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Notre mission est d’aider
les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à améliorer
leur état de santé. |
Santé Canada |
Also available in English: Family Group Decision Making: Communities
Stopping Family Violence
Toutes les citations de la brochure proviennent de l’étude de
mise en oeuvre (Pennell et Burford, 1995) et de l’étude des résultats
(Burford et Pennell, 1997) du projet de prise de décision en conseil
de famille mené à Terre-Neuve et au Labrador (citations traduites).
Il est interdit de reproduire ce document à des fins commerciales,
mais sa reproduction à des fins éducatives ou cliniques, est autorisée,
à condition que la source soit citée.
Les opinions exprimées dans la présente brochure sont celles
des auteures et ne reflètent pas nécessairement les points de
vue de Santé Canada.
© Ministre des Travaux publics et des Services
gouvernementaux Canada 1998
ISBN : 0-662-82959-X
N° de catalogue : H72-21/158-1998F
Mettre un terme à la violence familiale dans les collectivités
: l’implication des membres de la famille dans l’élaboration de
solutions a été préparé par Joan Pennell et Gale Burford pour
l’Unité de la prévention de la violence familiale, Santé Canada.
Il existe, pour accompagner la présente brochure, une cassette
vidéo, Widening the Circle, qui recrée le déroulement d’une
réunion en conseil de famille.
On peut obtenir la brochure – et les détails afin d’obtenir la
cassette – à l’adresse suivante :
Centre national d’information sur la violence
dans la famille
Unité de la prévention de la violence familiale
Division des questions relatives à la santé
Direction générale de la promotion et des
programmes de la santé
Santé Canada
9e étage, Édifice Jeanne-Mance
Pré Tunney, Indice de l’adresse : 1909D1
Ottawa (Ontario) K1A 1B4 Canada
Tél. : 1-800-267-1291 ou (613) 957-2938
Téléc. : (613) 941-8930
Téléimprimeur : 1-888-267-1233 ou (613) 941-7285
ATME : 1-800-561-5643 ou (613) 952-6396
Site Web : http://www.phac-aspc.gc.ca/nc-cn
|
Section 1
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Qu’est-ce
qu’une rencontre qui implique les membres de la famille?
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Quand, dans une famille, il y a des mauvais traitements ou
de la négligence, l’un des moyens permettant aux membres de
cette famille de décider des mesures à prendre est la tenue
d’une « rencontre impliquant ses membres ». Cette méthode
permet aux membres de la famille eux-mêmes, aidés de parents
ou d’amis et d’autres proches – ensemble, toutes ces personnes
constituent le « conseil de famille » – de dresser un plan en
réponse aux mauvais traitements dont souffre un membre de la
famille, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un adolescent ou d’un
adulte.
- Un plan est dressé à l’occasion d’une rencontre impliquant
les membres de la famille.
- Les autorités concernées (protection de l’enfance, police,
service de libération conditionnelle ou surveillée) orientent
la famille vers un coordonnateur.
- Le coordonnateur, de concert avec la famille, organise la
rencontre de manière à ce que chacun puisse y participer efficacement
et en toute sécurité.
- Les autorités concernées approuvent le plan et les ressources
nécessaires à son exécution.
« La famille
va mieux à cause de la rencontre impliquant les membres
de la famille. Tout y a été discuté, à partir des faits,
non pas de rumeurs. Ça a été particulièrement utile pour
ma fille [la mère de la jeune victime de violence] parce
que cela lui a enlevé beaucoup de pression. Ma petite-fille
[la victime] aussi a reçu beaucoup de soutien, et elle
en avait besoin. »
– Une grand-mère deux ans et demi
après une rencontre de famille |
« Mon mari
est en train de s’améliorer... Il est plus calme. Nous
nous entendons mieux... pour le moment. Tout ce qu’il
y avait à dire a été dit lors de la rencontre familiale,
de sorte que chacun a su ce qui se passait. »
– Une femme victime de mauvais traitements
un an et demi après une rencontre de famille |
Dans
quelles autres situations est-il souhaitable d’impliquer les
membres de la famille?
En dehors des problèmes de mauvais traitements et de négligence
dans la famille, une rencontre impliquant les membres de la
famille est utilisée, au Canada et dans d’autres pays, dans
des cas :
- de criminalité juvénile,
- d’infractions de la part d’adultes,
- d’exclusion temporaire d’un élève de son école,
- de conflits entre voisins,
- de réinsertion de contrevenants dans leur milieu.
Pour des exemples de ces programmes, voir la liste d’adresses
au Canada, à la fin de la présente brochure. La rencontre peut
aussi inclure, selon les buts recherchés, des membres importants
de réseaux comme ceux que forment la parenté et les amis, et
des représentants d’écoles, d’églises, d’employeurs, de commerces
et de services.
Le nom donné à cette méthode varie dans les différentes parties
du monde, de même que son objectif principal. Ainsi, en Nouvelle-Zélande,
où la méthode est née, on utilise le terme « conférence
de groupe familial » (family group conference) dans le contexte
de la protection de l’enfance et de la justice pour la jeunesse
(Hudson, Morris, Maxwell et Galaway, 1996). En Australie, le
terme « conférence communautaire » (community conference)
s’emploie par rapport aux enfants adultes pour marquer la participation
de personnes sans liens de parenté, et notamment de voisins
ou collègues de travail (Braithwaite et Mugford, 1994).
« C’est
plus utile que tout ce que je peux faire. Jamais je ne
pourrais assurer le dixième de la surveillance que la
famille elle-même exerce sur ses membres... Je ne peux
pas vivre à côté de chaque famille... La rencontre impliquant
les membres de la famille renforce les liens... Tout seul,
le travailleur ne pourrait jamais donner une telle cohésion
à l’ensemble de la famille élargie. »
– Un intervenant de la protection de l’enfance
un an après une rencontre impliquant la famille |
Pourquoi
avoir recours aux membres de la famille?
Les membres bâtissent des partenariats au sein de
la famille et autour d’elle, en :
-
maintenant la sécurité des membres de la famille,
-
responsabilisant ceux qui ont commis de la violence,
-
favorisant le bien-être de tous les membres
de la famille,
-
respectant la culture de la famille et de la
collectivité à laquelle elle appartient.
La méthode est fondée sur la conviction que la plupart
des familles, même avec les antécédents les plus lourds et dans
les situations les plus difficiles, peuvent prendre de bonnes
décisions en vue de mettre fin à de mauvais traitements.
Habituellement, la famille élargie et les autres
proches connaissent intimement les membres de la famille et leurs
valeurs culturelles, et éprouvent un intérêt durable pour leur
sort.
