité des
membres du personnel; la tendance du personnel à se venger de l'agression
des malades (Beaulieu et Tremblay, 1995; Braun et al, 1997; Brennan
et Moos, 1990; Cassel, 1989; Chappell et Novack, 1992; Feldt et Ryden, 1992;
Gilleard, 1994; Kingdom, 1992; Meddaugh, 1993; Pillemer et Bachman-Prehn,
1991; Spencer, 1994; Stilwell, 1991; Whall et al, 1992).
Un chercheur américain a élaboré un modèle
des causes possibles de la violence à l'égard des personnes
âgées dans les maisons de soins infirmiers (Pillemer et Moore,
1989). Ce modèle comprend des facteurs liés à l'environnement
socioéconomique de l'institution, tels que la fourniture de lits
de soins infirmiers et le taux de chômage local, et aux caractéristiques
de l'établissement, comme le mode de propriété, la
taille, le ratio employés-malades et le taux de roulement du personnel;
les caractéristiques du personnel, comme l'âge, l'éducation,
le sexe et le degré d'épuisement professionnel, et les caractéristiques
des pensionnaires, comme la santé des malades, leur degré
d'isolement social et leur sexe.
Au cours d'un essai partiel de ce modèle, les chercheurs ont trouvé
des preuves que le mauvais traitement des malades dans les maisons de
soins infirmiers semblait, dans une certaine mesure, être une réaction
aux conditions de travail très stressantes plutôt qu'une
conséquence des caractéristiques de la maison de soins infirmiers,
comme la taille ou le mode de propriété de l'institution.
Les employés qui présentaient de l'épuisement professionnel
et qui subissaient de l'agression de la part des malades étaient
les plus susceptibles de devenir violents à l'égard de leurs
malades âgés (Pillemer et Bachman-Prehn, 1991).
4.4 La lutte contre la violence et la négligence
en
milieu institutionnel
Au cours des années 1990, on a fait un effort sérieux dans
les institutions canadiennes pour s'attaquer à la violence et à
la négligence en établissant des protocoles de détection,
d'intervention et de prévention au moyen de la législation6,
par l'éducation du personnel, des pensionnaires et de leurs familles,
et par des modifications aux lignes de conduite et à la structure
organisationnelle de l'institution (Beaulieu et Bélanger, 1995;
Beaulieu et Tremblay, 1995; Spencer, 1994; Watson et al, 1995).
Bien que ces initiatives auraient dû être prises depuis longtemps,
nous n'avons aucune idée du
6 Par exemple, les exploitants de maisons de soins
infirmiers en Ontario sont tenus de signaler les actes de violence et la
négligence en vertu de la Loi modifiant la loi sur les maisons
de soins infirmiers tandis qu'en Colombie-Britannique, il existe une
législation intitulée Community Care Facility Act qui
exige que les exploitants munis de licences signalent les « incidents
graves », lesquels peuvent comprendre ou non les actes de violence
et de négligence.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
nombre d'institutions du Canada qui ont pris des mesures quelconques et
nous ne savons pas non plus comment ces mesures sont touchées par
les ressources à la baisse affectées aux soins de santé.
Si des initiatives ont été prises, nous ne savons pas du tout
si elles sont couronnées de succès.
Comme c'était le cas au cours des années 1980, nous n'avons
simplement pas d'études d'incidence ou de prévalence de
la violence et de la négligence dans les institutions du Canada.
En conséquence, les lignes de conduite, les protocoles, les interventions
et les mesures de prévention sont élaborées, à
l'heure actuelle, sur la base de renseignements anecdotiques, s'ils ont
une base quelconque. Certaines personnes soutiendraient que cela n'a pas
d'importance. Cependant, aux époques de réductions considérables
des soins de santé, les ressources limitées doivent être
utilisées avec encore plus de prudence, si l'on veut qu'elles aient
même un effet minime sur la violence et la négligence (Braun
et al, 1997; McDonald et Wigdor, 1995).
Il est donc nécessaire d'effectuer des études de prévalence
pour savoir combien de personnes âgées sont victimes de violence
ou de négligence dans les institutions à un moment donné
ou durant une période de temps donné. Les études
de prévalence indiquent l'étendue du problème de
violence actuel et, par la suite, nous permettent de déterminer
plus précisément où et comment les ressources limitées
devraient être utilisées pour l'éducation et l'intervention.
Les études d'incidence nous fourniraient des renseignements sur
le nombre de personnes qui ont été
victimes de violence pour la première fois durant une période
de temps donnée. Ce type de renseignement aide à déterminer
les causes de la violence en milieu institutionnel et améliore
notre capacité d'évaluer l'efficacité des programmes
de prévention que les institutions ont mis en place. Étant
donné que les études d'incidence peuvent aussi servir à
estimer combien de cas de violence et de négligence en milieu institutionnel
nous pouvons prévoir pour l'avenir, elles aideraient aussi le Canada
à se préparer au vieillissement des membres de la génération
du baby-boom et à leur utilisation des institutions au cours du
prochain siècle.
De même, il est nécessaire d'effectuer davantage d'études
qui répondent aux préoccupations et aux sentiments des personnes
âgées qui se trouvent dans des institutions, aux expériences
de leurs familles et aux opinions des employés qui fournissent
les soins. Si l'on prenait en considération les employés
des institutions, il serait important d'étudier la question de
savoir qui commet réellement des actes de violence à l'égard
de qui (c'est-à-dire d'examiner la nature interactionnelle de la
violence) et de découvrir les « expériences vécues »
des employés aux époques de ressources limitées.
Les histoires de familles qui sont obligées d'acheter, en plus
des services infirmiers, des services qu'elles ont à peine les
moyens de payer, parce que les ressources des institutions sont insuffisantes,
doivent aussi faire l'objet d'enquêtes. Les opinions des pensionnaires
des maisons de soins infirmiers au sujet de la violence et de la négligence
doivent également être entendues. Enfin, les conséquences
de
4. La violence et la négligence à l'égard
des aînés en milieu institutionnel
la violence pour les personnes âgées ont besoin d'être
prises en sérieuse considération. On signale que les taux
de dépression chez les personnes âgées vivant dans les
institutions sont élevés (Bland, Newman et Orn, 1988; Parmelee,
Katz et Lawton, 1989) et qu'il commence à émerger des renseignements
selon lesquels la violence peut réellement être liée
à la mortalité (Wolf, 1997).
5
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
Caractéristiques des victimes et des auteurs d'actes de violence
et de négligence
La première vague de recherche sur la violence à l'égard
des personnes âgées, laquelle a commencé vers la fin
des années 1970 aux États-Unis, a conclu que la victime
type était âgée de plus de 75 ans, qu'elle était
une femme présentant des déficiences physiques et psychologiques
débilitantes et qu'elle était dépendante d'une personne
soignante de sa famille, habituellement une fille (Douglass, Hickey et
Noel, 1980; Hwalek, 1989; Kosberg, 1988; O'Malley et al, 1983;
Rathbone-McCuan, 1980; Sengstock et Liang, 1983; Shell, 1982; Stevenson,
1985; Wolf, 1986;). Les recherches effectuées à la fin des
années 1980, lesquelles étaient fondées sur de meilleures
méthodes et une expérience clinique plus vaste, ont jeté
certains doutes sur les premières observations et ont indiqué
que la situation était beaucoup plus compliquée qu'on ne
l'avait supposé à l'origine (McDonald, 1996). Le centre
d'intérêt s'est déplacé de la classification
des victimes à la classification des auteurs de violence et aux
profils des différentes combinaisons de victimes, d'auteurs d'actes
de violence et de types de violence (Bendik, 1992; Hocking, 1994; Homer
et Gilleard, 1990; Pillemer, 1993; Spencer, 1995; Wolf, Godkin et Pillemer,
1986). De nos jours, de plus en plus de chercheurs découvrent les
aspects interactifs de la violence à l'égard des
personnes âgées et les distinctions qui existent entre la
violence dirigée vers le malade, la violence provenant du malade
et la violence mutuelle (Coyne, Reichmann et Berbig, 1993; Grafstrom,
Nordberg et Winblad, 1993; Homer et Gilleard, 1990; Nolan, 1993; Pillemer
et Suitor, 1992).
Une décennie et demie de recherche peut se résumer en quatre
observations principales :
1) Les victimes de violence psychologique et physique ont habituellement
une santé physique assez bonne, mais elles souffrent de problèmes
psychologiques. Les personnes qui les violentent ont des antécédents
de maladie psychiatrique ou d'abus d'alcool et de drogues, vivent avec
la victime et dépendent d'elle sur le plan financier (Anetzberger,
Korbin et Austin, 1994; Bristowe et Collins, 1989; Cooney et Mortimer,
1995;
5. Caractéristiques des victimes et des auteurs
d'actes de violence et de négligence
1989; Dunn, 1992; Grier, 1989; Griffin, 1994; Lachs et al, 1994;
Longres, 1992; Maxwell et Maxwell, 1992; Moon et Williams, 1993; Spencer,
1996; Tomita, 1994). Une étude de Lachs et ses collègues (1994)
portant sur 2 800 hommes et femmes du Connecticut a montré que
les adultes appartenant à des minorités étaient plus
susceptibles que les adultes non minoritaires de faire l'objet d'une enquête
officielle à l'égard de mauvais traitements allégués.
Dans des études plus limitées, au cours desquelles on a examiné
les cas de personnes âgées qui étaient victimes de violence
et qui faisaient partie de minorités, et ceux d'autres personnes
âgées, les résultats obtenus ont été contradictoires
(Hall, 1987; Longres, 1992). Lors de l'étude nationale préliminaire
effectuée par l'Association canadienne des travailleurs sociaux (Bergin,
1995), on n'a trouvé aucune différence appréciable
dans les circonstances associées à la violence à l'égard
des personnes âgées dans les communautés ethnoculturelles,
sauf les difficultés manifestes relatives aux barrières linguistiques
et les problèmes associés à l'adaptation à la
vie au Canada.
Bien que l'on ait fait certains progrès dans la détermination
des caractéristiques des victimes de violence, dans les recherches
actuelles, on met davantage l'accent sur un examen des aspects interactionnels
de la violence. Cette approche semble présenter certaines promesses
pour la détermination précise de la violence. Les chercheurs
qui concentrent actuellement leurs efforts sur la personne âgée
victime de violence sont aussi plus intéressés aux conséquences
Greenberg, McKibben et Raymond, 1990; Homer et Gilleard, 1990; Paveza
et al, 1992).
(2) Les malades souffrant de démence, qui présentent un
comportement perturbateur et qui vivent avec des personnes soignantes
de leur famille, sont plus susceptibles d'être victimes de violence
physique. Les personnes soignantes qui commettent les actes de violence
peuvent souffrir d'une faible estime d'elles-mêmes et d'une dépression
clinique (Compton, Flanagan et Gregg, 1997; Coyne, 1991; Coyne et al,
1993, 1995; Homer et Gilleard, 1990; Paveza et al, 1992; Pillemer
et Suitor, 1992).
(3) Il se peut qu'il n'y ait pas de victime « type »
d'exploitation financière, cependant, lorsque la personne victime
de l'exploitation est dépendante de l'auteur de celle-ci, l'exploitation
peut-être plus grave (Rowe et al, 1993; Spencer, 1996).
(4) Les victimes de négligence ont tendance à être
très âgées et à présenter des déficiences
cognitives et physiques. Leur dépendance
vis-à-vis des personnes qui les soignent constitue une source de
stress (Bennett et Kingston, 1993; Wolf, 1992).
La race et l'origine ethnique sont deux « nouveaux »
facteurs de risque pris en considération dans les ouvrages concernant
la violence à l'égard des personnes âgées,
mais la plupart des études sont fondées sur de la spéculation
(Bergin, 1995; Browne,
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
de celle-ci, sujet étonnamment absent des ouvrages de recherche.
La dépression, la mortalité, la résignation apprise
et le stress post-traumatique constituent certaines des conséquences
qui font actuellement l'objet d'étude (Wolf, 1997).
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
6
La compréhension de la violence et de la négligence à
l'égard des aînés
6.1 Théories concernant la violence et
la négligence
âgées ne font pas de distinctions essentielles entre les
explications théoriques et les facteurs de risque individuels liés
à la violence (McDonald, 1996; McDonald et al, 1991). Habituellement,
une théorie fournit une explication générale et systématique
de la façon dont fonctionnent certaines parties d'un univers. Dans
les ouvrages sur la violence à l'égard des personnes âgées,
un facteur de risque particulier, comme le stress, est souvent traité
comme étant l'explication théorique même si le stress
ne représente qu'un seul facteur et pourrait être subsumé
sous un certain nombre de théories divergentes. Les relations entre
les divers facteurs de risque et la violence à l'égard des
personnes âgées devraient, en fait, constituer l'échafaudage
crucial à partir duquel on élabore les théories.
Au cours de la brève histoire de la violence au moins quatre perspectives
théoriques distinctes, toutes « empruntées »
à d'autres disciplines et domaines d'étude, habituellement,
avec quelques modifications que l'on effectuait lors du transfert au domaine
de la violence à l'égard des personnes âgées.
Un examen des ouvrages concernant la violence à l'égard
des personnes âgées ne révèle que peu de faits
nouveaux sur le front théorique (McDonald et Widgor, 1995; McDonald,
1996). Comme nous l'avons fait remarquer
ci-dessus, une étude d'incidence constituerait le mécanisme
le plus efficace pour examiner les causes de la violence et de la négligence
à l'égard des aînés. Puisqu'il existe si peu
d'études d'incidence n'importe où au monde, il n'est pas
étonnant que l'on ait fait peu de progrès dans l'élaboration
de la théorie. Sans nouvelles données, la plupart des professionnels
se fient encore aux mêmes théories, comportant les mêmes
lacunes. Les très rares progrès théoriques qui se
font résultent d'une approche axée sur l'économie
politique (Biggs et al, 1995) et de l'influence croissante du postmodernisme
sur tous les aspects de la gérontologie (Katz, 1996).
Au départ, il est important de faire remarquer que la plupart
des ouvrages sur la violence à l'égard des personnes
6. La compréhension de la violence et de négligence
à l'égard des aînés
6.2 Le modèle axé sur les situations
La première et la plus largement acceptée des perspective
sur la cause de la violence à l'égard des personnes âgées
est le modèle axé sur les situations, lequel prend racine
dans les perspectives dominantes concernant la violence envers les enfants
et la violence familiale (McDonald et al, 1991; Phillips, 1986).
Une prémisse bien connue du modèle axé sur les situations
est que les situations stressantes font que la personne soignante violente
la personne âgée, laquelle est habituellement considérée
comme étant la source du stress en raison de sa déficience
physique ou mentale. Cette approche suppose que les mauvais traitements
sont une réaction irrationnelle à des situations stressantes.
Les variables situationnelles que cette théorie associe à
la violence comprennent des facteurs liés à la personne
soignante, à la personne âgée et aux conditions sociales
et économiques des deux personnes (McDonald, 1996). Une personne
soignante au chômage qui a un problème d'alcool peut violenter
un parent âgé qui possède la sécurité
financière mais est mentalement incapable. Les interventions fondées
sur cette perspective tentent de réduire le stress de la personne
soignante en lui fournissant davantage de services de soutien et de groupes
de soutien (Scogin et al, 1992).
Une lacune importante de cette perspective consiste en ce qu'elle ne
tient pas compte du fait que certaines personnes soignantes, qui éprouvent
les mêmes stress que les auteurs d'actes de violence, ne violentent
pas les personnes
âgées. Cette perspective a aussi été critiquée
parce qu'elle jette presque le blâme sur la victime en reconnaissant
la personne âgée comme la source du stress. Il ne s'agit
pas là d'une critique oiseuse, si l'on se rappelle que, lors d'une
étude, sept infirmières sur dix percevaient le malade comme
étant la principale cause de la violence (Ordre des infirmières
et infirmiers de l'Ontario, 1993). On pourrait aussi se demander pourquoi
la théorie générale du stress n'est pas conçue
de façon à élargir ce modèle (Kahana et Young,
1990). Plus précisément, des études par comparaison
de cas plus rigoureuses ont produit peu de preuves concluantes à
l'appui de ce modèle (voir Pillemer, 1993, pour prendre connaissance
de revues de ces études). Le manque de preuves à l'appui
de ce modèle conduit Pillemer (1993) à s'étonner
devant sa persistance dans les ouvrages sur la violence à l'égard
des personnes âgées. Au Canada, Pittaway et Westhues (1995),
dans une analyse secondaire de données provenant de fournisseurs
de services de santé et de services sociaux à London (Ontario),
ont trouvé un modeste appui pour ce modèle comme moyen de
prévoir la violence physique. Cependant, leur étude est
affaiblie par les contraintes d'une analyse de données secondaires,
au cours de laquelle, inévitablement, on ne dispose pas de tous
les renseignements nécessaires.
6.3 La théorie de l'échange social
La théorie de l'échange social est basée sur les
hypothèses selon lesquelles « ... l'interaction
sociale comporte un échange de récompenses et de punitions
entre au moins deux personnes, et
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
toutes les personnes cherchent à maximaliser les récompenses
et à minimiser les punitions » (Glendenning, 1993, p. 25).
Dans la plupart des relations, les personnes ont différents degrés
d'accès aux ressources et différentes capacités de
fournir des services aux autres, ce qui rend certaines personnes plus puissantes
que d'autres. Dans la perspective de l'échange social, on soutient
que, à mesure que les personnes vieillissent, elles deviennent plus
impuissantes, plus vulnérables et plus dépendantes des personnes
qui les soignent; ce sont ces caractéristiques qui les rendent susceptibles
de subir la violence (Phillips, 1986). Essentiellement, les personnes âgées
demeurent dans la relation de violence seulement aussi longtemps que la
satisfaction de leurs besoins excède les coûts des mauvais
traitements.
Cette perspective présente de nombreuses difficultés dont
l'une des plus importantes est son hypothèse âgiste : les
personnes ne deviennent pas automatiquement dépendantes et impuissantes
à mesure qu'elles vieillissent. En fait, plusieurs chercheurs ont
soutenu et ils ont montré par la suite que la dépendance
peut résider ailleurs (Pillemer et Wolf, 1986). Au cours d'un certain
nombre de recherches, on a constaté que l'abuseur était
dépendant de la personne âgée; c'est le sentiment
d'impuissance de l'abuseur qui le conduit à exercer les mauvais
traitements (Homer et Gilleard, 1990; Pillemer et Suitor, 1992; Pillemer
et Wolf, 1986). Les interventions fondées sur une analyse de l'échange
social devraient d'abord permettre de reconnaître la personne dépendante.
Si l'on détermine que la personne âgée est
dépendante, il faudrait alors lui fournir des services de nature
à accroître son indépendance, tandis que l'enfant
adulte dépendant pourrait avoir besoin d'aide de la part des services
de santé mentale ou nécessiter une formation professionnelle
ou des services de placement afin de pouvoir devenir autonome (McDonald,
1996).
6.4 L'approche axée sur l'interaction
symbolique
L'approche axée sur l'interaction symbolique a été
adoptée à partir des ouvrages sur la violence familiale
et elle est axée sur les processus interactifs entre la personne
âgée et la personne soignante. Cette perspective met l'accent
non seulement sur les comportements de la personne âgée et
de la personne soignante mais aussi sur les interprétations symboliques
que les deux personnes font de ces comportements. Une telle analyse de
la violence à l'égard des personnes âgés est
axée sur les différentes significations que les personnes
attribuent à la violence et sur les conséquences qu'ont
ces significations dans certaines situations (McDonald, 1996). Un exemple
de cette approche est la conclusion de Steinmetz (1988) selon laquelle
une interprétation suggestive du stress par la personne soignante
est un meilleur moyen de prédire le fardeau qu'elle devra supporter
que le poids réel du fardeau. Le fait que de nombreux chercheurs
aient été incapables de trouver une association entre le
degré de déficience cognitive de la personne violentée
et l'intensité de la violence (Cooney et Mortimer, 1995) peut simplement
résulter de ce que l'on
6. La compréhension de la violence et de négligence
à l'égard des aînés
n'a pas pris en considération l'interprétation que les personnes
soignantes faisaient de la situation.
