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    Office de la santé publique du Canada
Relevé des maladies transmissibles au Canada
 

Volume : 29S3 • avril 2003

Conférence de concertation
sur la coqueluche

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Conférence de concertation sur la coqueluche
41 pages - 1 756 KB en format PDF PDF

Table des matières | Sommaire  | Contexte 

début

Conférence de concertation
sur la coqueluche


TABLE DES MATIÈRES 

Sommaire
Contexte
Mot d'ouverture
Exposés
  La coqueluche : manifestations cliniques et diagnostic
  Épidémiologie 
  Immunisation  
  Prise en charge de la coqueluche
Recommandations
Références
Annexe 1 : Déclaration et traitement précoces des contacts
Annexe 2 : Liste des participants

SOMMAIRE 

Coqueluche : manifestations cliniques et diagnostic 

La coqueluche est plus grave chez les nourrissons, qui peuvent présenter des complications telles qu'une pneumonie, des convulsions ou une encéphalite et qui risquent davantage de décéder des suites de cette maladie. Les symptômes sont plus modérés chez les enfants plus âgés et les adultes, mais ils comprennent malgré tout la toux paroxystique suivie de la reprise inspiratoire sifflante (évoquant le chant du coq) caractéristique de la coqueluche et parfois des vomissements. Il existe différentes méthodes pour diagnostiquer la maladie : la culture, l'immunofluorescence directe ou l'amplification par la polymérase (PCR) et l'analyse sérologique. Auparavant, la culture constituait la méthode de choix, mais de nombreux facteurs altèrent la sensibilité de cette méthode. Selon certaines données, la PCR serait plus sensible, mais il y a lieu de normaliser les méthodes de laboratoire utilisées. 

Épidémiologie 

Le nombre de cas signalés au Canada a augmenté depuis le début des années 90, atteignant un pic tous les 4 ans. Les enfants de < 1 an présentent l'incidence la plus élevée; ils sont suivis des enfants de 10 à 14 ans. Selon des données épidémiologiques, la cohorte des enfants et adolescents immunisés entre 1980 et 1992 au moyen du vaccin à germes entiers adsorbé de Connaught courent actuellement un risque accru de coqueluche, car ce vaccin n'a conféré qu'une faible protection et aucune dose de rappel du vaccin anticoquelucheux acellulaire n'a été administrée. La vulnérabilité de la cohorte s'est traduite par une hausse graduelle de l'âge des cas au fil du temps. La baisse de l'immunité est un autre facteur qui touche ce groupe d'âge. 

Le vaccin anticoquelucheux acellulaire semble avoir un impact positif sur le nombre de cas signalés dans les provinces qui l'ont intégré à leur programme de vaccination il y a quelques années. En Colombie- Britannique, l'incidence de la coqueluche et les taux d'hospitalisation chez les nourrissons et les enfants d'âge préscolaire ont chuté depuis l'introduction du vaccin en 1997. L'analyse des tendances relatives à l'incidence dans cette province durant les années 90 fait ressortir une hausse du nombre de cas durant la période intermédiaire de l'enfance. En 2000, une plus forte proportion des cas a été enregistrée chez les 10 à 14 ans que chez les nourrissons et les enfants d'âge préscolaire. La surveillance moléculaire des souches de Bordetella pertussis en Alberta et au Québec montre que de nouvelles souches sont en train d'apparaître dans ces provinces et qu'on abandonne les «anciens» types de vaccins. 