La prise de décision des membres de la famille nous
éloigne du système judiciaire dans lequel les autorités juridiques
sont les uniques responsables. Elle nous rapproche d’un système
de justice sociale dans lequel la famille, la collectivité et
l’administration publique travaillent ensemble, à titre de partenaires.
Ce partenariat permet de s’écarter du seul désir de punir les
contrevenants pour tendre vers une société où chacun agirait de
manière responsable.
« C’est
une véritable attribution de pouvoirs. L’agent de libération
conditionnelle n’a plus à quitter la salle pour aller
demander des instructions à ses supérieurs. Les décisions
sont prises là où elles doivent l’être, dans la famille,
et non pas dans la bureaucratie. »
– Un administrateur de libérations conditionnelles |
Qu’est-ce
que cette méthode offre de plus que les autres?
La prise de décision impliquant les membres de la
famille élargit le cercle de décideurs, ce qui a pour effet :
-
d’équilibrer les pouvoirs entre la famille,
la collectivité et le gouvernement,
-
de créer ce que le criminologue australien John
Braithwaite appelle des « communautés de responsabilité
» (communities of concern),
-
donc, d’ajouter à d’autres approches et de permettre
d’aller plus loin.
Les tribunaux : En rendant leur verdict,
les juges peuvent avoir recours au plan élaboré par les membres
de la famille pour assurer la sécurité des victimes.
La médiation : Les membres de la famille
ne se contentent pas de réconcilier deux parties (voir Galaway
et Hudson, 1997), mais doivent prendre une décision commune.
La conférence de cas : L’implication
de ses membres place la famille au centre de la prise de décision.
L’implication
de la famille dans l’élaboration de solutions peut-elle réellement
contribuer à mettre fin à la violence?
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Assurément, même si les membres de la famille éprouvent
de multiples problèmes. Toutefois, pour être des partenaires compétents,
les membres de la famille doivent :
-
se sentir en sécurité et appuyés, pour pouvoir
exprimer leur opinion lors de la rencontre,
-
être convaincus qu’ils ont un poids suffisant
dans les décisions qui les touchent individuellement ou qui
touchent l’ensemble de leur famille,
-
avoir accès aux ressources et à toute la protection
dont ils ont besoin pour mener à bien ce qu’ils ont décidé.
Quand ils participent à un tel point, les membres
de la famille sentent qu’on les respecte et qu’ils ont un plus
grand rôle à jouer dans les décisions qui les concernent. Créer
de telles conditions est la responsabilité commune des autorités
compétentes, des organisations communautaires et du groupe familial.
![La famille a besoin de votre aide](gfx/decision_making/section1f.gif)
Les membres de la famille peuvent se tromper, tout
comme des professionnels l’ont peut-être déjà fait. Maintenant,
toutefois, intervient un groupe plus vaste de personnes qui connaissent
les enjeux. Les membres de la famille se sentent appuyés par les
organismes et les autorités. Les professionnels ont l’assurance
qu’un plus grand nombre de membres de la famille sont au courant
des problèmes et peuvent aider à assurer la protection voulue.
Une fois que ce cercle plus large est créé,
-
les membres de la famille victimes des mauvais
traitements ne peuvent plus être réduits au silence,
-
les membres de la famille responsables des mauvais
traitements ne peuvent plus monter les différentes personnes
les unes contre les autres,
-
il est possible d’apporter de l’aide avec efficacité
et à l’unisson.
|
Section 2
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Qui
est chargé de l’aiguillage?
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Vu la loi et la politique gouvernementale, ce sont presque toujours les
autorités compétentes qui demandent la prise de décision en conseil de
famille (Hudson et coll., 1996). Ces autorités (protection de la jeunesse,
libérations conditionnelles ou autres) sont habilitées à consulter le
conseil de famille quand des enfants ou d’autres personnes sont en danger.
Beaucoup estiment toutefois qu’il conviendrait d’envisager a) que les
Premières nations et d’autres groupes culturels prennent davantage en
charge les services de protection de leurs membres, et b) que les familles
et les organismes s’occupent de l’aiguillage par l’intermédiaire des autorités
compétentes.
Le coordonnateur de l’assemblée familiale n’est pas forcément un employé
des autorités compétentes. D’où qu’il provienne, sa tâche première consiste
à organiser l’assemblée et à réunir les participants. Le coordonnateur
ne doit pas être en même temps chargé d’évaluer le cas ou de faire enquête,
ni de faire l’aiguillage, de protéger les membres de la famille ou d’exécuter
les plans décidés à l’assemblée.
Dans les cas où certains membres de la famille en maltraitent d’autres,
la demande d’un conseil de famille doit être faite directement par les
autorités compétentes, par exemple les services de protection de l’enfance,
les services correctionnels de la jeunesse, la police ou les services
des libérations conditionnelles (Pennell et Burford, 1995). Cela permet
d’assurer la sécurité des victimes parce que :
- l’organisme demeure responsable d’assurer la protection et les ressources,
- aucun membre contrôlant de la famille, par exemple un parent ou un
partenaire agresseur, ne peut s’opposer à la tenue de l’assemblée, si
d’autres membres de la famille souhaitent que s’organise un conseil
de famille,
- aucun membre vulnérable de la famille, par exemple une épouse ou une
mère maltraitée, ne peut être blâmé par les autres membres de la famille
pour avoir demandé la tenue de l’assemblée, si c’est l’autorité qui
en prend l’initiative.
Une fois les questions liées à l’aiguillage réglées, le coordonnateur
doit consulter les membres de la famille, spécialement les victimes, puis
prendre la décision définitive d’organiser ou non une assemblée.
![Dois-je recommander une recontre de famille?](gfx/decision_making/section2f.gif)
Est-ce
que l’implication des membres de la famille est souhaitable dans toutes
les familles?
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La prise de décision impliquant les membres de la famille s’applique
à de nombreux types de familles appartenant à des cultures diverses et
ayant une histoire difficile. Quand il se demande s’il doit utiliser cette
approche, le travailleur social ne doit pas trop s’attarder aux qualités
individuelles des membres de la famille. Il doit plutôt se demander :
- Est-ce que l’enquête ou l’évaluation est terminée?
(L’implication des membres de la famille ne doit pas devenir un moyen
pour les autorités de mener une enquête.)
- Y a-t-il des problèmes précis et urgents à résoudre?
(Si les problèmes sont flous et ne présentent pas d’urgence, les membres
de la famille ne seront pas suffisamment motivés ou mobilisés pour les
résoudre.)
![Comment s'organise une rencontre impliquant les membres de la famille?](gfx/decision_making/section2fa.gif)
Comment
s’organise une rencontre impliquant les membres de la famille?
