Programmes de counseling pour les hommes violents dans les relations intimes : Questions
et réponses pour les praticiens de la santé, des services
sociaux et des systèmes de justice pénale
Notre mission est daider les Canadiens et les Canadiennes maintenir
et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada
Programmes de counseling pour les hommes violents dans les relations
intimes : Questions et réponses pour les praticiens de la santé,
des services sociaux et des systèmes de justice pénale préparé
par le Dale Trimble, pour lUnité de la prévention
de la violence familiale, Santé Canada.
Also available in English under the title Counselling Programs
for Men Who are Violent in Relationships: Questions and Answers for Practitioners
in the Health, Social Service and Criminal Justice Systems
Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles de lauteur
et ne reflètent pas nécessairement les points de vue de
Santé Canada.
Il est interdit de reproduire ce document à des fins commerciales,
mais sa reproduction à dautres fins est encouragée,
à condition que la source soit citée.
On peut obtenir, sur demande, la présente publication en formats
de substitutions.
Pour obtenir plus de renseignements sur les questions de violence familiale,
veuillez communiquer avec :
Le Centre national dinformation sur la violence dans la famille
Division des questions relatives à la santé
Direction générale de la promotion et des programmes de
la santé Santé Canada Indice de ladresse : 1909D1
9e étage, immeuble Jeanne-Mance, Pré Tunney Ottawa
(Ontario) K1A 1B4 Canada
Téléphone: 1 -800-267-1291 or (613) 957-2938
Télécopieur : (613) 941-8930
Fax Link : 1-888-267-1233 ou (613) 941-7285 ATME : 1-800-561-5643 ou
(613) 952-6396 Site Web : http://www.phac-aspc.gc.ca/nc-cn
© Ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux
Canada, 2000 Cat. H72-21/172-2000F* ISBN 0-662-84276-6
iii
Introduction
LEnquête sur la violence envers les femmes menée
par Statistique Canada (1993) indique quune femme qui a déjà
été mariée sur six a déclaré avoir
été victime de violence de la part de son conjoint. Il y
a vingt-cinq ans, il nexistait au Canada aucun programme pour les
hommes qui avaient agressé leur partenaire; maintenant, il en existe
plus de deux cents*. Un nombre croissant dhommes, et de femmes quils
maltraitent, demandent de laide. Pourtant, les conseillers non professionnels
et les professionnels aidants ne savent pas toujours comment fournir une
information appropriée et sûre aux victimes ou aux agresseurs.
Objectifs
Le présent document renferme de linformation sur linter-vention
efficace auprès des hommes violents, qui peut être utile
aux professionnels et aux conseillers non professionnels travaillant auprès
des victimes et des agresseurs. Voici les points saillants du document
:
-Information générale sur la violence envers les femmes
-Survol des principales théories touchant le counseling destiné
aux hommes violents
-Ce quil faut rechercher et ce quil faut éviter lorsquon
cherche des services de counseling compétents pour les hommes
* Ce document a pour thème la violence infligée aux femmes
par les hommes dans les relations intimes. On ne veut pas pour autant
passer sous silence les problèmes de la violence envers un partenaire
du même sexe, ou envers les hommes vulnérables chez les couples
hétérosexuels. Lauteur a choisi de parlé des
hommes comme des agresseurs et des femmes comme des victimes, puisque
cest la réalité dans la plus grande majorité
des cas de violence entre des parte-naires intimes.
1
-Sommaire des résultats de recherche sur lefficacité
des programmes
-Information sur les ressources pour chaque province et territoire
-Liste douvrages suggérés.
La présente publication ne renferme aucune information sur la
planification de la protection et de la sécurité des victimes.
On peut trouver ce genre de renseignements auprès du Centre national
dinformation sur la violence dans la famille de Santé Canada,
en composant le numéro suivant : 1-800-267-1291.
Public-cible
Le présent document sera utile à tous les professionnels
et aux conseillers non professionnels qui travaillent auprès des
membres dune famille où de la violence a été
infligée, comme on lexplique plus haut. Il sadresse
donc aux person-nes suivantes : médecins de famille, personnel
infirmier, personnel des salles durgence, personnel des cliniques
de santé, psychiatres, psychologues, travailleurs de santé
mentale, travailleurs sociaux, travailleurs des services découte
téléphonique durgence, travailleurs sur le terrain,
travailleurs dans les refuges, intervenants auprès des femmes,
conseillers matrimoniaux privés, conseillers auprès des
immigrants, conseillers auprès des alcooliques et des toxicomanes,
conseillers auprès des hommes violents, conseillers auprès
des Autochtones, conseillers en milieu scolaire, enseignants, agents de
correction, agents de probation et de liberté conditionnelle, membres
des commissions de libérations conditionnelles, avocats et membres
du clergé.
2
Quest-ce que la violence envers les femmes dans les relations
intimes?
La violence envers les femmes dans les relations intimes est une agression
ou une menace dagression physique ou sexuelle. La violence peut
se produire au sein de couples vivant ensemble ou de couples séparés,
quel que soit létat matrimonial. Dautres comportements
comme lintimidation, le harcèlement avec menace, la violence
psychologique, la violence sexuelle, lexploitation financière
et la violence spirituelle doivent également être considérés
comme une partie du pouvoir et de la domination que les hommes exercent
sur les femmes jeunes comme sur les femmes âgées (Colombie-Britannique,
ministère du Procureur général, 1996). Nous présentons
ci-après une liste dexemples pour chacune de ces catégories.
1.
|
Lagression physique comprend lagrippement,
limmobi-lisation, les gifles, les coups de poing, la bousculade,
létranglement, les morsures, les coups de pied, le secoue-ment,
les brûlures avec une cigarette, la projection de liquides chauds,
limmobilisation par des liens, lutilisation darmes
(couteaux, armes à feu, bâtons et autres objets). La
violence physique peut également consister à priver
quelquun des nécessités de la vie (p. ex. médicaments,
soins de santé, béquilles, nourriture, sommeil) ou à
lobliger à consommer de lalcool ou des drogues.
|
2.
|
La violence psychologique englobe les manifestations
dune jalousie excessive, la méfiance, la domination,
les menaces, la violence verbale et la destruction de biens. Un comportement
dominateur peut se traduire par exemple par le fait dinterdire
à une femme de suivre des études, dapprendre langlais
ou le français ou davoir un permis de conduire. Les hommes
violents sur le plan psycho-logique peuvent essayer de limiter le
nombre de personnes auxquelles leur partenaire rend visite ou parle
au téléphone, de sorte à lisoler de ses
amis et
|
3
de sa famille. Ils peuvent même harceler les femmes au travail
par des appels et des visites répétés. Un comportement
menaçant peut se manifester par des menaces de violence envers
la partenaire ou les enfants, denlèvement denfants,
dexpulsion de la femme, de suicide si elle ne répond pas
à ses demandes ou de placement dans un établissement. Les
formes non verbales de violence psychologique peuvent inclure des regards
furieux, des menaces du poing, une intimidation physique et des coups
sur les portes ou les murs. La violence verbale peut prendre la forme
de cris, de commentaires dégradants, dhumiliations, de reproches
et daccusations injustifiées quant à la loyauté
de la partenaire ou à son comportement sexuel. Il est important
de se rappeler que, même si une femme qui est souvent la cible de
violence psychologique vit dans la peur constante de son partenaire, il
est possible quelle nait jamais été victime
dun acte qui aurait pu amener son agresseur à comparaître
devant les tribunaux.
3.
|
La violence sexuelle et lagression sexuelle
sont des actes violents non consensuels qui compromettent lintégrité
sexuelle de la victime. Il peut sagir dun viol, du fait
dexiger une relation sexuelle de façon dégradante
pour la victime, de lutilisation dobjets de pénétration
et de toute forme de violence physique infligée à des
parties sexuelles du corps ou infligée pendant lactivité
sexuelle. La violence sexuelle peut aussi inclure la transmission
volontaire de linfection à VIH ou dautres maladies
transmises sexuelle-ment (soit par le refus de porter un condom ou
la non-révélation de la possibilité dune
infection), le fait de forcer la partenaire à se prostituer,
de naccepter aucun refus de sa part, dentamer une activité
sexuelle après des manifestations de violence.
|
4.
|
Lexploitation financière englobe
le fait de refuser à une femme laccès aux ressources
financières de la famille ou de lui cacher lexistence
de telles ressources, de lempêcher de participer aux achats,
de lui interdire davoir un compte en banque, de lui refuser
laccès à ses propres ressources
|
4
financières, de ne pas lui verser de pension alimentaire, de
lui interdire de travailler ou dintenter des poursuites de manière
à épuiser ses ressources financières.
