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Volume 21, No 4 - 2000

  Agence de santé publique du Canada

Un indice de défavorisation pour la planification de la santé et du bien-être au Québec

Robert Pampalon et Guy Raymond

Volume 21, No 3 - 2000


Résumé

Alors que les politiques publiques de santé au Québec et au Canada visent une réduction des inégalités sociales de santé et de bien-être, il est pour le moins étonnant de constater que la plupart des systèmes d'information du secteur ne comportent aucune mention des caractéristiques socio-économiques des personnes. En s'inspirant du concept de défavorisation développé par Peter Townsend et d'autres auteurs, le présent article propose un indice reflétant les dimensions matérielle et sociale de la défavorisation. L'article décrit la méthodologie retenue pour la confection de l'indice, lequel fait notamment usage des données du recensement et des outils développés par Statistique Canada pour établir la concordance entre le code postal et le secteur de dénombrement. Il fournit des exemples de son utilisation dans trois systèmes d'information sur la santé et le bien-être au Québec, soit les décès, les hospitalisations et les naissances. Il montre comment la connaissance acquise peut être utile à la planification et à l'intervention sociosanitaire.

Mots clés : défavorisation; géographie; hospitalisation; inégalités sociales; mortalité; naissances; Québec


Introduction

La présence d'écarts de santé et de bien-être reliés aux inégalités sociales est maintenant bien connue et la lutte aux inégalités est devenue un enjeu majeur des politiques publiques de santé à travers le monde 1,2, au Canada 3,4 et au Québec5,6. Parmi les stratégies mises de l'avant par la politique québécoise de la santé et du bien-être5, on compte l'amélioration des conditions de vie, telles que la scolarité et le revenu, le soutien aux milieux de vie (la famille, l'école et le travail) et une action auprès des groupes dits vulnérables, en raison de leur état de santé et de bien-être.

Si l'on fait exception des récentes enquêtes générales sociales et de santé 7, la mesure des inégalités sociales de santé et de bien-être a toujours posé quelque problème au Québec. Cela tient à l'absence de données à caractère socio-économique dans les principaux systèmes d'information servant à établir l'état de santé et de bien-être de la population ou encore la consommation de services. C'est le cas du fichier des décès, de celui des hospitalisations, du registre des tumeurs, du fichier de l'assurance maladie du Québec et des nombreux autres fichiers que le réseau de la santé et des services sociaux se donnent actuellement afin de suivre l'évolution des activités et des clientèles dans le secteur de l'hébergement, des services à domicile, de l'enfance et de la jeunesse, et de bien d'autres secteurs encore.

Pour contourner cette difficulté les chercheurs se sont tournés vers l'approche écologique, en substituant le territoire (le quartier ou le district de CLSC ) à l'individu et en considérant sur cette base la présence d'inégalités sociales de santé 8-12. Malgré l'apport indéniable de cette approche, celle-ci a ses limites. Elle se fonde sur des territoires et des populations souvent peu homogènes. Elle n'est utilisée que dans les grandes agglomérations urbaines et elle n'a pas de référence conceptuelle explicite, du moins unique.

Notre intention est ainsi de proposer un indice de défavorisation qui s'appuie sur des bases conceptuelles explicites, un indice qui puisse être introduit dans les fichiers du secteur de la santé et des services sociaux et qui puisse retracer les inégalités de santé et de bien-être reliées à la défavorisation. Notre intention est surtout de décrire la confection de cet indice et d'illustrer, à l'aide d'exemples, les possibilités qu'il offre pour l'analyse des inégalités et pour l'intervention sociosanitaire. Nous dirons d'abord quelques mots du concept de défavorisation et de sa mesure, à l'échelle internationale. Nous verrons ensuite comment ce concept fut adapté au contexte québécois et fournirons quelques exemples de son utilisation. Nous terminerons par quelques mots sur les possibilités de l'indice en regard de l'intervention.

Le concept de défavorisation

C'est au cours des années 80, en Angleterre, que le terme de défavorisation (deprivation, en anglais) a émergé d'une longue tradition d'analyses sur les inégalités sociales de la santé. Peter Townsend 13 voit la défavorisation comme un «état observable et démontrable de désavantage relatif face à la communauté locale ou à l'ensemble de la société à laquelle appartient l'individu, la famille ou le groupe» [traduction]. Ce désavantage peut se situer à divers plans : celui de la nourriture, du vêtement, de l'habitation, de l'éducation ou du travail. En fait, une personne est considérée comme défavorisée dans la mesure où, pour une ou plusieurs caractéristiques, elle se retrouve sous le niveau qui est atteint par la majorité de la population ou qui est jugé acceptable dans la société.

