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Relevé des maladies transmissibles
au Canada
Volume 28 DCC-3 le 15 février 2002 Une déclaration d’un comité consultatif
(DCC) MISE À JOUR DE LA DÉCLARATION
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Figure
1. Baisse de la réceptivité à la varicelle avec l’âge, selon les données de
prévalence recueillies à Terre-Neuve (1992-1997) et les enquêtes auprès des
personnes qui s’occupent des enfants en milieu scolaire au Manitoba (1996-1997)
et au Québec (1995-1997) |
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On considère souvent que la maladie est relativement bénigne chez les enfants de < 12 ans qui sont par ailleurs en bonne santé. C’est toutefois dans ce groupe d’âge qu’on observe environ 90 % de tous les cas de varicelle, entre 80 % et 85 % des consultations médicales liées à la varicelle, entre 85 % et 90 % des hospitalisations, près de 50 % des cas mortels et la majorité des coûts annuels, la plupart étant associés aux pertes de productivité des personnes qui leur prodiguent des soins. Les complications de la varicelle englobent les infections bactériennes secondaires de la peau et des tissus mous, l’otite moyenne, la bactériémie, l’ostéomyélite, l’arthrite septique, l’endocardite, la fasciite nécrosante, le syndrome du choc toxique, l’hépatite bénigne et la thrombopénie. Au terme d’études effectuées au Canada et aux États-Unis (É.-U.), les chercheurs ont indiqué que la varicelle multiplierait de 40 à 60 fois le risque d’une grave infection invasive par le streptocoque bêta-hémolytique du groupe A chez des enfants auparavant en bonne santé(4,11). Les complications neurologiques rares de la varicelle englobent l’ataxie cérébelleuse et l’encéphalite. Ces complications sont plus fréquentes chez les sujets qui contractent la varicelle à l’adolescence ou à l’âge adulte, car les taux de pneumonie, d’encéphalite et de mortalité sont plus élevés dans ces groupes. Les taux de létalité sont de 10 à 30 fois plus élevés chez les adultes que chez les enfants. Aux É.-U., 5 % des cas de varicelle mais 55 % des 100 décès qui sont attribués à cette maladie chaque année sont observés chez les adultes. Au Canada, 70 % des 53 décès imputés à la varicelle entre 1987 et 1996 ont été recensés chez des personnes âgées de > 15 ans. Selon les résultats d’une étude multicentrique, les coûts médicaux et sociaux de la varicelle au Canada s’élèveraient à 122,4 millions $ par année, ou à 353 $ par cas(5,6). Quatre-vingt-un pour cent de ces coûts ont été imputés aux dépenses personnelles et à la perte de productivité, 9 % aux soins médicaux ambulatoires et 10 % aux soins médicaux en milieu hospitalier. Varivax II® Le vaccin Varivax II® a été homologué au Canada le 26 août 1999. Il a la même composition que le vaccin Varivax® (le premier vaccin antivaricelleux homologué au Canada), mais son niveau d’activité initial est plus élevé au moment où le lot est mis en circulation. Cette activité accrue permet d’avoir un produit plus stable. Les recommandations relatives à l’entreposage de Varivax® et Varivax II® englobent la conservation au congélateur à -15 oC, mais Varivax II® peut être transféré et conservé au réfrigérateur à une température de +2 oC à +8 oC pendant une période continue de <= 90 jours. Par contre, Varivax® peut être conservé au réfrigérateur pendant <= 72 heures. À partir de la date de production, Varivax II® a une durée de conservation de 18 mois au congélateur, et la date de péremption est imprimée sur l’emballage. Lorsqu’on le transfère du congélateur au réfrigérateur, il faut calculer la nouvelle durée de conservation de 90 jours à l’aide d’un «dispositif de datation» fourni par le fabricant et inscrire la nouvelle date de péremption sur le flacon. Pour sa part, le CCNI indique qu’on peut aussi utiliser une période de 3 mois exactement après la date du retrait du congélateur comme date de péremption. Une fois que le vaccin a été placé au réfrigérateur, il ne devrait pas être recongelé. Après avoir été reconstitués et conservés pendant une période