- La violence spirituelle sexerce lorsquon ridiculise
ou on attaque les croyances spirituelles dune femme ou lorsquon
lui interdit dassister aux services religieux de son choix. Lhomme
peut la forcer à assister à ses réunions religieuses
ou lui imposer sa façon de prier. Ses enfants peuvent être
élevés contre sa volonté dans une religion différente
ou selon une tradition différente.
Principales théories expliquant les causes de la violence
des hommes à légard des femmes?
Diverses théories expliquent la violence des hommes à
légard de leurs partenaires. Nous présentons ci-après
cinq des principales approches visant à comprendre la violence
des hommes dans les relations intimes. Bon nombre de conseillers et de
programmes sinspirent de plus dune des théories suivantes
:
1. Théorie de la psycho-dynamique/introspection
Les premières théories expliquant les causes de la violence
des hommes envers les femmes faisaient ressortir les pro-blèmes
psychologiques liées aux traumatismes subis durant lenfance,
aux difficultés sur le plan du développement ou aux maladies
mentales. Parmi les problèmes, mentionnons les personnalités
immatures, les troubles de la personnalité, une mauvaise maîtrise
des impulsions, la peur de lintimité et/ou langoisse
dabandon et les troubles mentaux (Stordeur et Stille, 1989).
5
Certains conseillers craignent que le fait dattribuer la violence
chez les hommes à une pathologie de lindividu ait pour effet
de transférer la responsabilité du comportement de lagresseur
au professionnel qui le traite (Adams, 1988). Le Dr Anne Ganley, pionnière
dans le domaine, indique quelle na pas trouvé une proportion
plus élevée de maladie mentale chez les hommes qui agressaient
leurs partenaires que chez les autres hommes. Toutefois, elle a créé
un groupe de counseling distinct pour les hommes qui souffraient de maladie
mentale nécessitant une médication ou pour ceux qui étaient
atteints dune certaine forme de syndrome cérébrale
organique. Cette approche est fondée sur le principe voulant quune
fois le problème organique maîtrisé au moyen de la
médication, lhomme peut apprendre à assumer la responsabilité
de son comportement violent et apprendre comment communiquer dans le respect
de lautre.
Sonkin signale que, pour certains hommes, une thérapie individuelle
peut permettre de prendre conscience de ses fortes émotions inconscientes
: une première étape impor-tante dans la maîtrise
de la violence. Le danger réside dans le fait que cette prise de
conscience chez lindividu ne le mènera pas nécessairement
à cesser dêtre violent et dexercer son pouvoir
et sa domination au foyer. Si ses actes continuent de ne pas être
mis en cause par le système de justice pénal, le sentiment
de pouvoir quil exerce sur la femme pourrait sintensifier
(Stordeur et Stille, 1989). Dautres critiques de cette approche
font valoir quelle peut ne pas régler les questions immédiates
de sécurité et quelle ne tient pas compte de la domination
quexerce le comportement violent sur la victime. Tout programme
responsable de counseling individuel met laccent en premier lieu
sur la sécurité; il analyse ensuite les attitudes qui favorisent
la tolérance à légard de la violence envers
les femmes et, enfin, il examine les traumatismes subis durant lenfance.
6
2. Théorie de la ventilation
Bien que cette approche soit peu souvent utilisée comme méthode
dintervention auprès des hommes violents, les risques qui
y sont associés justifient quelques mises en garde. La recherche
nappuie pas lhypothèse principale sur laquelle se fonde
cette théorie, à savoir que le fait de ventiler sa colère
aboutit à une atténuation de la colère et du stress.
Tavris a signalé que la ventilation de la colère peut entraîner
une dépendance chez la personne qui a recours à cette technique.
Strauss a constaté que lagression verbale est fortement associée
à une augmentation de lagression physique. Ganley craint
que lorsque les hommes violents ventilent leur colère en frappant
sur un punching-ball ou en coupant du bois, la répétition
de ces gestes nentraîne un renforcement de leur comportement.
Qui plus est, ce genre de défoulement envoie le message voulant
que la seule façon de résoudre un conflit ou de vaincre
la colère soit une explosion physique. La ventilation de la colère
laisse entrevoir que la violence nest quun problème
de maîtrise de la colère. Or, ce serait passer sous silence
le fait que de nombreux hommes sont tout aussi furieux dans dautres
situations où ils ne sont ni violents ni dominateurs.
3. Théorie des systèmes familiaux
Habituellement appliquée dans le cadre de la thérapie
de couple, la théorie des systèmes familiaux (TSF) suppose
que la victime et lagresseur participent à des modes dinteraction
mésadaptés. La violence sert à garder une certaine
distance ou à renforcer une certaine dynamique familiale déjà
en place. Plusieurs thérapeutes soutiennent que la TSF peut être
appliquée de façon appropriée avec des hommes violents
et leurs victimes si certaines précautions sont prises, comme on
le verra plus loin (Geller et Wasserstrom. 1984).
7
Au cours dun atelier intitulé « Families and Violence:
A Feminist-informed Systemic Approach » (Familles et violence
: une approche systémique féministe) (Vancouver, 1993),
Virginia Goldner expliquait quelle a adopté une démarche
systémique féministe dans son travail auprès des
couples. Elle exclut les couples au sein desquels 1) la violence est fréquente
et grave, 2) la femme ne jouit daucune autonomie, daucun soutien
social ou daucune aide financière et 3) lhomme nassume
pas la responsabilité de la violence quil inflige. Elle soutient
que la violence doit cesser avant que la thérapie ne commence et
que, même si les deux parties prennent part à la thérapie,
cela ne veut pas dire pour autant quelles sont aussi responsables
lune que lautre de la violence.
Beaucoup de féministes redoutent que la TSF atténuent
la gravité de la violence en dégageant lagresseur
de sa respon-sabilité à légard de la violence.
De plus, la TSF peut ne pas tenir compte des différences de pouvoir
entre les hommes et les femmes dans notre société. Le fait
de considérer la cause de la violence comme étant systémique
peut renforcer indirectement lidée selon laquelle la femme
est responsable des sentiments et des actions de son mari (Stordeur et
Stille, 1989). Il ne peut y avoir de communication réelle tant
quil y a de la violence ou une menace de violence (Ganley, 1981).
- Théories cognitivo-comportementale et psychoéducative
Ces théories placent la violence dans les relations intimes au
centre même de lintervention. Vu que la violence est envisagée
comme un comportement acquis, la non-violence peut elle aussi sapprendre.
Plusieurs techniques sont employées en psychoéducation,
notamment les suivantes : les « journaux des mouvements de colère
» qui permettent de distinguer les pensées, les sentiments
et les comportements; les retraits permettant de mettre fin à un
comportement agressif, les techniques de gestion du stress; lidentification
de la pensée dysfonctionnelle qui intensifie la colère et
8
lapprentissage des relations interpersonnelles, comme les techniques
de communication et dentraînement à lasserti-vité.
On a reproché à ce modèle davoir une perspective
trop étroite du comportement violent des hommes et de ne pas tenir
compte du rôle de ce comportement dans le maintien du pouvoir et
de la domination exercés par chaque homme ou par tous les hommes
en tant que classe (Stordeur et Stille, 1989, p. 31).
5. Théorie pro-féministe
Pour les hommes, la violence est une façon dexercer leur
pouvoir et leur suprématie sur les femmes. Les hommes peuvent opprimer
les femmes de différentes façons : le viol, lagression
physique et les menaces (Bograd, 1988). Selon cette théorie, la
violence comprend la violence psychologique qui peut saper lestime
de soi de la victime. La conception féministe de la violence envers
les femmes repose sur deux principes fondamentaux : 1) aucune femme ne
mérite dêtre battue et 2) les hommes sont les seuls
responsables de leurs actes (Stordeur et Stille, 1989, p. 32). Le modèle
pro-féministe est en faveur de lapprentissage des techniques
de maîtrise de la colère et de communication, mais il fait
ressortir la néces-sité de mettre en question les droits
que les hommes pensent avoir sur leur femme et leurs enfants. Si lon
ne corrige pas le déséquilibre des pouvoirs entre les hommes
et leurs familles, les hommes pourraient utiliser les nouvelles techniques
acquises à mauvais escient et sen servir comme des moyens
plus subtils de continuer dexercer leur domination (Adams, 1988).
Dans cette optique, les personnes qui travaillent auprès des hommes
violents doivent chercher à changer les systèmes sociaux,
juridiques et économiques qui favorisent loppression des
femmes. Les détracteurs de lapproche féministe prétendent
quelle ne tient pas compte des aspects de la personnalité
de lindividu qui contribuent à la violence (Dutton et Golant,
1995).