Peter Townsend fait la distinction entre deux formes de défavorisation, l'une matérielle, l'autre sociale. Alors que la défavorisation matérielle réfère aux biens et commodités de la vie moderne, à la présence d'une automobile, d'un téléviseur ou d'espaces verts dans le quartier, par exemple, la défavorisation sociale concerne les relations entre individus au sein de la famille, au travail et dans la communauté. La première forme de défavorisation se distingue, selon l'auteur, du concept de «pauvreté», lequel est davantage relié aux ressources, particulièrement financières, nécessaires à l'acquisition des biens et commodités modernes. La seconde forme de défavorisation se rapproche toutefois du concept de «capital social»14, traduisant certaines caractéristiques de l'organisation sociale telles que l'isolement ou la cohésion sociale, l'individualisme ou la coopération, l'entraide, la confiance entre personnes, etc.

L'une et l'autre formes de défavorisation entretiennent des liens étroits avec la santé et le bien-être de la population. Elles sont liées à la mortalité générale dans l'ensemble de la population15,16 et à la mortalité prématurée, qu'elle soit générale ou par cardiopathies ischémiques ou autres formes de décès reliées au tabagisme17. Elles varient avec la morbidité sous toutes ses formes, de l'incidence du cancer18 jusqu'à la restriction des activités19, en passant par les maladies respiratoires, le diabète20 et la carie dentaire21. Elles sont également associées à la santé mentale, notamment à l'utilisation des services psychiatriques, de courte et de longue durée22-25, de même qu'à la criminalité26. Elles servent enfin de guide à l'administration des services de santé publics, dans le secteur particulièrement des ressources médicales27,28.


La mesure de la défavorisation

Deux indices se retrouvent à la base de nombreux travaux portant sur la défavorisation, surtout matérielle : celui de Townsend13 et celui de Carstairs et Morris29. Les deux indices comptent quatre variables, dont trois sont identiques, soit le chômage, l'absence d'automobile et le surpeuplement du logement; le premier indice compte en plus la propriété du logement, le second, la classe sociale inférieure. Dans la construction des indices, les quatre variables sont normalisées, centrées et réduites, puis additionnées, en donnant un poids égal à chacune d'elles.

Un troisième indice développé par Jarman et al.30, le Under-privileged Areas score (UPA), est également fort utilisé dans les études portant sur la défavorisation; incidemment, cet indice sert à la rémunération des médecins en Angleterre. L'indice compte huit variables, incluant, outre les variables déjà mentionnées, les familles monoparentales, les jeunes de moins de 5 ans, les personnes retraitées vivant seules et les immigrants récents. Le poids donné à chaque variable dans la construction de l'indice diffère et correspond à la perception qu'ont les médecins de l'impact de cette variable sur leur charge de travail. Une analyse comparative des trois indices31 montre que les deux premiers ont de meilleure corrélation que le troisième avec un ensemble d'indicateurs de santé.

Enfin, les études portant sur la défavorisation font parfois appel à d'autres formes d'indices ou encore à une panoplie de variables distinctes, incluant, outre les variables déjà mentionnées, le revenu, la scolarité, l'état matrimonial, la mobilité résidentielle, etc.13,22,31.

Ces mesures sont essentiellement produites sur la base de petits territoires, tels que le ward et l'enumeration district en Angleterre16-18,20,29, le small area market statistics en Suède28 ou le meshblock en Nouvelle-Zélande32, en tirant parti des données disponibles dans les recensements nationaux. Ces mesures peuvent être reportées par la suite sur des dossiers individuels lors d'enquêtes auprès de la population26 et de clientèles particulières20,22,23 ou encore donner lieu à des analyses écologiques16-18,27,29. Lors de telles analyses, les petits territoires se voient habituellement regroupés en de plus vastes ensembles de nature statistique, en fragmentant de manière arbitraire (en quintile ou en décile, par exemple) la distribution des territoires selon leur niveau de défavorisation, du plus faible au plus élevé.

Ce qui importe lors de la production de telles mesures est de recourir à une unité géographique de base qui soit la plus petite et la plus homogène possible, en termes de caractéristiques socio-économiques. La précision et l'ampleur des inégalités sociales de santé et de bien-être observées dépendra fortement du choix de cette unité géographique de base. Ainsi, en Angleterre, on a montré que des analyses fondées sur l'enumeration district (environ 500 personnes, en moyenne) plutôt que le ward (plus de 5000 personnes, en moyenne) réduisent les erreurs de classification des individus, mènent à de meilleures corrélations entre les inégalités sociales et la santé et favorisent un financement des services médicaux qui est plus continu dans le temps, lorsque l'on passe d'un recensement à l'autre27,33,34.


Données et méthodes

L'unité géographique de base

L'unité géographique de base retenue est le secteur de dénombrement (SD) et ce, pour deux raisons. La première est qu'il constitue la plus petite unité géographique pour laquelle des données du recensement sont établies au Canada; le SD compte, en moyenne, 750 personnes. La seconde est qu'il est possible de faire le lien entre l'information géographique (le code postal, à 6 positions) disponible sur les fichiers de santé et de bien-être au Québec et le SD, grâce au fichier de conversion du code postal35.