Le nombre de cas déclarés de coqueluche a aussi augmenté aux États-Unis durant la dernière décennie. En outre, depuis la fin des années 90, le nombre de décès liés à la coqueluche est également en hausse, surtout chez les nourrissons. Les groupes d'âge les plus affectés sont les 10 à 19 ans et, à un degré moindre, les adultes de 20 ans et plus. L'incidence s'est stabilisée vers le milieu des années 90 parmi les nourrissons qui ont reçu au moins deux doses du vaccin acellulaire. Dans un essai randomisé contrôlé prospectif mené aux États-Unis, on a estimé que l'incidence de la coqueluche chez les 15 à 65 ans se situait entre 370 et 860 cas pour 100 000 personnes. Une étude visant à évaluer l'incidence de la maladie chez les adultes en France a donné des résultats semblables (884 pour 100 000). En France, on a observé un changement dans la transmission de la coqueluche, soit d'adulte à nourrisson au lieu d'enfant à enfant. La hausse du nombre de cas déclarés au Royaume-Uni a particulièrement touché les < 3 mois, mais on croit que la sous-déclaration est importante. Dans une étude menée dans la collectivité auprès de patients âgés de 5 à 92 ans présentant une toux durant > 3 semaines, le taux d'incidence a été estimé à 330 pour 100 000, alors que le taux de déclaration officiel pour cette période était inférieur à 4 pour 100 000. Enfin, en Australie, le nombre de décès liés à la coqueluche a grimpé de 1986-1995 à 1996-2002. Les données d'hospitalisation de 2001 révèlent que la majorité des cas graves étaient âgés de < 8 semaines (c.-à-d. le groupe d'âge non immunisé). 

Immunisation 

Bien qu'ils soient utilisés au Japon depuis plus de 20 ans, les vaccins anticoquelucheux acellulaires n'ont été intégrés que relativement récemment aux programmes de vaccination des autres pays. Au Royaume-Uni, on utilise un vaccin à germes entiers pour la première série de vaccins et une dose de rappel du vaccin acellulaire a été ajoutée en 2001. En France, un vaccin à germes entiers est également administré aux nourrissons, mais on donne maintenant des doses de rappel du vaccin acellulaire entre 16 et 18 mois et entre 11 et 13 ans en raison de l'évolution des profils épidémiologiques. En Suède, les doses de la première série vaccinale et la dose de rappel (entre 6 et 10 ans) renferment toutes le vaccin acellulaire. Le calendrier d'immunisation au Canada consiste en une première série de vaccins à 2, 4 et 6 mois, suivie de doses de rappel à 18 mois et entre 4 et 6 ans. Les études de la réponse immunitaire aux vaccins anticoquelucheux ont montré que même si les titres d'anticorps diminuent progressivement avec le temps avant de s'élever à l'administration de la dose de rappel, le nombre de lymphocytes T augmente, demeurant élevé entre les doses. Les vaccins anticoquelucheux acellulaires confèrent une immunité cellulaire plus longue et plus efficace que les vaccins à germes entiers. 

Des essais cliniques ont permis d'estimer à 85 % l'efficacité du vaccin anticoquelucheux acellulaire actuellement utilisé au Canada. Les données hospitalières du Programme de surveillance de l'immunisation active (IMPACT) du Canada démontrent l'efficacité supérieure du vaccin acellulaire : depuis 1998, année de l'introduction du vaccin, la proportion d'enfants hospitalisés de < 3 mois a grimpé de façon spectaculaire par rapport à celle des enfants de 6 à 12 mois (c.-à-d. ceux qui ont reçu trois doses du nouveau vaccin). Les tendances observées parmi les cas déclarés chez les enfants plus âgés au Québec depuis 1998 témoignent aussi de l'efficacité du vaccin. Lors d'essais internationaux, les vaccins acellulaires comprenant au moins trois antigènes de la coqueluche se sont avérés plus efficaces que ceux renfermant un ou deux antigènes, mais les vaccins acellulaires n'ont pas toujours été supérieurs aux vaccins à germes entiers sur le plan de l'efficacité. En effet, bien qu'ils soient associés à moins d'événements indésirables que les vaccins à germes entiers, les vaccins acellulaires entraînent des réactions au point d'injection (p. ex., enflure et sensibilité) qui augmentent de façon marquée à l'administration de la première dose de rappel, et encore plus à la deuxième. On a même signalé des cas d'enflure du membre entier. 