L'apprentissage social, ou modélisation, fait partie de cette
perspective : la théorie énonce comme postulat que les auteurs
d'actes de violence apprennent comment être violents en étant
témoins d'actes de violence ou en en subissant et que les victimes,
en subissant des actes de violence, apprennent à les accepter davantage.
Le traitement fondé sur cette approche serait axé sur des
valeurs et des normes familiales changeantes concernant la violence et
tenterait de modifier les interprétations de la situation. La difficulté
de cette approche consiste en ce qu'elle ne prend pas en considération
les facteurs sociaux ou économiques qui pourraient influer sur
le processus de violence; elle ne tient pas compte non plus du fait que
les personnes soignantes qui ont subi de la violence au cours de leur
enfance ne violentent pas toutes les personnes âgées. En
fait, au cours d'une recherche récente dans laquelle on a comparé
les auteurs d'actes de violence envers les enfants et les auteurs d'actes
de violence à l'égard des personnes âgées,
on a constaté que les parents qui maltraitent leurs enfants sont
plus susceptibles que les auteurs d'actes de violence à l'égard
des personnes âgées d'avoir subi de graves sévices
au cours de leur enfance (Korbin, Anetzberger, Thomason et Austin, 1995).
Les auteurs concluent que la violence familiale transmise de génération
en génération peut s'appliquer davantage dans le contexte
de la violence envers les enfants.
6.5 Les modèles féministes
Les études de prévalence actuelles indiquent que la violence
à l'égard du conjoint constitue une dimension importante
de la violence à l'égard des personnes âgées
(McDonald et al, 1997; Podnieks, 1992). Malgré les conclusions
de la recherche, les experts en matière de violence à l'égard
des personnes âgées se sont accrochés au modèle
axé sur les situations; en conséquence, on n'a fait que
des progrès théoriques limités dans l'explication
de ce type de violence (Aronson, Thornewell et Williams, 1995; McDonald
et Widgor, 1995). La plupart des chercheurs ont supposé que la
violence à l'égard du conjoint constitue une forme « vieillie »
de violence à l'égard de l'épouse. Pour cette raison,
elle a été considérée par quelques chercheuses
féministes comme l'une des conséquences du patriarcat familial,
qui est montré comme l'une des principales sources de violence
à l'égard des femmes dans la société (Jack,
1994; Pittaway et Gallagher, 1995a; Vinton, 1991). Certains chercheurs
se sont demandé tardivement si la violence à l'égard
du conjoint pouvait être la première violence au cours de
la vieillesse (Eckley et Vilakazi, 1995; Knight, 1994; Neysmith, 1995).
Un patriarcat est considéré comme ayant deux éléments
de base : une structure dans laquelle les hommes ont plus de pouvoir que
les femmes et une idéologie qui légitimise ce pouvoir (Miller,
1994). La famille est considérée comme étant l'unité
de patriarcat la plus fondamentale de la société et les
attentes traditionnelles en matière de
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
rôle sexuel pour les femmes apportent un soutien idéologique
à la position de faiblesse des femmes dans la hiérarchie du
ménage. Ce déséquilibre du pouvoir rend les femmes
vulnérables et exposées à la violence, qu'elles soient
jeunes ou âgées. Les interventions féministes comprennent
généralement la sensibilisation et la résolution mutuelle
des problèmes au sein d'une relation d'entraide et d'égalité.
Le défaut de cette approche est que, jusqu'à présent,
il existe peu de preuves empiriques à l'appui des affirmations de
la théorie. De plus, elle représente, au mieux, une explication
partielle de la violence à l'égard des personnes âgées
puisque les hommes âgés sont tout aussi susceptibles que les
femmes âgées d'être victimes de violence (Podnieks, 1992).
Pittaway et Gallagher (1995a), dans leur étude, concluent que le
modèle féministe est l'un des modèles explicatifs le
plus puissant pour expliquer la violence physique et, fait intéressant,
que, dans tous les modèles, la qualité de la relation conjugale
est le plus important facteur de risque dans la prédiction de la
violence physique à l'égard des personnes âgées.
L'application des théories féministes à toutes les
formes de violence à l'égard du conjoint est une question
fortement débattue dans les ouvrages concernant la violence familiale
en général (Miller, 1994; Renzetti, 1994). Le bagage de
recherche restreint mais croissant sur la violence au sein des ménages
d'homosexuels et de lesbiennes a jeté un doute sérieux sur
les théories de la violence entre partenaires qui sont fondées
sur le sexe (Coleman, 1994; Letellier, 1994), tout comme l'ont fait les
données croissantes qui révèlent que
les femmes utilisent la violence contre les hommes (Gelles et Loseke,
1993). Le problème réel, soutient-on, est le déséquilibre
du pouvoir entre les partenaires (Jack, 1994; Miller, 1994). Par conséquent,
si l'on développe le thème des déséquilibres
du pouvoir, les théories féministes pourraient être
élargies de manière à expliquer à la fois
la violence envers le conjoint exercée par la femme et par l'homme.
Ces données pourraient aussi expliquer, dans une certaine mesure,
la violence sexuelle qui, selon une étude britannique, est surtout
exercée par les fils, les maris, les gendres et les petits-fils
à l'égard des femmes âgées dont l'auteur de
la violence est dépendant (Holt, 1993). Dans un échantillon
de commodité, aux États-Unis, Ramsey-Klawsnik a obtenu des
résultats semblables, sauf que les femmes âgées victimes
de violence étaient dépendantes de l'auteur de la violence
(Ramsey-Klawsnik, 1991).
Au moment où les années 1990 sont sur le point de se terminer,
la plupart des chercheurs ont compris qu'il existe de nombreuses manifestations
de la violence et de la négligence à l'égard des
aînés et cela, à de nombreux plans, et ils en sont
venus à mettre en doute la recherche d'une explication complète
et exhaustive du phénomène (Pillemer, 1993). La plupart
des théories ont été élaborées à
l'échelon individuel, non pas à celui de la société,
et la plupart ne tiennent pas compte de l'histoire des relations dans
le temps, telle qu'on la retrouverait dans un aperçu de toute une
vie de la violence à l'égard des personnes âgées
(Tindale, 1994).
À l'avenir, dans les nouvelles théories sur la violence
à l'égard des aînés, on
6. La compréhension de la violence et de négligence
à l'égard des aînés
pourra continuer de mettre l'accent seulement sur certaines
des dimensions de la violence et de la négligence à l'égard
des personnes âgées à un moment donné. Les théoriciens
peuvent devoir tendre leurs filets au-delà des théories actuelles
concernant la violence familiale et la violence à l'égard
des personnes âgées qui ont constitué l'essentiel des
ouvrages sur la violence à l'égard des aînés.
Certaines tentatives ont déjà été faites. Par
exemple, les approches de la violence à l'égard des aînés
qui sont fondées sur l'économie politique décrivent
la violence comme étant fonction de la dépendance forcée
des personnes âgées qui résulte de leur exclusion de
la société en raison de la retraite, de la pauvreté
et du placement dans des institutions (Biggs et al, 1995; Phillipson,
1993;). Cette perspective
aide à situer la violence dans le contexte sociopolitique plus vaste
et elle incite à prendre en considération le rôle des
facteurs structurels de la race, du sexe, de la pauvreté et de l'âgisme
dans la violence. Le postmodernisme, qui vient de faire ses débuts
sur le théâtre gérontologique, aborde la violence à
l'égard des personnes âgées comme une « problématisation »
(Katz, 1996, p. 134) qui donne lieu à un examen de la façon
dont l'entreprise gérontologique a transformé la violence
en crise (Katz, 1996, p. 9). Ces initiatives et d'autres initiatives théoriques
sont les bienvenues. Forts d'un plus grand nombre de théories, les
praticiens auront un plus large éventail d'interventions à
leur disposition, ce qui leur facilitera la prestation de soins plus efficaces
aux personnes âgées victimes de violence (McDonald, 1996).
7
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
Les facteurs de risque de violence
7.1 L'étude des facteurs de risque
génération en génération, la dépendance,
le stress et les facteurs sociaux structurels comme l'âgisme _ qui
pourraient tous être subsumés sous n'importe quelle des quatre
théories décrites ci-dessus.
7.2 Les traits de personnalité de l'abuseur
Ce facteur, aussi appelé dynamique intra-individuelle ou psychopathologie
de l'abuseur, est basé sur des observations provenant d'un certain
nombre d'études, au cours desquelles on a découvert qu'une
proportion anormalement élevée d'entre eux avaient des antécédents
de maladie psychiatrique et de problèmes de drogues et d'alcool
(Anetzberger, Korbin et Austin, 1994; Bristowe et Collins, 1989; Cooney
et Mortimer, 1995; Greenberg, McKibben et Raymond, 1990; Homer et Gilleard,
1990; Paveza, 1992; Wolf, Godkin et Pillemer, 1984, 1986).
Comme dans les ouvrages concernant la violence familiale, il existe une
certaine controverse entourant cette hypothèse, surtout parce que
la psychopathologie n'a pas été liée directement
et d'une façon causale à la violence (Pillemer, 1993).
Dans le domaine du vieillissement, c'est une source de
La recherche effectuée au sujet des facteurs particuliers que l'on
suppose associés à la violence et à la négligence
à l'égard des aînés continue de se limiter
à quelques études (Godkin et al, 1989; Pillemer et
Suitor, 1992). L'accent mis sur les facteurs de risque découle
sans aucun doute de la demande des protocoles nécessaires pour
dépister les personnes vulnérables, pour évaluer
la nature de la violence et de la négligence et pour choisir les
interventions appropriées (McDonald et al 1991). Ces facteurs
de risque sont devenus le fondement de ces protocoles dont bon nombre
ont été élaborés à la fois au sujet
de la violence familiale et de la violence en milieu institutionnel. Malheureusement,
les facteurs de risque sont difficiles à étudier :
ils peuvent avoir un effet tardif; ils peuvent être si rares ou
si fréquents qu'ils sont difficiles à dépister; ils
peuvent être communs à d'autres états et ils peuvent
dépendre de la présence d'autres facteurs. En conséquence,
toute la recherche sur les facteurs de risque souffre de difficultés
méthodologiques et elle doit être interprétée
avec une certaine prudence.
Les principaux facteurs qui ont été associés à
la violence sont, entre autres, les traits de personnalité de l'auteur
de celle-ci, la violence transmise de
7. Les facteurs de risque de violence
complications que de considérer les personnes soignantes comme étant
mentalement instables, étant donné le nombre croissant d'ouvrages
de gérontologie qui décrivent les membres de la famille comme
étant serviables, responsables et préoccupés du bien-être
des aînés (McDonald, 1993). D'autres chercheurs ont critiqué
cette approche parce qu'elle ne tient pas compte du rôle des facteurs
structurels, comme la pauvreté ou l'âgisme et qu'elle remplace
l'utilisation des ressources par l'intervention à l'échelon
de la société (Ogg et Munn-Giddings, 1993). La seule conclusion
que l'on peut tirer de cela, à l'heure actuelle, est que le rôle
de la psychopathologie de l'abuseur et de négligence à l'égard
des aînés n'est pas clair et nécessite d'autres recherches.
7.3 La violence transmise de génération
en génération
Il existe certaines données qui semblent indiquer que les enfants
apprennent parfois, au moyen de l'observation et de la participation,
que la violence est une réaction acceptable contre le stress. Ayant
appris un comportement violent, un nombre considérable d'enfants
sont violents envers leurs propres enfants et leurs conjoints à
l'âge adulte (Hotaling et Sugarman, 1986). Cette transmission du
comportement violent peut être renforcée par une sous-culture
familiale qui accepte et tolère la violence. Bien qu'il s'agisse
là d'une hypothèse populaire dans les ouvrages sur la violence
familiale, très peu d'études sur la violence à l'égard
des personnes âgées ont réellement permis de trouver
des preuves à l'appui de l'idée que les enfants qui ont
été maltraités par leurs parents ont ensuite violenté
ces derniers plus tard dans leur vie. En fait, plusieurs études
ont clairement montré que cette hypothèse n'avait aucun
fondement (Anetzberger, 1987; Anetzberger, Korbin et Austin, 1994; Ogg
et Munn-Giddings, 1993). Il semble alors qu'il faudra effectuer d'autres
recherches pour vérifier cette hypothèse.
7.4 La dépendance
Il existe deux opinions opposées dans les ouvrages sur la dépendance
(Ogg et Munn-Giddings, 1993). L'une de ces opinions est que, en raison
de déficiences physiques ou cognitives ou les deux, la personne
âgée devient de plus en plus dépendante de la personne
soignante pour le soutien psychologique, physique et matériel.
Cette dépendance représente un lourd fardeau pour la personne
soignante et peut engendrer du ressentiment et du stress chez cette dernière.
Un manque de ressources et de services de soutien adéquats pour
la personne soignante peut alors exacerber la situation jusqu'au point
où il peut se produire de la violence à l'égard de
la personne âgée (Steinmetz, 1988, 1993). L'opinion de rechange
est que la violence n'est pas causée par la dépendance de
la personne âgée mais est une conséquence de la dépendance
de l'auteur des actes de violence
vis-à-vis de cette personne (Pillemer, 1993). Pillemer (1993) n'a
pas pu trouver une seule étude à l'appui de la notion selon
laquelle la violence à l'égard des aînés résulte
de la dépendance de la personne âgée.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Les critiques de l'hypothèse de la dépendance font remarquer
que les relations de dépendance entre les personnes âgées
et les personnes soignantes n'entraînent pas toujours de la violence
et de la négligence et qu'il est nécessaire qu'il se produise
un événement ou une crise qui déclenche la violence.
Bref, bien que la dépendance puisse être un facteur important
dans la violence, on ne sait pas clairement par quel mécanisme elle
engendre des actes de violence (McDonald et al, 1991)
7.5 Le stress
La piste de recherche sur le stress la plus fructueuse a consisté
à examiner des personnes qui s'occupaient de personnes âgées
présentant des déficiences cognitives. Les études
antérieures sur le stress des personnes qui s'occupent de malades
âgés mentalement incapables étaient de nature descriptive
et n'établissaient pas habituellement de diagnostic de démence
(Block et Sinnot, 1979; Lau et Kosberg, 1979; Wolf, Godkin et Pillemer,
1984). Les plus récentes études sur des malades atteints
de démence, comme ceux qui souffrent de la maladie d'Alzheimer,
ont montré que le lien entre les déficiences cognitives
et la violence est accentué par les problèmes d'interaction
quotidiens qui se présentent entre le malade et la personne soignante.
Dans les dyades malade-personne soignante, dans lesquelles on avait
évalué cette dernière comme souffrant de dépression
clinique, le risque de violence physique grave était trois fois
plus grand que dans le cas des dyades où la personne soignante
n'était pas déprimée (Paveza et al, 1992).
Dans cette étude, les victimes de la maladie d'Alzheimer qui vivaient
avec leurs familles mais cela, sans qu'un conjoint soit présent,
étaient trois fois plus susceptibles de subir de la violence grave
que les malades qui avaient organisé leur vie autrement (Paveza
et al, 1992). Coyne, Reichman et Berdig (1993) ont obtenu des résultats
semblables parmi les personnes qui soignaient des malades atteints de
démence dans des logements communautaires. Les personnes soignantes
qui commettaient des actes de violence, en comparaison de celles qui n'en
commettaient pas, fournissaient des soins depuis un plus grand nombre
d'années, fournissaient ces soins durant un plus grand nombre d'heures
par jour, s'occupaient de malades qui se trouvaient à des niveaux
de fonctionnement plus faibles et présentaient des niveaux élevés
de fardeau et de dépression (Coyne, Reichman et Berdig, 1993).
Les personnes soignantes qui s'occupaient de malades ayant un comportement
violent étaient plus susceptibles d'avoir un comportement semblable
à l'égard de ces malades. Au cours d'une autre étude,
effectuée en Grande-Bretagne, on a constaté que les personnes
soignantes qui commettaient des actes de violence manifestaient plus de
dépression et que les adultes victimes de violence étaient
classés comme étant plus dérangés sur le plan
social (Homer et Gilleard, 1990). Bien que ces nouvelles recherches présentent
des lacunes méthodologiques et exigent une confirmation plus poussée,
la nature interactionnelle de la relation entre le stress et la violence,
observée pour la première fois par Steinmetz, est appuyée
par des preuves, au moins dans le cas des personnes âgées
7. Les facteurs de risque de violence
présentant des déficiences cognitives (Steinmetz, 1988).
7.6 Les facteurs structurels
On a concentré la recherche sur les personnes victimes de violence
et sur les auteurs d'actes de violence aux dépens de l'analyse
des implications plus vastes de l'âge, du sexe, de la race, de l'origine
ethnique et de la classe sociale, qui influent toutes sur la position
des personnes dans la structure sociale et sur leurs chances dans la vie
(Ogg et Munn-Giddings, 1993). Par exemple, les personnes âgées
peuvent souffrir d'attitudes et d'actes discriminatoires qui sont basés
sur des perceptions négatives au sujet de leur âge chronologique.
Les experts ont exprimé l'avis que ces attitudes âgistes
à l'égard des personnes âgées peuvent contribuer
au développement de la violence à l'égard de ces
dernières (Quinn et Tomita, 1986). Les idées fausses et
les conceptions erronées au sujet de la vieillesse déshumanisent
les personnes âgées, ce qui les rend plus susceptibles d'être
des victimes et rend plus facile pour l'abuseur de ne ressentir aucun
ou presque aucun remords. De même, les personnes âgées
peuvent même considérer leurs mauvais traitements comme mérités,
étant donné qu'elles aussi peuvent avoir adopté des
attitudes sociales négatives. En outre, les modèles féministes
fournissent une explication des facteurs structurels; le sexe détermine
un ensemble de positions dans la société qui facilitent
et même justifient la violence à l'égard des femmes
(Aronson, Thornwell et Williams, 1995). Les autres facteurs cruciaux dont
on sait qu'ils influent sur le processus du vieillissement, par exemple
la race, l'origine ethnique et la situation socioéconomique, ne
font que commencer à attirer une attention modeste, surtout en
Grande Bretagne (Biggs, Phillipson et Kingston, 1995).
7.7 Les mêmes questions
Il n'est pas judicieux de supposer que nous pouvons maintenant prédire
qui sera victime de violence et qui sera victime de négligence,
quel que soit le nombre et la complexité de nos protocoles de détection.
Le domaine ne connaît aucun progrès théorique et la
recherche concernant les facteurs de risque est limitée. Par exemple,
nous ne savons pas encore clairement qui est le plus susceptible de subir
de l'exploitation financière, bien que ce soit là la forme
d'exploitation la plus répandue au Canada. Notre compréhension
de la façon dont les différents types de violence sont liés
(Mendonca, Velamoor et Sauve, 1996) ou de la question de savoir si les
facteurs de risque changent selon la communauté ethnoculturelle
est encore limitée. La compréhension du stress de la personne
soignante, soit le moyen de prédiction du risque de violence utilisé
le plus souvent, nous échappe encore, problème grave étant
donné que nos moyens de résoudre le problème
(c'est-à-dire les services de santé et les services sociaux)
diffèrent beaucoup de ceux qui existent aux États-Unis,
où la majeure partie de la recherche a déjà été
effectuée.
Qui plus est, les Canadiennes et les Canadiens, qui font face à
l'une des cohortes du babyboom les plus considérables au
monde, peuvent devoir faire face à des défis imprévus.
Le
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
vieillissement des membres de la génération du babyboom,
la diminution des services de santé et des services sociaux et le
transfert du soin des personnes âgées de l'institution à
la collectivité pourraient être une source de problèmes
(McDaniel et Gee, 1993; McDonald, 1996; Rosenthal, 1994). Bien que l'élaboration
de théories et la recherche sur les facteurs de risque (habituellement
au moyen de contrôle des cas ou d'études d'incidence) soient
abordées avec une certaine impatience, il semble que nous négligeons
les questions ci-dessus à nos risques et périls.