Ce ne sont pas tous les SD du Québec qui ont été retenus pour l'analyse. On a d'abord exclu les régions du Nunavik et des Terres-cries-de-la-Baie-James, en raison de la piètre qualité des données issues du recensement. On a par la suite éliminé tous les SD comptant moins de 250 personnes (moins de 68 ménages), ce qui correspond à la taille minimale retenue par Statistique Canada pour qu'une mesure de revenu soit produite. Parmi les SD ainsi éliminés, on en compte un grand nombre qui n'ont aucune population et qui correspondent à des territoires non organisés. Parmi eux, également, on compte la vaste majorité des institutions du secteur de la santé et des services sociaux (hôpitaux, établissements psychiatriques, foyers pour personnes âgées, centres de réadaptation, etc.), car, selon les règles du recensement36, un établissement collectif de 75 lits et plus constitue un SD à lui seul. Au total, ce sont 9 058 SD qui font partie de la présente analyse et ceux-ci représentent environ 96 % de l'ensemble de la population et des ménages du Québec.

S'il est possible d'établir l'équivalence entre les codes postaux (à 6 positions) et les SD, cette équivalence n'est pas parfaite. Un peu moins de 6 % des codes postaux recouvrent plus d'un SD. Pour ces codes postaux, l'attribution du SD se fait de façon aléatoire et proportionnelle, en fonction de la population de chaque SD se retrouvant dans un même territoire de code postal. Cette population provient du fichier de la pondération de la population par codes postaux, de Statistique Canada37.


Les indicateurs

L'indice de défavorisation intègre six indicateurs que l'on a retenus pour les raisons suivantes : leurs relations avec un grand nombre de problématiques du secteur de la santé et du bien-être; leurs affinités avec l'une et l'autre formes de défavorisation : matérielle et sociale; et leur disponibilité dans le recensement canadien par SD. Ce sont la proportion de personnes n'ayant pas de certificat d'études secondaires (SCOLAR), le rapport emploi/population (EMPLOI), le revenu moyen (REVMOY), la proportion de personnes séparées, divorcées ou veuves (S_D_V), la proportion de familles monoparentales (F_MONO) et la proportion de personnes vivant seules (SEULES). Les indicateurs ont été ajustés selon l'âge et le sexe de la population (sauf la proportion de familles monoparentales) de manière à mettre surtout en évidence les conditions économiques et sociales des personnes32. Certains de ces indicateurs, enfin, ont été transformés en leur logarithme (REVMOY, S_D_V, SEULES) ou leur racine carrée (F_MONO) afin d'en normaliser la distribution.


L'intégration des indicateurs

L'intégration d'indicateurs se fait généralement selon deux approches : l'approche additive, avec pondération, retenue lors de la création d'indices de défavorisation en Angleterre13,29,30 et l'approche factorielle, privilégiée lors de la mise au point d'indices socio-économiques38-40 et, plus récemment, d'un indice de défavorisation, en Nouvelle-Zélande32. Nous avons opté pour cette dernière approche parce que le poids de chaque indicateur dans l'indice n'est pas déterminé de façon arbitraire en fonction des perceptions du chercheur ou d'un groupe d'intervenants (les omnipraticiens, par exemple30), mais en raison des relations statistiques existant entre les indicateurs sur le territoire considéré. Nous avons eu recours plus spécifiquement à l'analyse en composante principale (une forme d'analyse factorielle), en imprimant une rotation de type Varimax et en ne retenant que les composantes dont la valeur propre (eigenvalue) est supérieure à 1,00. Deux composantes ont répondu à ce critère et c'est à partir de ces deux composantes, et de leur croisement, que nous avons élaboré l'indice de défavorisation (tableau 1).


TABLEAU 1
Principales composantes des indicateurs formant l'indice de défavorisation par secteur de dénombrement (
n = 9 058)

Indicateur

Composante

1

2

Personnes peu scolarisées (SCOLAR)

-0,89-

-0,01-

Rapport emploi/population (EMPLOI)

0,80

-0,27-

Revenu moyen (REVMOY)

0,86

-0,25-

Personnes vivant seules (SEULES)

-0,13-

0,82

Personnes séparées, divorcées ou veuves (S_D_V)

-0,16-

0,86

Familles monoparentales (F_MONO)

-0,14-

0,76

   Variance expliquée

37 %

36 %

   Variance cumulée

37 %

73 %

NOTE : Les valeurs ci-haut sont les saturations entre indicateur et composante. Elles s'interprètent comme des coefficients de corrélation.