9
Conclusion
La plupart des conseillers et des programmes auront recours à
plus dun de ces modèles théoriques. Au Canada, on
relève une forte tendance vers lutilisation dun modèle
psychoédu-catif, fondé sur une analyse féministe
de lusage du pouvoir par les hommes. De nombreux conseillers sont
influencés par le travail dAlan Jenkins qui suppose que les
hommes changent plus rapidement lorsquils sont respectés
en tant quindividus. Dans le contexte dune relation basée
sur le respect, le conseiller peut amener un homme à admettre ses
comportements violents et dominateurs qui, à la longue, sont également
nocifs pour lui (Jenkins, 1990).
Le counseling pour les hommes violents nest quune des stratégies
préconisée pour mettre fin à la violence envers les
femmes et les enfants. Les programmes de counseling sont souvent offerts
au sein de la collectivité dans le cadre dune intervention
communautaire globale visant à faire cesser la violence dans les
familles. Le travail innovateur du Duluth Domestic Abuse Intervention
Project (projet dintervention contre la violence domestique de Duluth)
favorise ce type dapproche intégrée (Pence et Paymar,
1993). Il accorde plus de place à une action communautaire coordonnée
reposant sur la collaboration du système de justice pénale,
des refuges pour femmes et des organismes de counseling, des programmes
dintervention auprès des hommes violents ainsi que dautres
membres de la collectivité et dorganismes qui ont à
coeur de mettre fin à la violence faite aux femmes dans les relations
intimes. Le travail communautaire peut inclure une intervention visant
à enrayer ou prévenir la violence envers les enfants, des
ateliers pour les étudiants de tous les âges sur les approches
non violentes de résolution des conflits et des campagnes déducation
du public quant à la fréquence et à la gravité
de la violence vis-à-vis des femmes dans les relations intimes.
10
Questions générales
Quel rôle lalcool et les drogues jouent-ils dans la
violence que les hommes infligent à leurs partenaires?
Lalcool nest pas une cause de violence, bien quil
puisse en intensifier la nature. Les comportements violents ou domina-teurs
ont pour base la croyance voulant que lhomme jouisse dun droit
sur la femme. Le fait dêtre sous leffet de lalcool
ou de drogues est une excuse invoquée par de nombreux hommes qui
affirment : « Je ne suis violent que lorsque je suis high;
je ne suis donc pas une personne violente ». Bien que certains hommes
ne soient violents physiquement que lorsquils consomment de lalcool,
lusage quils font dautres formes de pouvoir ou de domination
se poursuit habituelle-ment ou peut augmenter lorsquils cessent
de boire.
Un homme qui a un problème dalcoolisme ou de toxico-manie
et qui a été violent, même si ce nest quune
seule fois, peut être aux prises avec deux problèmes distincts
: celui de labus dalcool et dautres drogues et celui
de la violence et des comportements dominateurs. Lorsque la menace immédiate
de violence est supprimée ou atténuée par le biais
daccusations au criminel, dune séparation, dune
incarcération ou dautres moyens, il est important que lhomme
entame dabord un programme de counseling en toxicomanie.
Sil entreprend un programme dintervention en matière
de violence avant un programme de counseling en toxicomanie, il risque
de recourir aux drogues ou à lalcool pour sévader
du stress provoqué par le fait davoir à faire face
à son comportement violent.
Un programme de traitement en établissement peut offrir un traitement
intensif de son problème dabus de substances et, par ricochet,
réduire considérablement le risque auquel sont exposés
les membres de sa famille. Les hommes violents pharmacodépendants
peuvent sinscrire à un programme de
11
traitement pour les toxicomanies en supposant que ce programme mettra
également fin à la violence quils infligent. Dans
bien des cas, ces hommes continueront dêtre violents même
après avoir terminé avec succès un tel programme
sils ne sont pas confrontés à leur problème
de violence et de domination dans les relations intimes.
La recherche montre que les hommes qui ont lhabitude de boire
de lalcool sont plus nombreux à faire violence aux membres
de leur famille. Par exemple, une étude révèle que
les pères qui font une consommation abusive dalcool sont
six fois plus sujets à user de violence envers leurs enfants que
ceux qui ne sont pas des buveurs excessifs (Groenveld, 1989). Selon cette
étude, le taux dagression contre les femmes vivant avec un
homme qui a lhabitude de boire (au moins quatre fois par semaine)
est trois fois plus élevé que celui des femmes dont le partenaire
ne boit pas du tout. LEnquête nationale sur la violence envers
les femmes indique que, chez la moitié de tous les couples où
de la violence est exercée, lagresseur consommait de lalcool
avant une agression (Statistique Canada, 1993). Les femmes dont le partenaire
consommait fréquemment cinq verres ou plus dalcool à
la fois étaient six fois plus exposées au risque de violence
que celles dont le partenaire ne buvait jamais.
Il se peut que la victime ait également un problème dabus
dalcool ou dautres drogues. Bien que ce problème ait
pu exister avant la relation violente, il peut être lié à
la violence manifestée par lhomme. Ce dernier peut inciter
sa parte-naire à consommer de lalcool ou des drogues, ou
celle-ci peut en consommer afin de soulager la douleur physique et affective
quelle vit à cause de la violence répétée.
Les femmes qui se trouvent dans cette situation sont particulière-ment
vulnérables à labus de médicaments de prescription.
Il est possible que ces médicaments lui soient prescrits par un
médecin qui la soigne pour une dépression ou de lanxiété
causée par les mauvais traitements dont elle fait lobjet
à la maison. Si elle consomme abusivement de lalcool ou des
drogues, elle nen sera que plus vulnérable à la violence
de
12
son partenaire, vu quelle sera moins à même dévaluer
le danger auquel elle-même ou ses enfants sont exposés. En
outre, certaines femmes préfèrent croire que leur partenaire
nest pas violent, mais que son problème vient de lalcool.
Une femme peut avoir de la difficulté à faire face au fait
que lhomme quelle aime, ou quelle a aimé, est
violent. Elle aura besoin dinformation et de soutien pour laider
à reconnaître les autres formes de pouvoir et de domination
quil peut exercer lorsquil nest pas sous linfluence
de lalcool.
Dans quels cas la consultation matrimoniale est-elle indiquée?
La consultation matrimoniale ou le counseling relationnel se base sur
lhypothèse voulant que chacun se sente en toute sécurité
pour dire ce quil pense et ce quil ressent. Il existe en pyschothérapie
conjugale des cas documentés où lhomme a menacé
ou agressé la femme après une séance parce quelle
avait révélé quelque chose quil voulait cacher;
il sagissait le plus souvent des mauvais traitements quil
lui avait infligés (Adams, 1988). Si lune ou lautre
des parties se sent con-trainte de suivre une psychothérapie conjugale,
les deux devraient envisager le counseling individuel. Lorsquun
thérapeute entend parler de violence dans une relation, ou en soupçonne
la présence, il est important quil évalue le niveau
de risque en parlant à chacun des partenaires séparément.
Si le risque de violence ou de comportement dominateur demeure, lagresseur
devrait être dirigé vers un programme de counseling individuel
ou en groupe axé sur ces questions avant que la consultation matrimoniale
ne se poursuive.
Pour certains conseillers, lunion conjugale est plus impor-tante
que le bien-être des deux partenaires. Le thérapeute et le
conjoint peuvent considérer que « pour le bien des enfants
», la femme devrait rester avec son mari. Selon les études,
le fait de rester ensemble « pour le bien des enfants » peut
être plus néfaste que le divorce si la mésentente
entre les parents est profonde. Amato et Keith (1991) se sont
13
penchés sur de nombreuses études traitant des effets du
divorce sur les enfants. Ils ont constaté que les problèmes
- taient plus nombreux chez les enfants dont les parents
- taient en profond désaccord, que le couple soit encore
ensemble ou soit divorcé, que chez les enfants dont les parents
étaient en léger désaccord.
De quelle façon la violence dun homme envers sa partenaire
affecte-t-elle les enfants à la maison?
On estime quenviron 500 000 ménages canadiens font face
à de la violence conjugale chaque année et quentre
40 et 80 % des enfants de ces ménages sont témoins de cette
violence (Cooper, 1992). Ces enfants souffrent de multiples problèmes
qui entraînent une intériorisation ou une extériorisation
de leurs sentiments. Ainsi, ils peuvent intérioriser la tristesse
et la dépression, le désespoir ou limpuissance, le
retrait, les maladies somatiques, la peur et lanxiété
extrême. Les enfants qui extériorisent leurs sentiments manifestent
de lagressi-vité, de la cruauté envers les animaux,
un comportement destructeur, des tentatives de suicide et un comportement
adaptatif déficient. Les filles ont tendance à intérioriser
plus souvent leurs sentiments, alors que les garçons manifestent
les deux types de symptômes. En grandissant, les garçons
peuvent devenir agressifs avec leurs petites amies, ainsi quavec
leur mère et leurs soeurs.