Une enquête sur les programmes de vaccination provinciaux et territoriaux au Canada a révélé que toutes les provinces et tous les territoires offraient un vaccin dT (antitétanique et antidiphtérique) financé par l'État aux jeunes de 14 à 16 ans. Grâce à la nouvelle formulation du vaccin anticoquelucheux acellulaire destiné aux adolescents et aux adultes (DCaT), on espère que l'immunisation universelle - peut-être combinée aux vaccins dT actuels - permettra non seulement de réduire la morbidité dans ces groupes d'âge, mais aussi d'accroître l'immunité collective et de réduire la transmission aux nourrissons. Cependant, il reste encore des questions à régler entourant le calendrier vaccinal et la sécurité. Terre-Neuve et le Labrador ont incorporé le vaccin anticoquelucheux pour adolescents à la dose de rappel contre le tétanos et la diphtérie en 1999-2000; il est toutefois trop tôt pour en évaluer l'impact. 

Une étude de modélisation des coûts-avantages de l'immunisation des adolescents a donné des résultats favorables à l'utilisation du vaccin, mais en raison des réserves concernant la méthodologie, il a été recommandé de répéter l'étude. À l'aide d'un modèle mathématique dynamique et de données épidémiologiques du Québec, on a estimé que l'immunisation des adolescents entraînerait une réduction globale de la maladie de l'ordre de 15 %, principalement dans le groupe des 15 à 25 ans plutôt que chez les nourrissons. 

Prise en charge de la coqueluche 

Au Canada, le traitement recommandé contre la coqueluche consistait à administrer de l'érythro- mycine (40-50 mg/kg) tous les jours durant 10 jours jusqu'à un maximum de 1 g. Le traitement doit débuter dans les 3 semaines suivant l'apparition de la toux. En raison des effets secondaires de l'érythromycine, on s'est penché sur la possibilité de réduire la durée du traitement ou d'utiliser d'autres macrolides; on a ainsi observé qu'un traitement de 7 jours est aussi efficace qu'un traitement de 14 jours (guérison bactériologique) et entraîne moins d'effets indésirables. La clarithromycine et l'azithromycine se sont toutes deux avérées aussi efficaces que l'érythromycine tout en causant moins d'effets secondaires, mais elles coûtent plus cher. Comme la coqueluche se transmet par contact étroit avec les sécrétions respiratoires d'une personne infectée, on soumet habituellement les contacts familiaux à une chimioprophylaxie à l'érythromycine. Dans ce milieu, ce traitement a une efficacité de 67 % en ce qui concerne la prévention de cas secondaires confirmés bactériologiquement, mais il ne prévient pas adéquatement les cas cliniques. De plus, il est peu probable qu'il soit efficace à l'extérieur d'un milieu fermé. La maîtrise des éclosions par la chimioprophylaxie est entravée par le coût des antibiotiques ainsi que par le manque de connaissances et d'interventions appropriées des médecins praticiens, qui ne réalisent peut-être pas que la coqueluche chez les adultes doit être prise au sérieux pour différentes raisons. 

Recommandations 

À la suite de discussions en petits groupes, on a élaboré une série de recommandations, qui ont été soumises pour adoption en séance plénière. Ces recommandations abordent divers aspects de la lutte contre la coqueluche : les objectifs d'une stratégie de lutte contre la coqueluche, le diagnostic, la surveillance, le traitement et la chimioprophylaxie ainsi que la prise en charge des éclosions. Les recommandations complètes sont présentées à la page 22. 