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L’organisation d’une rencontre de famille demande une préparation soignée
si l’on veut que les personnes s’y sentent en toute sécurité et puissent
y faire une contribution valable. Après en avoir reçu le mandat, le coordonnateur
communique avec la famille dans l’intention :
- d’expliquer le but et le fonctionnement de la rencontre,
- de consulter la famille sur les personnes à inviter,
- de décider du lieu et de la date où se tiendra la rencontre,
- de rassurer les participants de telle sorte qu’ils se sentent à l’aise
d’exprimer leur opinion,
- de faire les arrangements concernant les déplacements, etc.
L’expérience acquise dans ce domaine a montré que la grande majorité
des personnes invitées acceptent de participer (Paterson et Harvey, 1991)
et que, si elles ne peuvent venir, elles envoient un message pour exprimer
leur intérêt et leurs recommandations (Pennell et Burford, 1995).
Qui inviter?
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Le choix des personnes à inviter soulève souvent des interrogations.
Habituellement, il vaut mieux inviter trop de monde que pas assez, afin
de :
- dresser un tableau aussi complet que possible de la situation de la
famille,
- toucher le plus de gens possible susceptibles d’aider à mettre en
oeuvre le plan qui sera adopté à la rencontre de famille.
Il est important d’essayer de trouver des moyens de faire participer
des gens, plutôt que de restreindre la participation.
Le terme « famille » doit être pris au sens large, et inclure
des parents, des amis, des voisins, des autorités religieuses et d’autres
membres de la communauté qui connaissent la famille ou s’en occupent depuis
longtemps.
Qui ne pas inviter?
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Il peut être nécessaire d’exclure certaines personnes, mais seulement
après mûre réflexion et discussion. Il est justifié d’exclure une personne
quand sa présence risque de :
- constituer une menace sérieuse pour d’autres,
- causer une tension grave chez la (ou les) victime(s),
- ou quand, à cause de troubles mentaux graves, cette personne serait
incapable de fonctionner au moment de la rencontre ou tout simplement
en éprouverait une tension excessive.
« La famille décide qu’il
faut donner la parole au père, même si des lettres de ce dernier
ont été lues à la famille. On décide qu’à la prochaine séance, le
père sera présent. »
– Un coordonnateur décrivant une rencontre
de famille, dont un ex-mari violent avait été exclu |
Faut-il
inviter les enfants?
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Certains programmes font participer les jeunes enfants aux rencontres.
D’autres ne le font pas sous prétexte que leur maturité est insuffisante,
ou par crainte des répercussions que la rencontre pourrait avoir sur leur
équilibre (Marsh et Crow, 1997; Merkel-Holguin et coll., 1997; Paterson
et Harvey, 1991). Si l’enfant n’est pas présent, il y a des moyens de
rappeler aux participants que l’assemblée a lieu pour lui; on peut, par
exemple :
- lire un message de cet enfant aux membres de la famille,
- placer la photographie de l’enfant au centre du cercle familial.
« L’aîné de ces cinq enfants
a huit ans et les membres de la famille, des deux côtés, ont convenu
qu’ils sont bien trop jeunes pour participer à la rencontre. »
– Un coordonnateur |
Pourquoi
inviter les jeunes?
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Ordinairement, il est utile d’inviter les enfants plus âgés et les adolescents,
afin qu’ils puissent :
- avoir leur mot à dire sur leur propre vie,
- faire connaître aux autres les conséquencese des mauvais traitements
dont ils ont été victimes,
- prendre conscience des répercussions de leur conduite sur les autres,
- se rendre compte que leur famille tient à eux,
- apprendre à prendre leur part de responsabilité dans les décisions,
- se sentir concernés par le plan familial,
- entamer leur guérison.
![Avez-vous besoin d'aide?](gfx/decision_making/section2fb.gif)
Section 3
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Et
si les membres de la famille craignent de participer à la rencontre?
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Le coordonnateur doit discuter de leurs craintes avec eux et trouver
des moyens pour qu’ils se sentent en sécurité et soient capables d’exprimer
leurs idées lors de la rencontre. Voici quelques techniques qui fonctionnent :
- insister pour que les jeunes ayant été maltraités choisissent un adulte
qui restera à leurs côtés et les soutiendra tout au long de l’assemblée,
- encourager les autres personnes qui se sentent menacées (adultes ayant
été maltraités et ceux qui ont infligé les mauvais traitements) à choisir
une personne-soutien qui les accompagnera,
- aider les participants à mettre par écrit, à l’avance, ce qu’ils veulent
dire lors de la rencontre.
Étant donné que les normes culturelles concernant les jeunes diffèrent
d’un milieu à l’autre, il peut être nécessaire d’utiliser diverses stratégies
pour faire entendre la voix de ces jeunes. Voici quelques possibilités :
- les faire accompagner d’un pair, pour qu’ils se sentent plus à l’aise,
- charger un aîné, parmi les membres de la famille, de parler en leur
nom,
- organiser une réunion spéciale pour entendre les jeunes, avant la
rencontre de famille.
« En parlant avec
les enfants, je me suis aperçu que quelques-uns seulement parleraient
durant la rencontre. Nous avons donc décidé d’organiser, avant la
rencontre, une réunion exclusivement réservée aux enfants, pour
leur donner l’occasion d’exprimer leurs préoccupations, et pour
leur montrer que beaucoup de leurs soucis étaient communs à plusieurs
d’entre eux. »
– Un coordonnateur dans une communauté inuite
réellement une affaire de famille? |
Comment faire pour que la
rencontre soit réellement une affaire de famille?
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Pour que les membres de la famille sentent vraiment que l’assemblée est
leur affaire et non pas celle des professionnels, le coordonnateur doit
veiller à ce que :
- la culture de la famille soit respectée,
- les membres de la famille soient en majorité,
- les professionnels soient préparés à intervenir en respectant la famille.
La culture : Respecter la culture de la famille, cela peut vouloir
dire demander à un chef religieux ou à un ancien de prononcer une prière
d’ouverture, prévoir des services d’interprétation ou choisir des aliments
traditionnels pour le dîner et pour les pauses prévues pendant l’assemblée.
« Nous avions embauché
un interprète que toute la famille avait approuvé. »
– Un coordonnateur |
Le nombre de participants : Pour que la famille ait le sentiment que
la réunion est son affaire, il faut que les membres de la famille y soient
plus nombreux que les professionnels. Même si le nombre des membres de
la famille n’est vraiment pas constant, la moyenne varie entre six ou
onze personnes (Marsh et Crow, 1997; Paterson et Harvey, 1991; Pennell
et Burford, 1995). Les professionnels qui assistent à la rencontre sont
en général moins nombreux, environ deux au Royaume-Uni (Marsh et Crow,
1997) et au Canada (Pennell et Burford, 1995), et trois ou quatre en Nouvelle-Zélande
(Paterson et Harvey, 1991).