Source : Recensement canadien de 1996

   

Ces deux composantes résument chacune un peu plus du tiers des variations associées aux six indicateurs considérés, pour un total de 73 %, et se distinguent fortement l'une de l'autre quant à leur signification. Alors que la première composante résume les variations associées à la scolarité, l'emploi et le revenu sur le territoire québécois et traduit une dimension plutôt matérielle de la défavorisation, la seconde composante résume les variations des indicateurs associés à la dimension sociale de la défavorisation, soit la proportion de personnes veuves, séparées ou divorcées, de familles monoparentales et de personnes vivant seules.

Afin de valider la pertinence du modèle à la grandeur du territoire québécois, nous avons repris la même analyse en composante principale dans quatre zones distinctes du Québec, soit la Région métropolitaine de recensement de Montréal, les autres Régions métropolitaines de recensement du Québec (Québec, Sherbrooke, Hull, Chicoutimi-Jonquière et Trois-Rivières), les Agglomérations de recensement (les villes ayant entre 10 000 et 100 000 habitants) et, enfin, les petites villes et le monde rural. Une même structure factorielle a été retrouvée dans chacune des zones avec des niveaux de synthèse variant entre 72 % et 75 % dans les trois premières zones et de 62 %, dans les petites villes et le monde rural.


Le regroupement des secteurs de dénombrement

Afin d'assurer une certaine précision statistique dans l'analyse des inégalités de santé et de bien-être, on a dû procéder au regroupement des SD de manière à constituer des populations non seulement homogènes - en termes de défavorisation matérielle et sociale - mais aussi de taille respectable. Le regroupement s'est effectué sur la base de la note factorielle (factor score), laquelle traduit l'importance de chaque composante dans chaque SD, et s'est opéré de manière conventionnelle16,18,27,29. Pour chacune des composantes, on a d'abord ordonné les notes factorielles - du SD le plus favorisé au SD le plus défavorisé - puis fragmenté la distribution obtenue en quintile, en fonction de la taille de la population de chaque SD. Ainsi, le quintile 1 représente la population la plus favorisée au Québec et, inversement, le quintile 5, la population la plus défavorisée.

Enfin, on a croisé les deux groupes de quintiles (pour un total de 25 groupes), de manière à distinguer les populations qui sont simultanément ou non favorisées, ou défavorisées, sur les plans matériel et social. Ainsi, le croisement des quintiles 1 sur les deux dimensions regroupe la population la plus favorisée simultanément aux plans matériel et social et, inversément, le croisement des quintiles 5, la population la plus défavorisée.


Les indicateurs de santé et de bien-être

Les valeurs de défavorisation ont été introduites dans trois systèmes d'information, soit les décès, les hospitalisations et les naissances. Diverses mesures ont été produites par quintile et croisement de quintiles de défavorisation. Certaines mesures sont générales telles que l'espérance de vie à la naissance, l'indice comparatif de mortalité (ICM) des années 1995 à 1997 et le taux d'hospitalisation ajusté selon l'âge et le sexe de la population ainsi que selon le niveau d'intensité des ressources mises en oeuvre (APR-DRG : système de classification et de pondération des patients en courte durée) de l'année 1997-1998. En ce qui concerne l'ICM, des tests du P2 ont été réalisés afin d'établir le caractère significatif de la différence entre les valeurs par quintile et croisement de quintiles et celle de l'ensemble du Québec41.

D'autres mesures sont plus spécifiques et visent à vérifier la sensibilité de l'indice, en l'associant à des problématiques pour lesquelles les conditions matérielles et sociales d'existence sont reconnues comme un déterminant important7,17,24,25,42,43. Il s'agit de l'indice comparatif de mortalité prématurée (les 35-74 ans) par tabagisme, du taux ajusté d'hospitalisation pour troubles mentaux et de deux mesures relatives à la période périnatale, soit le taux de fécondité chez les adolescentes (< 20 ans) et le taux de naissances de bébé de faible poids (< de 2500 grammes) chez l'ensemble des femmes du Québec, au cours des années 1995 à 1997.

Les événements traités ont pour la plupart (entre 89 % et 96 %) trouvé une correspondance avec une valeur de défavorisation (tableau 2). Parmi ceux qui n'ont pu trouver une telle correspondance, il y a ceux associés à un SD exclu de l'analyse, en raison de leur taille, et ceux comportant un code postal non valide. Moins de 3 % des événements comportaient un code postal non valide.

Résultats

La défavorisation présente une trame géographique bien caractérisée au Québec et des divergences comme des convergences peuvent être notées entre ses formes matérielle et sociale (tableau 3). La défavorisation matérielle est particulièrement forte en périphérie du Québec, dans les petites villes et en milieu rural. Elle s'atténue à l'approche des agglomérations de taille plus importante, tout spécialement dans les banlieues, puis elle croît à nouveau au centre de ces agglomérations. La défavorisation sociale, pour sa part, est une réalité largement urbaine alors qu'elle s'accroît des banlieues aux centres-villes des agglomérations. Sa trame géographique suit d'ailleurs d'assez près celle de la satisfaction de la vie sociale telle que mesurée dans les Enquêtes sociales et de santé du Québec44,45. En somme, c'est au centre-ville des agglomérations que l'on retrouve les populations les plus défavorisées aux plans matériel et social (quintiles 5 et 5) alors que la défavorisation matérielle est importante en périphérie du Québec et la défavorisation sociale, en milieu urbain.