CONTEXTE 

La coqueluche est due à une infection aiguë des voies respiratoires par Bordetella pertussis. Elle est principalement caractérisée par une toux paroxystique se terminant par une inspiration sifflante et des vomissements. La maladie peut entraîner des complications graves chez les nourrissons; la plupart des décès liés à la coqueluche se produisent dans ce groupe d'âge. Depuis l'introduction du vaccin anticoquelucheux au Canada à la fin des années 40, le nombre de cas déclarés de coqueluche a chuté, passant de 160 pour 100 000 (juste avant l'intro-duction du vaccin) à < 20 pour 100 000 durant les années 80. Cependant, l'incidence déclarée de la coqueluche a remonté durant les années 90. On a aussi observé une tendance émergente, évidente dans plusieurs provinces (ainsi que dans d'autres pays), consistant en une croissance du fardeau de la maladie chez les enfants plus âgés (10 à 14 ans) et les adultes. De plus, il y a tout lieu de croire que la sous-déclaration de la coqueluche est considérable chez les adultes, qui constituent une source importante de transmission de l'infection aux nourrissons et aux enfants. 

Le vaccin anticoquelucheux acellulaire, introduit au Canada en 1997-1998, a remplacé l'ancien vaccin à germes entiers. Le calendrier d'immunisation prévoit une première série de vaccins à 2, 4 et 6 mois, suivie de doses de rappel à 18 mois et entre 4 et 6 ans. La préparation vaccinale acellulaire destinée aux adolescents et aux adultes a une teneur en antigène plus faible, et elle est recommandée pour la dose de rappel des adolescents (Guide canadien d'immunisation, 2002). 

La dernière conférence de concertation sur la coqueluche a eu lieu en 1993. En raison de l'évolution de l'incidence de la coqueluche au cours de la dernière décennie, il pourrait être nécessaire de modifier la stratégie de lutte contre la maladie pour améliorer l'efficacité des interventions. Cette réunion sur invitation, organisée par l'Association canadienne de santé publique et le Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses (Santé Canada), visait à définir des objectifs nationaux en matière de prévention et de lutte contre la coqueluche. Le présent rapport est un compte rendu de la réunion. 

Après avoir écouté des exposés d'experts de différents secteurs, les participants ont formé des petits groupes pour aborder des questions précises entourant la coqueluche, y compris les objectifs d'une stratégie de lutte contre la coqueluche, le diagnostic, la surveillance, le traitement et la chimioprophylaxie ainsi que la gestion des éclosions. Les recommandations qui ont résulté de ces délibérations ont été soumises pour discussion à l'ensemble des participants. Elles ont ensuite été adoptées par consensus (accord d'au moins 90 % des participants). Ces recommandations ne sont pas nécessairement appuyées par Santé Canada, l'Association canadienne de santé publique ni les gouvernements provinciaux et territoriaux. 

Cette réunion a été rendue possible en partie par des subventions éducatives sans restrictions d'Aventis Pasteur Inc. et de GlaxoSmithKline. 


MOT D'OUVERTURE 

Dre Arlene King 

La première mention de la coqueluche dans les annales médicales remonte à 1540. La première épidémie a été signalée en 1578; des épidémies d'envergure ont suivi au 17e et au 18e siècles. La principale caractéristique de la maladie, la reprise inspiratoire sifflante (évoquant le chant du coq), se produit après une quinte de toux paroxystique qui entrave l'inspiration, laquelle est accompagnée d'un bruit particulier. Au Canada, un vaccin anti- coquelucheux à germes entiers a été mis au point dans les années 40 et, depuis cette époque, le nombre annuel de cas déclarés a diminué de 71 %. Le vaccin acellulaire a été introduit en 1997. 

Les participants seront appelés à évaluer un certain nombre de questions nouvelles à l'égard de la coqueluche (p. ex., administration du vaccin acellulaire aux enfants et aux nourrissons, administration de la nouvelle préparation vaccinale contre le tétanos, la coqueluche [acellulaire] et la diphtérie destinée aux adolescents et aux adultes qui remplace la dose de rappel de dT, évolution de l'incidence au cours de la dernière décennie). Toutes ces questions auront des répercussions sur les objectifs de la lutte contre la coqueluche, les stratégies d'immunisation et de surveillance, le traitement et la prophylaxie. 


[Prochaine]

Dernière mise à jour : 2003-06-05 début