La préparation des professionnels : Les professionnels concernés
doivent recevoir une formation sur la manière de s’exprimer à la rencontre
pour être à la fois clairs et respectueux. Ils doivent être prêts à :
- formuler clairement leurs craintes en matière de sécurité et préciser
les autres éléments essentiels que la plan doit comporter, mais sans
dicter à la famille ce qu’elle doit faire,
- donner suffisamment de renseignements pour que les membres de la famille
comprennent la situation, mais sans révéler de détails superflus ou
d’information strictement confidentielle,
- s’exprimer avec des mots que la famille comprenne et qui ne l’intimident
pas.
![Mais qu'est-ce que je dois dire au conseil de famille?](gfx/decision_making/section3f.gif)
« Je leur recommanderais
de s’habiller simplement, de ne pas arriver avec de gros dossiers,
de parler avec les gens et non aux gens, de parler avec clarté,
de façon concrète et concise... et de ne pas porter de jugement. »
– Un coordonnateur |
« Et aussi de ne pas vraiment se concentrer
sur leurs lacunes, mais de trouver les points forts de la famille. »
– Un autre coordonnateur |
![Qu'est-ce qu'il y a d'autres à prévoir](gfx/decision_making/section3af.gif)
Qu’est-ce
qu’il y a d’autres à prévoir?
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Le coordonnateur peut avoir à :
- organiser le transport de membres de la famille,
- organiser la garde des jeunes enfants,
- réserver une salle dans un centre communautaire accessible,
- faire des démarches pour faire escorter un prisonnier.
De leur côté, les membres du conseil de famille travaillent à organiser
leur assemblée en se chargeant :
- d’encourager d’autres membres de la famille à participer,
- d’offrir d’emmener quelqu’un à l’assemblée,
- de choisir la nourriture qui sera servie à l’assemblée,
- d’accepter de servir de soutien à un autre participant,
- de réfléchir au contenu du plan.
![Qu'est-ce que j'oublie?](gfx/decision_making/section3bf.gif)
Combien de
temps faut-il pour organiser une rencontre?
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Dans le cas de mauvais traitements à l’égard d’enfants ou d’adultes,
le temps requis par les préparatifs varie de 10 à 40 heures mais, habituellement,
le travail s’étend sur deux à quatre semaines (Marsh et Crow, 1997; Paterson
et Harvey, 1991; Pennell et Burford, 1995).
La disponibilité des membres, leur compréhension de la démarche, l’organisation
des déplacements et la mise en place des mesures pour assurer la sécurité
des personnes influenceront le temps qu’il faudra pour organiser cette
rencontre.
On peut s’attendre à ce qu’il faille plus de temps lorsque plusieurs
membres de la famille sont victimes de violence.
L’objectif du coordonnateur doit être de préparer convenablement les
gens, sans retarder indûment la rencontre.
« En général, on lisait
dans les yeux de ceux qui arrivaient de la crainte mêlée d’impatience.
Une fois dans la salle, chacun paraissait plus calme et détendu,
parlait de sujets familiers et prenait du café et des biscuits.
Le cercle a commencé à se former sans aucune intervention du coordonnateur.
Les gens se sont regroupés selon les trois familles (côté maternel,
côté paternel et côté du nouveau conjoint). »
– Un chercheur assistant à la
rencontre comme observateur |
Section 4
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Qu’est-ce
qui se passe à une rencontre de famille?
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Chaque rencontre est unique vu les caractéristiques particulières du
groupe familial et des problèmes que l’on cherche à y résoudre. Les rencontres
qui ont rapport à la protection d’enfants ou à la violence familiale comprennent
habituellement les étapes suivantes :
- introduction
- information
- discussion privée
- mise au point du plan.
« La coordonnatrice
a donné le ton de la rencontre en exposant le problème clairement
mais avec délicatesse, et elle nous a donné quelques renseignements
utiles sur l’écoute active. Elle a très bien contrôlé les interruptions
en demandant aux participants de se respecter mutuellement, c’est-à-dire
d’attendre qu’un autre ait fini de parler pour prendre la parole. »
– Un membre de la famille, après la rencontre |
L’introduction
Il est crucial de débuter « selon la culture de la famille »
si l’on veut que celle-ci se sente maîtresse de l’activité. Il peut s’agir
de demander à un aîné de la famille d’accueillir chaque personne à son
arrivée, de commencer par une prière, ou simplement de laisser les participants
s’installer comme bon leur semble.
Le coordonnateur s’assure que chacun des participants :
- connaît le nom de tous les autres et leurs liens avec la (ou les)
victime(s),
- connaît le but de la rencontre (p. ex. « Nous sommes ici pour
trouver un moyen de permettre à Marie de vivre en toute sécurité dans
sa famille. »,
- est au courant du déroulement de la rencontre et en connaît les règles
de base (p. ex. confidentialité, pas de violence ni d’interruption).
« L’intervenante de la protection
de l’enfance a parlé ouvertement et positivement de l’histoire de
la famille. Elle a mis en lumière des points très importants et
positifs sur chacun des membres de la famille. Elle a souligné les
difficultés [p. ex. mauvais traitements, problèmes scolaires]. »
– Un chercheur assistant à la
rencontre comme observateur |
« La travailleuse
du refuge a donné un excellent exposé sur les effets de la violence
et de la toxicomanie sur les femmes et les enfants; elle s’exprimait
d’une manière simple, claire et respectueuse. Elle a réussi à la
fois à donner beaucoup de renseignements et à aider la famille à
préciser le problème (en particulier pour les soeurs de l’homme
violent, qui avaient jusqu’alors fait pression sur la mère pour
qu’elle le reprenne. »
– Un coordonnateur |
L’information
Une fois les formalités terminées, le coordonnateur entame la rencontre.
C’est le moment où le groupe reçoit de l’information :
- le travailleur aiguilleur présente les problèmes que l’on cherche
à résoudre,
- les autres professionnels invités donnent des renseignements sur un
sujet précis (p. ex. alcoolisme, violence, pratiques traditionnelles),
- on lit les déclarations de certains membres de la famille, tantôt
présents à la rencontre, tantôt non.
![La discussion privée](gfx/decision_making/section4f.gif)
La discussion
privée
Une fois que les membres de la famille ont entendu les renseignements
voulus et eu l’occasion de poser des questions, il est temps pour eux
de délibérer en privé.
À ce stade, tous les professionnels, y compris le coordonnateur, quittent
la pièce pour laisser le conseil de famille discuter dans l’intimité.