Dans une famille sur trois où la mère est victime de violence,
les enfants le sont aussi (Jaffe, Wolfe et Wilson, 1990). Daprès
les études, les enfants qui ont été à la fois
victimes de violence et témoins de violence parentale ont les réactions
les plus graves; viennent ensuite les enfants qui sont uniquement maltraités
et ceux qui sont uniquement exposés à de la violence (Hughes
et Parkington, 1989).
Dans certaines régions du Canada, il existe des programmes pour
les enfants exposés à de la violence. Même sil
nexiste pas de programme spécialisé, un thérapeute
pour enfants
14
qualifié peut aider les enfants à faire face aux sentiments
liés à la violence et à prendre conscience quils
ne sont pas coupables.
Quelles questions liées à la sécurité
doivent être résolues lorsquil y a des enfants à
la maison?
Comme lindiquent les études mentionnées plus haut,
lexpo-sition à la violence a de profonds effets sur les enfants.
Dans certaines provinces, lexposition à la violence familiale
est une question visée par les lois sur la protection de lenfance.
Lorsquon répond aux besoins dune famille dans laquelle
la femme a fait lobjet de violence, il importe de se rappeler que
les enfants ont besoin dêtre en sécurité. Lorsque
les profes-sionnels soupçonnent de la violence à légard
des enfants, ils ont lobligation juridique de le signaler aux autorités
chargées de la protection de lenfance. Laccès
du père au foyer pour-rait devoir être restreint ou surveillé
dans les situations où les enfants ont été témoins
ou victimes de violence. Les profes-sionnels devraient être conscients
du fait que les enfants peuvent avoir besoin de soutien et de counseling
après ces visites. La femme pourra avoir besoin dun soutien
complet, tant juridique quaffectif, afin de pouvoir résister
à la tenta-tion daccorder au père la permission dentrer
en contact avec ses enfants lorsque cela nest pas dans leur intérêt.
Quelles questions doit-on se poser lorsquon cherche un programme
ou un conseiller approprié?
Plusieurs provinces disposent maintenant dune association professionnelle
de conseillers qui travaillent auprès des hommes violents. Ces
associations ont aussi établi, dans bien des cas, des normes de
pratique officielles. Pour plus dinformation à ce sujet,
veuillez consulter la section des ressources à la fin du présent
document.
15
Afin de vous aider à déterminer certaines des questions
fondamentales, nous vous conseillons dobtenir une copie de ces normes
auprès de lassociation professionnelle de votre province
ou territoire. Ces associations tiennent souvent à jour des listes
de conseillers membres de programmes qui se conforment à ces normes
de pratique. Sil nexiste pas dassociation de ce type
dans votre province ou territoire, voici quelques questions importantes
à poser aux conseillers et programmes sur lesquels pourrait se
porter votre choix :
-Le conseiller fait-il passer la sécurité des femmes et
des enfants avant toute chose lorsquil travaille auprès dhommes
violents?
-Le conseiller comprend-il que la consultation conjugale nest
pas profitable tant que la menace de violence nest pas éliminée
et que la femme ne se sent pas en sécurité pour dire ce
quelle pense?
-Le conseiller incite-t-il les hommes à examiner leurs attitudes
qui favorisent la violence envers les femmes et à les changer?
-Le conseiller communique-t-il avec la victime de manière à
1) sassurer quelle reçoit du soutien et quelle
a un plan de sécurité et 2) à mieux compren-dre les
antécédents de violence quelle a connus afin dévaluer
avec exactitude le comportement violent de lhomme?
-Le conseiller refuse-t-il de défendre les hommes en cas de poursuites
judiciaires? En se faisant le défenseur de lhomme, un
conseiller peut considérer plus importants les besoins de son client
en matière de réconciliation avec sa famille ou de casier
judiciaire vierge que le besoin de sécurité de la femme
et des enfants.
16
-Le conseiller communique-t-il avec la femme et le système de
justice pénal afin de signaler la non-comparution de lhomme
lorsque celui-ci avait été cité à comparaître
en vertu dune ordonnance du tribunal?
-Le conseiller coordonne-t-il ses activités avec celles des organismes
qui offrent des services aux femmes battues?
Daprès Ganley (1981), les programmes de traitement effi-caces
pour les hommes ont en commun sept caractéristiques importantes.
Ces caractéristiques peuvent aider à repérer un programme
qui adopte une approche sûre et appropriée visant à
mettre un terme à la violence des hommes. En voici la liste :
-un objectif primaire clair et constant qui consiste à enrayer
la violence;
-accent mis sur la responsabilisation de lhomme à légard
de son comportement;
-utilisation de la technique qui consiste à confronter lhomme
à ses problèmes (c.-à-d. à centrer lattention
de lhomme sur lusage de la violence, du pouvoir et de la domination
dans la relation);
-recours au counseling en groupe pour lhomme violent;
-approche psychoéducative; ! approche structurée; ! counseling
directif.
17
Les programmes pour les hommes violents sont-ils efficaces?
La réponse dépend de la façon dont on définit
le terme « efficace ». Edelson a publié des évaluations
de programmes et a trouvé des définitions de lefficacité
qui varient dun [TRADUCTION] « changement positif généralement
important » à une transformation totale décrite de
la façon suivante : [TRADUCTION] « des hommes [...] prêts
à se lancer dans une action sociale contre la culture de la violence
envers les femmes » (Edelson, 1995, p.1). Il y a un juste milieu
entre ces deux extrêmes. Le Domestic Abuse Project (projet sur la
violence domestique) à Minneapolis (Minnesota) définit un
résultat positif de la manière suivante : [TRADUCTION] «
la cessation complète de la violence physique et des menaces de
violence signalée par la partenaire » (Edelson, 1995, p.3).
Rosenfeld a passé en revue 25 études portant sur des programmes
de traitement imposés par le tribunal et a conclu ce qui suit :
[TRADUCTION] « les études examinées ici mettent en
question lhypothèse selon laquelle les psychothérapies
obligatoires seraient efficaces pour ce qui est de réduire les
futurs incidents de violence entre les conjoints » (Cooper, 1995,
p. 32). En revanche, Burns et Meredith, deux chercheurs canadiens, étaient
plus positifs dans leurs conclusions : [TRADUCTION] « ces études
permettent de croire quil est possible déliminer la
violence physique ou de réduire toutes les formes dabus grâce
à des programmes de traitement, du moins pendant un certain temps
» (Cooper, 1995, p. 32). Gondolf, pour sa part, sest penché
sur cinq analyses de 30 évaluations publiées de programmes
offerts en un seul lieu et a résumé ces analyses comme suit
: [TRADUCTION] « la cessation de la violence chez un nombre considérable
dhommes ayant terminé le traitement (60 à 80 %) et
une diminution moins impressionnante (mais moins bien docu-mentée)
des menaces et de la violence verbale » (Gondolf,
18
1995, p. 33). Ces études sont encourageantes, mais une mise en
garde simpose. Il sest révélé que le
taux dabandon pouvait atteindre 50 % (Burns et coll., 1991). Cest
lun des nombreux arguments valables en faveur de limposition
dun programme de traitement pour agresseurs par un tribunal, car
les hommes sont moins nombreux à abandonner un tel programme lorsquils
sont exposés à des sanctions juridiques en cas de non-respect
de lordonnance. Peu détudes ont porté sur les
taux de récidive à long terme, qui augmentent vraisemblablement
avec le temps (Rondeau, 1994).
Lefficacité dun programme ne peut être dissociée
de la collectivité dans laquelle il est mis en place. Les programmes
les plus efficaces ont tendance à être ceux qui sinscrivent
dans le contexte dune intervention communautaire globale qui inclut
larrestation, la judiciarisation, les services aux victimes, léducation
communautaire, le traitement imposé par un tribunal et les sanctions
auxquelles les hommes sexposent en cas de non-participation.
Lhomme aura-t-il besoin dautres formes de counseling
également?
Les hommes qui sont violents dans leurs relations intimes ont les mêmes
problèmes que les hommes non violents. Certains hommes tireront
profit dune thérapie individuelle aussi bien que dune
thérapie de groupe. Avant de se lancer dans un programme de counseling
pour hommes violents, certains hommes auront besoin de counseling pour
les toxi-comanies. Durant le counseling de groupe, des questions liées
aux traumatismes subis au cours de lenfance pourraient être
soulevées; certains hommes pourraient aussi avoir besoin de counseling
individuel. Les hommes qui sont atteints dune maladie mentale auront
besoin dune évalua-tion psychiatrique et dun traitement
pour maladie mentale, en plus du counseling de groupe pour la violence.
Une fois
19
que lhomme a cessé dêtre violent et dominateur
et que la femme se sent en sécurité, les deux voudront peut-être
participer à un programme de counseling relationnel.