TABLEAU 2
Les événements considérés selon le type de fichier et la possibilité d'associer
une valeur de défavorisation, en nombre et pourcentage

Fichier

Avec valeur de défavorisation

Sans valeur de défavorisation

TOTAL

SD exclu

CP non valide

n

%

n

%

n

%

n

%

Décès

121 217

89

11 415

8

 3 892

3

136 524

100

 - tabagismea

 10 928

94

   506

4

   191

2

 11 625

100

Hospitalisations

716 668

92

40 907

5

19 731

3

777 306

100

 - troubles mentauxb

 38 074

92

 2 198

5

 1 184

3

 41 456

100

Naissances

239 786

95

 9 215

4

 3 111

1

252 112

100

 - < 20 ans

 10 891

91

   828

7

   197

2

 11 916

100

 - < 2500 g

 14 250

96

   505

3

   166

1

 14 921

100

a Cancers des lèvres, de la cavité orale, du pharynx, de l'oesophage, de la trachée, des bronches et du poumon; bronchite, emphysème et obstruction des voies aériennes chez les personnes
de 35 à 74 ans. CIM-9: 140 à 149, 150,161,162,491,492, 496
b Psychoses et névroses diverses. CIM-9: 290 à 316

Sources : Fichiers des décès 1995-1997; fichier Med-Echo 1997-1998; fichiers des naissances 1995-1997

TABLEAU 3
Caractéristiques générales de la population selon le quintile de défavorisation :
nombre, groupe d'âge et certains lieux de résidence, Québec, 1996

     

Lieu de résidence

Quintile de défavorisation

Population
(
n)

Groupe d'âqe

RMR de Montréal

Petites villes et rural
(%)

0 à 17 ans
(%)

65 ans et +
(%)

Île de Montréal
(%)

Périphérie
(%)

Matérielle

 

1

1 367 798

23,4

10,3

35,3

30,3

 2,3

2

1 367 859

24,1

10,1

21,5

30,7

 8,2

3

1 367 281

23,6

11,2

20,8

25,6

16,9

4

1 367 943

23,4

12,3

23,5

17,9

31,1

5

1 367 081

23,8

13,3

24,6

 7,0

47,8

Sociale

 

1

1 367 522

28,8

 7,1

10,4

31,0

32,8

2

1 366 503

26,5

 9,3

10,0

26,6

31,6

3

1 368 213

24,0

11,6

19,9

20,7

26,2

4

1 367 708

20,9

14,2

36,9

19,0

12,6

5

1 368 016

18,1

14,9

48,4

14,2

 3,0

Matérielle et sociale

 

1 et 1

  315 221

29,4

 5,8

28,3

45,3

 1,6

5 et 5

  325 770

20,3

15,0

50,9

 2,9

 2,9

Le Québec

6 837 962

23,7

11,4

25,1

22,3

21,3

Source : Recensement canadien de 1996

   

Cette trame prolonge en partie le profil démographique de la population (tableau 3). Les populations les plus défavorisées aux plans matériel et social (quintiles 5 et 5) sont un peu plus âgées que leurs concitoyens plus favorisés (quintiles 1 et 1), en raison de différences marquées au plan de la défavorisation sociale. Il appert que la défavorisation sociale s'accroît de pair avec l'âge de la population.

Ces contrastes sont toutefois sans commune mesure avec ceux concernant les conditions sociales de la population (tableau 4). S'il y a entre deux et trois fois plus de personnes âgées (15,0 %/5,8 %) entre les populations les plus et les moins défavorisées, le ratio s'élève à environ 9 et 5 pour 1 en ce qui concerne les personnes vivant seules (20,2 %/2,2 %) et les familles monoparentales (34,1 %/6,9 %). Les écarts de scolarité, d'emploi et de revenu sont également appréciables et ces écarts, rappelons-le, existent au-delà des différences dans le profil démographique des groupes de défavorisation.