Par prudence, cependant, les personnes-soutien désignées restent dans
la salle. Le coordonnateur et, si possible, l’intervenant de la protection
de l’enfance et tout autre autorité concernée (p. ex. l’agent des
libérations conditionnelles) restent à proximité dans l’immeuble pour
donner, au besoin, des renseignements et de l’aide.
Le but de cette étape est de laisser aux membres de la famille la liberté
de dresser leur propre plan en vue de régler les problèmes exposés durant
la période d’information.
« Parfois, les membres de
la famille commencent les délibérations familiales bien avant que
le coordonnateur et ceux qui sont là pour donner des renseignements
n’aient quitté la salle. Le coordonnateur doit alors leur rappeler
d’attendre d’être seuls pour entamer ces discussions. »
– Un chercheur ayant assisté à des
rencontres comme observateur |
« Certaines familles sont vraiment
impatientes de plonger, de commencer. »
– Un autre chercheur |
Souvent, les professionnels se demandent s’il est sage de laisser la famille
seule. Parfois les membres de la famille se demandent s’ils ont les connaissances
nécessaires pour dresser seuls un plan d’intervention.
Pour ces raisons, certains programmes de protection de l’enfance requièrent
que le coordonnateur reste dans la salle, mais la majorité des programmes
qui ont recours aux rencontres de famille ont opté pour accorder à la
famille la période de discussion privée (Marsh et Crow, 1997; Merkel-Holguin,
Winterfeld, Harper, Coburn et Fluke, 1997; Pennell et Burford, 1995).
La grande majorité des familles trouve plus facile, ou aussi facile,
de discuter quand les professionnels sont absents de la salle (Marsh et
Crow, 1997). En Nouvelle-Zélande, la loi stipule qu’aucun professionnel
ni aucune personne étrangère à la famille ne doit prendre part aux délibérations
privées de la famille.
Les gens craignent souvent que la violence n’éclate pendant la rencontre.
Selon des études, cela ne se produit jamais (Marsh et Crow, 1997; Pennell
et Burford, 1995), ou que très rarement (Paterson et Harvey, 1991).
L’autre crainte est que les agresseurs manipulent ou prennent le contrôle
de la situation. Chaque famille a sa propre façon d’arriver à ses décisions,
différents membres servant de chefs de file, mais dans l’ensemble, ils
ont recours au consensus et se donnent un chef en qui ils ont confiance
(Pennell et Burford, 1995). La famille finit par élaborer un plan que
chacun estime « assez bon pour être suivi ».
Dans les évaluations des rencontres auxquelles ils ont pris part, tant
les groupes familiaux que les professionnels se disent satisfaits de la
façon dont ces rencontres sont menées et dont les décisions sont prises
(Hudson et coll., 1997; Marsh et Crow, 1997; Paterson et Harvey, 1991;
Pennell et Burford, 1995).
La mise au
point du plan
Une fois que la famille a élaboré son plan d’action, elle demande au
coordonnateur et aux autres professionnels toujours disponibles (p. ex.
protection de la jeunesse, services correctionnels des jeunes, libérations
conditionnelles ou surveillées, police) de revenir dans la salle de réunion.
Le coordonnateur examine le plan avec les membres de la famille pour
s’assurer :
- qu’il couvre bien l’ensemble des préoccupations,
- qu’il expose clairement ce qu’il y a à faire et qui doit le faire,
- qu’il nomme des responsables chargés de vérifier que le plan soit
respecté et d’alerter la famille et les professionnels s’il ne l’est
pas,
- qu’il prévoie des moyens d’évaluer l’efficacité des mesures adoptées,
- qu’il prévoie les mesures à prendre lorsque les engagements ne sont
pas tenus ou quand les circonstances familiales changent.
Souvent, il est préférable de prévoir dans le plan la date à laquelle
le coordonnateur ou le travailleur des services de protection doit convoquer
de nouveau la famille ou le moment auquel le travailleur des services
de protection aura à convoquer une rencontre de famille.
La rencontre subséquente convoquée par le coordonnateur aura pour but
d’apporter au plan des changements majeurs ou de se pencher sur de nouveaux
problèmes.
Celle convoquée par les autorités mandatées aura pour but principal d’évaluer
si le plan est effectivement suivi et, si nécessaire, d’y apporter certaines
modifications.
Exception faite des cas où il faut prendre sans délai des mesures de
sécurité, le plan adopté constitue un contrat. Personne ne doit donc le
modifier sans négociation préalable entre les organismes concernés et
les membres de la famille.
Le texte écrit du plan est ensuite revu par les autorités concernées
qui l’approuvent s’il répond aux critères suivants :
- il protège la (ou les) personne(s) pour laquelle (lesquelles) la rencontre
a été convoquée;
- il respecte les lignes directrices budgétaires des organismes concernés.
Pour permettre l’adoption du plan dans les plus brefs délais et maintenir
l’esprit de collaboration, le travailleur du service de protection devrait
être présent à la dernière phase de l’élaboration du plan et être autorisé
à l’approuver sur place.
Cette façon de procéder ne peut toutefois être adoptée lorsqu’une consultation
sur les mesures de sécurité s’avère nécessaire, si les ressources demandées
excèdent les limites spécifiées ou si le plan doit être soumis au tribunal
au moment où le juge fait connaître la sentence.
Même si le plan doit être soumis à l’approbation du tribunal, les autorités
doivent être présentes à cette étape de la rencontre pour décider si elles
l’approuvent.
Presque toutes les familles réussissent à établir un plan, et la plupart
des plans reçoivent l’approbation des autorités ayant recommandé d’utiliser
cette approche (Hudson et coll., 1996; Marsh et Crow, 1997; Pennell et
Burford, 1995).
Pour pouvoir contribuer à la réalisation du plan, chaque membre de la
famille et l’organisme responsable doivent en recevoir un exemplaire.
Habituellement, le plan incorpore les services que les professionnels
auraient souhaités pour la famille, ainsi que d’autres solutions auxquelles
seule la famille pouvait penser. Les services habituels sont la thérapie
et le counseling, l’aide financière ou l’offre des biens matériels, et
divers programmes éducatifs ou récréatifs.
En plus de l’aide des organismes, le plan précise habituellement le soutien
(p. ex. garde des enfants, transport, visites) que peuvent apporter les
membres de la famille.
![La mise au point du plan](gfx/decision_making/section4af.gif)
Quand il faut décider où des enfants et des adolescents doivent vivre,
la famille choisit régulièrement, dans l’ordre :
- avec les parents,
- avec d’autres membres de la famille (grands-parents, tantes et oncles),
- en dernier recours, en dehors de la famille, dans un foyer auquel
la famille aura facilement accès.