8. Protocols
8
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
Les protocoles
8.1 La détection
La détection de la violence et de la négligence à
l'égard des aînés demeure une tâche extrêmement
complexe et manifestement difficile, souvent compliquée par le
déni chez la personne âgée et chez la personne qui
la soigne (Groupe de travail canadien sur l'examen médical périodique,
1994). Les personnes âgées qui ont été victimes
de violence omettent souvent de le signaler, en raison de sentiments de
honte et de stigmatisation, de la crainte de représailles ou de
la crainte d'être placées dans une institution (Fulmer, 1989;
Mulligan, 1990). Lors d'une étude préliminaire, aux États-Unis,
on a constaté que beaucoup plus de victimes d'auteurs d'actes de
violence du sexe masculin que de victimes d'auteurs d'actes de violence
du sexe féminin refusaient le service offert. La tendance à
ne pas signaler la violence était plus répandue dans les
rapports parent-enfant que dans les rapports entre conjoints (Vinton,
1991). En outre, les personnes âgées sont moins susceptibles
de participer régulièrement aux activités de la collectivité,
ce qui rend les actes de violence plus difficiles à déceler
pour les autres personnes.
Au cours des 10 à 15 dernières années, une énergie
considérable a été investie dans l'élaboration
d'instruments
permettant de reconnaître les personnes âgées susceptibles
de subir de la violence ou de la négligence. L'élaboration
de ces techniques de dépistage a été manifestement
motivée par des facteurs comme les suivants : la reconnaissance
du fait que la violence constituait un problème social important,
la reconnaissance du fait qu'il existait un manque élémentaire
de sensibilisation à ce problème « caché »,
parmi les travailleurs de première ligne (Kosberg, 1988), et le
désir d'intervenir précocement et de désamorcer les
problèmes avant que ne soit causé un préjudice grave
(Breckman et Adelman, 1988).
Le personnel des services d'urgence (Fulmer et al, 1992) et les
infirmières des soins aigus et des établissements communautaires
(Havilland et O'Brien, 1989; Ordre des infirmières et des infirmiers
du Canada, 1992; Smelters, 1991; VanderMeer, 1992) ont depuis longtemps
assumé la direction des efforts, comprenant qu'ils se trouvaient
dans une position idéale pour déceler la violence et la
négligence. Cependant, ces dernières années, d'autres
groupes professionnels, dont les dentistes (Galan et Mayer, 1992; Holtzman
et Bromberg, 1991; Jorgensen, 1992; Kelly, Grace et Wisnom, 1992; McDowell,
1990; Vaughn, 1993), les avocats et les notaires (Blunt, 1991;
8. Les protocoles
McKenzie, 1993; Schmidt, 1993), les thérapeutes professionnels et
physiques (Holland, Kasraian et Leonardelli, 1987), les médecins,
(American Medical Association, 1992; Lachs, 1995; Noone, Decalmer et Glendenning,
1993), les policiers (Goodwill, 1992) et les travailleurs sociaux (Basu,
1992) ont tous fait des efforts concertés pour s'éduquer et
se joindre au groupe des cliniciens qui travaillent à combattre la
violence et la négligence à l'égard des aînés.
À l'heure actuelle, de nombreux moyens de dépistage sont
offerts dans les ouvrages (Bloom, Ansell et Bloom, 1989; Fulmer et O'Malley,
1987; Johnson, 1991; Kosberg, 1988; Neale et al, 1991; Pillemer,
1986; Quinn et Tomita, 1986; Reis, Nahmiash et Schrier, 1993; Sengstock
et Hwalek, 1986). La plupart de ces moyens comportent des éléments
qui orientent la recherche vers les caractéristiques de la personne
âgée, vers les caractéristiques de la personne soignante
et, selon le point de vue théorique de l'auteur, vers les caractéristiques
du système familial (McDonald et al, 1991). Ces instruments
s'appuient habituellement fortement sur les impressions subjectives des
employés des services de santé et des services sociaux et
sur les rapports verbaux des informateurs et des personnes âgées
victimes de violence (Bloom, Ansell et Bloom, 1989; Stones et Kozma, 1995;
Reis, Nahmiash et Schrier, 1993). En outre, la plupart de ces moyens ne
tiennent pas compte des questions liées à la sensibilité
et la spécificité des mesures.
Trois des moyens canadiens de dépistage du risque les plus connus
sont : l'échelle QUALCARE (Bravo et al, 1995), le Brief
Abuse Screen of the Elderly (BASE) et le Caregiver Abuse Screen (CASE)
(Reis, Nahmiash et Schrier, 1993). La version originale de l'échelle
QUALCARE a été élaborée par Phillips et ses
collègues (1990) pour évaluer la qualité des soins
donnés par une personne soignante à une personne âgée.
L'instrument a été conçu pour quantifier la mesure
dans laquelle la personne soignante satisfait les besoins du bénéficiaire.
L'échelle QUALCARE est conçue pour être remplie par
une infirmière après sa visite de la personne âgée
au domicile de celle-ci. Les sources de renseignements sont, entre autres,
les observations personnelles, les données recueillies durant une
entrevue semi-structurée avec la personne âgée et
la personne soignante et tous les autres renseignements d'évaluation
disponibles. En 1995, Bravo et ses collègues ont tenté de
valider davantage cette échelle en évaluant son utilité
au moyen de la détermination du mauvais traitements des personnes
âgées par les familles. Les résultats de cette étude
semblent indiquer qu'une mesure de la qualité des soins constitue
un indicateur valide du risque de mauvais traitement. Cependant, la possibilité
de reproduire cette échelle s'est révélées
insuffisante. Par conséquent, bien que ce travail représente
un important pas en avant, ces conclusions doivent être interprétées
avec prudence.
Le BASE et le CASE ont tous deux été élaborés
à Montréal, en réponse aux préoccupations
croissantes exprimées par les prestataires de services locaux au
sujet d'un accroissement perçu des cas de violence soupçonnés.
Le BASE consiste en un questionnaire d'une page,
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
dans lequel on s'informe au sujet de la présence ou de l'absence
de violence de la part d'une personne soignante. Il comporte également
un processus de dépistage en trois étapes visant à
confirmer ou à réfuter la possibilité de violence.
Selon ses auteurs, cette approche réduit aussi la probabilité
que des formes plus subtiles de violence ou des cas de violence qui n'en
sont qu'à leur début ne « passent à travers
les mailles du filet » (Reis et Nahmiash, 1995a).
Le CASE sert de complément efficace au dépistage effectué
par le BASE. Les auteurs recommandent le CASE en tant qu'instrument utile
de « première alerte » pour la pratique immédiate.
Il consiste en huit questions qui permettent de dépister la violence
ou la négligence actuelle physique et psychologique et l'exploitation
financière. Il est conçu pour être utilisé
avec tous les clients qui sont des personnes soignant les personnes âgées,
que de la violence soit soupçonnée ou pas. En plus de « signaler »
la violence actuelle, les auteurs affirment que les réponses que
les personnes soignantes donnent au CASE peuvent révéler
des tendances et des stress qui pourraient conduire à de la violence
ultérieure (Reis et Nahmiash, 1995b). Les auteurs ont constaté
que le CASE permettait d'établir une distinction entre les groupes
qui commettaient des actes de violence et ceux qui n'en commettaient pas
et que les cotes les plus élevées coïncidaient avec
les cotes les plus élevées des mesures indépendantes
de la violence et de l'agression (Reis et Nahmiash, 1995b).
À l'heure actuelle, il semble que le BASE et le CASE soient les
seuls instruments canadiens de dépistage qui aient fait l'objet
d'un examen psychométrique. Les conclusions initiales concernant
la fiabilité et la validité de ces instruments semblent
prometteuses. Si ces résultats peuvent être reproduits dans
un échantillon suffisamment représentatif de violence et
de négligence, alors le BASE et le CASE seront des instruments
bien accueillis par les praticiens (Kozma et Stones, 1995; McDonald, 1996).
Une limite importante de ces outils de dépistage est le fait que
les indicateurs sur lesquels ils s'appuient proviennent de la recherche
existante sur les facteurs de risque qui, comme nous l'avons fait observer
ci-dessus, est loin d'être satisfaisante. En conséquence,
bon nombre des protocoles favorisent encore le stéréotype
selon lequel les personnes âgées ne sont violentées
que par leurs enfants adultes. Ils ne prévoient aucune disposition
concernant la violence entre conjoints, la violence sexuelle et, plus
souvent qu'autrement, l'exploitation financière. Certains instruments
de dépistage ne semblent pas tenir compte des aspects interactionnels
de la violence, même lorsqu'ils appliquent le modèle axé
sur les situations. L'omission d'évaluer les facteurs interactionnels
représente un oubli important dans le domaine. Par conséquent,
à l'heure actuelle, les personnes vulnérables peuvent facilement
échapper aux protocoles existants et la possibilité de déclarer
à tort des personnes comme auteurs ou comme victimes d'actes de
violence
8. Les protocoles
physique, psychologique médical et social dont bénéficie
la victime (Glendenning et Decalmer, 1993; Johnson, 1991; Quinn et Tomita,
1986). Les protocoles plus détaillés, comme l'Elder Abuse
Diagnosis and Intervention Model (Quinn et Tomita, 1986), le Staircase Model,
élaboré par Breckman et Adelman (1988), le modèle SEVNA
(Smelters, 1993), le Victoria Elder Abuse Project (1993) et le modèle
du Projet Care, élaboré par Reis et Nahmiash (1995), décrivent
aussi des stratégies d'intervention et des procédures de traitement
des cas.
Un grand nombre des protocoles d'évaluation en usage à
l'heure actuelle sont fondés sur les hypothèses que l'on
retrouve dans les ouvrages sur la violence familiale; par conséquent,
ils contiennent plusieurs lacunes qui ont pour origine les définitions,
l'élaboration de théories et les méthodes de recherche
inadéquates que l'on retrouve dans ce domaine (McDonald et al,
1991; Phillips et al, 1990). Tout comme les instruments de dépistage,
bon nombre de ces protocoles d'évaluation ne font appel qu'à
un seul modèle, par exemple le modèle axé sur les
situations, et ne tiennent pas compte des autres facteurs qui ont été
associés à la violence. Ils ne tiennent pas compte non plus
des aspects interactionnels de la violence, dont nous avons parlé
ci-dessus. Fait important, très peu de ces instruments ou protocoles
d'évaluation ont fait l'objet d'essais cliniques; en conséquence,
il n'existe aucune preuve qu'ils facilitent réellement la précision
dans la détermination ou la « découverte de cas ».
Un problème lié à la détection et au dépistage
de la violence et de la négligence à l'égard des
aînés est la question de la prestation
parce qu'ils « correspondent au profil » demeure très
réelle (McDonald et al, 1991; Sprey et Matthews, 1989).
8.2 L'évaluation
Les outils d'évaluation apportent une preuve que de mauvais traitements
sont survenus ou non ou qu'ils sont en train de survenir (Johnson, 1991)
et les évaluations, d'une façon générale,
sont la base à partir de laquelle on élabore des stratégies
d'intervention. Deux enquêtes récentes parrainées
par le gouvernement et concernant les programmes à l'intention
des Canadiennes et des Canadiens âgés victimes de violence
(Santé et Bien-être social Canada, 1992; Pittaway et Ganagher,
1995b) ont permis de constater la rareté des protocoles, des politiques
et des procédures d'intervention officiels par rapport à
la pratique immédiate. Il existe cependant quelques exceptions
remarquables. Au cours de la dernière décennie, un certain
nombre d'initiatives surtout locales, lancées par les hôpitaux,
les organismes de services sociaux, les institutions et les programmes
communautaires, au Canada et aux États-Unis, ont permis d'élaborer
des procédures pour faire face à la violence et à
la négligence à l'égard des clients âgés.
Ces protocoles élaborés indépen-damment à
partir d'évaluations non systématiques qui s'appuient sur
le jugement professionnel plutôt que sur des données objectives
(Rathbone-McQuan et Voyles, 1982) à des listes de vérification
des indicateurs de risque de violence et de négligence (Fulmer,
1989; Podnieks, 1988; Sengstock et al, 1986). Ces listes de vérification
peuvent comprendre ou ne pas comprendre des examens du soutien
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
du service. Callahan (1988) a soutenu, par exemple, que la découverte
et la détection des cas sont inefficaces à moins qu'il n'y
ait suffisamment de services et d'employés que l'on peut affecter
aux cas (Watson et al, 1995).
Tant les instruments de dépistage que les instruments d'évaluation
profiteraient aussi d'une plus grande attention aux différents
types de violence et de négligence. Dans les ouvrages existants,
il semble y avoir, dans le contenu, un biais manifeste en faveur des questions
liées à la violence et à la négligence physiques.
Les fréquences des rubriques concernant les différents types
de violence et de négligence sont loin d'être égales
(Kozma et Stones, 1995; Sengstock et Hwalek, 1987); celles qui concernent
la violence et la négligence physiques sont surreprésentées,
tandis que celles qui sont conçues pour analyser les questions
relatives à la violence psychologique et à l'exploitation
financière, ainsi qu'à la violation des droits de la personne,
restent sous-représentées (McDonald et al, 1991;
Sengstock et Hwalek, 1987). En conséquence, les instruments qui
sont utilisés dans les milieux cliniques de nos jours peuvent vraisemblable-ment,
au mieux, dépister seulement un faible pourcentage de tous les
cas de violence.
8.3 L'intervention
Les décisions quant à savoir comment et quand intervenir
en faveur des victimes de violence et de négligence sont parmi
certaines des plus difficiles que doivent prendre les prestataires de
services (Groupe de travail canadien sur l'examen médical périodique,
1994). Sur le plan conceptuel, deux types de protocoles d'intervention
ont été
élaborés en Amérique du Nord : soit les types
propres aux organismes et les types communautaires. Les premiers définissent
le mandat d'un organisme particulier et les procédures qu'il suit
pour intervenir dans les cas de violence et de négligence, tandis
que les seconds se concentrent sur la coordination et le regroupement
des efforts des organismes de services communautaires et sociaux (Santé
et Bien-être social Canada, 1997). Au cours des années 1990,
sur le plan des services immédiats, les protocoles d'intervention
reçoivent toujours moins d'attention dans les ouvrages que les
protocoles de dépistage et d'évaluation. Ce déséquilibre
traduit peut-être l'incapacité des experts du domaine à
définir convenablement la violence à l'égard des
personnes âgées ou à en cerner les causes. Les protocoles
d'intervention qui existent représentent différentes approches
et comprennent habituellement des éléments juridiques, thérapeutiques
et éducationnels, et des éléments se rattachant à
la défense des droits (Breckman et Adelman, 1988; Fulmer et O'Malley,
1987; Quinn et Tomita, 1986; Reis et Nahmiash, 1995). Certains protocoles
énumèrent les options en matière d'intervention (Podnieks,
1985; Quinn et Tomita, 1986), tandis que d'autres fournissent des «
arbres de décision » à l'intention des prestataires
de services de première ligne (Basu, 1992; Braun et al,
1993; Fulmer et O'Malley, 1987).
Ces dernières années, un certain nombre de faits intéressants
et importants se sont produits à l'échelon de la collectivité,
à la grandeur des États-Unis et du Canada. Plus précisément,
il s'est produit un mouvement vers l'établissement de
8. Les protocoles
protocoles communautaires visant à améliorer la prestation
des services (Wolf, 1992). Le meilleur exemple de ce mouvement aux États-Unis
est le San Francisco Consortium for Elder Abuse Prevention, un réseau
de 55 organismes établi pour améliorer l'intervention des
professionnels de la ville en cas de violence à l'égard des
personnes âgées (Wolf, 1992). Ce programme, administré
par le Mount Zion Institute on Aging, fournit des renseignements, de la
formation et du soutien aux organismes membres pour les aider à agir
efficacement dans leur intervention en cas d'abus et de négligence
(Njeri et Nerenberg, 1993).
Un grand nombre de provinces et de collectivités canadiennes sont
fières de disposer de protocoles d'intervention élaborés
sur place. Ces protocoles comprennent, sans s'y limiter, les Centres locaux
de services commu-nautaires (CLSC) comme ceux de NDG et de Montréal
Ouest et les CLSC René Cassin, à Montréal, l'Advocacy
Centre for the Elderly, à Toronto, l'Elder Abuse Resource Centre,
à Winnipeg, le Kerby Centre, à Calgary, et les North Shore
Community Services, à Vancouver Nord (McKenzie et al, 1995).
Plus récemment, le Haldimand-Norfolk Steering Committee on the
Abuse of Older Adults in Ontario s'est vu accorder une subvention de trois
ans pour importer et mettre en place un modèle de réseau
d'intervention communautaire élaboré en Colombie-Britannique
(Chapman, 1994; Vancouver Elder Abuse Network, 1994; Zannatta et Sagi,
1995).
Au cours de la dernière décennie, le Canada a manifestement
pris une
initiative considérable dans l'élaboration de protocoles
d'intervention locaux et communautaires. C'est peut-être parce que
les interventions sont si récentes que l'on en a rarement évalué
l'efficacité; au lieu de cela, les évaluations se sont appuyées
sur des rapports anecdotiques présentés par les praticiens
(Spencer, 1995). Ainsi, bon nombre des limites des moyens de dépistage
et d'évaluation actuels peuvent aussi se retrouver dans les stratégies
d'intervention. McDonald et ses collègues (1991) formulent trois
observations critiques au sujet des protocoles existants : ces protocoles
supposent un modèle de violence qui est axé sur les situations
et dans lequel intervient une personne soignante, modèle qui persiste
malgré des preuves à l'effet contraire qui commencent à
figurer dans les ouvrages; ils ne contiennent pas de définitions
adéquates d'indicateurs donnant les stratégies que l'on
devrait utiliser et indiquant avec qui et dans quelles circonstances on
devrait les mettre en oeuvre; en outre, ils ne peuvent faire état
d'aucune ou de presque aucune preuve de l'efficacité des traitements
et des interventions.
8.4 Les choix difficiles
Les problèmes d'élaboration de protocoles valables et fiables
pour le dépistage, l'évaluation et l'intervention sont toujours
présents (Kozma et Stones, 1995; McDonald et Wigdor, 1995). Ce
fait a été mis en évidence lorsque le Groupe de travail
canadien sur l'examen médical périodique (1994) a conclu
qu'il n'y avait pas de preuves suffisantes pour permettre d'appuyer ou
d'exclure les conclusions des cas. L'examen et la critique effectués
par le groupe laissaient entendre que l'on n'avait présenté
aucune combinaison de
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
facteurs de risque suffisamment sensibles ou utiles dans les conclusions
des cas. Étant donné l'effervescence renouvelée de
l'activité de recherche sur les propriétés psychométriques
d'un certain nombre de protocoles, le rapport peut avoir servi à
placer cette question au centre des préoccupations des cliniciens
et des chercheurs. Pour que le travail psychométrique se poursuive,
il faudra effectuer davantage de recherche, choix difficile lorsque les
ressources sont rares et que, dans le domaine, on préfère
l'intervention à la recherche.
La discussion des protocoles acquiert une toute nouvelle dimension lorsque
l'origine ethnique est prise en considération. À l'heure
actuelle, quelques études offrent de la documentation et une description
de la violence et de la négligence telles qu'elles se manifestent
au sein de différents groupes ethnoculturels. Ces recherches concernent,
entre autres, la collectivité autochtone (American Indian Law Centre
Inc., 1990; Association des infirmières et infirmiers autochtones
du Canada, (AIIAC) 1992; Dunn, 1992; Maxwell et Maxwell, 1992; Spencer,
1996), la communauté afro-américaine
(Griffin, 1994; Griffin et Williams, 1992; Njeri et Nerenberg, 1993) et
la communauté asiatique (Moon et Williams, 1993; Tomita, 1994),
ainsi qu'un éventail de collectivités ethnoculturelles (Bergin,
1995). La conclusion la plus manifeste qui ressort de ce travail est que
les connaissances dans ce domaine sont encore rudimentaires. À
l'heure actuelle, on doit s'occuper d'un certain nombre de questions élémentaires
et fondamentales. Les modèles occidentaux d'évaluation,
de diagnostic et d'intervention dans les cas de violence à l'égard
des aînés sont-ils applicables à d'autres groupes?
Dans le cas contraire, comment devrait-on modifier les méthodes
existantes? Les différences ethnoculturelles influent-elles sur
les définitions de ce qui constitue de la violence et de la négligence?
Et, enfin, existe-t-il des facteurs ethnoculturels qui contribuent à
la violence et à la négligence (Pittaway et Gallagher, 1995a;
Tomita, 1994)? Si la recherche dans ces domaines révèle
des différences importantes par rapport aux modèles de violence
à l'égard des aînés utilisés par la
majeure partie de la société, il faudra concevoir de nouveaux
protocoles.