de <= 30 On s’attend à ce que le meilleur profil de stabilité de Varivax II® en fera un produit plus recherché pour la vaccination générale. Indications Le vaccin contre la varicelle est recommandé pour les personnes de >= 12 mois qui sont réceptives à la varicelle. Les enfants de 12 mois à 12 ans devraient recevoir une dose de 0,5 mL du vaccin. Les personnes âgées de >= 13 ans devraient recevoir deux doses de 0,5 mL, à au moins 4 semaines (28 jours) d’intervalle. Pour l’instant, on ne sait pas s’il est nécessaire d’administrer des doses de rappel après la primovaccination. En pratique, on estime que le vaccin conférera une protection de 70 % à 90 % contre la varicelle, qu’il s’agisse de la forme bénigne ou grave de la maladie et une protection de 95 % contre une varicelle grave pendant au moins 7 à 10 ans après la vaccination, ce qui correspond à la période d’observation signalée jusqu’à maintenant. Il n’est pas nécessaire de reprendre le schéma vaccinal si l’administration de la seconde dose a été retardée. Le vaccin devrait être administré par voie sous-cutanée. Il n’est pas recommandé de demander un titrage des anticorps spécifiques après l’immunisation en raison du degré élevé d’immunité conféré par le vaccin et parce que les épreuves de laboratoire commerciales dont on dispose actuellement ne sont pas suffisamment sensibles pour déceler la présence des anticorps induits par le vaccin. Les personnes immunodéprimées peuvent ne pas être aussi bien protégées par la vaccination que les personnes en bonne santé. La varicelle est une maladie infantile courante, et le pourcentage des enfants qui ont contracté l’infection augmente avec l’âge. Des antécédents de varicelle fiables constituent une preuve suffisante de l’immunité, et il n’y a pas vraiment lieu d’administrer le vaccin à ces personnes. Il est donc recommandé d’obtenir les antécédents de varicelle avant de procéder à l’immunisation. Dans le cas des personnes âgées de >= 13 ans dont les antécédents de varicelle sont inconnus, il pourrait être utile de leur faire subir une épreuve sérologique avant la vaccination afin de déterminer si celle-ci est indiquée. Le coût d’une telle épreuve pourrait ou non être inférieur au coût de l’immunisation, et l’utilité du titrage des anticorps devrait dépendre du coût du programme. En général, dans le cas d’un programme d’immunisation systématique, il n’est pas pratique de faire subir des épreuves sérologiques avant la vaccination, mais dans les cas individuels, par exemple chez les grands adolescents et les adultes qui pourraient avoir contracté le virus sauvage dans le passé, le dépistage pourrait être envisagé. Étant donné que 95 % des adultes au Canada ont eu la varicelle, il n’est pas nécessaire de vacciner systématiquement cette population. Il y a peut-être lieu d’administrer le vaccin à certains groupes d’adultes dont on trouvera la liste ci-dessous. Les personnes pour qui le vaccin contre la varicelle est spécifiquement recommandé sont : Pour réduire l’incidence et la plus grande partie de la morbidité attribuable à la varicelle :
Pour prévenir la varicelle congénitale et la morbidité et la mortalité pendant la grossesse et la période périnatale :
Pour prévenir la transmission de la varicelle dans les établissements de soins de santé :
Pour prévenir les cas de varicelle sévère chez les personnes réceptives à haut risque de varicelle grave en raison d’une maladie sous-jacente :
Personnes immunodéprimées - considérations spéciales :
La vaccination des personnes suivantes ne comporte aucun risque additionnel ou indu :
Pour prévenir une varicelle sévère chez les adultes réceptifs :
La Conférence nationale canadienne de concertation sur la varicelle a recommandé la mise en oeuvre d’un programme d’immunisation universel contre la varicelle prévoyant la vaccination de rattrapage chez les enfants plus âgés et les adolescents. L’application de cette recommandation dépend de facteurs comme le coût et la stabilité du vaccin. Le CCNI est d’accord avec la recommandation selon laquelle les programmes provinciaux et territoriaux d’immunisation devraient être conçus pour protéger tous les enfants et les adolescents réceptifs contre la varicelle. Utilisation du vaccin contre la varicelle après une exposition et