(Hudson et coll., 1996; Marsh et Crow, 1997; Pennell et Burford, 1995).
Même si la famille tient à garder ses jeunes membres au sein du groupe
culturel, elle accorde en général la priorité à la sécurité (Pennell et
Burford, 1995).
Section 5
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Quels sont
les résultats de la prise de décision impliquant les membres de la
famille?
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Il arrive souvent que les plans ne soient pas réalisés intégralement
ou jusqu’au bout, mais les participants restent néanmoins habituellement
satisfaits des résultats (Burford et Pennell, 1997; Marsh et Crow, 1997).
Les plans tendent à produire quatre principaux résultats :
- les partenariats au sein des membres de la famille et autour de celle-ci
sont renforcés,
- les services sont mieux adaptés sur le plan culturel,
- la sécurité et le bien-être des membres de la famille sont accrus,
- le placement des enfants et des adolescents est stabilisé.
Les partenariats
Après l’activité, les membres de famille collaborent mieux parce que
ses membres :
- ont reçu des renseignements clairs sur ce qui s’est réellement passé,
- ont discuté ouvertement de sujets douloureux,
- ont planifié, d’un commun accord et avec l’aide des professionnels,
des solutions aux problèmes.
« Ma mère et moi sommes
plus proches à présent. Juste avant la rencontre de famille, nous
ne nous parlions même plus. Mon enfant est également plus proche
de ses oncles et tantes. »
– Une jeune mère,
un an après la rencontre |
Les professionnels coopèrent mieux ensemble parce qu’ils travaillent à
partir d’un plan commun et de concert avec la famille.
Des
services adaptés à la culture
Le modèle fonctionne bien dans différents pays, en milieu urbain comme
en milieu rural, auprès de populations autochtones et d’autres groupes
dont le niveau d’intégration à l’ensemble de la société varie, parce que :
- la rencontre est organisée en fonction de la famille,
- chaque plan repose sur les points forts de la famille.
« La base de la collectivité,
en région rurale, ce sont essentiellement les familles, liées par
des relations étroites, des mariages, des liens de parenté. Généralement,
quand un contrevenant revient dans sa collectivité après avoir agressé
sexuellement un membre de cette collectivité, les gens se regroupent
autour de cette personne plutôt qu’autour de la victime... Quand
on informe les gens [à la rencontre] sur l’agresseur ... et sur
les répercussions d’une agression sexuelle,... ils réagissent différemment
et traitent la victime tout autrement. »
– Un coordonnateur en région rurale |
Amélioration de la sécurité
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
L’étude menée à Terre-Neuve et au Labrador (Burford et Pennell, 1997)
montre que les plaintes de mauvais traitements envers des enfants ou des
adultes et de négligence envers des enfants diminuent dans l’année qui
suit la rencontre de famille. Cette constatation est fondée sur les rapports
des services de protection de l’enfance, de la police et des membres de
la famille. Une étude britannique (Marsh et Crow, 1997) montre que les
travailleurs sociaux estiment que les plans élaborés avec les membres
de la famille protègent les enfants mieux ou aussi bien. Le registre national
des risques confirme l’évaluation des travailleurs sociaux.
« Ils [le père et la belle-mère]
savent que si [mon fils] souffre encore de négligence... il [le
père] perdra la garde. De plus, la belle-mère sait qu’elle ne doit
pas le frapper... Les nouvelles de l’école sont bonnes. [Mon fils]
m’a aussi dit que son père et sa belle-mère le traitent bien. »
– Une mère, six mois après la rencontre de famille |
Amélioration du bien-être
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
L’étude menée à Terre-Neuve et au Labrador (Burford et Pennell, 1997)
indique que, durant un à deux ans après la rencontre de famille :
- les enfants et les adolescents font des progrès dans certains secteurs
clés de leur développement, notamment le sentiment d’identité, les relations
familiales et sociales, et le développement affectif et comportemental,
- les adultes comme les adolescents reçoivent un meilleur soutien social.
« Chacun s’est rapproché
des autres. La famille aide [la mère] en lui donnant de la nourriture,
des vêtements, en gardant ses enfants, et elle les aide quand ils
en ont besoin. »
– La soeur d’une mère victime,
deux ans après la rencontre |
Stabilisation des placements
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
L’étude britannique (Marsh et Crow, 1997) constate que dans la période
de six mois à un an suivant la rencontre impliquant les membres de la
famille, les placements d’enfants sont en général stables. Les travailleurs
estiment que, dans bien des cas, la rencontre a contribué à cette stabilité
par les décisions qui y ont été prises et parce que la famille participe
et aide davantage.
« À présent, la mère peut
faire plus de choses avec les enfants [quand elle les a chez elle],
parce qu’elle a plus d’argent [grâce au plan décidé à la rencontre].
Maintenant, les enfants ont hâte d’aller voir leur mère et elle
a hâte de les avoir avec elle. »
– Une mère d’une famille d’accueil,
17 mois après un conseil de famille |
Les plans coûtent-ils cher?
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
En général, les familles font preuve de retenue dans leurs demandes.
Dans l’étude menée à Terre-Neuve et au Labrador (Pennell et Burford, 1995),
les autorités responsables ont déclaré que les plans étaient réalisés
sans qu’elles aient eu à fournir des crédits nouveaux ou supplémentaires.
L’étude britannique (Marsh et Crow, 1997) indique que le processus n’entraîne
aucuns coûts supplémentaires et peut même réduire légèrement les coûts.
Quand il y a réduction, c’est que le placement des enfants est plus stable
et que l’on passe moins de temps devant les tribunaux et à discuter des
cas.
![Comment se concentrer sur l'action communautaire?](gfx/decision_making/section5f.gif)
Comment
se concentrer sur l’action communautaire?
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Pour favoriser le développement des partenariats, les groupes intéressés
par cette approche doivent dès le départ s’assurer de la collaboration
de plusieurs groupes, qui par la suite participeront aux rencontres (Burford,
Pennell et MacLeod, 1995), notamment les services sociaux et de santé,
la justice, le milieu scolaire et les organismes communautaires.
Pour adapter le modèle à sa situation juridique et culturelle particulière,
le groupe responsable de la mise sur pied du programme élabore d’un commun
accord les principes directeurs, les grandes orientations et les méthodes.
Une fois le programme mis sur pied, les responsables du programme doivent
continuer de recevoir l’avis des diverses parties.
Pour faire participer la collectivité, les organisateurs du programme
ont avantage à assurer :
- l’information du public,
- la formation de son personnel et de celui des autres programmes et
organismes concernés,
- une documentation facile d’accès (p. ex. cassette vidéo, traduction).