9. Programs and Services
9
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
Les programmes et les services
9.1 Considérations générales
Un programme fournit un plan détaillé de prestation des
services; il établit des ressources et il coordonne la prestation
des services par le gouvernement et les organismes privés et publics
(McDonald et al,1991). On a élaboré quatre principaux
types de programmes pour faire face à la violence à l'égard
des aînés : les programmes réglementaires des services
de protection des adultes, les programmes basés sur le modèle
de la violence familiale, les programmes de défense des droits
des aînés et un modèle intégré.
9.2 Les programmes de protection des adultes
9.2.1 Les approches législatives
Un certain nombre de recours légaux sont à la disposition
des Canadiennes
et des Canadiens qui désirent faire face au problème de
la violence et de la négligence à l'égard des aînés.
Les garanties juridiques générales que l'on retrouve dans
le Code criminel ont trait à la violence, à l'agression
et à la négligence physiques. Les procurations ont trait
à l'exploitation financière et les lois sur la tutelle de
toutes les provinces
prévoient la nomination d'un tuteur qui agira au nom d'une personne
qui est mentalement incapable de gérer ses propres affaires ou
de prendre soin de sa personne. Toutes ces lois ont été
vertement critiquées en raison des interventions insuffisantes
qu'elles permettent pour réagir contre la violence et la négligence
à l'égard des personnes âgées (voir Carbonell,
1992; Coughlan et al, 1995; Gordon, 1995; Gordon et Verdun-Jones,
1992; Harbison et al, 1995a, 1995b; Robertson, 1995; Spencer, 1996),
mais aucune disposition juridique n'a attiré autant d'attention
critique que la législation sur la protection des adultes.
Les cinquante États américains et quatre provinces canadiennes
ont réagi contre le problème de la violence et de la négligence
à l'égard des personnes âgées en adoptant une
législation spéciale sur la protection des adultes (Robertson,
1995; Wolf, 1992). L'approche législative, fortement influencée
par les modèles relatifs au bien-être de l'enfance, se caractérise
par des pouvoirs judiciaires d'enquête, d'intervention et de déclaration
obligatoire (Robertson, 1995). Un examen de ces programmes aux États-Unis
et au Canada semble indiquer que les interventions réelles varient
9. Les programmes et les services
largement au sein des États et des provinces et entre ceux-ci. Cette
diversité semble être liée au type de législation
et à l'engagement financier des administrations à l'égard
des ressources de la collectivité (Quinn et Tomita, 1986; Robertson,
1995; Wolf, 1992; Zborowsky, 1985).
Les programmes des services de protection combinent habituellement des
services juridiques, sanitaires et sociaux afin de permettre le plus large
éventail possible d'interventions. Ils exigent une coordination
et un travail d'équipe interdisciplinaire considérable.
Au Canada, avec l'adoption de la législation concernant la protection
des adultes dans les provinces de l'Atlantique, les services de protection
ont été assurés par les ministères provinciaux
des services sociaux.
9.2.2 La Nouvelle-Écosse
La Nouvelle-Écosse a mis sur pied une Unité des services
de protection des adultes, au sein du ministère des services sociaux
de la province, en 1986, à la suite de l'adoption de sa Loi
sur la protection des adultes. Cette unité a pour but d'« assurer
la protection contre la violence physique, la violence sexuelle, la cruauté
mentale et la négligence à l'égard des personnes
âgées de 16 ans ou plus qui sont incapables de prendre convenablement
soin d'elles-mêmes ». Les rapports obligatoires font partie
de la législation et les rapports sur les cas de violence font
l'objet d'enquêtes de la part des travailleurs de la protection
des adultes en poste à la grandeur de la province. À l'heure
actuelle, l'Unité des services de protection des adultes semble
s'occuper surtout d'intervention en cas de crise. On met l'accent sur
la prestation de
services à domicile (McDonald et al, 1991). Les victimes
sont dirigées vers les ressources communautaires sur une base volontaire.
L'intervention prescrite par les tribunaux n'a lieu qu'en dernier ressort
et seulement lorsque la victime est réputée incapable de
prendre une décision éclairée (Santé et Bien-être
social Canada, 1992).
La Loi sur la protection des adultes de la Nouvelle-Écosse
a récemment été critiquée parce qu'elle traite
non pas de la violence mais de négligence de soi et que, fondamentalement,
elle ne s'occupe pas de la personne âgée compétente
victime de violence. Selon l'une des revues, la déclaration obligatoire
devrait être remplacée par la déclaration volontaire
(Harbison et al, 1995a, 1995b).
9.2.3 L'Île-du-Prince-Édouard
La Loi sur la protection des adultes de l'Île-du-Prince-Édouard
(1988) fait en sorte que les personnes qui sont incapables de se protéger
elles-mêmes contre la violence bénéficient d'une protection.
Cela doit se faire de la façon la moins intrusive possible et,
dans la mesure du possible, de façon à respecter les désirs
des personnes. Des quatre provinces, l'Île-du-Prince-Édouard
possède la législation qui ressemble le moins au modèle
relatif au bien-être de l'enfance (Gordon, 1995). La législation
a été établie sur le modèle de la Loi de la
Nouvelle-Écosse mais elle n'inclut pas la déclaration obligatoire
(Santé et Bien-être social Canada, 1992). Elle contient un
plan de mise en oeuvre en 68 étapes qui prévoit une intervention
multidisciplinaire dans les cas de violence signalés. À
l'heure actuelle, il n'existe pas de services spécialisés
pour les aînés victimes de
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
violence. Au lieu de cela, des services de soutien communautaires aux victimes
semblent s'occuper de la violence à l'égard des aînés
dans le cadre d'une approche plus vaste de la violence familiale (McDonald
et al, 1991).
9.2.4 La Colombie-Britannique
À la suite de l'adoption de l'Adult Guardianship Act, S.B.C.
1993, la Colombie-Britannique a lancé une nouvelle initiative concernant
le soutien et l'aide aux aînés victimes de violence et de
négligence (Robertson, 1995). Cette loi représente une refonte
complète de la loi sur la protection des adultes vulnérables.
Gordon (1995) soutient que la loi de la Colombie-Britannique représente
une nouvelle tendance au Canada à incorporer les dispositions de
protection dans des lois « omnibus » refondues concernant
la tutelle des adultes (Gordon, 1995). L'inclusion de dispositions concernant
la protection des adultes dans le corps plus vaste de la loi sur la tutelle
des adultes peut entraîner l'utilisation régulière
de la tutelle ordonnée par les tribunaux, au lieu de mesures moins
gênantes (Gordon, 1995).
Semblable à la législation des provinces de l'Atlantique,
la loi accorde des pouvoirs d'enquêtes étendus à certains
organismes, y compris le pouvoir de s'adresser aux tribunaux pour obtenir
la prestation de services aux personnes jugées incapables (Robertson,
1995). Sur le plan des programmes, un certain nombre de faits importants
se sont produits. Dans une tentative de découvrir des moyens moins
restrictifs et moins intrusifs de réagir contre la violence et
la négligence, le Programme d'autonomie des aîné(e)s
(PAA) du
gouvernement fédéral a financé la mise sur pied de
Community Resource Networks (CRN) dans un certain nombre de collectivités
de la Colombie-Britannique. Les CRN consistent en des organismes locaux
de services de santé, de services sociaux et de services juridiques
qui regroupent leurs ressources afin d'intervenir d'une façon intégrée
et coopérative dans les cas de violence et de négligence.
Les objectifs des réseaux consistent à fournir une série
de services aux adultes victimes de violence, à servir de ressource
aux prestataires de services et à offrir un service fiable et régulier
à leurs clients (Zannatta et Sagi, 1994).
9.2.5 Les critiques
Une controverse considérable perdure au sujet de la législation
et des programmes de protection des adultes. Leurs défenseurs laissent
entendre que ces interventions signifient que les droits de la personne
adulte sont finalement garantis et que l'on peut faire des tentatives
pour améliorer le niveau de fonctionnement d'une personne tout
en la protégeant contre la violence (McDonald et al, 1991).
Les adversaires de cette approche axée sur l'application de la
loi contestent vigoureusement ces affirmations. Par exemple, ils soutiennent
que tout système de soins qui est modelé sur la législation
protectionniste visant le bien-être de l'enfance doit inévitablement
infantiliser les personnes âgées et violer leur droit à
l'indépendance (Groupe Conseil ARA Inc., 1991). Sur le plan pratique,
on déclare souvent que les travailleurs de la protection des adultes
sont « prompts à la détente » lorsqu'ils
demandent une tutelle afin de placer les personnes âgées
dans des institutions
9. Les programmes et les services
(Quinn et Tomita, 1986)préoccupation qui s'accroît avec
l'utilisation de la nouvelle législation « omnibus ».
D'autres personnes ont soutenu que la législation sur la protection
des adultes n'est pas utile parce que, dans bien des cas, les ressources
sont insuffisantes pour que l'on s'occupe adéquatement des cas déclarés
(Bond, Penner et Yellen, 1995; Groupe Conseil ARA Inc., 1991). Sans services
adéquats en place pour soutenir les personnes victimes de violence,
un système de services de protection des adultes ne peut pas intervenir
efficacement dans les cas de violence et de négligence (Groupe Conseil
ARA Inc., 1991).
Plusieurs études canadiennes soulignent certaines des lacunes
de la législation sur la protection des adultes et de sa mise en
oeuvre. Bond, Penner et Yellen (1995) ont fait un sondage auprès
des professionnels canadiens et américains au sujet de l'efficacité
de la législation sur la protection des adultes. La plupart des
personnes interrogées estimaient qu'elle était inefficacemais
elles s'inquiétaient aussi du fait qu'il n'y avait pas suffisamment
de fonds pour administrer le programme et pour fournir les services aux
personnes âgées victimes de violenceet qu'en outre,
ce problème existait même avant que les gouvernements ne
commencent à réduire les budgets.
Poirier (1992) a comparé l'application de la législation
sur la protection des adultes en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick
et il a constaté que, malgré de nombreuses similitudes,
l'interprétation de cette législation au Nouveau-Brunswick
était très influencée par les normes de la
profession du travail social. En conséquence, au Nouveau-Brunswick,
on ne faisait que des interventions moins intrusives et peu de cas étaient
soumis aux tribunaux. Toutefois, en Nouvelle-Écosse, Poirier a
pu constater que le système judiciaire sert à appliquer
la législation six à douze fois plus souvent qu'au Nouveau-Brunswick.
Dans une autre étude, Poirier (1992) a examiné les conséquences
pour les clients soumis à la législation sur la protection
des adultes au Nouveau-Brunswick. Il a constaté que le facteur
le plus important lorsqu'il s'agit de déterminer si l'on a ordonné
ou pas des mesures de protection consistait à savoir si la personne
était représentée par un avocat. Les clients ayant
un avocat étaient mieux protégés. Il a aussi constaté
que la philosophie juridique du juge avait une énorme influence
sur la décision, ce qui représente un danger si le juge
est en faveur des aspects gênants de la législation.
9.3 Les programmes concernant la violence en
milieu familial
L'intervention contre la violence familiale, en cas de violence et de
négligence à l'égard des aînés, a pris
un élan considérable en Amérique du Nord, parce qu'elle
ne viole pas les droits civils des personnes et qu'elle n'exerce aucune
discrimination fondée sur l'âge (Crystal, 1987; Finkelhor
et Pillemer, 1984; McDonald et al, 1991). Cette intervention en
cas de violence à l'égard des aînés consiste
en une approche à multiples volets qui comprend les services d'intervention
en cas de crise, comme les lignes rouges; un rôle accru pour la
police dans le
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
dépôt d'accusations; des ordonnances des tribunaux relatives
à la protection, l'utilisation de cliniques juridiques; des refuges
d'urgence ou des refuges secondaires; des groupes de soutien tant pour la
personne violentée que pour l'auteur des actes de violence; de la
thérapie individuelle et familiale et l'utilisation de toute une
gamme de services de santé, de services sociaux et de services juridiques
(McDonald et al, 1991). L'éducation du public et, en particulier,
l'éducation des personnes victimes de violence, au sujet de leurs
droits, fait partie intégrante des services en cas de violence familiale.
À l'heure actuelle, il existe un certain nombre de programmes
individuels et collectifs pour les victimes de violence à l'égard
des personnes âgées. Au Canada, l'Elder Abuse Resource Centre,
un programme de Perspective des aînés, mis en place à
Winnipeg, et le Centre Kerby à Calgary, correspondent vaguement
à l'approche axée sur la violence familiale. Par exemple,
l'Elder Abuse Resource Centre intervient dans les situations de violence
soupçonnée à l'égard de personnes âgées
de 60 ans ou plus. Ce centre a été conçu pour coordonner
les services communautaires dans les cas de violence et de négligence
à l'égard des personnes âgées, pour fournir
l'éducation et pour assurer la consultation des organismes ainsi
que pour offrir des services de counseling aux personnes âgées
victimes de violence (McKenzie et al, 1995). Le Centre Kerby, d'autre
part, combine une équipe multidisciplinaire et une
approche axée sur les systèmes familiaux. Les cliniciens
traitent les cas de violence à l'égard des aînés
dans le cadre d'un continuum de questions concernant la violence familiale
et ils croient que les efforts qu'ils font pour résoudre les problèmes
de violence à l'égard des aînés devraient tenir
compte de l'ensemble de l'unité familiale (Groupe Conseil ARA Inc.,
1991). Plusieurs États américains disposent aussi de refuges
à l'intention des personnes âgées victimes de violence
(Cabness, 1989) et de nombreux refuges de femmes existants hébergent
maintenant des femmes âgées victimes de violence (Vinton,
1991). Au Canada, Montréal a ouvert le premier refuge pour les
personnes âgées victimes de violence et un certain nombre
d'autres collectivités envisagent d'établir de tels refuges7
ou d'adapter les refuges existants afin de pouvoir héberger quelques
femmes âgées.
Le modèle axé sur la violence familiale n'est pas sans
ses critiques (McDonald et al, 1991; Phillips, 1986), qui sont
prompts à en signaler les lacunes. Les problèmes concernant
l'intervention de la police et les ordonnances restrictives, les refuges
mal gérés et un manque de services de suivi ne sont que
quelques-uns des problèmes. Les gérontologues ont également
fait une mise en garde contre l'utilisation unique de l'intervention en
cas de crise, étant donné que les problèmes auxquels
font face les personnes âgées ont tendance à être
complexes, multiples et interdépendants; on peut avoir besoin de
beaucoup de temps pour les régler et
7 Une initiative résultant du projet Synergy
II, à Calgary, est un refuge pour les personnes âgées
victimes de violence, lequel ouvrira ses portes au cours de l'an prochain.
9. Les programmes et les services
il faut les suivre de près (Ledbetter et Hancock, 1990). En outre,
le modèle ne s'applique pas aux cas de négligence par opposition
aux cas de violence.
9.4 Les programmes de défense des droits
des aînés
La défense des droits comprend tous les actes que l'on exécute
au nom d'une personne ou d'un groupe afin de s'assurer que leurs besoins
sont satisfaits et que leurs droits sont respectés. Tout comme
dans le modèle axé sur la violence familiale, une approche
axée sur la défense des droits reconnaît que la personne
âgée peut être vulnérable et qu'elle peut se
trouver dans une situation dangereuse. Dans les programmes de défense
des droits des personnes victimes de violence, on tient pour acquis que
les interventions les moins restrictives et les moins intrusives doivent
s'appliquer à la situation de la personne âgée.
Il peut y avoir deux types de défenseurs, officiels et officieux.
Les défenseurs officieux sont habituellement des bénévoles,
comme les amis ou les membres de la famille, qui ne participent pas à
un programme structuré; les défenseurs officiels8 sont
des professionnels, lesquels sont rémunérés pour
leurs services dans le cadre d'un programme structuré. En pratique,
les défenseurs informent les clients de leurs droits et des services
de rechange qui sont à leur disposition et ils peuvent les aider
à exécuter des plans convenus. La
caractéristique la plus importante de la défense des droits
est l'indépendance du défenseur par rapport à n'importe
quel système de prestations officielles; cette distance permet
au défenseur d'établir une relation positive avec la personne
âgée.
Trois programmes de défense des droits bien connus illustrent
cette indépendance. Dans le Senior Advocacy Volunteer Project,
à Madison, Wisconsin, on forme des bénévoles afin
qu'ils servent de défenseurs, sur une base individuelle, aux victimes
de violence à l'égard des aînés. Les bénévoles
se voient confier des affectations d'un an pour fournir un éventail
d'aide, y compris une visite hebdomadaire, aider à effectuer les
tâches comme la négociation avec les systèmes de services
de santé et de services sociaux, la gestion des ressources financières,
l'aide au déménagement et la tâche de tenir compagnie
à la personne âgée (Wolf, 1992). L'Advocacy Centre
for the Elderly de Toronto (Ontario) est un exemple de programme de défense
juridique officiel. Établi en 1984, à titre de service d'aide
juridique spécialisé pour les résidants de Toronto,
son principal mandat est la défense juridique, y compris la prestation
de conseils juridiques aux personnes âgées, ainsi que la
représentation devant les cours et les tribunaux (Gordon et
al, 1986). Les North Shore Community Services, à Vancouver
Nord, ont également élaboré un modèle de défense :
cet organisme sert de guichet
8 L'Ontario disposait d'un programme de défense
formel en vertu de la Loi de 1992 sur l'intervention, mais cette
loi vient d'être abrogée. Gordon (1995) a soutenu que le problème
des programmes de défense consistait en ce que, durant les époques
de restrictions financières, il y avait une forte probabilité
de réduction des services. Dans le cas de l'Ontario, la Loi sur
l'intervention a été supprimée.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
unique pour les personnes âgées qui ont besoin de renseignements
et de services. La philosophie de ce service est fondé, dans une
certaine mesure, à la fois sur l'idéologie féministe
et sur la défense juridique. Il permet de situer l'expérience
personnelle des personnes dans le contexte plus large de la société
(McKenzie et al, 1995) et il donne aux personnes âgées
le pouvoir et le contrôle en recevant leurs instructions.
La défense des droits des aînés joue sans doute un
rôle important dans la protection et la promotion des intérêts
des adultes vulnérables. Un examen étendu de ces services
aux États-Unis fournit la preuve que lorsque les victimes ont des
défenseurs, elles signalent moins d'isolement social, sont mieux
reliées aux services de la collectivité, atteignent un plus
grand nombre de leurs objectifs et sont moins susceptibles d'être
victimes de violence (Filinson, 1993). Cependant, deux questions exigent
une plus ample considération. Comme McKenzie et ses collègues
(1995) le font remarquer à juste titre, connaître ses droits
est une chose, les défendre en est une autre. Les personnes qui
peuvent s'affirmer sont plus susceptibles d'obtenir l'attention des autres.
Malheureusement, de nombreuses personnes âgées ont un grand
besoin d'aide mais, en raison de leur incapacité ou de leur isolement,
elles n'obtiennent pas l'assistance qu'elles méritent.
9.5 Le modèle intégré
Une tendance observable à l'échelon de la collectivité
a été la mise sur pied d'équipes multidisciplinaires,
constituées de travailleurs provenant d'un vaste éventail
d'organismes qui représentent l'ensemble des programmes décrits
ci-dessus. Ces équipes ou ces comité axés sur la
collectivité donnent des consultations sur les cas de violence
atypiques et difficiles, ils aident à résoudre les désaccords
entre les organismes et ils fournissent des services comme des consultations
juridiques et médicales, que l'on ne trouve pas facilement dans
la collectivité (Wolf, 1992). Dans les situations comportant de
la violence à l'égard des aînés, les chercheurs
et les décideurs préconisent souvent la coordination des
soins de santé et des services sociaux, dans le processus de détection
et d'intervention (Decalmer et Marriot, 1993; Santé et Bien-être
social Canada, 1993; Pittaway et Gallagher, 1995a, b). Bien que l'on ait
fait peu de recherche pour évaluer l'efficacité des équipes
multidisciplinaires, de nombreuses personnes croient que ces équipes
améliorent la qualité et la quantité des services
(Santé et Bien-être social Canada, 1993; Watson et al,
1995).
