avril 2002
Division de l'épidémiologie et de la
surveillance du VIH/sida
Centre de prévention et de contrôle des maladies
infectieuses
Agence de la santé publique du Canada
Le VIH et le sida au
Canada - Rapport de surveillance en
date du 31 décembre 2001
72 pages - (490 KB)
La Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida et de la surveillance des rétrovirus du Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Santé Canada, est heureuse de vous présenter Le VIH et le sida au Canada : rapport de surveillance au 31 décembre 2001.
La Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida est chargée d'analyser toutes les données, de rédiger et de coordonner la publication du présent rapport. La Division travaille en étroite collaboration avec la Division de la surveillance des rétrovirus qui gère la collecte des données de surveillance sur la VIH et le sida.
Veuillez noter que, dans le cas du Québec, le nombre de résultats positifs au test pour le VIH est fondé sur le nombre minimum des personnes séropositives. Le lecteur est prié de se reporter à la partie Limites des données de la section Notes techniques pour avoir plus d'explications à cet égard.
Nous travaillons constamment à améliorer ce rapport et apprécions toujours recevoir vos commentaires et vos suggestions.
Veuillez agréer nos sincères salutations,
Jennifer Geduld, MHSc Chef Unité de surveillance du VIH et du sida Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida |
Jonathan Smith, MSc Analyste de surveillance principal Division de la surveillance des rétrovirus |
Introduction
Ce rapport de surveillance présente les données de surveillance sur le VIH et le sida transmises par les provinces et les territoires canadiens au Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (CPCMI) jusqu'au 31 décembre 2001. Cette section décrit, avec chiffres à l'appui, les principales observations tirées des données et est suivie de tableaux détaillés faisant état des données fondamentales.
Les données de surveillance sur le VIH et le sida présentées dans ce rapport n'englobent que les personnes qui ont consulté pour subir un test de dépistage et/ou recevoir des soins médicaux. Le nombre de tests positifs pour le VIH nous fournit une description des personnes qui ont subi un test de dépistage, dont la maladie ou l'infection ont été diagnostiquées et dont la séropositivité à l'égard du VIH a été signalée. Il ne représente toutefois pas le nombre total de personnes vivant avec le VIH (prévalence) ni les nouvelles infections survenant chaque année (incidence). De même, le nombre de cas de sida déclarés représente ceux qui ont consulté pour obtenir des soins, chez qui le sida a été diagnostiqué et qui ont été signalés au CPCMI. Le nombre de cas de sida déclarés ne reflète donc pas l'incidence véritable du sida.
La Division de l'épidémiologie et de la surveillance du VIH/sida a produit des estimations de la prévalence du VIH jusqu'à la fin de 1999 et de l'incidence du VIH en 1999. Pour produire ces estimations, on a utilisé plusieurs méthodes et obtenu des données d'une grande variété de sources, y compris les résultats de tests pour le VIH, des rapports de cas de sida, des enquêtes dans la population, des études épidémiologiques ciblées et les données du recensement. On a estimé qu'à la fin de 1999, environ 49 800 personnes au Canada vivaient avec le VIH (y compris les personnes vivant avec le sida) et que 4 190 personnes avaient contracté une infection à VIH en 1999. En outre, sur ces 49 800 personnes, quelque 15 000 vivaient avec le VIH sans savoir qu'elles étaient infectées.
Données de surveillance du VIH
En tout, 50 259 résultats positifs pour le VIH ont été déclarés au CPCMI depuis que le dépistage de l'infection à VIH a commencé au Canada en novembre 1985 (tableau 1). Le nombre de tests positifs signalés chaque année a chuté de 30 %, passant de 2 988 en 1995 à 2 119 en 2000. En 2001, ce chiffre a légèrement augmenté, atteignant 2 172. Les tendances régionales sont illustrées à la figure 1.
FIGURE 1
Nombre de tests positifs pour le VIH
déclarés par province/région et année
du test
Les femmes adultes représentaient 14,4 % du total cumulatif des tests positifs pour le VIH déclarés entre novembre 1985 et décembre 2001, pour lesquels on connaissait l'âge et le sexe. Sur une base annuelle, cette proportion a progressé pour passer de 10,7 % au cours de la période s'étendant de 1985 à 1995 à 21,8 % en 1998, puis à 24,9 % en 2001 (tableaux 3B et 3C). Lorsqu'on examine les données selon le groupe d'âge, la proportion de femmes parmi les cas de sida chez les adultes est plus élevée dans le groupe des 15 à 29 ans. Comme l'illustre la figure 2, cette proportion a augmenté, passant de 14,6 % au cours de la période de novembre 1985 à décembre 1995 à 44,5 % en 2001 (tableaux 3B et 3C).
On observe une hausse constante de la proportion de tests positifs pour le VIH dans la catégorie d'exposition hétérosexuelle1, qui est passée de 8,2 % en 1985-1995 à 28,4 % en 1999. Cette proportion a légèrement baissé en 2000, pour s'établir à 25,6 %, puis a atteint 32,8 % en 2001 (figure 3 et tableau 4A).