Les anciens combattants ou les immigrants venant de pays déchirés
par la guerre peuvent avoir besoin dune aide supplémentaire
pour les aider à régler les problèmes liés
à la torture ou à dautres expériences qui ont
pu provoquer un syndrome de stress post-traumatique.
Ces programmes peuvent-ils aider tous les hommes qui ont été
violents avec leur partenaire?
Les programmes responsables éliminent les hommes qui ont peu
de chances de tirer profit du counseling. Lexclusion peut se fonder
sur plusieurs critères, notamment les suivants : toxicomanie courante
et non traitée, maladie mentale grave, dangerosité, déni
extrême et lésions cérébrales. La participation
à une thérapie de groupe peut accroître le risque
dans certains cas, car certains hommes ont recours à la violence
et à lintimidation chaque fois quils doivent répondre
à une situation de défi. Les programmes de counseling ne
devraient pas remplacer lincarcération. Les hommes qui ont
passé quelque temps en prison parce quils ont agressé
leur parte-naire signalent souvent que cette expérience les a aidés
à mettre fin à leur comportement violent et à réfléchir
à deux fois avant de recourir de nouveau à la violence.
Les programmes de counseling pour hommes violents ressemblent-ils
aux programmes de maîtrise de la colère?
Bien que dans la plupart des programmes de counseling on enseigne les
techniques de maîtrise de la colère, il ne sagit pas
des mêmes programmes. La maîtrise de la colère comprend
trois éléments : 1) la maîtrise de la colère
et les techniques de relaxation; 2) lidentification des émotions
et
20
la restructuration cognitive et 3) lapprentissage des relations
interpersonnelles (Stordeur et Stille, 1989, p. 58). La maîtrise
de la colère peut aider un homme à cesser dêtre
violent et à reconnaître quil peut maîtriser
sa colère et être responsable de son comportement. Néanmoins,
le counseling qui est axé principalement sur la maîtrise
de la colère ne tient pas compte du fait quun homme ne recourt
à la violence que lorsque les autres techniques visant à
lui assurer le contrôle sur sa partenaire se sont révélées
inefficaces. De plus, beau-coup dhommes éprouvent autant
de colère à légard dautres personnes
dans leur vie, sans pour autant « perdre le contrôle »
et devenir violents. Il est important que les programmes de counseling
aident les hommes à faire face à leurs attitudes envers
les femmes qui font que les sentiments, les besoins et les idées
de ces dernières sont moins importants que les leurs. Le Victoria
Family Violence Project (projet sur la violence familiale de Victoria)
permet de croire que la colère est souvent le résultat didées
que se fait un homme de sa partenaire : 1) sa partenaire est responsable
de son bonheur; 2) elle doit satisfaire ses besoins sexuels parce quelle
est sa conjointe et 3) elle le tromperait sil ne la surveillait
pas.
Existe-t-il des programmes adaptés à la culture
pour les hommes violents?
Les programmes dirigés par les Autochtones sont un bon exemple
de programmes adaptés à la culture. Ces programmes font
souvent ressortir la nécessité de comprendre la violence
manifestée par un Autochtone dans le contexte de la colonisation,
de lassimilation forcée et du génocide culturel (The
Aboriginal Family Healing Joint Steering Committee, 1993, p. 10). Les
programmes appropriés à la culture cherchent à guérir
lhomme au sein de sa communauté.
21
Certaines communautés ethniques mettent en oeuvrent leur propres
programmes qui tiennent compte des conditions culturelles contribuant
à la violence et qui permettent aux hommes de sexprimer dans
leur propre langue. Les hommes devraient avoir accès à ces
programmes dans la mesure du possible. Les programmes destinés
à certaines communautés ethniques traiteront des mêmes
questions fondamentales que les programmes destinés à la
culture dominante, mais ils aborderont ces questions en les adaptant à
la réalité culturelle. Lorsque des hommes appartenant aux
minorités visibles et ethniques sinscrivent à des
programmes destinés à lensemble des hommes violents,
il est important que les conseillers soient au courant des effets que
peuvent avoir pour leurs clients limmigration, les questions liées
à la famille élargie et les différences sur les plans
des croyances, des attitudes et des valeurs.
Quel est le coût dun programme de counseling?
Le coût des programmes varie. Certains sont entièrement
subventionnés par le gouvernement provincial ou territorial; dautres
sont payants. De nombreux programmes ont une grille tarifaire mobile basée
sur le revenu du client et sa capacité de payer.
22
Réponses aux questions fréquemment posées par
les femmes
Comment peut-elle convaincre son partenaire de participer à
un programme?
De façon générale, un homme participe à
un programme de counseling soit parce quil est obligé de
le faire en vertu dune ordonnance dun tribunal, soit parce
que sa partenaire a indiqué que la réconciliation ne sera
pas possible tant quil naura pas participé à
un tel programme et quil ne laura pas terminé. Il est
important pour la victime de prendre conscience que le problème
est celui de lhomme, que cest la responsabilité de
lhomme et quelle ne pourra jamais régler le problème
à sa place. Il vaut mieux que la femme soccupe de répondre
à ses besoins et à ceux de ses enfants.
À quoi doit-elle sattendre pendant que son partenaire
participe à un programme de counseling?
Le conseiller de lhomme ou un autre membre du personnel du programme
devrait être en contact avec sa partenaire. Au début, il
voudra discuter de leur relation ainsi que de lhis-toire et de la
nature de la violence et des mauvais traitements. À ce stade, il
faudrait donner à la femme de linformation sur létablissement
dun plan de sécurité, si elle nen a pas déjà
un. Il faudrait la diriger vers des services de counseling, des services
de soutien ou des services juridiques pour elle et pour ses enfants. Il
faudrait la contacter périodiquement afin de vérifier sil
y a eu réapparition de gestes violents ou de menaces. Sans ce type
de suivi, il ny a pas dautre moyen dévaluer lefficacité
du programme. Chaque femme devrait savoir quelle a droit à
sa vie privée et quelle peut, à nim-porte quel
moment, refuser toute tentative de communication avec elle prévue
dans le cadre du programme. Si elle le
23
veut, la femme peut être informée de la participation de
son partenaire au programme, de la durée et du contenu du programme,
mais non pas des détails des discussions qui se déroulent
pendant les séances de counseling. Il se peut que dans certains
communautés il nexiste pas de programmes de counseling pour
les hommes violents et que des conseillers ne fournissent que des services
de counseling individuel courants. La femme est en droit de sattendre
à recevoir de nimporte quel conseiller linformation
de base mentionnée plus haut.
Comment peut-elle déterminer si son partenaire tire profit
du programme?
Avant de changer de comportement, lhomme violent doit admettre
quil est violent et assumer la responsabilité de mettre fin
à cette violence. Une femme ne doit pas se sentir obligée
de rester avec son partenaire simplement parce quil a amorcé
un programme de counseling. Il faut prévenir la femme que rien
ne garantit que son partenaire cessera de la maltraiter. Elle ne doit
pas considérer la participation de son conjoint au programme comme
son plan de sécurité. Il arrive fréquemment que la
participation dun homme à un programme de counseling ne soit
simplement et principalement quune stratégie destinée
à persuader la femme de revenir avec lui ou à lempêcher
de partir. Une fois ce but atteint, lhomme peut abandonner le programme
avant davoir réellement reconnu la responsabilité
de ses actes et davoir pris des mesures pour changer.
Le counseling nest pas une « solution miracle ». Toutefois,
lhomme devrait cesser immédiatement son usage de la violence
physique et ses menaces. Si ce nest pas le cas, on peut se demander
sil est vraiment déterminé à changer. Une femme
peut sattendre à ce que son partenaire quitte la maison ou
se retire lorsquil sent la colère monter et à ce quil
mette fin à dautres formes de violence, dintimidation
ou de domination. À un moment donné, il devrait pouvoir
écouter les préoccupations de sa conjointe et lui montrer
quil la
24
respecte en tant quindividu qui a des attentes et des besoins
différents des siens. Il faut prévenir les femmes que certains
hommes peuvent cesser dêtre violents et de faire des menaces
par crainte des conséquences judiciaires, mais peuvent avoir recours
à dautres tactiques de contrôle et de manipulation
pour continuer dexercer leur emprise sur la femme.
Que doit faire la femme si son partenaire continue dêtre
violent à son endroit pendant quil participe au programme
de counseling?
Premièrement, elle doit faire tout ce qui est en son pouvoir
pour se protéger et protéger ses enfants, cest-à-dire
appeler la police, quitter le domicile, etc. Deuxièmement, elle
doit informer le conseiller de la situation. Elle est en droit de sattendre
à ce que ce quelle confie au conseiller demeure confidentiel,
à moins que ses enfants soient en danger ou aient été
maltraités. Il est dans son intérêt de demander au
conseiller de son partenaire de lui expliquer les limites de la confidentialité
avant de lui communiquer de linformation.