Aux États-Unis, deux programmes valent la peine d'être mis
en évidence. L'État de l'Illinois a ordonné à
tous les organismes qui fournissent des services en cas de violence à
l'égard des aînés à une assiette de population
supérieure à 7 200 personnes de mettre sur pied des
équipes multidisciplinaires comprenant des représentants
des services comme
9. Les programmes et les services
les services de santé mentale, les services médicaux, les
services d'application de la loi, les services religieux, les services juridiques
et les services financiers (Hwalek, Williamson et Stahl, 1991). Une réalisation
également digne de mention est l'équipe multidisciplinaire
de consultation sur les cas mise sur pied par le San Francisco Consortium
for the Prevention of Elder Abuse. Cette équipe comprend neuf représentants
d'un certain nombre de professions, dont celles du traitement des cas, des
consultations familiales, de la santé mentale, de la médecine
gériatrique, de l'application de la loi, des services financiers
et des services de protection des adultes. L'équipe se réunit
une fois par mois pour étudier les cas, en faire des évaluations
complètes et détaillées et établir des plans
d'intervention concernant les cas de violence à l'égard des
aînés lorsque ces cas comportent des problèmes multiples
et nécessitent l'intervention de nombreux organismes.
Au Canada, le Projet Care (Reis et Nahmiash, 1995) semble être
un prolongement du modèle intégré; il incorpore plusieurs
des services que Wolf (1992) a désignés comme constituant
les approches selon les meilleures pratiques. Le Projet Care, financé
par la Division de la prévention de la violence familiale, Direction
générale des programmes et des services de santé,
Santé Canada, a été conçu pour élaborer
un programme d'intervention global permettant aux professionnels et aux
bénévoles d'intervenir efficacement dans les cas de violence
et de négligence. Les auteurs décrivent plusieurs éléments
principaux
de leur modèle d'intervention : le « Tool Package »,
pour signaler les cas de violence; une « équipe de soins
à domicile », laquelle est dotée de professionnels
d'organismes multidisciplinaires et de paraprofessionnels, qui ensemble
fournissent le service de première ligne; l'« équipe
multidisciplinaire », un petit groupe consultatif qui surveille
tous les cas de violence et conseille les membres de l'équipe de
soins à domicile sur des cas particuliers; l'équipe d'experts
consultants, un autre groupe consultatif mis sur pied à l'extérieur
de l'organisme d'intervention pour fournir des conseils spécialisés;
les « Volunteer Buddies », des bénévoles
formés qui rencontrent régulièrement les personnes
âgées victimes de violence; un groupe d'habilitation à
l'intention des victimes de violence et un groupe de soutien des personnes
soignantes, qui offre un soutien et fournit des stratégies de résolution
de problèmes aux personnes qui ont commis des actes de violence,
et le Community Senior Advisory Committee, qui concentre son attention
sur la prévention de la violence et la sensibilisation de la collectivité.
Les évaluations initiales de cette approche de la prestation des
services se sont révélées très positives :
les prestataires de services se familiarisent les uns avec les autres,
les ressources sont organisées et réparties dans le cadre
d'une initiative unique et des plans de soins plus complets sont établis.
La principale lacune est que les équipes consacrent plus de temps
à chaque cas que les professionnels qui agissent seuls (McDonald,
1996).
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
9.6 Les questions liées à la pratique
9.6.1 L'évaluation de la pratique
Il faut formuler quelques commentaires au sujet du manque flagrant d'évaluations
des programmes dans le domaine de la violence à l'égard
des aînés. Comme Spencer (1995) l'a fait remarquer, la recherche
américaine dans ce domaine a, jusqu'à récemment,
été rudimentaire et le travail canadien dans ce domaine
est inexistant. Jusqu'à présent, même les questions
les plus fondamentales concernant les types de services qui sont efficaces,
leurs bénéficiaires et les circonstances dans lesquelles
on fournit les services restent sans réponse (Stein, 1991). L'évaluation
des programmes est importante pour un certain nombre de raisons :
elle fournit aux praticiens de première ligne des renseignements
au sujet de ce qui est efficace; elle permet aux organismes de comparer
les objectifs des programmes et les résultats réels; elle
indique quels sont les aspects des programmes qui sont désuets
et inefficaces et, enfin, elle fournit la preuve de la pertinence d'interventions
particulières, laquelle, par la suite, peut servir à justifier
des demandes de maintien de financement (Pittaway et Gallagher, 1995a,b;
Spencer, 1995). Il est réconfortant de voir qu'un grand nombre
des programmes d'intervention canadiens les plus prestigieux relatifs
à la violence à l'égard des aînés ont
répondu au défi de Stein (1991) d'améliorer la façon
dont les résultats de la recherche sont conçus et utilisés.
Des projets comme l'Elder Abuse Resource Centre à Winnipeg, le
Victoria Elder Abuse Project, le Projet Care et Synergy. II ont tous incorporé
un éventail de
mesures dans leur conception. Considérés dans leur ensemble,
les résultats de ces études fourniront des renseignements
précieux au sujet de l'efficacité de ces approches; il est
à espérer que d'autres personnes seront encouragées
à se joindre à la « révolution des résultats ».
L'évaluation des programmes dépend, bien sûr de la
façon dont l'« efficacité » est conceptualisée.
McDonald et ses collègues (1991) ont été les premiers
à faire observer que la question de savoir si une intervention
est réputée utile ou pas est affaire de perspective. Par
exemple, pour un clinicien, « le retrait de la personne âgée
d'une situation de violence » peut constituer un succès
tandis que la victime peut considérer cela comme un échec
(Kozak, 1994). Par conséquent, des discussions entre les cliniciens,
les chercheurs et les personnes âgées au sujet de la meilleure
façon de mesurer l'efficacité seraient un exercice utile
dans ce cas. Wolf et Pillemer (1989) et Spencer (1995) ont commencé
cette discussion en proposant l'étude de questions comme :
l'intervention fait-elle cesser la violence ou en réduit-elle la
gravité? Se produit-il un changement du nombre d'actes de violence
à la suite de l'intervention? La victime estime-t-elle qu'il y
a eu une amélioration de la situation?
9.6.2 Les obstacles aux services
Trois documents gouvernementaux récents fournissent des aperçus
des obstacles existants à la prestation des services aux personnes
âgées qui sont victimes de violence (Groupe Conseil ARA Inc.,
1991; Santé et Bien-être social Canada, 1993). Ces obstacles
se classent actuellement dans trois catégories : certains
sont associés à des
9. Les programmes et les services
variables concernant le client, certains sont attribuables aux praticiens
de première ligne et d'autres existent à cause de problèmes
plus généraux qui se situent sur le plan des systèmes.
L'obstacle le plus considérable à une intervention efficace
a trait à la répugnance des victimes elles-mêmes à
communiquer avec les services et à s'engager auprès d'eux,
comme on l'a fait remarquer ci-dessus (Pittaway et Gallagher, 1995b).
Les prestataires de services immédiats ont aussi contribué
au problème. Il arrive parfois que les prestataires de services
ne savent pas exactement ce qui constitue de la violence et de la négligence;
ils peuvent manquer de connaissances au sujet des services appropriés
et des ressources communautaires auxquelles on peut faire appel pour faciliter
la résolution du problème. Ce qui est encore plus préoccupant
est la répugnance générale à intervenir. Considérés
dans leur ensemble, les trois documents gouvernementaux semblent indiquer
fortement qu'il faudrait accorder la priorité à sensibiliser
davantage aux services les personnes âgés et les praticiens
et accroître leurs connaissances à cet égard. (McDonald,
Pittaway et Nahmiash, 1995).
Sur le plan des systèmes, un certain nombre d'obstacles ont également
été mis en évidence. Ces obstacles sont, entre autres,
le fait que les mandats des organismes ne visent pas expressément
la violence à l'égard des aînés, le financement
inadéquat des ressources appropriées et un manque général
de coordination entre les services existants. Par exemple, Podnieks et
ses collègues (1990) ont cerné un certain nombre de lacunes
dans les services canadiens et ils
ont souligné un important manque de soins de relève adéquats
et abordables, de groupes de soutien aux personnes soignantes, de groupes
d'entraide et de refuges d'urgence. Bien que, dans certains programmes,
on ait tenté de combler certaines de ces lacunes cernées
(p. ex., le Centre Kerby, le Projet Care), il subsiste d'importants déficits
dans les programmes et dans les services.
Enfin, bien que la coordination ait été désignée
comme étant un élément important de la prestation
des services, on en parle plus souvent qu'on ne la réalise. On
cite les différences dans les styles de leadership et de prise
de décision, dans les philosophies, dans les principes et dans
les valeurs comme étant des obstacles réguliers à
l'élaboration d'un système de soins coopératif et
sans faille (McDonald, Pittaway et Nahmiash, 1995; Pittaway et Gallagher,
1995b). Par conséquent, ce dont on a besoin est une intervention
générale de la collectivité dans la résolution
des problèmes de violence et de négligence. Les services
doivent être disponibles, accessibles, abordables, connus et perçus
comme appropriés par les personnes auxquelles ils sont destinés
(McDonald, Pittaway et Nahmiash, 1995).
9.6.3 Les questions multiculturelles
Un rapport récent présenté par le Research Study
Group on Elder Abuse (Chappell, 1993), qui portait sur les collectivités
des Premières nations et sur les collectivités chinoises,
a été parmi les premiers à contenir une déclaration
énergique au sujet de la nécessité de réfléchir
à la question de la violence et de la négligence selon une
perspective plus pertinente sur le plan culturel. Ce
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
sentiment a eu d'autres échos dans des rapports rédigés
dans le cadre de deux projets canadiens, au cours desquels on a également
analysé les services dans diverses collectivités (Association
canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux, 1995; Pittaway et
Gallagher, 1995b).
Il existe déjà des preuves considérables confirmant
que la violence à l'égard des personnes âgées
est un problème parmi de nombreux groupes ethnoculturels différents.
Pour cette raison, il s'est présenté deux questions pressantes
concernant la prestation des services. D'abord, les services à
l'intention de la population générale répondent-ils
d'une façon convenable aux besoins des personnes âgées
provenant de milieux divers? Et, dans la négative, comment pourrait-on
modifier les approches existantes?
La réponse à la première question semble être
un non retentissant. Par exemple, au cours d'une étude, les personnes
âgées provenant de différents milieux ethnoculturels
ont fait état de problèmes concernant la communi-cation,
le transport et les ressources financières (Roche et Doumkou, 1990).
La prestation de services à cette population est étroitement
liée à la présence de racisme systémique.
Certains auteurs (McDonald, Pittaway et Nahmiash, 1995) ont exprimé
l'avis que les prestataires de services ont besoin d'examiner de façon
critique leurs croyances et leurs attitudes afin de déterminer
si, d'une certaine façon, ils ne sabotent pas eux-mêmes l'inter-vention
dans les cas de violence et de négligence.
L'étude de l'ACTTS et Pittaway et Gallagher (1995a,b) résument
les questions culturelles qui posent des défis dans la prestation
des services dans les cas de violence à l'égard des aînés.
Ces questions comprennent, entre autres, l'effet des différences
culturelles sur la définition de ce qui constitue de la violence
et, peut-être, l'influence de ces différences sur le comportement
de recherche d'aide; la nécessité d'avoir des interprètes
dénués de préjugés; le manque de brochures
et d'autres documents traduits, le besoin de modèles créatifs
de prestation des services qui soient acceptables sur le plan culturel;
la nécessité de former les prestataires de services afin
qu'ils aient une plus grande sensibilité aux diverses cultures,
et le besoin de liens plus étroits entre les organismes de la majorité
qui servent les personnes âgées et les chefs des collectivités
et les ressources directement liées aux différentes communautés
ethnoculturelles.
10
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
La prévention
10.1 Les initiatives en matière d'éducation
On croit que l'éducation et la sensi-bilisation du public sont
des éléments critiques dans n'importe quelle approche globale
de la violence et de la négligence à l'égard des
aînés. L'édu-cation ne concerne pas seulement l'acquisition
de nouveaux renseigne-ments : elle a trait à la modification
des attitudes, des comportements et des valeurs. Pour cette raison, l'éducation
constitue une stratégie de prévention fondamentale (Gallagher
et al, 1993; Greene et Anderson, 1993; Podnieks et Baillie, 1995;
Podnieks et al, 1990).
Au Canada, le Réseau canadien des aînés La Voix
a assumé un rôle clé dans l'élaboration d'un
plan d'action coordonné concernant la violence subie par les personnes
âgées à la grandeur du Canada. Une initiative importante
et récente de ce groupe concerne la fourniture aux collectivités
d'outils qui leur permettront d'élaborer une intervention coordonnée
en cas de violence à l'égard des aînés. À
cette fin, La Voix a adopté une approche axée sur le
développement communautaire et elle a élaboré une
« trousse d'inter-vention » que les personnes âgées
pourront utiliser pour trouver des solutions aux problèmes de violence.
Cette trousse contient toute la documentation nécessaire pour soutenir
les efforts de défense des droits des personnes âgées
qui désirent répondre aux besoins des aînés
victimes de violence dans leurs collectivités respectives.
Aux États-Unis, l'American Association of Retired Persons (AARP)
a assumé un rôle de chef de file dans la poursuite d'un effort
national visant à sensibiliser davantage le public à la
violence à l'égard des aînés. Cette association
a mis l'accent sur la prévention et l'habilitation. Son programme
unique appelé « Toward the Prevention of Abuse »
enseigne aux personnes âgées la façon de prévoir
le risque et de se
10.2 L'éducation des aînés
On ne saurait trop insister sur l'importance d'éduquer les personnes
âgées au sujet de la violence et de la négligence
et de leur fournir des renseignements sur les endroits où elles
peuvent trouver de l'aide (Podnieks et Baillie, 1995). La connaissance
est le pouvoir et elle peut servir à aider les personnes à
s'aider elles-mêmes. Elle permet aux victimes (ou aux victimes éventuelles)
de se protéger et de protéger leurs droits. Par la suite,
cela contribue à leur donner un plus grand sentiment de contrôle
et d'efficacité personnelle (Reis et Nahmiash, 1995).
10. La prévention
préparer au vieillissement de manière à réduire
au minimum la possibilité d'être victimes de violence (Douglass,
1991).
Récemment, les praticiens en sont venus à comprendre que
les renseignements, fournis isolément, ne sont pas suffisants.
En conséquence, il est apparu, aux États-Unis et au Canada,
un mouvement visant à élaborer des interventions de soutien
et de résolution de problèmes, lesquelles s'ajouteront aux
programmes d'éducation. On a supposé que ces services supplémentaires
non seulement offrent une protection contre la violence mais contribuent
aussi à réduire l'isolement (British Columbia Seniors Advisory
Council, 1992).
Au Canada, le Projet Care, à Montréal (Reis et Nahmiash,
1995), offre un excellent exemple de programme d'intervention qui incorpore
à la fois le soutien individuel et le soutien de groupe dans une
tentative d'habilitation des clients. Dans le cadre d'un réseau
de soins plus vastes, les « Volunteer Buddies » rencontrent
régulièrement les personnes âgées victimes
de violence sur une base individuelle. Ces bénévoles contribuent
à réduire l'isolement et ils informent les clients de leurs
droits. En outre, leur « groupe d'habilitation » se
réunit chaque semaine pour aider les victimes à discuter
de leurs impressions et trouver, au moyen de séances de remue-méninges,
des façons de faire face aux problèmes particuliers qui
se présentent. Aux États-Unis, un exemple remarquable de
cette approche est le Victim Support Group, au Mt. Sinai Centre for Elder
Abuse (Wolf et Pillemer, 1994). Ce groupe fournit un soutien permanent,
un encouragement et des conseils aux aînés victimes de
violence et il les prémunit contre le sentiment d'être pris
comme victimes.
Une variante remarquable de ces approches individuelles et collectives
est la consultation entre pairs, qui rapproche les victimes sur une base
individuelle. La consultation entre pairs, comme les deux autres approches,
existe dans les organismes de personnes âgées et dans les
organismes de services sociaux à la grandeur du Canada et des États-Unis
(Podnieks et Baillie, 1995).
La participation active des Canadiennes et des Canadiens âgés
à la résolution des problèmes de violence est un
mouvement bienvenu dans le domaine. De plus en plus, les organismes de
service de santé et de services sociaux comprennent que les besoins
de soins concernent les clients et sont axés sur ceux-ci. Bon nombre
des programmes bien établis concernant la violence à l'égard
des aînés au Canada ont fait de ces derniers des participants
actifs à l'élaboration et au fonctionnement quotidien de
leurs services (p. ex., l'Elder Abuse Resource Centre, à Winnipeg,
les CRN, en Colombie-Britannique, le Projet Care, à Montréal).
Cependant, il reste encore à effectuer un travail considérable
dans ce domaine. Il existe un certain nombre de façons de faire
participer les personnes âgées à la lutte visant à
réduire la violence, à savoir : la reconnaissance par
les professionnels des apports des personnes âgées, la collaboration
entre les personnes âgées et les profession-nels, la prise
de moyens pour susciter l'intérêt et la participation des
personnes âgées et pour faire de cette participation une
expérience valable, le recours aux
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
techniques de remue-méninges, l'utilisation des personnes âgées
comme conseillers et la coordination centrale (Groupe Conseil ARA Inc.,
1994).
10.3 L'éducation des professionnels
Il est particulièrement important pour les professionnels d'être
capables de déterminer les cas où les personnes âgées
sont victimes de violence et d'intervenir d'une façon constructive
et appropriée. L'éducation des cliniciens dans ce domaine
est un élément critique de l'acquisition des connaissances
et des compétences et elle constitue le fondement nécessaire
de l'offre de services. Une première étape importante consiste
à trouver des moyens de montrer aux cliniciens à réfléchir
au sujet de leurs propres attitudes et croyances sur le vieillissement
et la violence en général (Johnson, 1995). Malheureusement,
les sources des préjugés et de la discrimination sont souvent
profondément cachées (Pittaway et Gallagher, 1995a,b). Il
est impératif de susciter des occasions de prise de conscience,
afin que les particuliers, les organismes et les collectivités
puissent réfléchir d'une façon critique à
leurs systèmes de croyances et déterminer de quelle façon
ceux-ci influent sur leurs interventions dans les cas de violence à
l'égard des aînés. Une tentative canadienne digne
de mention, laquelle visait à fournir ce genre de renseignements,
a été faite au Centre « Deer Lodge »
à Winnipeg. Cet établissement de soins prolongés
a élaboré une façon innovatrice d'encourager ses
employés à examiner les répercussions des attitudes
et des comportements âgistes (Podnieks et
Baillie, 1995). Grâce à un programme intitulé Aging
Game (« le jeu du vieillissement »), on sensibilise
les employés au processus du vieillissement et aux répercussions
qu'un traitement inapproprié des personnes âgées a
sur toutes les personnes concernées. En outre, pour compléter
ce programme, le Centre « Deer Lodge » fournit une
formation en cours d'emploi régulière au sujet des origines
du comportement violent.
Les ouvrages portant sur la violence à l'égard des aînés
décrivent souvent la honte, la culpabilité et la crainte
de représailles qu'éprouvent les victimes de violence et
la façon dont ces sentiments peuvent entraîner le déni
de la violence. Ce que les ouvrages ne font pas de façon substantielle,
cependant, est de dissiper les craintes et le déni des travailleurs
sociaux (Baron et Welty, 1996). Le travail avec les victimes de violence
constitue un défi aux meilleurs des moments. Les sentiments puissants
que les victimes et les auteurs d'actes de violence suscitent chez les
cliniciens doivent faire l'objet d'une formation et d'une supervision.
La spécialiste britannique de la formation, Annie Zlotnick, résume
le mieux cela lorsqu'elle déclare qu'« une approche purement
didactique du sujet de la violence à l'égard des aînés
est inappropriée en raison de la nature intense des questions où
les émotions jouent un rôle central » et que la « cruauté
de la violence peut facilement estomper les questions qui se présentent,
même dans l'approche la plus rationnelle de la meilleure pratique
et de la prise de décision » (Zlotnick, 1993). Une prémisse
semblable sous-tend le programme de formation en matière de violence
à l'égard des aînés
10. La prévention
donné par le New York City Department for the Aging (DFTA). En plus
d'aider les professionnels à déceler et à évaluer
les cas et à intervenir de façon constructive, il enseigne
aux travailleurs sociaux à cerner et à accepter les sentiments
négatifs qui les envahissent eux-mêmes lorsqu'ils travaillent
avec les aînés victimes de violence.