La proportion de tests positifs pour le VIH chez homme ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSH) a diminué pour passer de 72,0 % au cours de la période de 1985 à 1995 à 37,0 % en 1999; elle a augmenté à 41,8 % en 2000, puis a chuté à 36,6 % en 2001 (tableau 4A et figure 3). La proportion de tests positifs pour le VIH chez les adultes qui sont attribués à l'utilisation de drogues par injection (UDI) est passée d'un sommet de 33,7 % en 1996 à 24,6 % en 2001.
1 Nota : La catégorie d'exposition hétérosexuelle comprend trois sous-catégories : contact sexuel avec une personne à risque, avec une personne originaire d'un pays de profil II et avec une personne du sexe opposé comme seul risque identifié (ARS-HET).
FIGURE 2Données de surveillance du sida
Depuis le commencement de l'épidémie au début des années 80, 18 026 cas de sida ont été déclarés au CPCMI (tableau 10). Le nombre annuel de diagnostics de sida, après rajustement pour tenir compte du retard de déclaration, a atteint un sommet au milieu des années 90 et a décliné depuis cette période. Toutefois, depuis quelques années le déclin est moins marqué. De plus, la tendance récente varie selon les régions, certains groupes de provinces affichant une baisse constante, un plafonnement ou encore une légère hausse en 2001.
Un facteur important qui explique la chute initiale du nombre de cas de sida vers la fin des années 90 (comme on peut le voir à la figure 4) a été le recours à une thérapie antirétrovirale très efficace depuis 1995-1996 qui a permis de retarder ou de prévenir l'apparition du sida. Les raisons du ralentissement général de la baisse observée, ainsi que de la variation régionale de la tendance récente dans les cas de sida rajustés pour tenir compte du retard, demeurent obscures. Parmi les problèmes possibles figurent l'apparition d'une résistance aux antirétroviraux et l'incertitude quant à la durée des effets des médicaments. Par ailleurs, on craint de plus en plus que les diagnostics de sida soient déclarés tardivement ou soient sous-déclarés aux ministères provinciaux et territoriaux et, subséquemment, au CPCMI, et que cette tendance s'accentue avec le temps.
Les femmes adultes représentaient 7,8 % du total cumulatif des cas de sida déclarés jusqu'au 31 décembre 2001 pour lesquels on connaissait l'âge et le sexe. Cette proportion est passée de 4,6 % en 1990 à 8,3 % en 1995, puis a crû de façon marquée pour atteindre 16,4 % en 1999. Elle a ensuite diminué pour s'établir à 11,1 % en 2000, avant de remonter à 15,7 % en 2001 (tableau 12). C'est dans le groupe des 15 à 29 ans que la proportion de femmes atteintes du sida est la plus élevée. Parmi les cas de sida déclarés dans ce groupe d'âge, la proportion de femmes est passée de 9,2 % (146/1 581) avant 1992 à 31,1 % (23/74) en 1997, puis à 43,8 % (7/15) en 2001 (tableaux 13B et 13C).
La proportion de cas déclarés de sida attribués à la catégorie d'exposition hétérosexuelle a atteint 28,8 % en 1999, a baissé à 23,9 % en 2000 et a remonté à 35,6 % en 2001. La proportion de cas déclarés chez les HRSH a régulièrement baissé au cours de la dernière décennie, pour s'établir à 44,7 % en 1999; par la suite, cette proportion est remontée à 48,9 % en 2000, pour redescendre à 44,6 % en 2001. La proportion de cas déclarés chez les utilisateurs de drogues par injection (UDI) a progressé régulièrement, passant de 2,3 % au cours de la période de 1979 à 1991 à 21,1 % en 1998, puis elle s'est stabilisée, jusqu'à ce qu'une chute soit observée en 2001, les UDI ne représentant plus que 14,4 % de tous les cas de sida déclarés chez les adultes (tableau 14A).
Comme le montre la figure 6, la proportion de cas de sida déclarés chez les « Blancs » est passée de 87,7 % avant 1992 à 66,0 % en 2001. La proportion de cas de sida déclarés attribués aux « Noirs » a augmenté, passant de 7,2 % en 1992 à 14,8 % en 1999, puis a chuté à 10,5 % en 2000 et a remonté en 2001, pour s'établir à 13,4 %. La proportion de cas de sida déclarés chez les Autochtones est passée de 1,7 % en 1992 à 10,7 % en 1999, pour ensuite reculer à près de 7,3 % au cours des 2 dernières années de déclaration.
Interprétation
Plusieurs résultats tirés des données de surveillance les plus récentes méritent une attention et un suivi particuliers au cours des prochains mois. Le nombre de tests positifs pour le VIH chez les HRSH n'a pas continué d'augmenter, comme en 2000; il a plutôt légèrement diminué au cours de l'an dernier. Il est également encourageant de constater que le nombre et la proportion de tests positifs pour le VIH et de diagnostics de sida déclarés attribués à l'UDI continuent de baisser. Toutefois, il semble que l'épidémie se déplace vers les catégories d'exposition associées à la transmission hétérosexuelle. Un autre sujet de préoccupation est la proportion croissante de tests positifs pour le VIH et de diagnostics de sida déclarés chez les femmes de 15 à 29 ans. Au cours des prochains mois, nous examinerons plus à fond ces tendances récentes.
FIGURE 6
Proportion de cas de sida signalés
par catégorie ethnique et année du
diagnostic
Nota : Il y a différentes échelles de hauteur pour les catégories ethniques blancs et non blancs