Devrait-elle se réconcilier avec lui parce quil participe
à un programme de counseling?
La participation dun homme à un programme de counseling
ne garantit pas pour autant quil mettra fin à ses comportements
violents et dominateurs. Nous insistons sur le fait que la femme ne doit
pas considérer la participation de son partenaire à un programme
de counseling individuel ou de groupe comme un plan de sécurité.
Si elle souhaite reprendre avec lui mais quelle ne se sente pas
tout à fait en sécurité, une réconciliation
progressive, commençant par des rencon-tres dans un lieu public,
lui donnerait le temps de voir sil peut la respecter et la traiter
comme une égale. Si elle constate quil respecte ses sentiments
et ses limites, elle pourra peu à peu augmenter le temps quelle
passe avec lui. Certains hommes font pression sur leur partenaire pour
quelle retourne avec eux en disant : « Je participe à
un programme de counseling comme tu me lavais demandé.
25
Nest-il pas temps que tu fasses ta part et que tu me refasses
confiance? ». Certains hommes sont particulièrement généreux
et offrent des cadeaux et des soupers romantiques. Ces comportements peuvent
faire partie de ce que Lenore Walker a défini comme le cycle de
la violence. Ce cycle comporte trois phases qui caractérisent de
nombreuses relations violentes : la phase où les tensions se construisent,
la phase de lagression et la phase de la « lune de miel »
où les regrets émergent (Walker, 1993). Si lhomme
na pas assumé la responsabilité de son comportement
violent et na pas commencé à changer les attitudes
qui le poussent à exercer un contrôle sur sa partenaire,
il est alors presque certain quil aura de nouveau recours à
la violence dans lavenir, quels que soient les remords quil
manifeste ou laffection quil témoigne au moment où
il lui demande de retourner avec lui.
Que doit-elle faire pendant quil prend part au counseling
de groupe? Devrait-elle aussi essayer dobtenir du counseling?
Bien quelles agissent en surface comme si tout était normal,
les femmes qui ont été victimes de violence se sentent sou-vent
isolées, embrouillées et impuissantes, et souffrent dune
faible estime de soi. Un counseling dappoint fourni par un organisme
pour femmes ou par un conseiller expérimenté dans lintervention
auprès des femmes battues peut aider la victime à comprendre
quelle nest pas coupable de la violence qui lui est infligée.
Cela peut laider à décider des mesures quelle
peut prendre pour se protéger et protéger ses enfants et
des moyens légaux qui sont à sa disposition. Ce nest
pas parce que son partenaire a terminé un programme de counseling
quelle lui « doit » une réconciliation. Les pressions
exercées par le conjoint pour quelle reprenne la vie commune,
sous la forme de promesses de changer, de cadeaux, de larmes, de menaces
quant à la garde ou au soutien des enfants et de supplications
visant à lui faire accepter ses excuses, sont autant dexemples
de la violence quil continue dexercer et des tentatives quil
fait pour contrôler sa vie.
26
Que faire si le counseling ne donne aucun résultat?
Bien quil existe des groupes pour les hommes violents dans toutes
les grandes villes canadiennes et dans de nombreuses régions rurales,
ce ne sont pas tous les hommes qui peuvent ou vont changer de comportement.
Habituellement, la femme aimerait que le conseiller lui dise si elle peut
retourner vivre avec son partenaire en toute sécurité. Pourtant,
cest elle qui est le meilleur juge de sa sécurité.
Certains hommes peuvent tirer profit dun programme de groupe et
devenir des parte-naires respectueux et attentionnés. Dautres,
par contre, peuvent sembler participer au groupe et tirer des leçons
de leur expérience, tout en conservant une attitude dominatrice
envers leur partenaire et leurs enfants dans leur foyer. Même si
le counseling semble avoir aidé lhomme, il est toujours important
de fournir à la femme du soutien et de linforma-tion sur
un plan de sécurité, sur les moyens légaux auxquels
elle peut recourir (comme les ordonnances dinterdiction de communiquer,
les ordonnances de bonne conduite, etc.) et sur les organismes auxquels
elle peut sadresser pour obtenir du counseling pour elle-même
et ses enfants.
Si lhomme est tenu de participer à un programme en
vertu dune ordonnance du tribunal, que se passera-t-il sil
ny participe pas?
Son agent de probation peut recommander au procureur de la Couronne
quil soit accusé de violation des conditions de probation.
Si la Couronne porte des accusations contre lui et quil est reconnu
coupable, le juge déterminera les conséquences de sa conduite,
qui peuvent varier dune province ou dun territoire à
lautre. Un juge peut imposer une peine demprisonnement, une
amende ou des services communautaires, ou prolonger la période
de probation.
27
Réponses aux questions fréquemment posées par
les hommes
Si la femme est violente elle aussi pourquoi ne doit-elle pas
participer à un programme de counseling?
Cette question est habituellement posée sous la forme dune
plainte par un homme qui est tenu, en vertu dune ordonnance du tribunal,
de se joindre à un groupe pour hommes violents. Cest pour
lui une façon de blâmer sa partenaire de sa violence à
son endroit et déviter de prendre la respon-sabilité
de son propre comportement. Il peut être utile de poser la question
suivante à lhomme : « Qui a le plus peur de lautre
et qui pourrait causer le plus de dommages corporels à lautre
en cas de bagarre? » La majorité des hommes con-viendront
que leur partenaire est celle qui a le plus peur et que ce sont eux qui
pourraient lui causer le plus de dommages.
Lorsque les femmes ont recours à la violence, cest souvent
pour se protéger. Dans certains cas, la femme est la première
à poser un geste violent et à entretenir la violence. Bien
que la fréquence du recours à la violence chez les femmes
dans les relations fasse lobjet dun débat permanent,
beaucoup plus de femmes sont gravement blessées ou tuées
par leur conjoint que le contraire. En Colombie-Britannique, la Policy
on Violence Against Women in Relationships (politique sur la violence
envers les femmes dans les relations intimes) sétend aussi
bien aux « hommes vulnérables » quaux femmes
victimes de violence (Colombie-Britannique, ministère du Procureur
général, 1996).
28
Sil sagit du premier et unique incident de violence,
est-il approprié pour lhomme de faire partie dun groupe
de « conjoints violents »?
Il est important de savoir qui dit quil sagit du premier
incident de violence. Les hommes ont tendance à minimiser la fréquence
et la gravité des actes de violence et des mauvais traitements.
Les femmes peuvent aussi avoir tendance à le faire, soit parce
quelles sont incapables de reconnaître la fréquence
et la gravité des mauvais traitements qui leur sont infligés,
soit parce que leur conjoint leur a demandé de le faire pour cacher
la réalité. Il est important de prendre conscience que la
violence physique est tout simplement une autre forme de pouvoir et de
domination et que lexploitation financière, la violence psychologique,
lintimidation, lisole-ment, les pressions sexuelles et lagression
sexuelle peuvent avoir des effets aussi néfastes sur la victime.
Pour ces raisons, même sil est vrai que lhomme a recouru
à la violence physique pour la première fois, il devrait
quand même recevoir du counseling axé sur lusage du
pouvoir et de la domination dans sa relation.
Que se passera-t-il au sein des groupes?
Certains groupes sont axés sur léducation et lacquisition
de techniques. Plusieurs techniques peuvent être enseignées
dans ces groupes : 1) les retraits, 2) les techniques de maîtrise
de la colère, 3) les exercices de relaxation et 4) les techniques
de communication et de relations interpersonnelles saines. Léducation
peut porter sur lusage du pouvoir et de la domination dans les relations,
les rôles assignés à chacun des sexes et la structure
et la culture sexistes de notre société. Dautres groupes
sont plus interactifs et sont centrés sur la démarche. On
demande aux hommes de parler franchement deux-mêmes et de
faire face à leur comportement violent. La plupart des programmes
se composent de plusieurs volets : éducation, acquisition de techniques,
confrontation et sou-tien. Bien que de nombreux hommes soient furieux
davoir
29
à participer à un programme de counseling de groupe, la
majorité de ceux qui le terminent considèrent quils
en tirent profit.
Quels genres dhommes participent à un programme de
counseling de groupe?
Des hommes de tous les métiers et professions, groupes ethniques,
âges et niveaux de revenu participent à des programmes pour
hommes violents, découvrant quils partagent les mêmes
problèmes.
Lhomme aura-t-il besoin de prendre des médicaments?
Il nexiste aucune « pilule » permettant de mettre
un terme à la violence et à lexercice du pouvoir et
de la domination. Certains hommes qui sont violents peuvent aussi être
atteints dune maladie mentale qui nécessite une médication.