 


TABLEAU 4
Valeurs moyennes
a des indicateurs formant l'indice de défavorisation selon le quintile de défavorisation, Québec, 1996

Quintile de défavorisation

SCOLAR
(%)

EMPLOI
(%)

REVMOY
($)

SEULES
(%)

S_D_V
(%)

F_MONO
(%)

Matérielle

 

1

18,1

66,0

30 045

 8,9

 9,9

13,2

2

28,8

60,8

23 280

 8,7

10,5

14,7

3

36,1

56,8

20 907

 9,7

11,0

15,9

4

43,1

52,7

18 703

10,5

11,5

17,4

5

53,3

43,1

15 624

11,0

12,1

19,0

Sociale

 

1

35,8

59,6

23 475

 3,5

 6,5

 7,2

2

36,1

57,4

22 792

 5,6

 8,6

10,9

3

35,7

56,3

22 161

 8,1

10,5

14,5

4

35,8

54,9

21 067

12,1

12,8

19,2

5

35,9

51,4

19 068

19,4

16,5

28,4

Matérielle et sociale

 

1 et 1

17,2

68,2

32 684

 2,2

 6,2

 6,9

5 et 5

51,5

38,7

13 958

20,2

18,3

34,1

Le Québec

35,9

55,9

21 712

 9,7

11,0

16,0

a II s'agit de moyennes des secteurs de dénombrement couverts par l'indice de défavorisation.
Source : Recensement canadien de 1996

LÉGENDE
SCOLAR : proportion de personnes n'ayant pas de certificat d'études secondaires
EMPLOI : rapport emploi/population
REVMOY : revenu moyen
S_D_V : proportion de personnes séparées, divorcées ou veuves
F_MONO : proportion de familles monoparentales
SEULES : proportion de personnes vivant seules


   

Le recours à l'analyse en composante principale (avec rotation Varimax) fait en sorte que les dimensions matérielle et sociale de la défavorisation sont relativement indépendantes au plan statistique. La corrélation est en effet de 0,00 entre les notes factorielles des deux composantes et de 0,03 entre les quintiles issus de ces notes factorielles. Voilà pourquoi on peut noter au tableau 4 que les variations entre quintiles sont fortes pour certaines variables et faibles, ou nulles, pour d'autres. Elles sont fortes lorsque ces variables ont servies à définir la composante et faibles dans le cas contraire. La faible scolarité, par exemple, croît de pair avec la défavorisation matérielle et non avec la défavorisation sociale. Cette observation est importante pour l'interprétation des relations entre les indicateurs de santé et de bien-être et la défavorisation.

L'espérance de vie à la naissance s'accroît de façon continue avec l'aisance matérielle, tant chez les hommes que chez les femmes (tableau 5) alors qu'il en va différemment avec la dimension sociale, chez les femmes. Au total, c'est près de 9 années d'espérance de vie qui séparent les hommes les plus et les moins défavorisées au Québec (quintiles 1 et 1 contre 5 et 5), et un peu moins de 3 années chez les femmes. La mortalité générale reprend ce profil mais il en va tout autrement de la mortalité prématurée reliée au tabagisme (tableau 6). Ici, la progression entre la mortalité et la défavorisation est continue autant chez les hommes que chez les femmes et elle vaut autant pour la défavorisation matérielle que pour la défavorisation sociale.

 


TABLEAU 5
Espérance de vie à la naissance selon le quintile de défavorisation, Québec, 1995-1997

Quintile de défavorisation

Hommes
(ans)

Femmes
(ans)

TOTAL
(ans)

Matérielle

 

1

78,5

84,9

81,9

2

76,4

84,0

80,4

3

75,5

83,7

79,7

4

75,3

83,6

79,5

5

73,7

82,5

77,9

Sociale

 

1

76,5

82,0

79,0

2

76,7

83,6

80,0

3

76,5

84,6

80,7

4

75,8

84,2

80,2

5

73,4

82,9

78,4

Matérielle et sociale

 

1 et 1

79,7

83,7

81,8

5 et 5

71,0

81,1

76,0

Le Québec

75,8

83,7

79,8

Source : Fichier des décès, 1995-1997


TABLEAU 6
Indices comparatifs de mortalité générale et de mortalité prématurée reliée au tabagisme
a
selon le sexe et le quintile de défavorisation, Québec, 1995-1997

Quintile de défavorisation

Mortalité générale (ICM)b

Mortalité tabagisme (ICM)b

Hommes

Femmes

TOTAL

Hommes

Femmes

TOTAL

Matérielle

 

1

0,81

***

0,89

***

0,85

***

0,67

***

0,73

***

0,71

***

2

0,96

***

0,98

 

0,96

***

0,98

 

0,96

 

0,97

 

3

1,03

**

1,00

 

1,01

*

1,02

 

1,00

 

1,01

 

4

1,03

***

1,01

 

1,02

***

1,09

***

1,08

*

1,08

***

5

1,14

***

1,08

***

1,12

***

1,19

***

1,16

***

1,18

***

Sociale

 

1

0,92

***

1,07

***

1,01

 

0,85

***

0,88

**

0,90

***

2

0,92

***

0,99

 

0,97

***

0,86

***

0,88

**

0,89

***

3

0,94

***

0,93

***

0,94

***

0,96

 

0,88

**

0,94

**

4

1,00

 

0,97

***

0,98

***

1,01

 

1,01

 

0,99

 