Au cours de la dernière décennie, on a fait de grands pas
vers une sensibili-sation accrue des professionnels dans la collectivité
dans son ensemble, au moyen de séances de formation et de séminaires
concernant la violence. De plus en plus, la violence à l'égard
des aînés a été à l'ordre du jour des
réunions, des conférences et des ateliers éducatifs
et scientifiques portant sur la gérontologie (Podnieks et Baillie,
1995). En conséquence, le domaine s'élargit à la
grandeur du Canada et l'on est en train d'élaborer de nombreux
exemples impressionnants de programmes de formation et de trousses de
ressources (Hoff, 1994; McGregor, 1995; Pay, 1993). L'éducation
et la formation des professionnels constituent un effort de prévention
d'importance critique. La combinaison de l'éducation et de l'expérience
est précieuse dans la lutte contre la violence à l'égard
des aînés.
10.4 L'éducation des personnes soignantes
Le stress des personnes soignantes est entré en ligne de compte
en tant que facteur qui accroît la probabilité de violence
et de négligence (McDonald et al, 1991; Zarit et Toseland,
1989). Pour cette raison, les programmes
d'éducation et de formation à l'intention de ces personnes
jouent une rôle vital dans la prévention. Les groupes de
soutien des personnes soignantes ont une histoire longue et distinguée,
en tant que ressources visant à faciliter le soin des personnes
âgées. Présents dans la plupart des collectivités
du Canada et des États-Unis, ils offrent habituellement un soutien
mutuel, une réduction du stress et des stratégies de résolution
des problèmes. L'hypothèse sous-jacente est que la combinaison
du soutien social, de l'éducation et de la formation contribuera
à réduire la probabilité d'émergence de la
colère, de l'agression et du conflit dans la relation de prestation
de soins (Podnieks et Baillie, 1995).
Une ramification innovatrice de cette approche traditionnelle est mentionnée
plusieurs fois dans les ouvrages. En 1992, Scogin et ses collègues
ont décrit un programme de formation élaboré pour
aider les personnes soignantes qui commettaient des actes de violence.
Les participants ont suivi un programme de présentations didactiques,
de discussions en groupe, de jeux de rôles et de pratique guidée.
Ils ont ensuite été comparés aux personnes soignantes
qui n'avaient pas reçu la formation et, cela, selon quatre variables :
la santé mentale générale, l'inventaire des actes
de colère, l'estime de soi et le degré d'importance du fardeau.
Les résultats ont indiqué que le programme de formation
avait eu peu d'effet sur la colère et l'estime de soi. Toutefois,
les personnes soignantes ont constaté une certaine réduction
du coût personnel associé à la prestation de soins.
La conclusion la plus importante a été que le groupe qui
n'avait pas reçu de traitement a connu une augmentation
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
des symptômes de détresse, tandis que le groupe visé
par le traitement a connu une diminution de ces symptômes.
Le Projet Care (Reis et Nahmiash, 1995) offre aussi un groupe de soutien
à celles des personnes soignantes qui ont déjà commis
des actes de violence. Ce groupe se réunit chaque semaine et il
offre un soutien, des renseignements sur les ressources et des moyens
de résolution des problèmes afin d'implanter des modes de
comportement non violents. Le programme de Scogin et ses collègues
(1992) et le Projet Care sont deux des très rares programmes d'intervention
systématique qui tentent de répondre aux besoins de l'abuseur.
Étant donné la dynamique relationnelle entre les auteurs
d'actes de violence et les victimes, aucune solution au problème
de la violence à l'égard des aînés ne sera
suffisante sans une adaptation satisfaisante de l'abuseur (Baron et Welty,
1996).
10.5 L'éducation du public
En plus de former les professionnels, il est essentiel de promouvoir
la sensibilisation du public à la violence à l'égard
des aînés. Il incombe à tous de prendre des mesures
contre ce crime caché et d'apporter un soutien aux victimes d'une
façon qui les encourage à demander de l'aide. Les campagnes
de sensibilisation du public devraient être axées sur les
personnes âgées victimes de violence et sur celles qui sont
en mesure de reconnaître la violence lorsqu'elle se produit (Podnieks
et Baillie, 1995).
Tant au Canada qu'aux États-Unis, on a élaboré un
grand nombre d'outils, de programmes et d'ouvrages excellents d'éducation
du public. Ces moyens comprennent, sans être limités à
cela, une grande diversité de brochures sur le sujet, d'activités
visant à accroître les ressources, d'activités de
pression, de médias publics et de conférences locales et
nationales. Au Canada, par exemple, le Conseil sur le vieillissement (1988)
a conçu une monographie dans le cadre d'un projet pilote visant
à accroître la sensibilisation à la violence à
l'égard des aînés, aux échelons de la collectivité
et des institutions. En outre, le Seniors' Education Centre de l'Université
de Regina a élaboré un manuel de formation complet qui donne
des instructions sur la façon de diriger un atelier, des renseignements
sur le rôle de facilitateur, des orientations concernant les activités
de groupe et des acétates à l'appui (Podnieks et Baillie,
1995). Aux États-Unis, le New York DFTA a lancé, à
l'automne de 1993, une campagne d'extension. Des présentations
ont eu lieu dans des centres pour personnes âgées. Des affiches
et des services d'assistance ont été installés. La
réponse à ce programme d'éducation du public a été
considérable; on signale que le DFTA a reçu plus de 200
nouveaux appels visant à signaler de la violence à l'égard
des aînés au cours de ce seul mois (Baron et Welty, 1996).
Des programmes semblables ont aussi été mis en place ailleurs
aux États-Unis,
p. ex., en Floride (Vinton, 1991), en Ohio (Anetzberger, 1993) et dans
le Rhode Island (Filinson, 1993).
10. La prévention
On a aussi mis sur pied des coalitions constituées de prestataires
de services pour éduquer les collectivités au sujet des questions
concernant la violence et la négligence. Ces coalitions, par exemple
la New York City Coalition on Elder Abuse, se réunissent régulièrement
et elles offrent des conférences et des séminaires. Il serait
idéal que ce modèle soit reproduit dans d'autres villes à
la grandeur des États-Unis et du Canada.
D'autres efforts dignes de mention sont les tentatives récentes
faites par plusieurs collectivités canadiennes pour élaborer
des programmes de prévention qui enseignent aux enfants tôt
dans la vie
à respecter les aînés et qui créent des possibilités
de relations entre les générations (Podnieks et Baillie,
1995).
La violence et la négligence à l'égard des aînés
sont un problème collectif. Elles ne doivent pas demeurer un secret
partagé par la victime et l'auteur des actes de violence. On ne
peut pas compter sur un organisme social pour le résoudre étant
donné que c'est seulement grâce à l'éducation
de la collectivité et du grand public que nous pourrons assurer
la sécurité des personnes âgées. Pour cette
raison, on doit accorder la priorité à ce domaine (McDonald
et al, 1991).
11
Mauvais traitements et négligence à l'égard des aînés
: document de travail
Regard vers l'avenir
les Canadiennes. Dans ce cadre, on pourrait entreprendre des programmes
nationaux de recherche et une action coordonnée; grâce à
la collaboration et au ciblage stratégique, ces programmes pourraient
être en vigueur à la grandeur du Canada.
La recherche qui reste à faire sera coûteuse mais cela,
seulement à court terme. La recherche est nécessaire pour
faciliter la répartition de ressources limitées entre les
interventions, les services et la prévention en en montrant l'efficacité
relative. Ainsi, pour faire quelque progrès que ce soit, nous avons
besoin d'une étude d'incidence de la violence, d'une étude
de prévalence de la violence dans les institutions, d'une étude
de contrôle des cas pour déterminer les facteurs de risque
de violence, d'essais continus d'instruments de dépistage et d'évaluation
et, plus que jamais, d'évaluations de la pratique, de la nouvelle
législation « omnibus » et de nos programmes de
prévention. Un élément critique à prendre
en considération dans tous les domaines de la recherche sera la
nécessité de s'occuper de la diversité ethnique.
Il n'est pas possible de proposer ici une stratégie d'action nationale.
Une telle stratégie doit être déterminée par
toutes les personnes intéressées, dont les plus importantes
sont les Canadiennes et les
Si l'on considère les réalisations canadiennes dans la lutte
contre la violence et la négligence à l'égard des
aînés, il est encourageant de constater les progrès
que l'on a faits durant la dernière décennie. Cela ne veut
pas dire, cependant, que rien ne reste à faire ou que les défis
seront moins énormes au cours du prochain siècle. Nous faisons
l'expérience d'un contexte de ressources rares : les emplois
continuent à disparaître, les dollars consacrés à
la recherche s'évaporent, les programmes sont annulés et
la concurrence est à l'ordre du jour.
Dans ce contexte, les chercheurs, les praticiens et les gouvernements
du Canada font face à un ordre du jour décourageant. Au
cours de la dernière décennie, la majeure partie des progrès
ont été réalisés au chapitre de l'intervention
et de la prévention, habituellement à un échelon
régional et l'on n'a enregistré que de modestes gains dans
le domaine de la recherche. La prochaine étape logique pour le
Canada serait la mise sur pied d'un organisme national qui se consacrerait
à la lutte contre la violence et la négligence à
l'égard des aînés, qui rassemblerait les volets de
la pratique, de l'éducation et de la recherche dans tout le Canada
et qui les regrouperait dans un ensemble complet qui pourrait profiter
à tous les Canadiens et à toutes
11. Regard vers l'avenir
Canadiens âgés. Comme dans le cas d'autres questions d'intérêt
national, les personnes âgées du Canada peuvent et doivent
assurer la direction des efforts visant à éliminer la violence
et la négligence à l'égard des aînés.
12
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Ouvrages de référence
Aboriginal Nurses Association of Canada (1992). Annual General Meeting
Report for1992: Abuse of the Elders in Aboriginal Communities. Fort
Qu'Appelle, SK : Association des infirmières et infirmiers
autochtones du Canada.
American Association of Retired Persons, AARP (1990). Toward the Prevention
of Domestic Mistreatment or Abuse. Washington, DC : AARP.
American Indian Law Centre Inc. (1990). Model Tribal Elder Protection
Code. Albuquerque, NM : American Indian Law Centre Inc.
American Medical Association (AMA) (1992). Diagnostic and Treatment
Guidelines on Elder Abuse and Neglect. Chicago, IL : American
Medical Association.
Anetzberger, G. (1987). The Etiology of Elder Abuse by Adult Offspring.
Springfield, IL : Charles C. Thomas.
Anetzberger, G. (1993). Elder Abuse Programming Among Geriatric Educating
Centres. New York, NY : The Haworth Press, Inc.
Anetzberger, G. J., Korbin, J. E. et Austin, C. (1994). Alcoholism and
elder abuse. Journal of Interpersonal Violence, 9 (2), 184_193.
Aronson, J., Thornwell, C. et Williams, K. (1995). Wife assault in old
age: Coming out of obscurity. Canadian Journal on Aging, 14
(2), 72_88.
Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTTS)
(1995). La violence faite aux personnes âgées dans les
communautés ethnoculturelles : étude exploratoire et
mesures d'intervention et de prévention suggérées.
Ottawa, ON : Association canadienne des travailleuses et travailleurs
sociaux.
Association des infirmières et infirmiers du Canada (1992). Lignes
directrices sur la violence familiale à l'intention des infirmières.
Ottawa, ON : Association des infirmières et infirmiers
du Canada.
Baker, A. A. (1975). Granny battering. Modern Geriatrics, 5
(8), 20_24.
Baron, S. et Welty, A. (1996). Elder Abuse. Journal of Gerontological
Social Work, 25 (1/2), 33_57.
Basu, R. (1992). Mauvais traitement des personnes âgées :
manuel pratique à l'intention des fournisseurs de services.
Toronto, ON : Association des travailleurs sociaux professionnels
de l'Ontario.
12. Ouvrages de référence
Beaulieu, M. (1992). La formation en milieu de travail : L'expression d'un
besoin des cadres en ce qui concerne les abus à l'endroit des personnes
âgées en centre d'accueil. Le Gérontophile, 14
(3), 37.
Beaulieu, M. et Bélanger, L. (1995). Intervention dans les institutions
de soins de longue durée concernant les mauvais traitements à
l'endroit des personnes âgées. Dans Association canadienne
de gérontologie, Mauvais traitement auprès des personnes
âgées : stratégies de changement (p. 49_64). Montréal,
QC : Éditions Saint-Martin.
Beaulieu, M. et Tremblay, M. J. (1995). Les mauvais traitement envers
les personnes aînées en milieu institutionnel: document de
travail rédigé à partir de documentation en langue
française. Ottawa, ON : Santé Canada.
Bélanger, L. (1981). The Types of Violence the Elderly Are
Victims Of: Results of a Survey Done with Personnel Working with the Elderly.
Document présenté à la 10e Réunion scientifique
et éducative annuelle de l'Association canadienne de gérontologie.
Toronto, Ontario.
Bendik, M. F. (1992). Reaching the breaking point: Dangers of mistreatment
in elder caregiving situations. Journal of Elder Abuse and Neglect,
4 (3),
39_59.
Bennett, G. (1990). Action on elder abuse in the 1990's: New definitions
will help. Geriatric Medicine, 20 (4),
53_54.
Bennett, G. et Kingston, P. (1993). Elder Abuse: Concepts, Theories
and Interventions. New York, NY : Chapman and Hall.
Bergin, B. (1995). La violence faite aux personnes âgées
dans les communautés ethnoculturelles: étude exploratoire
et mesures d'intervention et de prévention suggérées.
Ottawa, ON : Association canadienne des travailleurs sociaux.
Biggs, S., Phillipson, C. et Kingston, P. (éds) (1995). Elder
Abuse in Perspective. Buckingham, England : Open University Press.
Bland, R. C., Newman, S. C. et Orn, H. (1988). Prevalence of psychiatric
disorder in the elderly in Edmonton. Acta Psychiatric Scandinavica,
338, 57_63.
Block, M. R. et Sinnot, J. D. (1979). The Battered Elder Syndrome:
An Exploratory Study. Washington, DC : U.S. Department of Health,
Education and Welfare.
Bloom, J. S., Ansell, P. et Bloom, M. N. (1989). Detecting elder abuse:
A guide for physicians. Geriatrics, 44, 40_44 et 56.
Blunt, A. P. (1991). Financial abuse of the elderly: A nightmare for
client and lawyer alike. Arizona Attorney, 28 (4), 21_23.
Bond, J. B., Penner, R. et Yellen, P. (1995). Perceived effectiveness
of legislation concerning abuse of the elderly: A survey of professionals
in Canada and the United States. Canadian Journal on Aging, 14
(2), 118_134.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Braun, K., Lenzer, A., Schumacher-Mukai, C. et Snyder, P. (1993). A decision
tree for managing elder abuse and neglect. Journal of Elder Abuse and
Neglect, 5 (3), 89_103.
Braun, K. L., Suzuki, K. M., Cusick, C. E. et Howard-Carhart, K. (1997).
Developing and testing training materials on elder abuse and neglect for
nurse aides. Journal of Elder Abuse and Neglect, 9 (1), 1_15.
Bravo, G., Girouard, D., Gosselin, S., Archambault, C. et Dubois, M.
(1995). Further validation of the QUALCARE Scale. Journal of Elder
Abuse and Neglect, 7 (4), 29_48.
Breckman, R. S. et Adelman, R. D. (1988). Strategies for Helping Victims
of Elder Mistreatment. Newbury Park, CA : Sage Publications.
Brennan, P. L. et Moos, M. H. (1990). Physical design, social climate,
and staff turnover in skilled nursing facilities. Journal of Long Term
Care Administration, 18 (2), 22_27.
Bristowe, E. et Collins, J. B. (1989). Family mediated abuse of noninstitutionalized
frail elderly men and women living in British Columbia. Journal of
Elder Abuse and Neglect, 1, 45_64.
British Columbia Seniors Advisory Council (1992). A Delicate Balance:
Assisting Elderly Victims of Abuse and Neglect. Victoria, BC :
British Columbia Seniors Advisory Council.
Browne, K. D. (1989). Family violence: Spouse and elder abuse. Dans K.
Howells et C. R. Hollin (éds), Clinical Approaches to Violence
(pp. 119_154). London, England : John Wiley & Sons.
Burston, G. R. (1975). Granny-battering [letter]. British Medical
Journal, 6, 592.
Cabness, J. (1989). The emergency shelter: A model for building the self-esteem
of abused elders. Journal of Elder Abuse and Neglect, 1
(2),
71_82.
Callahan, J. J. jr. (1988). Elder abuse: Some questions for policymakers.
The Gerontologist, 28, 453_458.
Carbonell, B. (1992). A harvest yet to reap: A report of elder abuse
legislation in Canada [manuscrit inédit]. Legal Research Institute,
Faculty of Law, University of Manitoba, Winnipeg, Manitoba.
Cassell, E. (1989). Abuse of the elderly: Misuses of power. New York
State Journal of Medicine, 89 (3), 159_162.
Chapman, C. (1994). Learning from Service Providers Working with Abused
Seniors. Document rédigé dans le cadre du Elder Abuse
Community Development Project, North Shore Community Services. North Vancouver,
British Columbia.
Chappell, N. (mars 1993). Research study group on elder abuse: Final
report [manuscrit inédit]. University of Victoria, Centre on Aging,
Victoria, Colombie-Britannique.
12. Ouvrages de référence
Chappell, N. L. et Novack, M. (1992). The role of support in alleviating
stress among nursing assistants. The Gerontologist, 32 (3), 351_359.
Chen, P.N., Bell, S. et al (1981). Elderly abuse in domestic settings:
A pilot study. Journal of Gerontological Social Work, 4,
3_17.
Coalition « Vieillir sans violence » (1991). Mémoire
présenté au groupe d'experts sur les personnes aînées
du Québec. Montréal, QC : Coalition « Vieillir
sans violence ».
Coleman, V. (1994). Lesbian battering: The relationship between personality
and the perpetration of violence. Violence and Victims, 9 (2),
139_152.
College of Nurses of Ontario (1993). Abuse of Clients by Registered
Nurses and Registered Nursing Assistants: Report to Council on Results
of Canada Health Monitor Survey of Registrants, 1_11.
Compton, S. A., Flanagan, P. et Gregg, W. (1997). Elder abuse in people
with dementia in Northern Ireland: Prevalence and predictors in cases
referred to a psychiatry of old age service. International Journal
of Geriatric Psychiatry, 12, 632_635.
Conseil consultatif de l'Ontario sur l'âge d'or (1985). Report
on Survey of Elder Abuse in the Community. Toronto, ON : Conseil
consultatif de l'Ontario sur l'âge d'or.
Conseil de l'Europe (1992). Violence Against Elderly People. Rapport
rédigé par le Comité directeur sur la politique sociale
du Conseil de l'Europe. Strasbourg, France.
Conseil sur le vieillissement (1988). Enhancing Awareness of Elder
Abuse: Three Education Models. Ottawa, ON : Conseil sur le vieillissement
d'OttawaCarleton.
Cooney, C. et Mortimer, A. (1995). Elder abuse and dementia: A pilot
study. International Journal of Social Psychiatry, 41 (4), 276_283.
Coughlan, S., Downe-Warneboldt, B., Elgie, R., Harbison, J., Melanson,
P. M. et Morrow, M. (1995). Mistreating Elderly People: Questioning
the Legal Response to Elder Abuse and Neglect (Volume Two: Legal Responses
to Elder Abuse and Neglect). Halifax, NS : Dalhousie University.
Coyne, A. C. (1991). The relationship between cognitive impairment and
elder abuse. Findings of Five Elder Abuse Studies. Washington,
DC : National Aging Resource Centre on Elder Abuse, 3_20.
Coyne, A. C., Reichman, W. E. et Berbig, L. J. (1993). The relationship
between dementia and elder abuse. American Journal of Psychiatry, 150
(4), 643_646.
Crystal, S. (1987). Elder abuse: The latest "crisis." Public
Interest, 88,
56_66.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Decalmer, P. et Glendenning, F. (éds) (1993). The Mistreatment
of Elderly People. Newbury Park, CA : Sage Publications.
Decalmer, P. et Marriott, A. (1993). The multidisciplinary assessment
of clients and patients. Dans P. Decalmer et F. Glendenning (éds),
The Mistreatment of Elderly People (pp. 117_135). Newbury Park, CA:
Sage Publications.