Cependant, lincidence de la violence nest pas plus élevée
chez les personnes qui sont atteints dune maladie mentale que dans
lensemble de la population. Dans un petit nombre de cas, la violence
peut être causée ou exacerbée par des problèmes
organiques qui requièrent une évaluation et une intervention
médicales.
Une thérapie individuelle est-elle suffisante?
Une psychothérapie individuelle peut aider un homme violent à
explorer son passé, à examiner les attitudes qui favorisent
son comportement dominateur envers les femmes et à acquérir
les techniques lui permettant détablir de saines relations.
Toutefois, une thérapie de groupe avec dautres hommes qui
partagent les mêmes problèmes peut réduire lisolement,
le déni et la minimisation du problème et donner loccasion
de vivre une expérience positive du véritable sou-tien par
des pairs. Les hommes qui sont hostiles ou réticents
- lidée de se joindre à un groupe de conjoints violents
30
souvrent souvent plus rapidement et commencent à assumer
la responsabilité de leurs actes lorsquils interagis-sent
avec un groupe dhommes ayant des problèmes similaires. Dautres
membres du groupe peuvent réussir mieux quun conseiller à
leur faire admettre leurs problèmes. En prenant part à un
programme de counseling de groupe, les hommes peuvent apprendre différentes
façons détablir un rapport avec dautres hommes,
entre autres en parlant honnêtement de sentiments et de problèmes
et en parlant des femmes avec respect, plutôt quen ayant à
leur sujet une opinion toute faite. Dans les collectivités où
il nexiste pas de thérapie de groupe appropriée pour
les hommes violents, une thérapie individuelle avec un professionnel
possédant les connaissances et compétences voulues constitue
la meilleure solution de rechange.
Pendant combien de temps devra-t-il aller à ses séances
de counseling?
La majorité des programmes durent de trois à six mois.
Ce nest pas parce quun homme a terminé un programme
de nimporte quelle durée quil entretiendra automatiquement
avec sa partenaire des relations sûres et respectueuses. Cest
pourquoi plusieurs programmes ont pour politique dex-pulser les
hommes qui ne participent pas ou qui conservent une attitude fermée
et hostile. Peu importe le nombre de séances auxquelles il ira,
un homme ne changera pas tant quil continuera à rejeter la
responsabilité de son comportement sur sa partenaire et sur le
système de justice pénale ou quil ne se montrera pas
résolu à changer. Lorsquun homme prend conscience
quil devra faire des efforts toute sa vie pour améliorer
sa façon détablir des rapports avec les personnes
de son entourage, il est sur la bonne voie.
31
Conclusion
La violence envers les femmes dans les relations intimes est définie
comme une agression physique ou sexuelle, ou encore comme une menace dagression.
Dautres comportements comme la violence psychologique, la violence
sexuelle, lexploitation financière ou la violence spirituelle
sinscrivent dans le contexte du pouvoir et de la domination exercés
par les hommes sur leur partenaire. Le counseling pour les hommes violents
peut être efficace lorsquil sagit de mettre un terme
à la violence et aux menaces de violence, mais pas dans tous les
cas. Dans le cadre dune intervention appro-priée auprès
des hommes violents, la priorité absolue sera accordée à
la sécurité des femmes et de leurs enfants. Le counseling
visant essentiellement à amener les hommes à cesser de recourir
à la violence, à responsabiliser les hommes à légard
de leur comportement et à changer les attitudes qui favorisent
loppression des femmes nest quun des éléments
dune intervention communautaire visant à mettre fin à
la violence. Les services aux victimes, les refuges pour femmes, les programmes
pour les enfants exposés à la violence, lar-restation,
la judiciarisation, léducation communautaire, le traitement
imposé par une ordonnance du tribunal et lincar-cération
des hommes qui ne veulent pas renoncer à leur comportement criminel
sont autant de moyens qui, mis ensemble, constituent la solution globale
de la société au problème de la violence des hommes
envers les femmes.
Pour une liste de programmes pour les hommes violents, consulter
le :
Centre national dinformation sur la violence familiale.
Répertoire canadien des programmes de traitement pour les
hommes violents envers leur conjointe. Ottawa: Santé Canada,
1998.
32
Personnes-ressources dans les provinces et territoires : programmes
pour les hommes violents
Alberta
Director of Office of Prevention of Family Violence, Department of Family
and Social Services, 11ième étage, 7th Street
Plaza, 10030, 107ième rue, Edmonton (Alberta) T5J 3E4
Téléphone : (403) 427-7599 Télécopieur : 427-2039
Colombie-Britannique
Policy Analyst, Corrections Branch, Ministry of Attorney General, C.
P. 9278, Station Provincial Government, Victoria (C.-B.) V8W 9J7 Téléphone
: (250) 356-8732
Manitoba
Directeur, Direction de la prévention de la violence familiale,
ministère des Services à la famille, 1430-405, avenue Broadway,
Winnipeg (Manitoba) R3C 3L6 Téléphone : (204) 945-7259
Nouveau-Brunswick
Comité interministériel sur la violence familiale, ministère
de la Santé et des Services communautaires, C. P. 5100, Fredericton
(N.-B.) E3B 5G8 Téléphone : (506) 457-4916 Télécopieur
: 453-2082
Terre-Neuve
Director of Corrections and Community Services, Department of Justice,
St. Johns (T.-N.) Téléphone : 709-729-3880 Télécopieur
: 729-4069
33
Territoires du Nord-Ouest
Directeur de la Justice communautaire, ministère de la Justice,
Gouvernement des T.N.-O., C. P. 1320, Yellowknife (T.-N.-O.) X1A 2L9 Téléphone
: (867) 873-7002 Télécopieur : 873-0299
Nouvelle-Écosse
Director of Community Outreach Services, Department of Community Services,
C. P. 696, Halifax (N.-É.) B3J 2T7 Téléphone : (902)
424-5099 Télécopieur : 424-0708
Ontario
Unité des services aux victimes, Division des politiques, ministère
du Solliciteur général et des Services correction-nels,
2, rue Carlton #1817, Toronto (Ontario) M5B 1J3 Téléphone
: 416-325-3266 Télécopieur : 325-3196
- le-du-Prince-Édouard
Manager, Probation and Family Court Services, Community Affairs and
Attorney General, 42, rue Great George, Charlottetown (Î.-P.-É.)
C1A 7N8
Téléphone : (902) 368-4697 Télécopieur :
368-5295
Québec
Soutien aux organismes communautaires, ministère de la Santé
et des Services sociaux, Gouvernement du Québec Téléphone
: (514) 759-4445
Saskatchewan
Saskatchewan Health, Community Care Branch, 3475, rue Albert, Regina
(Sask.) S4S 6X6 Téléphone : (306) 787-3862 Télécopieur
: 787-7095
34
Yukon
Coordonnateur, Programme dintervention pour les conjoints agresseurs,
Section de prévention de la violence familiale, ministère
de la Justice, C. P. 2703, Whitehorse (Yukon) Y1A 2C6 Téléphone
: (403) 667-3581 Télécopieur : 393-6240
Associations provinciales de conseillers pour les hommes violents
Colombie-Britannique
British Columbia Association of Counsellors of Abusive Men 2541, rue
Empire, Victoria (C.-B.) V8T 3M3 Téléphone : (250) 380-1955
Télécopieur : 385-1946
Québec
Association des ressources intervenant auprès des hommes violents
(ARIHV), 216, Beaudry Nord, Bureau 104, Joliette (Qc) J6E 6A6
Téléphone : (450) 759-7799 Télécopieur :
(450) 759-4445
Ouvrages suggérés
Accountability: Program Standards for Batterer Intervention Services,
Barbara J. Hart, Reading, PA.: Pennsylvania Coalition Against Domestic
Violence, 1992.
Confronting Abusive Beliefs: A Group Treatment Program for Men Who
Abuse Their Partners, Mary N. Russell et Jobst Frohberg, Vancouver:
School of Social Work, University of British Columbia, 1994.
35
The Domestic Assault of Women, Donald Dutton, Toronto: Allyn
& Bacon Inc., 1988.
Education Groups for Men Who Batter: The Duluth Model, Ellen
Pence et Michael Paymar, New York: Springer Publishing Company Inc., 1993.
Ending Mens Violence Against Their Partners: One Road To Peace,
Richard A. Stordeur et Richard Stille, Newbury Park, CA: Sage Publications
Inc., 1989.
Invitations to Responsibility, Alan Jenkins, Adelaide, Australie-Méridionale
: Dulwich Centre Publications, 1990.
Learning To Live Without Violence: A Handbook for Men, Daniel
Sonkin et Michael Durphy, Volcano, CA: Volcano Press, 1989.
Mens Work: A Complete Counseling Plan for Breaking the Cycle
of Male Violence, Paul Kivel, Center City, MN: Hazelden Education
Materials, 1993.