5

1,18

***

1,05

***

1,09

***

1,30

***

1,26

***

1,23

***

Matérielle et sociale

 

1 et 1

0,68

***

0,88

***

0,77

***

0,53

***

0,69

***

0,60

***

5 et 5

1,37

***

1,17

***

1,26

***

1,63

***

1,47

***

1,52

***

Le Québec

1,00

 

1,00

 

1,00

 

1,00

 

1,00

 

1,00

 
a Voir au tableau 2.
b ICM (indice comparatif de mortalité) différent de la valeur québecoise (1,00) à p < 0,001 ***; p < 0,01 **; p < 0,05 *.
Source : Fichier des décès, années 1995 à 1997

    L'hospitalisation croît également de pair avec la défavorisation matérielle, tant chez les hommes que chez les femmes (tableau 7). Elle varie par contre de manière différente avec la défavorisation sociale, alors qu'elle diminue d'abord avec elle pour ensuite croître de manière constante, mais très faiblement. Il en va tout autrement de l'hospitalisation pour troubles mentaux qui augmente de façon continue tant chez les hommes que chez les femmes et pour l'une et l'autre formes de défavorisation. Une telle augmentation vaut également pour le taux de fécondité chez les adolescentes et le taux de naissances de bébé de faible poids (tableau 8).


TABLEAU 7
Taux d'hospitalisation générale
a et d'hospitalisation reliée aux troubles mentauxb
selon le sexe et le quintile de défavorisation, Québec, 1997-1998

Quintile de défavorisation

Hospitalisation générale (%)

Hospitalisation troubles mentaux (%)

Hommes

Femmes

TOTAL

Hommes

Femmes

TOTAL

Matérielle

 

1

10,3

11,1

10,7

0,60

0,80

0,70

2

12,2

12,8

12,5

0,76

1,01

0,89

3

12,6

13,3

13,0

0,81

1,09

0,95

4

13,1

13,7

13,5

0,93

1,10

1,02

5

14,2

15,1

14,7

1,01

1,29

1,15

Sociale

 

1

12,2

13,9

13,2

0,62

0,86

0,74

2

11,7

13,2

12,6

0,67

0,88

0,77

3

12,4

12,8

12,6

0,76

0,93

0,85

4

12,8

13,0

12,9

0,91

1,13

1,03

5

13,9

14,2

13,9

1,19

1,46

1,33

Matérielle et sociale

 

1 et 1

 9,3

11,2

10,4

0,45

0,63

0,55

5 et 5

15,9

16,7

16,2

1,49

1,72

1,61

Le Québec

12,5

13,2

12,9

0,82

1,05

0,94

a Taux pour 100 habitants
b Voir au tableau 2.
Source : Fichier Med-Écho, année 1997-1998

TABLEAU 8
Taux de fécondité chez les adolescentes
a et taux de naissances de bébés de faible poidsb chez l'ensemble des femmes du Québec, selon le quintile de défavorisation, 1995-1997

Quintile de défavorisation

Fécondité (%)

Faible poids (%)

Matérielle

 

1

0,58

5,07

2

1,09

5,35

3

1,53

5,89

4

1,95

6,19

5

2,65

7,12

Sociale

 

1

0,92

5,22

2

0,94

5,54

3

1,30

5,93

4

1,93

6,28

5

3,11

6,74

Matérielle et sociale

 

1 et 1

0,26

4,72

5 et 5

4,71

8,19

Québec

1,56

5,94

a Naissances chez les femmes de moins de 20 ans pour 100 femmes de 15 à 19 ans
b Naissances de moins de 2500 grammes pour 100 naissances vivantes
Source : Fichier des naissances, années 1995 à 1997

 

   

Discussion

L'ampleur des inégalités mises en évidence, et l'ampleur tout spécialement des inégalités dans la mortalité prématurée par tabagisme, l'hospitalisation pour troubles mentaux, la fécondité chez les adolescentes et les naissances de bébé de faible poids montre que l'indice de défavorisation est particulièrement sensible aux conditions matérielles et sociales d'existence.

Notre approche pour y parvenir n'est pas totalement nouvelle. Déjà, au Canada, on a eu recours au code postal à 6 positions pour introduire une mesure de revenu sur des enregistrements de décès46-48 et des écarts d'espérance de vie comme de mortalité, pour plusieurs causes, ont pu être retracés. Néanmoins notre approche diffère des études antérieures sur plusieurs plans.

Elle repose d'abord sur un concept de défavorisation clairement établi, comprenant deux dimensions, l'une matérielle (incluant une mesure de revenu) et l'autre sociale, deux dimensions que retrouve d'ailleurs notre analyse en composante principale. Nos résultats montrent que ces dimensions ne se superposent pas nécessairement sur le territoire québécois et que des milieux peuvent très bien être défavorisés au plan matériel et pas au plan social, et inversement. Ils montrent aussi que l'une et l'autre formes de défavorisation peuvent avoir un impact sanitaire qui lui est propre et qui s'accroît lorsque les deux formes interviennent conjointement. Cet impact peut également varier entre les sexes et selon l'indicateur de santé et de bien-être considéré. Il y a donc un intérêt à distinguer ces deux formes de défavorisation.