Parmi les critères de recrutement du personnel, insister sur :
- la sensibilité à la complexité et aux nuances de la violence familiale,
- la connaissance des diverses cultures présentes dans la collectivité,
- un respect manifeste des membres de la famille.
En organisant les rencontres de famille, le coordonnateur a avantage
à consulter un groupe d’experts sur la culture de la famille et les relations
entre les différents membres, et sur les ressources qui pourraient contribuer
à régler les problèmes.
Où s’adresser, au
Canada, pour obtenir plus d’information?
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Calgary Family Service Bureau, Family Group Conferencing Program, Bill
Cunes, Coordinator, 200-707 10th Ave. S.W., Calgary (Alberta) T2R 0B3;
Tél. : (403) 233-2370; Téléc. : (403) 205-5294.
Organisation de rencontres de famille pour les familles recommandées
par l’Alberta Family and Social Services, Child Protection, Calgary
Region, pour donner à ces familles les moyens de préparer un plan visant
la sécurité et la protection des enfants.
Children’s Aid Society of Metropolitan Toronto, Etobicoke Branch, 70
Chartwell Rd., Etobicoke (Ontario) M8Z 4G6; Tél. : (416) 924-4646;
Téléc. : (416) 324-2556; Courrier élec. : jthompson@casmt.on.ca
Réalisation, avec le centre George Hull et la Catholic Children’s Aid
Society of Metropolitan Toronto, d’une étude pilote sur les rencontres
de famille comme moyen de protéger les enfants.
[Community Alternative Program for Suspended Learners in Etobicoke (Capsle),
Counselling and Attendance Services, Etobicoke Board of Education, Civic
Centre Court, Etobicoke (Ontario) M9C 2B3; Tél. : (416) 394-4953;
Télec. : (416) 394-4965; Courrier élec. : zammit.l@admin.ebe.on.ca
(Lynn Zammit)
Utilisation de l’assemblée communautaire pour venir à bout de la violence
à l’école, en s’efforçant de donner aux élèves suspendus des compétences
leur permettant de retourner dans leur milieu scolaire et d’y réussir.
Community Justice Program, Fort St. John Royal Canadian Mounted Police,
10648-100th St., Fort St. John (Colombie-Britannique) V1J 3Z6; Tél.
: (250) 787-8100; Téléc. : (250) 787-8133; Courrier élec. : kmarshal@mail.ocol.com
(Karen Marshall)
Recours à des séances de « justice communautaire » dans le
cas de méfaits perpétrés par des adolescents ou des adultes; ces séances
réunissent les contrevenants, les victimes et leurs groupes de soutien
respectifs, pour discuter des conséquences du tort causé et décider
des moyens de le réparer.
Family Group Decision Making Project, School of Social Work, Memorial
University of Newfoundland, St. John’s College, St John’s (Terre-Neuve)
A1C 5S7; Tél. : (709) 737-8165; Téléc. : (709) 737-2408;
Courrier élec. : gburford@morgan.ucs.mun.ca
(Gale Burford, Joan Pennell et Susan MacLeod)
Application de la méthode de prise de décision impliquant les membres
de la famille pour venir à bout de la violence envers les enfants et
les adultes dans la famille, dans les régions urbaines et rurales, chez
les Inuit.
Family Group Decision Making Projects, Department of Child Welfare and
Family Support, Province of Manitoba, Suite 216, 114 Garry St., Winnipeg
(Manitoba) R3C 4V4; Tél. : (204) 945-6904; Téléc. : (204) 945-6717
(Phil Goodman)
Évaluation, à quatre endroits, de l’utilité de la famille pour favoriser
le mieux-être et, si possible, la réunion des familles dans les situations
exigeant la protection des enfants, dans le cas de familles autochtones.
Regina Alternate Measures Program (RAMP), Regina Aboriginal Human Services
Co-operative, #2 2815 Dewdney Ave., Regina (Saskatchewan) S4T 0X8;
Tél. : (306) 352-5415; Téléc. : (306) 565-2445
(Pauline Bucsh)
Recours aux rencontres de famille pour ramener l’harmonie entre victimes
et agresseurs et pour faire participer les victimes aux mesures visant
les coupables; destinataires : Autochtones et non-Autochtones sans
égard au statut.
Sparwood Youth Assistance Program et Sparwood Adult Offenders Program,
c/o Majic, Purdy, P.O. Box 1618, Sparwood (Colombie-Britannique) V0B 2G0;
Tél. : (250) 425-7216; Téléc. : (250) 425-0400;
Courrier élec. : gpurdy@mail.rmin.net
(Glen Purdy)
Utilisation des rencontres de responsabilisation communautaire comme
méthode de gestion du comportement des contrevenants mineurs ou adultes,
sans recours aux tribunaux.
Maison Waseskun, 3601, rue Saint-Jacques Ouest, bureau 340, Montréal
(Québec) H4C 3N4; Tél. : (514) 932-1424; Téléc. : (514) 932-8454;
Courrier élec. : http://www.waseskun.net
Utilisation des rencontres de famille comme moyen de rétablir l’équilibre
dans les collectivités autochtones, quand un contrevenant y retourne
après sa peine.
Quelques
documents utiles
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
BRAITHWAITE, J., et S. MUGFORD. « Conditions of successful reintegration
ceremonies » dans British Journal of Criminology, vol. 34, n° 2,
p. 139-171, 1994.
Pour se détacher d’un système pénal qui stigmatise le contrevenant
plutôt qu’il ne le réintègre, les auteurs préconisent le recours à l’assemblée
communautaire. L’assemblée doit être formée de participants dont les
contrevenants connaissent la sollicitude, mais vis-à-vis desquels ils
éprouveront du regret pour leur comportement.
BURFORD, G., et J. PENNELL. Family group decision making: After the conference
– progress in resolving violence and promoting well-being: Outcome report,
(vol. 1-2), St. John’s (Terre-Neuve), Family Group Decision Making
Project, Université Memorial de Terre-Neuve, École de travail social,
1998.
Le volume 1 présente les constatations tirées de 37 rencontres
impliquant les membres de la famille, tenues en milieux urbain, rural
et inuit pour traiter des cas de violence envers des enfants ou des
adultes et de négligence envers des enfants. L’effet de chaque rencontre
est évalué sur le plan du progrès de la famille, des mauvais traitements,
du développement de l’enfant et du soutien social ainsi que des répercussions
sur les services. Le volume 2 compile les recherches et les formulaires
de consentement. De plus, il existe un rapport sommaire et un Aperçus,
en anglais et en inuktitut du Labrador.
BURFORD, G., J. PENNELL et S. MACLEOD. Manuel des coordonnateurs et des
communautés : prise de décisions en conseil de famille : organisation
et pratiques, St. John’s (Terre-Neuve), Université Memorial de Terre-Neuve,
École de travail social, août 1995 (éd. rev.).