You Can be Free: An Easy-to-Read Handbook for Abused Women, Ginny
NiCarthy et Sue Davidson, Seattle: The Seal Press, 1989.
Vidéos suggérées
Le Prince héritier (vidéocassette, 1988, 38 min.),
Office national du film du Canada.
Ce film dramatisé porte sur le problème de la violence
envers les femmes dans les relations intimes, du point de vue des enfants,
et plus particulièrement du problème dun adolescent
qui commence à manifester les comportements et les attitudes de
son père.
36
Achat : Office national du film du Canada, Ventes et services à la
clientèle, D-10, C.P. 6100, Station Centre-ville, Montréal
(Qc) H3C 3H5
Téléphone : 1-800-267-7710 Télécopieur :
(514) 283-7564 www.nfb.ca
On ne frappe pas quune fois (vidéocassette, 1990,
15 min.) Victoria Womens Transition House Society.
Vidéo dramatisée qui présente des scènes
de violence à légard dune conjointe et traite
du rôle des maisons de transition.
Achat : Kinetic Films, 511, rue Bloor ouest, 2ième étage,
Toronto (Ontario) M5S 1Y4, 1-800-263-6910, Télécopieur :
416-538-9984, www.kineticvideo.com
Profile of an Assailant. (vidéocassette, 1992, 42 min.)
Duluth Domestic Abuse Intervention Project.
Entretien avec un agresseur au sujet de son arrestation, de sa condamnation
et de la démarche quil a adoptée pour changer. Le
film inclut aussi le récit de six femmes qui ont déjà
été battues et qui décrivent les caractéristiques
dun agresseur.
Achat : Duluth Domestic Abuse Intervention Project , 206, 4ième
rue ouest, Duluth, Minn., 55806 Téléphone : (218)
722-2781 Télécopieur : (218) 722-0779.
Seen But Not Heard (vidéocassette, 1993, 30 min.) The
B.C./Yukon Society of Transition Houses and Friday Street Productions
Co.
Drame documentaire destiné à un auditoire général
et aux personnes qui travaillent auprès denfants, de femmes
victimes de violence et dhommes violents. Il explore les multiples
effets affectifs et physiques graves de la violence domestique sur les
enfants qui en sont témoins. Cette vidéo
37
comprend à la fois des interviews et des scènes dramatisées
et est axée sur le point de vue de lenfant qui est témoin
de scènes de violence.
Achat : Kinetic Films, 511, rue Bloor ouest, 2ième étage,
Toronto (Ontario) M5S 1Y4, Téléphone : 1-800-263-6910, Télécopieur
: 416-538-9984, www.kineticvideo.com
Themes of Defense: Understanding Men Who Assault Their Partners.
(vidéocassette, 1995, 60 min.) Dale Trimble et Bartlett-Lerose
Productions.
Neuf capsules dramatiques mettant en scène des hommes violents
qui tentent de rationnaliser ou de nier leur comportement violent. Chaque
scène fait place à un débat avec lauteur, Dale
Trimble, qui propose des répliques efficaces pour chaque argument
et qui analyse des questions se rattachant à la sécurité
des victimes.
Achat : B.C. Institute Against Family Violence, #551 409, rue
Granville, Vancouver (C.-B.), V6C 1T2 Téléphone : (604)
669-7055 Télécopieur : (604) 669-7054 www.bcifv.org
Time to Change: Treatment Options for Abusive Men. (vidéo-cassette,
1992, 26 min.) Victoria Family Violence Prevention Society et Hilary Jones-Farrow.
Cette suite dramatisée du film « On ne frappe pas quune
fois » explore les programmes de traitement axés sur le counseling
individuel et le counseling en groupe visant à aider les hommes
à assumer la responsabilité de leur comportement violent
et à formuler des méthodes non violentes de résolution
des conflits.
Achat : Kinetic Films, 511, rue Bloor ouest, 2ième étage,
Toronto (Ontario) M5S 1Y4, Téléphone : 1-800-263-6910, Télécopieur
: (416)538-9984, www.kineticvideo.com
38
Bibliographie
The Aboriginal Family Healing Joint Steering Committee. For Generations
to Come: The Time Is Now: A Strategy for Aboriginal Family Healing.
Ottawa: The Committee, 1993.
Adams, A. Treatment models of men who batter: a pro feminist analysis.
In Feminist Perspectives on Wife Abuse, edited by K. Yllo et M.
Bograd. California: Sage, 1988.
Amato, P. and Keith, B. Parental divorce and the well-being of
children: a meta-analysis. Psychological Bulletin 1991; 110:
26-46.
Bograd, M. Family systems approach to wife battering : a feminist
critique. American Journal of Orthopsychiatry 1984; 54: 558-568.
Bograd, M. Feminist perspectives on wife abuse: an introduction.
Feminist Perspectives on Wife Abuse. Edited by Kersti Yllo and Michele
Bograd. Newbury Park: Sage Publications, 1988, 11-26.
British Columbia. Ministry of Attorney General. Policy on the Criminal
Justice System Response to Violence Against Women and Children: Violence
Against Women in Relationships Policy. Victoria: the Ministry, 1996.
Burns, N., Meredith, C. et Paquette, C. Programmes de traitement
pour les hommes violents : une analyse qui témoigne de leur succès.
Ottawa: Ministère de la Justice Canada, 1991.
Comité canadien sur la violence faite aux femmes. Rapport
final du Comité canadien sur la violence faite aux femmes : un
nouvel horizon. Ottawa : Approvisionnements et Services Canada, 1993.
Cooper, M. Challenges in Programming for Wife Batterers. Vancouver:
Institute on Family Violence, 1995.
39
Cooper, M. Current and Future Effects on Children Witnessing Parental
Violence: An Overview and Annotated Bibliography, Vancouver: B.C.
Institute on Family Violence, 1992.
Dutton, D. and Golant, S. The Batterer: A Psychological Profile.
New York: Basic Books, 1995.
Edelson, J. Do batterers programs work? Domestic
Abuse Project, Research Update 1995; 7: 1-3.
Family Violence Project, Victoria, BC. Anger management or spouse
Assault treatment? Family Violence Prevention News
1996; August: 1-2.
Ganley, A. Court Mandated Counseling for Men Who Batter: A Three-Day
Workshop for Mental Health Professionals: Participants Manual.
Washington, D.C.: Center for Women Policy Studies, 1981.
Geller, J. A. et Wasserstrom, J. Conjoint Therapy for the Treatment
of Domestic Violence. In Battered Women and Their Families,
édité par A. R. Roberts. New York: Springer, 1984.
Gondolf, E. Batterer programs: what we know and need to know.
Journal of Interpersonal Violence 1995; 12(1): 83-89.
Groenveld, J. Domestic Violence Study. Toronto: Addiction Research
Foundation, 1989.
Hughes, H. and Parkington, D. Witnessing spouse abuse and experiencing
physical abuse: a double whammy? Journal of Family
Violence. 1989; 4(2): 197-209.
Jaffe, P., Wolfe, D. et Wilson, S. Children of Battered Women.
Newbury Park, Calif.: Sage, 1990.
Jenkins, A. Invitations to Responsibility: The Therapeutic Engagement
of Men Who Are Violent and Abusive. South Australia: Dulwich Centre
Publications, 1990.
40
Pence, E. et Paymar, M. Education Groups for Men Who Batter: The
Duluth Model. New York: Springer, 1993.
Province of British Columbia. Ministry of the Attorney General. Policy
on the Criminal Justice System Response to Violence Against Women.
Victoria: Ministry of the Attorney General, 1996.
Rondeau, G., Brochu, S. et Lemire, G. Examen des publications portant
sur les programmes de traitement à l'intention des hommes qui se
montrent violents dans leurs rapports familiaux: v.1 Rapport synthèse.
Montréal : Université de Montréal, 1994.
Sonkin, D. The Counsellors Guide to Learning to Live Without
Violence. California: Volcano Press, 1995.
Statistique Canada. Lenquête sur la violence envers les
femmes : faits saillants. Ottawa: Statistique Canada, 1993.
Stordeur, R. et Stille, R. Ending Mens Violence Against Their
Partners: One Road to Peace. Newbury Park, Calif.: Sage, 1989.
Straus, M. Leveling, Civility and Violence in the Family.
Journal of Marriage and the Family. 1974; 36: 13-39.
Tavris, C. La colère : apprivoisez la colère, faites-en
bon usage. Montréal : Éditions de lHomme, 1984.
Walker, L. The Battered Woman Syndrome as a Psychological Consequence
of Abuse. In Current Controversies on Family Violence, édité
par R.J. Gelles et D.R. Loseke. Newbury Park, Calif.: Sage Publications,
1993.
41
|