durant une éclosion Il a été établi que le vaccin permettait de prévenir la varicelle ou d’en réduire la gravité s’il est administré à une personne réceptive dans les 3 jours, et peut-être même < 5 jours, suivant l’exposition à la varicelle(7-9). L’usage du vaccin à cette fin n’a pas donné lieu à une augmentation des taux d’effets secondaires. Il faut envisager d’administrer le vaccin après une exposition dans les milieux où il peut être souhaitable de prévenir l’apparition de cas secondaires ou de lutter contre une éclosion (p. ex., dans les hôpitaux et les garderies). La vaccination post-exposition est particulièrement utile lorsqu’il s’agit de prévenir la maladie chez les personnes réceptives chez qui on risque davantage d’observer des complications (p. ex., les adultes ou certaines personnes immunodéprimées pour lesquelles le vaccin est recommandé). Il n’est pas nécessaire d’effectuer des épreuves sérologiques de réceptivité avant la vaccination lors d’une éclosion, selon les circonstances particulières. Pour obtenir des recommandations concernant l’usage de l’immunoglobuline contre la varicelle et le zona, le lecteur est prié de se reporter au Guide canadien d’immunisation, 5e édition, 1998. Dans les provinces et les territoires qui ne disposent pas de programmes publics de vaccination contre la varicelle, le rôle du service de santé publique pourrait se limiter à faire des recommandations concernant la disponibilité et l’efficacité de la vaccination après une exposition et à orienter des personnes vers un professionnel de la santé compétent. En milieu hospitalier, on recommande de procéder à la prévention primaire de la varicelle chez les travailleurs de la santé par la recherche d’antécédents de la maladie, le dépistage et l’immunisation des personnes réceptives avant l’embauche ou lors de l’entrée en fonction plutôt qu’à la vaccination après l’exposition. Références 1. Comité consultatif national de l’immunisation. Déclaration
sur l’usage recommandé du vaccin antivaricelleux. RMTC 1999;25(DCC-1):1-16. 2. Mandal BK, Mukherjee PP, Murphy C et coll. Adult susceptibility to varicella in the tropics is a rural phenomenon due to the lack of previous exposure. J Infect Dis 1998;178(Suppl 1):S52-4. 3. Kjersem H, Jepsen S. Varicella among immigrants from the tropics, a health problem. Scand J Soc Med 1990;18:171-74. 4. Santé Canada. Travaux de la Conférence nationale de
concertation sur la varicelle. Montréal (Québec), du 5 au 7 mai 1999.
RMTC 1999;25S5:1-30. 5. Law BJ, Fitzsimon C, Ford-Jones L et coll. Cost of chickenpox
in Canada: Part 1. Cost of uncomplicated cases. Pediatrics 1999;104:1-6. 6. Law BJ, Fitzsimon C, Ford-Jones L et coll. Cost of chickenpox in Canada: Part 2. Cost of complicated cases and total economic impact. Pediatrics 1999;104:7-14. 7. Asano Y, Nakayama H, Yazaki T et coll. Protection against
varicella in 8. Arbeter AM, Starr SE, Plotkin SA. Varicella vaccine
studies in healthy 9. Salzman MB, Garcia C. Postexposure varicella vaccination
in siblings of 10. Levin MJ, Gershon AA, Weinberg A et coll. and the AIDS Clinical Trials Group 265 Team. Immunization of HIV-infected children with varicella vaccine. J Pediatr 2001;139:305-10. 11. Davies HD, McGeer A, Schwartz B et coll. Invasive group
A streptococcal infections in Ontario, Canada. N Engl J Med 1996;335:547-54. 12. Wise RP, Salive ME, Braun MM et coll. Postlicensure safety surveillance for varicella vaccine. JAMA 2000;284:1271-79. * Membres : Dr V. Marchessault (président), Dre A. King (secrétaire générale), J. Rendall (secrétaire administrative), Dr I. Bowmer, Dr G. De Serres, Dr S. Dobson, Dre J. Embree, Dr I. Gemmill, Dr J. Langley, Dre P. Orr, Dr B. Ward, A. Zierler. Représentants de liaison : S. Callery (CHICA), Dr J. Carsley (ACSP), Dr V. Lentini (DDN), Dre M. Douville-Fradet (CCE), Dr T. Freeman (CMFC), Dr R. Massé (CCMOH), K. Pielak (CNCI), Dr J. Salzman (CCMTMV), Dr L. Samson, (SCP), Dr D. Scheifele (CAIRE), Dr M. Wharton (CDC), Dre A. McCarthy (SCMI).
Représentants d’office : Dr L. Palkonyay (DPBTG). † Cette déclaration a été préparée par la Dre Monika Naus et approuvée par le CCNI. |
Dernière mise à jour : 2002-02-15 |