Publié en anglais, en français et en inuktitut du Labrador, ce manuel
décrit en détail les différentes étapes de l’établissement d’un programme
communautaire de prise de décision impliquant la famille, et les étapes
de la coordination des rencontres de famille.
GALAWAY, B., et J. HUDSON (éd.). Restorative justice: International perspectives,
Monsey, New York, Criminal Justice Press, 1997.
Cet ouvrage étudie les principes et la pratique de la justice réparatrice
et passe en revue les études sur le sujet. Les exemples viennent du
Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie,
du Japon et de l’Allemagne.
HUDSON, J., G. MAXWELL, A. MORRIS et B. GALAWAY (éd.). Family group conferences:
Perspectives on policy and practice, Monsey, New York, Criminal Justice
Press, 1996.
Cet ouvrage passe en revue l’histoire, les principes et la pratique
des rencontres de famille dans les domaines de la protection de l’enfance
et de la justice pour la jeunesse. Les évaluations proviennent de la
Nouvelle-Zélande, de l’Australie, de la Grande-Bretagne et du pays de
Galles, du Canada et des États-Unis.
HUDSON, J., Y. UNRAH, J. SEIPERT et W. CUNES. Family group conferencing:
Interim report, Calgary (Alberta), Calgary Family Service Bureau, 1997.
Ce rapport d’étape analyse la mise sur pied du projet de rencontres
de famille lancé en Alberta (Canada) et résume les principales constatations
que suscite son utilisation avec 18 familles suivies par les services
de protection de l’enfance. Il existe maintenant un rapport final.
MARSH, P., et G. CROW. Family group conferences in child welfare, Blackwells,
1998.
Dans le contexte du Royaume-Uni, évaluation du déroulement, des résultats
et du coût de 80 rencontres de famille; les conclusions sont comparées
à celles d’autres méthodes employées par les services de protection
de l’enfance.
MCCOLD, P. Restorative justice: An annotated bibliography, Monsey, New
York, Criminal Justice Press, 1997.
Cette bibliographie annotée couvre très largement les textes portant
sur la théorie et la pratique de la justice réparatrice.
MERKEL-HOLGUIN, L., A. P. WINTERFELD, C. HARPER, N. A. COBURN et J. D.
FLUKE. Innovations for children’s services for the 21st century:
Family group decision making and patch, Englewood, Colorado, American
Humane Association, 1997.
Pour mettre en lumière les approches communautaires de la protection
de l’enfance qui tablent sur les forces des participants, cette monographie
décrit la méthode des rencontres de famille, une autre méthode similaire,
mais plus assistée, Family Unity Meetings et une autre fondée sur le
voisinage, Patch.
PATERSON, K., et M. HARVEY. An evaluation of the organization and operation
of care and protection family group conferences, Wellington, Nouvelle-Zélande,
Department of Social Welfare, 1991.
Cette évaluation passe en revue les débuts, en Nouvelle-Zélande, du
recours aux rencontres impliquant les membres de la famille dans les
cas de protection de l’enfance. On y trouve un profil statistique national
des rencontres et la description de l’organisation, du déroulement et
des ressources, ainsi que des plans qu’elles ont produits.
PENNELL, J., et G. BURFORD. Family group decision making: New roles for
‘old’ partners in resolving family violence: Implementation Report, (vol.
1-2), St. John’s (Terre-Neuve), Université Memorial de Terre-Neuve, École
de travail social, 1995.
Le volume 1 présente les constatations tirées de la mise en place
de rencontres en milieux urbain, rural et inuit, et de 37 assemblées
pour mettre fin à la violence envers des enfants ou des adultes et à
la négligence envers des enfants. Le volume 2 compile les recherches
et les formulaires de consentement. De plus, il existe des résumés de
cet ouvrage en anglais, en français et en inuktitut du Labrador.
Glossaire
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Rencontre de famille
La famille immédiate, la famille élargie et d’autres proches qui sont
invités à se réunir
Coordonnateur
Celui qui organise et convoque la rencontre impliquant les membres
de la famille
Discussion privée
Étape de la rencontre de famille pendant laquelle les intervenants
professionnels, y compris le coordonnateur, se retirent et laissent la
famille élaborer son plan seule
Personne-soutien
Adulte choisi par un participant (habituellement l’un de ceux qui
sont menacés) pour qu’il l’accompagne pendant la rencontre et lui apporte
un soutien affectif. Cette personne peut être un parent, un ami ou un
membre de la collectivité, mais en aucun cas le coordonnateur de la rencontre
ou le travailleur chargé du cas
Plan de la famille
Entente conclue entre les membres de la famille et approuvée par l’autorité
responsable du dossier, portant sur les moyens de résoudre les problèmes
pour lesquels la rencontre a été convoquée
Nouvelle rencontre
Rencontre(s) subséquentes organisée(s) par le coordonnateur pour discuter
de nouveaux problèmes ou pour apporter des changements majeurs au plan
initial
Rencontre avec la famille
Rencontre(s) convoquée(s) par les autorités mandatées dans le but
d’évaluer si le plan est effectivement suivi et d’y apporter des modifications,
lorsque nécessaire.
Le
projet sur les rencontres de famille mené à Terre-Neuve et au Labrador
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Pour l’étude de mise en oeuvre, les principales sources de fonds du gouvernement
fédéral ont été Santé Canada (Unité de la prévention de la violence familiale), Justice Canada (Section des fonds discrétionnaires) et le
ministère du Solliciteur général (Division des politiques et de la recherche
en matière de police); pour l’étude des résultats, Développement des ressources
humaines Canada (Employabilité et partenariats sociaux). À Nain, le projet
a été coparrainé par la commission des services de santé des Inuits du
Labrador.
Remerciements
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Réviseurs de la version anglaise de la présente brochure : au Canada,
Stella Campbell, Joanne Lacroix, Brian Lyall et Susan MacLeod; aux États-Unis,
Diane Felicio, Ruth Hale, Carol Harper, Ted Keys et Sara Kobylenski; en
Angleterre, Peter Marsh; en Nouvelle-Zélande, Gabrielle Maxwell.
Les auteures
![ligne rose](gfx/decision_making/line1.gif)
Joan Pennell et Gale Burford, détentrices de doctorats universitaires,
ont codirigé les recherches dans le projet mené à Terre-Neuve et au Labrador.
Mme Pennell est directrice du Programme de travail social à l’Université
de la Caroline du Nord, où elle est également professeure. Mme Burford
est la directrice du Département de travail social à l’Université du Vermont,
où elle est également professeure.
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