Douglass, R. L. (1991). Researching 30 million people to prevent abuse
and neglect of the elderly: AARP's strategy for public self-education.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 3 (4),
73_85.
Douglass, R. L., Hickey, T., et Noel, C. (1980). A Study of Maltreatment
of the Elderly and Other Vulnerable Adults [manuscrit inédit].
University of Michigan Institute of Gerontology, Ann Arbor, MI.
Dunn, J. L. (1992). Elder abuse in reserve communities in the province
of Ontario. The Aboriginal Nurse, 7 (2), 7_19.
Dunn, P. F. (1995). Elder abuse as an innovation to Australia: A critical
Overview. Journal of Elder Abuse and Neglect, 6 (3/4), 13_20.
Eckley, S. C. A. et Vilakazi, P. A. C. (1995). Elder Abuse in South Africa.
Dans J. I. Kosberg et J. L. Garcia (éds), Elder Abuse: International
and Cross-Cultural Perspectives (pp.171_182). New York, NY :
The Haworth Press.
Feldt, K. et Ryden, M. (1992). Aggressive behaviour: Education nursing
assistants. Journal of Gerontological Nursing, 18, 3_12.
Filinson, R. (1989). Introduction. Dans R. Filison et S. R. Ingman (éds),
Elder Abuse: Practice and Policy (pp.17_34). New York, NY: Human
Sciences Press, Inc.
Filinson, R. (1993). An evaluation of a program of volunteer advocates
for elder abuse victims. Journal of Elder Abuse and Neglect, 5
(1), 77_93.
Filinson, R. et Ingram, S. R. (éds) (1989). Elder Abuse: Practice
and Policy. New York, NY : Human Sciences Press, Inc.
Finkelhor, D. et Pillemer, K. (1984). Elder Abuse: Its Relationship
to Other Forms of Domestic Violence. Document présenté
à la Second National Conference on Family Violence Research, Durham,
NH.
Fulmer, T. T. (1989). Mistreatment of elders: Assessment, diagnosis,
and intervention. The Nursing Clinics of North America, 24 (3),
707_716.
Fulmer, T. T. et O'Malley, T. A. (1987). Inadequate Care of the Elderly:
A Health Care Perspective on Abuse and Neglect. New York, NY :
Springer.
Fulmer, T., McMahon, D., Baer-Hines, M. et Forget, B. (1992). Abuse,
neglect, abandonment, and exploitation: An analysis of all elderly patients
seen in one emergency department during a six month period. Journal
of Emergency Nursing, 18 (6), 505_510.
12. Ouvrages de référence
G. A. Frecker Association on Gerontology (1983). Summary Report on Aging
and Victimization Including 1983 St. John's Survey Results. St. John's,
TN : Memorial University of Newfoundland Extension Service.
Galan D. H. et Mayer L. L. (1992). Elder Abuse and the Dentists' Awareness
and Knowledge of the Problem. Winnipeg, MB : University of Manitoba,
Faculty of Dentistry.
Gallagher, E. T., Andersen, B. et Chamberlin, E. L. (1993). Victoria
Elder Abuse Project: Final Report. Victoria: British Columbia Health
Research Foundation.
Gebotys, R. L., O'Connor, D. et Mair, K. J. (1992). Public perceptions
of elder mistreatment. Journal of Elder Abuse and Neglect, 4,
151_171.
Gelles, R. J. et Loseke, D. R. (éds). (1993). Current Controversies
on Family Violence. Newbury Park, CA: Sage Publications.
Gilleard, C. (1994). Physical abuse in homes and hospitals. Dans M. Eastman
(éd.), Old Age Abuse: A New Perspective. 2e éd.
(pp. 93_112). London, England : Chapman and Hall.
Glendenning, F. (1993). What is elder abuse and neglect? Dans P. Decalmer
et F. Glendenning (éds), The Mistreatment of Elderly People
(pp. 1_34). Newbury Park, CA : Sage Publications.
Glendenning, F. et Decalmer, P. (1993). Looking to the future. Dans P.
Decalmer et F. Glendenning (éds), The Mistreatment of Elderly
People (pp. 159_168). Newbury Park, CA : Sage Publications.
Gnaedinger, N. J. (1989). Les mauvais traitements infligés
aux personnes âgées. Ottawa, ON : Santé et
Bien-être social Canada.
Godkin, M. A., Wolf, R. S. et Pillemer, K. A. (1989). A case-comparison
analysis of elder abuse and neglect. International Journal of Aging
and Human Development, 28 (3),
207_225.
Goodwill, D. W. (1992). Police services and the elderly. Law and Order,
68_71.
Gordon, R. M. (1992). Material abuse and powers of attorney in Canada:
A preliminary examination. Journal of Elder Abuse and Neglect, 4
(1/2), 173_193.
Gordon, R. M. (1995). Adult guardianship and adult protection legislation
in Canada: Recent reforms and future problems. Canadian Journal on
Aging, 4 (2), 89_102.
Gordon, R.M. et Verdun-Jones, S. N. (1992). Adult Guardianship Law
in Canada. Toronto, ON : Carswell-Thomson Canada Limited.
Gordon, R.M., Verdun-Jones, S. N. et Macdougall, D. J. (1986). Standing
in their shoes: Guardianship, trusteeship and the elderly Canadian.
Burnaby, BC : Simon Fraser University, Criminology Research Centre.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Grafstrom, M., Nordberg, A. et Winblad, B. (1993). Abuse is in the eye of
the beholder. Scandinavian Journal of Social Medicine, 21
(4), 247_255.
Grandmaison, A. (1988). Protection des personnes âgées
: Étude exploratoire de la violence à l'égard de
la clientèle des personnes âgées. Montréal,
QC : Centre de Services Sociaux du Montréal Métropolitain
(CSSMM).
Greenberg, J. R., McKibben, M., & Raymond, J. A. (1990). Dependent
adult children and elder abuse. Journal of Elder Abuse and Neglect,
2,
73_86.
Greene, B. et Anderson E. (1993). Rompre le silence sur les mauvais
traitements infligés aux Canadiens âgés, la responsabilité
de tous. Ottawa, ON : Rapport du Comité permanent de la
santé et du bien-être social, des affaires sociales, du troisième
âge et de la condition féminine.
Grier, S. (1989). Family Violence: A Report on Its Impact on the Peigan
Community. Brocket, AB : Peigan Band.
Griffin, L. W. (1994). Elder maltreatment among rural African-Americans.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 6 (1), 1_27.
Griffin, L. W.et Williams, O. J. (1992). Abuse among African-American
elderly. Journal of Family Violence, 7 (1), 19_35.
Groupe Conseil ARA Inc. (1994). Les personnes âgées et
la violence dont elles sont victimes : de la participation à la
responsabilisation. Ottawa, ON : Santé Canada.
Groupe Conseil ARA Inc. (1991). Un examen des initiatives communautaires
et gouvernementales de lutte contre le mauvais traitement des personnes
âgées en Ontario. Toronto, ON : Ministère
des affaires civiques.
Groupe de travail canadien sur l'examen médical périodique
(1994). Periodic health examination 1994 update: 4. Secondary prevention
of elder abuse and mistreatment. Canadian Medical Association Journal,
151, 1413_1420.
Halamandris, V. J. (1986). Physical and financial abuse of the elderly.
Caring (National Association for Home Care Magazine), 5 (1),
36_44.
Haley, R.C. (1984). Elder abuse/neglect. Halifax, NS : Department
of Social Services.
Hall, P.A. (1987). Minority elder maltreatment: Ethnicity, gender, age
and poverty. Journal of Gerontological Social Work (Special Issue
on Ethnicity and Gerontological Social Work), 9 (4), 53_72.
12. Ouvrages de référence
Harbison, J., Coughlan, S., Downe-Warneboldt, B., Elgie, R., Melanson, P.
M. et Morrow, M. (1995b). Mistreating Elderly People: Questioning the
Legal Response to Elder Abuse and Neglect. Volume One: Societal Frameworks
and Responses to Elder Abuse and Neglect. Halifax, NS : Dalhousie University.
Harbison, J., Coughlan, S., Downe-Warneboldt, B., Elgie, R., Melanson,
P. M. et Morrow, M. (1995a). Mistreating Elderly People: Questioning
the Legal Response to Elder Abuse and Neglect (Summary Document).
Halifax, NS: Dalhousie University.
Havilland, S. et O'Brien, J. (1989). Physical abuse and neglect of the
elderly: Assessment and intervention. Orthopaedic Nursing, 8, 11_19.
Hickey, T. et Douglass, R. L. (1981). Mistreatment of the elderly in
the domestic setting: An exploratory study. American Journal of Public
Health, 71 (5), 500_507.
Hocking, E. (1994). Caring for carers: Understanding the process that
leads to abuse. Dans M. Eastman (éd.), Old Age Abuse. A New
Perspective. 2nd ed. (pp.51_63) London, England :
Chapman and Hall.
Hoff, L. A. (1994). Les questions relatives à la violence :
un guide de formation interdisciplinaire à l'intention des professionnelles
et professionnels de la santé. Ottawa, ON : Direction
générale de la promotion et des programmes de la santé,
Santé Canada.
Holland, L. R., Kasraian, K. et Leonadelli, C. (1987). Elder abuse: An
analysis of the current problem and potential role of the rehabilitation
professional. Physical and Occupational Therapy in Geriatrics, 5
(3), 41_50.
Holt, M. G. (1993). Elder sexual abuse in Britain: Preliminary findings.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 5 (2),
63_71.
Holtzman, J. M. et Bromberg, T. (1991). A national survey of dentists'
awareness of elder abuse and neglect. Special Care in Dentistry, 11
(1),
7_11.
Homer, A. C. et Gilleard, C. (1990). Abuse of elderly people by their
carers. British Medical Journal, 301 (6755), 1359_1362.
Hotaling, G. et Sugarman, D. (1986). An analysis of risk markers in husband
to wife violence: the current state of knowledge. Violence and Victims,
1 (2), 101_124.
Hudson, J. E. (1988). Elder abuse: An overview. Dans B. Schlesinger et
R. Schlesinger (éds), Abuse of the Elderly: Issues and Annotated
Bibliography (pp.12_31). Toronto, ON : University of Toronto
Press.
Hudson, M. F. (1991). Elder mistreatment: A taxonomy with definitions
by Delphi. Journal of Elder Abuse and Neglect, 3 (2), 1_20.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Hudson, M. F. (1994). Elder abuse: Its meaning to middle aged and older
adults. Part II: Pilot results. Journal of Elder Abuse and Neglect, 6
(1),
55_81.
Hugonot, R. (1990). Abus et violences contre les personnes âgées
(Abuse and violence against the elderly). Bulletin de l'Académie
Nationale de Médecine, 174 (6), 813_821.
Hwalek, M. (1989). Proper documentation: A key topic in training programs
for elder abuse workers. Journal of Elder Abuse and Neglect, 1 (3)
17_30.
Hwalek, M., Williamson, D. et Stahl, C. (1991). Community based m-team
roles: A job analysis. Journal of Elder Abuse and Neglect, 3 (3),
45_71.
Jack, R. (1994). Dependence, power and violation: Gender issues in abuse
of elderly people by formal carers. Dans M. Eastman (éd.), Old
Age Abuse. A New Perspective. 2nd ed. (pp. 77_92). London,
England : Chapman and Hall.
Johns, S. et Hydle, I. (1995). Norway: Weakness in Welfare. Dans J. I.
Kosberg et J. L. Garcia (éds), Elder Abuse: International and
Cross-Cultural Perspectives (pp. 139_156). New York, NY : Haworth
Press.
Johns, S., Hydle, I. et Aschjem, Ø. (1991). The act of abuse:
A two-headed monster of injury and offense. Journal of Elder Abuse
and Neglect, 3 (1), 53_64.
Johnson, I. M. (1995). Family members' perceptions of and attitudes toward
elder abuse. Families in Society: The Journal of Contemporary
Human Services, 76 (4), 220_229.
Johnson, T. F. (1986). Critical issues in the definition of elder mistreatment.
Dans K. Pillemer et R. Wolf (éds), Elder Abuse: Conflict in
the Family (pp. 167_196). Dover, MA : Auburn House Publishing
Company.
Johnson, T. F. (1991). Elder Mistreatment: Deciding Who Is at Risk.
Westport, CT : Greenwood Press.
Jorgensen, J. E. (1992). Dentists' social responsibility to diagnose
abuse. Special Care in Dentistry, 12 (3), 112_115.
Kahana, E. et Young, R. (1990). Clarifying the caregiving paradigm: Challenges
for the Future. Dans D. E. Biegal et A. Blum (éds), Aging and
Caregiving: Theory, Research and Policy (pp. 204_210). Newbury Park,
CA : Sage Publications.
Katz, S. (1996). Disciplining Old Age: The Formation of Gerontological
Knowledge. Charlottesville, VA : University Press of Virginia.
Kelly, M. A., Grace, E. G. et Wisnom, C. (1992). Abuse of older people:
Detection and prevention by dental professionals. General Dentistry,
40 (1), 30_33.
12. Ouvrages de référence
King, N. R. (1984). Exploitation and abuse of older family members: An overview
of the problem. Dans J. J. Costa (éd.), Abuse of the Elderly:
A Guide to Resources and Services
(pp. 3_12). Lexington, MA : Lexington Books.
Kingdom, D. (1992). Preventing aggression. Canadian Nursing Home,
3 (2), 14_16.
Kivelä, S. L. (1995). Elder abuse in Finland. Journal of Elder
Abuse and Neglect, 6 (3/4), 31_44.
Knight, B. (1994). Homicide in elderly couples. Dans M. Eastman (éd.),
Old Age Abuse: A New Perspective. 2nd ed. (pp. 51_66).
London, England : Chapman and Hall.
Korbin, J. E., Anetzberger, G., Thomason, R. et Austin, C. (1991). Abused
elders who seek legal recourse against their adult offspring: Findings
from an exploratory study. Journal of Elder Abuse and Neglect, 3
(3), 1_18.
Kosberg, J. (1988). Preventing elder abuse: Identification of high risk
factors prior to placement decisions. The Gerontologist, 28 (1),
43_50.
Kosberg, J. I. et Garcia, J. L. (1995b). Common and unique themes on
elder abuse from a world-wide perspective. Journal of Elder Abuse and
Neglect, 6 (3/4), 183_197.
Kosberg, J. I. et Garcia, J. L. (1995a). Elder Abuse: International
and Cross-Cultural Perspectives. New York, NY : The Haworth Press.
Kozak, J. F. (1994). Difficulties in addressing abuse and neglect in
elderly patients. Canadian Medical Association Journal, 151 (10),
1401_1403.
Kozma, A. et Stones, M. J. (1995). Enjeux reliés à la mesure
des mauvais traitements à l'endroit des personnes âgées.
Dans Association canadienne de gérontologie, Mauvais traitements
auprès des personnes âgées : stratégies de
changement, (pp. 159_174). Montréal, QC : Éditions
Saint-Martin.
Kurrle, S. E., Sadler, P. M. et Cameron, I. D. (1992). Patterns of elder
abuse. The Medical Journal of Australia, 157 (10), 673_676.
Kurrle, S. E., Sadler, P. M., Lockwood, K. et Cameron, I. D. (1997).
Elder abuse: Prevalence, intervention and outcomes in patients referred
to four aged care assessment teams. The Medical Journal of Australia,
166 (3), 119_122.
Kwan, A. Y. (1995). Elder abuse in Hong Kong: A new family program for
the old east? Journal of Elder Abuse and Neglect, 6 (3/4), 65_80.
Lachs, M. S. (1995). Preaching to the unconverted: Educating physicians
about elder abuse. Journal of Elder Abuse and Neglect, 7 (4), 1_12.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Lachs, M., Berkman, L., Fulmer, T. et Horwitz, R. (1994). A prospective
community based pilot study of risk factors for the investigation of elder
mistreatment. Journal of the American Geriatrics Society, 42 (2),
169_173.
Lau, E. et Kosberg, J. L. (1979). Abuse of the elderly by informal care
providers. Aging, 299, 11_15.
La Voix, le Réseau canadien des aîné(e)s (1995).
Plan d'action national en vue de réduire le mauvais traitement
des aîné(e)s au Canada. Ottawa, ON : La Voix,
le Réseau canadien des aîné(e)s.
Ledbetter, Hancock, B. (1990). Social Work with Older People. 2nd
ed. Englewood Cliffs, NJ : Prentice Hall.
Letellier, R. (1994). Gay and bisexual male domestic violence victimization:
Challenges to feminist theory and responses to violence. Violence and
Victims, 9 (2), 95_106.
Longres, J. F. (1992). Race and type of maltreatment in an elder abuse
system. Journal of Elder Abuse and Neglect, 4 (3), 61_83.
MacKenzie, J. A. et Senechal, D. (1991). First Provincial Seniors
Elder Abuse Conference: Final Report and Recommendations. Halifax,
NS : Senior Citizen's Secretariat.
Maxwell, E. K. et Maxwell, R. J. (1992). Insults of the body civil: Mistreatment
of elderly in two Plain Indian Tribes. Journal of Cross Cultural Gerontology,
7 (1), 3_23.
McDaniel, S. A. et Gee, E. M. (1993). Social policies regarding caregiving
to elders: Canadian contradictions. Journal of Aging and Social Policy,
5 (1/2),
57_72.
McDonald, L. (1996). Abuse and neglect of elders. Dans J. E. Birren (éd.),
Encyclopedia of Gerontology: Age, Aging, and the Aged. Volume 1
(pp. 1_10). San Diego, CA : Academic Press.
McDonald, P., Pittaway, E. et Nahmiash, D. (1995). Considérations
touchant la pratique dans les cas de mauvais traitements à l'endroit
des personnes âgées. Dans Association canadienne de gérontologie,
Mauvais traitements auprès des personnes âgées
: stratégies de changement, (pp. 21_36). Montréal, QC :
Éditions Saint-Martin.
McDonald, L. et Wigdor, B. (1995). Taking stock: Elder abuse research
in Canada. Editorial. Canadian Journal
on Aging, 14 (2), 1_6.
McDonald, P. L., Hornick, J. P., Robertson, G. B. et Wallace, J. E. (1991).
Elder Abuse and Neglect in Canada. Toronto, ON : Butterworths.
McDowell, J. P. (1990). Elder abuse:
The presenting signs and symptoms in the dental practice. Texas Dental
Journal, 107 (2), 29_32, 40.
McGregor, A. (1995). The abuse and neglect of older adults: An education
module for community nurses. Gloucester, ON : Infirmières
de l'Ordre
de Victoria, Ottawa-Carleton.
12. Ouvrages de référence
McKenzie, P. (1993). Beyond fiduciary duty: Abuse and neglect of the elderly.
Scrivener, 2 (3), 116_117.
McKenzie, P., Tod L. et Yellen, P. (1995). Stratégies communautaires
d'intervention dans les cas de mauvais traitements et de négligence
: une comparaison des modèles, des philosophies et des considérations
touchant la pratique. Dans Association canadienne de gérontologie,
Mauvais traitements auprès des personnes
âgées : stratégies de changement, (pp. 37_69).
Montréal, QC : Éditions Saint-Martin.
Meddaugh, D. I. (1993). Covert elder abuse in the nursing home. Journal
of Elder Abuse and Neglect, 5 (3),
21_37.
Mendonca, J. D., Velamoor, V. R. et Sauve, D. (1996). Key features of
maltreatment of the infirm elderly in home settings. Canadian Journal
of Psychiatry, 41 (2), 107_113.
Mickish, J. E. (1993). Abuse and neglect: The adult and elder. Dans B.
Byers et J. E. Hendricks (éds), Adult Protective Services
(pp. 33_60). Springfield, IL : Charles C. Thomas.
Middleton, J. et Forbes, E. (1993). Elder abuse! Nurse abuse! Whose problem
is this anyway? Canadian Nursing Home, 4 (3), 14_17.
Miller, S. L. (1994). Expanding the boundaries: Toward a more inclusive
and integrated study of intimate violence. Violence and Victims, 9
(2), 183_194.
Ministère des Affaires civiques, Office des personnes âgées
(1991). Un examen des initiatives commu-nautaires et gouvernementales
de lutte contre le mauvais traitement des personnes âgées
en Ontario. Toronto, ON : Office des personnes âgées.