Notre approche recourt également à des statistiques issues du SD (plutôt que du secteur de recensement) pour estimer le niveau de défavorisation des personnes. Des travaux réalisés au Québec49 et ailleurs 7,33,34 montrent que plus le territoire de référence est petit, plus la population est homogène, plus on évite les erreurs de classification et plus on décèle des écarts de santé qui sont importants. Une étude récente réalisée au Manitoba50 indique également que le revenu moyen des ménages du SD est un aussi bon prédicteur de mortalité, d'hospitalisation et d'autres problèmes de santé que le revenu déclaré par le ménage lors du recensement. Ainsi, il semble y avoir un avantage à retenir le SD dans ce genre d'étude.

Certains travaux51,52 nous rappellent cependant qu'une mesure territoriale, si petit soit le territoire, n'est pas une mesure individuelle et qu'il peut être hasardeux d'utiliser l'une comme proxi de l'autre. De fait, une mesure territoriale est un condensé de caractéristiques individuelles et de caractéristiques du milieu qui, séparément et conjointement, ont un impact sur la santé de la population 53,54. Avoir recours à une mesure territoriale fournit ainsi une estimation globale de cet impact sur la santé de la population sans que la contribution respective des caractéristiques individuelles et des caractéristiques du milieu ait pu être précisée.

Notre approche propose enfin un modèle de défavorisation qui couvre la vaste majorité du territoire et de la population du Québec et non seulement un échantillon ou une partie de celui-ci. Il propose notamment un modèle qui soit valable partout, peu importe la zone de résidence. Un tel modèle peut donc favoriser une connaissance plus complète des inégalités de santé et de bien-être chez la population ainsi qu'une planification adaptée des ressources, en tout point du territoire, ce qui constitue un avantage pour un système de santé et de services sociaux qui, comme au Québec, laisse une large place à l'intervention locale et régionale.

Le présent indice offre justement de nombreuses possibilités pour la planification et l'intervention sociosanitaire. En voici quelques-unes.

Il nous paraît d'abord important de réaliser une analyse extensive des inégalités dans tous les secteurs relatifs à la santé et au bien-être de la population. Notre indice de défavorisation le permet et nous débutons une analyse détaillée non seulement de la mortalité et des hospitalisations mais aussi des tumeurs malignes, de la consommation médicale et des services à l'intention des jeunes (victimes d'abus et de négligence) et des personnes âgées résidant à domicile. Cette analyse permettra une première évaluation des inégalités de santé et de bien-être reliées à la défavorisation, un suivi de ces inégalités et leur prise en compte dans les politiques et programmes publics.

Notre indice peut également soutenir l'intervention à l'échelle régionale et locale. Comme l'indice est une mesure géographique, issue du recensement, il peut servir à établir le profil de défavorisation des communautés, à l'échelle régionale et locale, et à préciser leur localisation sur le territoire. Comme l'indice peut aussi être introduit dans les fichiers clientèles qui traduisent le recours aux services, il peut servir à établir le profil de défavorisation des clientèles desservies, à l'échelle régionale et locale. En comparant le profil de défavorisation de la population à celui des clientèles, il devient alors possible d'estimer le niveau de pénétration des services auprès de la population défavorisée du territoire. Nous avons d'ailleurs démarré un tel projet en ce qui concerne les services dispensés dans les CLSC du Québec.

Notre indice peut enfin faciliter la mesure des besoins de la population en matière d'allocation des ressources entre les régions et les communautés locales. Actuellement, la mesure des besoins au Québec55,56, ailleurs au Canada57-59 et dans le monde60,61 tient compte de deux paramètres, l'âge de la population et ses caractéristiques sociosanitaires, et elle fait appel à deux méthodologies distinctes, une pour chacun des paramètres. Notre indice de défavorisation permettra d'unifier la mesure des besoins, en recourant dans les deux cas à un profil de consommation qui soit provincial et que l'on projète à l'échelle régionale ou locale.

En somme, les possibilités offertes par l'indice à des fins de connaissance et d'intervention sociosanitaire sont considérables, et ce, non seulement au Québec mais aussi ailleurs au Canada puisque les outils nécessaires à sa confection existent.


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Références des auteurs

Robert Pampalon, Institut national de santé publique du Québec, 930, chemin Sainte-Foy, Québec (Québec) G1S 2L4; Téléc. : (418) 643-9328; Courriel : robert.pampalon@msss.gouv.qc.ca

Guy Ramond, Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, Québec (Québec)

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Dernière mise à jour : 2002-10-02 début