Moon, A. et Williams, O. (1993). Perceptions of elder abuse and help-seeking
patterns among African-American, Caucasian American and Korean-American
elderly women. The Gerontologist, 33 (3), 386_395.
Mulligan, S. (1990). Guide pour la prévention de la violence
familiale. Ottawa, ON : Santé et Bien-être social
Canada.
Nandlal, J. et Wood, L. (1997). Older people's understanding of verbal
abuse. Journal of Elder Abuse and Neglect, 9 (1), 17_31.
National Centre on Elder Abuse (1998). What Is Elder Abuse: What Are
The Major Types of Elder Abuse? http://www.interinc.com/NCEA/Elder_Abuse/main.html
Neale, A.V., Hwalek, M., Scott, R., Sengstock, M.C. et Stahl, C. (1991).
Validation of the Hwalek-Sengstock Elder Abuse Screening Test. Journal
of Applied Gerontology, 10 (4), 406_418.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Neysmith, S. M. (1995). Le pouvoir dans les relations de confiance :
une analyse féministe des sévices faits aux aînés.
Dans Association canadienne de gérontologie, Mauvais traitements
auprès des personnes âgées : stratégies
de changement,
(pp. 67_82). Montréal, QC : Éditions SaintMartin.
Njeri, M. et Nerenberg, L. (1993). We are family: Outreach to African
American seniors. Journal of Elder Abuse and Neglect, 5 (4), 5_19.
Nolan, M. (1993). Carer-dependant relationships and the prevention of
elder abuse. Dans P. Decalmer et F. Glendenning (éds), The Mistreatment
of Elderly People (pp.148_158). London, England : Sage Publications.
Noone, J. F., Decalmer, P. et Glendenning, F. (1993). The general practitioner
and elder abuse. In P. Decalmer et F. Glendenning (éds), The
Mistreatment of Elderly People
(pp. 136_147). London, England : Sage Publications.
Ogg, J. et Bennett, G. (1992). Elder abuse in Britain. British Medical
Journal, 305, 998_999.
Ogg, J. et Munn-Giddings, C. (1993). Researching elder abuse. Ageing
and Society, 13, 389_413.
O'Malley, T. A., Everett, D. E., O'Malley, H. C. et Campion, E. W. (1983).
Identifying and preventing family mediated abuse and neglect of elderly
persons. Annals of International Medicine, 98,
998_1005.
O'Malley, T. A., Segal, H. D. et Perez, R. (1979). Elder Abuse in
Massachusetts: A Survey of Professionals and Paraprofessionals. Boston,
MA : Legal Research and Services for the Elderly.
Parmelee, P. A., Katz, I. R. et Lawton, M. P. (1989). Depression among
institutionalized aged: Assessment and prevalence estimation. Journal
of Gerontology, 44, 22_29.
Paton, R. N., Huber, R. et Netting, F. (1994). The long-term care ombudsman
program and complaints of abuse and neglect: What have we learned?
Journal of Elder Abuse and Neglect, 6 (1), 97_115.
Paveza, G. J., Cohen, D., Eisorfer, C., Freels, S., Semla, T., Ashford,
W. J., Gorelick, P., Hirschman, R., Luchins, D. et Levy, P. (1992). Severe
family violence and Alzheimer's disease: Prevalence and risk factors.
The Gerontologist, 32 (4), 493_497.
Pay, D. S. (1993). Ask the Question: A Resource Manual on Elder Abuse
for Health Care Personnel. Vancouver, BC : British Columbia Institute
on Family Violence.
Payne, B. K. et Cikovic, R. (1995). An empirical examination of the characteristics,
consequences and causes of elder abuse in nursing homes. Journal of
Elder Abuse and Neglect, 7 (4), 61_74.
12. Ouvrages de référence
Phillips, L. R. (1986). Theoretical explanations of elder abuse: Competing
hypotheses and unresolved issues. Dans K. A. Pillemer et R. S. Wolf (éds),
Elder Abuse: Conflict in the Family (pp.197_217). Dover, MA :
Auburn House Publishing Co.
Phillips, L. R., Morrison, E. F. et Chae, M. C. (1990). The QUALCARE
Scale: Testing of a measurement instrument for clinical practice. International
Journal of Nursing Studies, 27 (1), 77_91.
Phillipson, C. (1993). Abuse of older people: Sociological perspectives.
Dans P. Decalmer et F. Glendenning (éds), The Mistreatment of
Elderly People (pp.76_87) London, England : Sage Publications.
Pillemer, K. (1993). The abused offspring are dependent: Abuse is caused
by the deviance and dependence of abusive caregivers. Dans R. J. Gelles
et D. R. Loseke (éds), Current Controversies on Family Violence
(pp. 237_249). Newbury Park, CA : Sage Publications.
Pillemer, K. A. (1986). Risk factors in elder abuse: Results from a case
control study. Dans K. A. Pillemer et R. S. Wolf (éds), Elder
Abuse: Conflict in the Family (pp.239_263). Dover, MA : Auburn
House Publishing Co.
Pillemer, K. et Bachman-Prehn, R. (1991). Helping and hurting: Predictors
of maltreatment of patients in nursing homes. Research on Aging, 13
(1), 74_95.
Pillemer, K. et Finkelhor, D. (1988). The prevalence of elder abuse:
A random sample survey. The Gerontologist, 28 (1), 51_57.
Pillemer, K. et Moore, D. W. (1989). Abuse of patients in nursing homes.
Findings from a survey of staff. The Gerontologist, 29 (3), 321_327.
Pillemer, K. et Moore, D. W. (1990). Highlights from a study of abuse
patients in nursing homes. Journal of Elder Abuse and Neglect, 2 (1/2),
5_29.
Pillemer, K. et Suitor, J. (1992). Violence and violent feelings: What
causes them among family caregivers? Journal of gerontology, 47
(4),
165_172.
Pillemer, K. A. et Wolf, R. S. (éds). (1986). Elder Abuse:
Conflict in the Family. Dover, MA : Auburn House Publishing Co.
Pittaway, E. et Gallagher, E. M. (1995a). Services for Abused Older
Canadians. Victoria, BC : British Columbia Office for Seniors.
Pittaway, E. et Gallagher, E. M. (1995b). A Guide to Enhancing Services
for Abused Older Canadians. Victoria, BC : British Columbia Office
for Seniors.
Pittaway, E. D.et Westhues, A. (1993). The prevalence of elder abuse
and neglect of older adults who access health and social services in London,
Ontario, Canada. Journal of Elder Abuse and Neglect, 5 (4), 77_93.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Podnieks, E. (1985). Elder abuse: It's time we did something about it. The
Canadian Nurse, 81 (11), 36_39.
Podnieks, E. (1988). Définitions, facteurs et profils. Vis-à-vis,
6 (3) 4,8.
Podnieks, E. (1990). Une enquête nationale sur le mauvais traitement
des personnes âgées au Canada. Ryerson Polytechnical
Institute. Ottawa, ON : Santé et Bienêtre social Canada.
Podnieks, E. (1992). National survey on abuse of the elderly in Canada.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 4 (1/2), 5_58.
Podnieks, E. et Baillie, E. (1995). La formation et l'éducation
comme moyens de prévenir les mauvais traitements et la négligence
à l'endroit des personnes âgées. Dans Association
canadienne de gérontologie, Mauvais traitements auprès
des personnes âgées : stratégies de changement,
(p. 113_130). Montréal, QC : Éditions SaintMartin.
Podnieks, E., Pillemer, K., Nicholson, J. P., Shillington, T. et Frizzell,
A. F. (1990). A National Survey on Abuse of the Elderly in Canada.
Toronto, ON : Ryerson Polytechnical Institute.
Poirier, D. (1992). The power of social workers in the creation and application
of elder protection statutory norms in New Brunswick and Nova Scotia.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 4 (1/2), 113_133.
Quinn, M. J. et Tomita, S. K. (1986). Elder Abuse and Neglect: Causes,
Diagnosis and Intervention Strategies. New York, NY : Springer.
Ramsey-Klawsnik, H. (1991). Elder sexual abuse: Preliminary findings.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 3 (3), 73_90.
Rathbone-McCuan, E. (1980). Elderly victims of family violence and neglect.
Social Casework, 61 (5), 296_304.
Rathbone-McCuan, E. et Voyles, B. (1982). Case detection of abused elderly
parents. American Journal of Psychiatry, 139 (2), 189_192.
Reis, M.et Nahmiash, D. (1995a). Les mauvais traitements à
l'égard des personnes âgées : un manuel d'intervention.
Québec, QC : Presses de l'Université Laval.
Reis, M. et Nahmiash, D. (1995b). Validation of the caregiver abuse screen
(CASE). Canadian Journal on Aging, 14 (2), 45_60.
Reis, M., Nahmiash, D. et Schrier, R. (octobre 1993). « A Brief
Abuse Screen for the Elderly (BASE): Its Validity and Use. ».
Document présenté à la 22e Réunion
scientifique et éducative annuelle de l'Association canadienne
de gérontologie, Montréal, QC.
Renzetti, C. M. (1994). On dancing with a bear: Reflections on some of
the current debates among domestic violence theorists. Violence and
Victims, 9 (2), 195_200.
12. Ouvrages de référence
Robertson, G. B. (1995). Les approches juridiques canadiennes face aux mauvais
traitements et à la négligence à l'endroit des aînés.
Dans Association canadienne de gérontologie, Mauvais traitements
auprès des personnes âgées : stratégies
de changement, (p. 83_90). Montréal, QC : Éditions
SaintMartin.
Roche, T.et Doumkou, A. (1990). Seniors' Needs Assessment. London,
ON : Innercommunity Health Centre.
Roeher Institute (1995). Harm's Way: The Many Faces of Violence and
Abuse Against People with Disabilities in Canada. North York, ON :
Roeher Institute.
Rosenthal, C. J. (1994). Long-term care reform and « family »
care: A worrisome combination (éditorial). Canadian Journal
on Aging, 13 (4) 419_422.
Rowe, J., Davies, K., Baburaj, V. et Sinha, R. (1993). F.A.D.E. A.W.A.Y.
The financial affairs of dementing elders and who is the attorney? Journal
of Elder Abuse and Neglect, 5 (2),
73_79.
Sanchez, Y. M. (1996). Distinguishing cultural expectations in assessment
of financial exploitation. Journal of Elder Abuse and Neglect, 8 (2),
49_59.
Santé Canada (1997). Adults with Vulnerability: Addressing
Abuse and Neglect. Toronto, ON : Santé Canada.
Santé et Bien-être social Canada (1992). Une responsabilité
à partager : aperçu des programmes canadiens concernant
les mauvais traitements infligés aux aînés. (Cat.
H88-3/12-1991F). Ottawa, ON : Santé et Bien-être social
Canada.
Santé et Bien-être social Canada (1993). Sensibilisation
et réaction de la collectivité : violence et négligence
à l'égard des aînés. Ottawa, ON :
Santé et Bien-être social Canada.
Schmidt, W. C. (1993). Accountability of lawyers in serving vulnerable,
elderly clients. Journal of Elder Abuse and Neglect, 5 (3), 39_50.
Schlesinger, B. et Schlesinger, R. (éds). (1988). Abuse of
the Elderly: Issues and Annotated Bibliography. Toronto, ON :
University of Toronto Press.
Scogin, F., Stephens, G., Bynum, J., Baumhover, L., Beall, C. et Grote,
N. P. (1992). Emotional correlates of caregiving. Journal of Elder
Abuse and Neglect, 4 (4), 59_69.
Sengstock, M. C. et Hwalek, M. A. (1986). The Sengstock-Hwalek Comprehensive
Index of Elder Abuse. 2nd ed. Detroit, MI : SPEC Associates.
Sengstock, M.et. Hwalek, M. (1987). A review and analysis of measures
for the identification of elder abuse. Journal of Gerontological Social
Work, 10 (3/4), 21_37.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Sengstock, M. C., Hwalek, M.et Moshier, S. (1986). A comprehensive index
for assessing abuse and neglect of the elderly. Dans M. W. Galbraith (éd.)
Elder Abuse: Perspectives on an Emerging Crisis (Convergence in Aging).
Vol. 3. (pp. 41_64) Kansas City, KS : Mid-America Congress on Aging.
Sengstock, M. C. et Liang, J. (1983). Domestic abuse of the aged: Assessing
some dimensions of the problem. Interdisciplinary Topics in Gerontology,
17, 58_68.
Shah, G., Veedon, R. et Vasi, S. (1995). Elder abuse in India. Journal
of Elder Abuse and Neglect, 6 (3/4), 101_118.
Shell, D. (1982). Protection des personnes âgées :
étude sur les personnes âgées maltraitées.
Winnipeg, MB : L'Association de gérontologie du Manitoba.
Smelters, D. (1991). SEVNA Information Package on Elder Abuse.
Toronto, ON : Saint Elizabeth Visiting Nurses Association of Ontario.
Smelters, D. (1993). Addressing elder abuse: The SEVNA model. Perspectives,
17 (1), 7_10.
Sobsey, D. (1994). An integrated ecological model of abuse. In
Violence and Abuse in the Lives of People with Disabilities (pp.
145_175). Baltimore, MD : Paul H. Brooks Publishing Co.
Spencer, C. et Beaulieu, M. (1994). Les mauvais traitements et la
négligence envers les personnes âgées en milieu institutionnel:
Document de travail rédigé à partir de documentation
en langue anglaise. Ottawa, ON : Santé Canada.
Spencer, C. (1994). Les mauvais traitements et la négligence
envers les personnes âgées en milieu institutionnel :
bibliographie commentée. Ottawa : Santé Canada.
Spencer, C. (1995). New directions for research on interventions with
abused older adults. Dans M. MacLean (éd.), Abuse and Neglect
of Older Canadians: Strategies for Change (pp. 143_155). Toronto,
ON : Thompson Educational Publishing Inc.
Spencer, C. (1996). Diminishing Returns (An Examination of Financial
Responsibility, Decision-making, and Financial Abuse Among Older Adults).
Vancouver, BC : Gerontology Research Centre, Simon Fraser University.
Sprey, J. et Matthews, S. H. (1989). The perils of drawing policy implications
from research: The case of elder mistreatment. Dans R. Filinson et S.
R. Ingman (éds), Elder Abuse: Practice and Policy (pp. 51_61).
New York, NY : Human Sciences Press.
Stein, K. F. (1991). A national agenda for elder abuse and neglect research:
Issues and recommendations. Journal of Elder Abuse and Neglect, 3
(3), 91_108.
12. Ouvrages de référence
Steinmetz, S. (1988). Duty Bound: Elder Abuse and Family Care. Newbury
Park, CA : Sage Publications.
Steinmetz, S. (1993). The abused elderly are dependent: Abuse is caused
by the perception of stress associated with providing care. Dans R. J.
Gelles et D. R. Loske (éds), Current Controversies on Family
Violence (pp. 222_236). Newbury Park, CA : Sage Publications.
Stevenson, C. (1985). Family Abuse of the Elderly in Alberta.
Edmonton, AB : Alberta Social Services and Community Health.
Stilwell, E. M. (1991). Nurses' education related to the use of restraints.
Journal of Gerontological Nursing, 17 (2), 23_26.
Stones, M. J. (1995). Portée et définition des mauvais
traitements et de la négligence à l'endroit des personnes
âgées au Canada. Dans Association canadienne de gérontologie,
Mauvais traitements auprès des personnes âgées :
stratégies de changement (pp. 151158). Montréal,
QC : Éditions SaintMartin.
Stones, M. et Pittman, D. (1995). Individual differences in attitudes
about elder abuse: The Elder Abuse Attitude Test (EAAT). Canadian Journal
on Aging, 14 (2), 61_71.
Sweeney, V. (1995). Report on Needs Assessment for Senior Women as
Victims of Violence. Kentville, NS : Gerontology Association
of Nova Scotia Valley Region.
Tindale, J. A. (1994). Inter-generational Conflict and the Prevention
of Abuse Against Older Persons. Ottawa, ON : Santé Canada.
Tomita, S. (1994). The consideration of cultural factors in the research
of elder mistreatment with an in-depth look at the Japanese. Journal
of Cross-Cultural Gerontology, 9, 39_52.
Vancouver Elder Abuse Network (février 1994). Vancouver Elder
Abuse Network Forum Proceedings. Seniors Well Aware Program, Vancouver,
BC.
VanderMeer, J. L. (1992). Elder abuse and the community health nurse.
Journal of Elder Abuse and Neglect, 4 (4), 27_45.
Vaughn, M. (1993). Family Resource Materials for the Dental Community:
An Annotated Bibliography. Canadian Dental Association. Ottawa, ON :
Santé Canada.
Vinton, L. (1991). Factors associated with refusing services among maltreated
elderly. Journal of Elder Abuse and Neglect, 3 (2), 89_103.
Wallace, H. (1996). Family Violence: Legal, Medical, and Social Perspectives.
Boston, MA : Allyn and Bacon.
Wasylkewycz, M. N. (1993). The elder abuse resource centre, a coordinated
community response to elder abuse: One Canadian perspective. Journal
of Elder Abuse and Neglect, 5 (4), 21_33.
Mauvais traitements et négligence à
l'égard des aînés : document de travail
Watson, A. E., Patterson, C., Maciboric-Sohor, S., Grek, A. et Greenslade,
L. (1995). Politiques relatives aux mauvais traitements et à la négligence
à l'endroit des Canadiens âgés en institution. Dans
Association canadienne de gérontologie, Mauvais traitements auprès
des personnes âgées : stratégies de changement,
(p. 91_110). Montréal, QC : Éditions SaintMartin.
Whall, A. L., Gillis, G. L., Yankou, D., Booth, D. E. et Beel-Bates,
C. A. (1992). Disruptive behavior in elderly nursing home residents: A
survey of nursing staff. Journal of Gerontological Nursing, 18
(19),
13_17.
Wierucka, D.et Goodridge, D. (1996). Vulnerable in a safe place: Institutional
elder abuse. Canadian Journal ONA (sept._oct.), 82_104.
Wigdor, B. T. (1991). La violence faire aux aînées :
une perspective nationale. Conseil consultatif national sur le troisième
âge. Ottawa, ON : Approvisionnements et Services Canada.
Wolf, R. (1997). Elder abuse and Neglect: Causes and Consequences. Journal
of Geriatric Psychiatry, 30 (1), 153_174.
Wolf, R. S. (1986). Major findings from three model projects on elderly
abuse. Dans K. Pillemer et R. S. Wolf (éds), Elder Abuse: Conflict
in the Family (pp. 218_238). Dover, MA : Auburn House Publishing
Co.
Wolf, R. S. (1988). Elder abuse: Ten years later. Journal of the American
Geriatric Society, 36, 758_762.
Wolf, R. S. (1992). Victimization of the elderly: Elder abuse and neglect.
Reviews in Clinical Gerontology, 2 (3) 269_276.
Wolf, R. S., Godkin, M. A. et Pillemer, K. (1984). Elder Abuse and
Neglect: Final Report from Three Model Projects. Worchester, MA :
University of Massachusetts Medical Centre, University Centre on Aging.
Wolf, R. S., Godkin, M. A. et Pillemer, K. A. (1986). Maltreatment of
the elderly: A comparative analysis. Pride Institute Journal of Long-Term
Home-Health Care, 5 (4), 10_17.
Wolf, R. S. et Pillemer, K. A. (1989). Helping Elderly Victims: The
Reality of Elder Abuse. Irvington, NY : Columbia University Press.
Wolf, R. et Pillemer, K. (1994). What's new in elder abuse programming?
Four bright ideas. The Gerontologist, 34 (1), 126_129.
Zannatta, K. et Sagi, B. (1995). Abbotsford Community Response Network:
The First Step. Abbotsford, BC : Abbotsford Matsqui Association
for Healthy Aging.
Zarit, S. et Toseland, R. (1989). Current and future directions in family
caregiving research. The Gerontologist, 29, 481_483.
12. Ouvrages de référence
Zborowsky, E. (1985). Developments in protective services: A challenge for
social workers. Journal of Gerontological Social Work, 8 (3/4), 71_83.
Zlotnick, A. (1993). Training strategies for elder abuse: Inadequate
care. Journal of Elder Abuse and Neglect, 5 (2), 55_62.
|