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Relevé des maladies transmissibles
au Canada
Vol. 24 (DCC-4)
15 novembre 1998
Une déclaration d'un comité consultatif (DCC)
Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages
(CCMTMV)*
DÉCLARATION SUR LES MALADIES DE HAUTE ALTITUDE
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Introduction
De nombreux Canadiens choisissent de passer leurs vacances dans des
endroits situés en haute altitude (> 1 500 m). À mesure que
l'altitude augmente, la pression totale et la pression partielle de l'oxygène
diminuent, ce qui entraîne une hypoxie pouvant être associée à une réduction
de la performance physique, une ventilation accrue et des symptômes comme
les vertiges, la fatigue, des troubles de la conscience ainsi que des
troubles du sommeil. S'il est vrai que le risque augmente avec l'altitude,
certaines personnes sensibles peuvent éprouver des symptômes du mal des
montagnes dès qu'elles atteignent à une altitude de 2 500 m.
Les affections spécifiques causées par l'altitude englobent le mal aigu
des montagnes (MAM), l'oedème pulmonaire de haute altitude (OPHA), l'oedème
cérébral de haute altitude (OCHA) ainsi que diverses autres affections
(tableau 1). Les voyages en altitude peuvent
également aggraver des maladies sous-jacentes, en particulier les maladies
cardio-respiratoires. Il est possible de classer les altitudes en fonction
du risque croissant de problèmes de santé : haute altitude (1 500
à 3 500 m), très haute altitude (> 3 500 à 5 500
m) et altitude extrême (> 5 500 m)(1). Le risque
de souffrir d'une maladie liée à l'altitude augmente en fonction directe
de la vitesse d'ascension et de l'altitude atteinte. Une ascension rapide
à une altitude supérieure à > 5 500 m, même si l'exposition est
courte, peut être associée à une maladie grave, voire fatale. À 5 500 m,
la pression barométrique n'est que la moitié de celle qui est mesurée
au niveau de la mer. De plus, la température chute en moyenne à raison
de 6,5 oC tous les 1 000 m et la pénétration des
rayons ultraviolets (UV) augmente d'environ 4 % pour chaque gain
de 300 m d'altitude(1). La combinaison du froid et de
l'hypoxie accroît le risque de gelures et de troubles liés à l'altitude.
Cette plus grande pénétration des rayons UV fait augmenter le risque de
coup de soleil, de cancer de la peau et d'ophtalmie des neiges. De plus,
en l'absence de vent, la réflexion du soleil sur les glaciers plats peut
provoquer un rayonnement intense accompagné d'une élévation paradoxale
de température qui atteint parfois 40 oC. Aussi, les signes
du coup de chaleur et de la déshydratation peuvent ne pas être reconnus.
L'acclimatation est le processus par lequel les alpinistes s'adaptent
graduellement à l'hypoxie. Ce phénomène améliore la performance et, en
fin de compte, la survie à des altitudes extrêmes.
Tableau 1 Troubles physiques potentiels associés
à l'ascension à haute altitude(1)
Hypoxie aiguë+ |
Mal aigu des montagnes+
|
Oedème cérébral de haute altitude+
|
Oedème pulmonaire de haute altitude+
|
Syndromes vasculaires cérébraux
|
Oedème périphérique |
Rétinopathie+ |
Thrombo-embolie |
Troubles du sommeil et respiration
périodique+ |
Pharyngite et bronchite de haute
altitude |
Exposition aux rayons ultraviolets
et ophtalmie des neiges |
Exacerbation de maladies préexistantes
|
+ Abordé dans le présent document |
Recommandations
Le tableau 2 présente les catégories de la médecine
fondée sur des preuves pour la fermeté et la qualité des preuves à l'appui
des recommandations suivantes.
Hypoxie aiguë
Une hypoxie aiguë profonde peut survenir durant une ascension rapide
ou lorsqu'il se produit une chute abrupte de l'oxygénation. Cette dernière
peut être attribuable à divers facteurs : surmenage, intoxication
par l'oxyde de carbone, oedème pulmonaire, apnée du sommeil ou dérèglement
du système de transport de l'oxygène. Les symptômes de l'hypoxie englobent
la fatigue, l'émoussement de la conscience, le vertige, la somnolence,
les hallucinations et les tintements d'oreilles. L'hypoxie aiguë peut
entraîner la perte de conscience, qui survient chez la personne non acclimatée
à une saturation d'oxygène artérielle (SaO2) de 40 % à
60 % ou à une PO2 artérielle de < 30 mm Hg(1).
Tableau 2 Tableau récapitulatif de la fermeté et
de la qualité des preuves(2)
Catégories relatives à la fermeté de chaque recommandation
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CATÉGORIE
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DÉFINITION
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A
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Preuves suffisantes pour recommander l'utilisation.
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B
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Preuves acceptables pour recommander l'utilisation.
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C
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Preuves insuffisantes pour recommander ou déconseiller l'utilisation.
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D
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Preuves acceptables pour déconseiller l'utilisation.
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E
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Preuves suffisantes pour déconseiller l'utilisation.
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Catégories relatives à la qualité des preuves sur lesquelles
reposent les recommandations
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CLASSE
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DÉFINITION
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I
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Données obtenues dans le cadre d'au moins un essai comparatif convenablement
randomisé.
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II
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Données obtenues dans le cadre d'au moins un essai clinique bien
conçu, sans randomisation, d'études de cohortes ou d'études analytiques
cas-témoins, réalisées de préférence dans plus d'un centre, à partir
de plusieurs séries chronologiques ou résultats spectaculaires d'expériences
non comparatives.
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III
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Opinions exprimées par des sommités dans le domaine et reposant
sur l'expérience clinique, des études descriptives ou des rapports
de comités d'experts.
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Recommandations pour le traitement de l'hypoxie aiguë
-
Le traitement de l'hypoxie aiguë englobe l'administration immédiate
d'oxygène, la pressurisation rapide ou la descente à une altitude
inférieure(3) (A II).
-
Dans la mesure du possible, il faut corriger les causes secondaires
de l'hypoxie comme le surmenage, l'apnée ou l'incapacité de l'organisme
de transporter l'oxygène (B II).
-
Il faut envisager l'hyperventilation; elle peut contribuer à la
ventilation-minute et donc prolonger la période de conscience (B II).
Mal aigu des montagnes
Le tableau 3 résume la définition du MAM du
Comité de concertation du Lac Louise de 1993. On peut évaluer les symptômes
du MAM au moyen d'un questionnaire que le patient remplit lui-même et
d'un examen clinique qui permet de déceler des changements de l'état mental,
ainsi que la présence d'une ataxie et d'un oedème périphérique. On considère
maintenant que le MAM est d'abord imputable à la réponse de l'organisme
à une hypoxie modérée et qu'il présente des caractéristiques physiopathologiques
différentes de celles de l'hypoxie aiguë simple, car il s'accompagne d'échanges
hydriques qui ne sont pas observés dans l'hypoxie. Dans certains cas,
le MAM peut survenir après une augmentation modeste de l'altitude. L'incidence
du MAM diminue avec l'âge(4) et est observée chez environ 25 %
des adultes qui font une ascension à 2 000 m à partir du niveau de
la mer(5) et 28 % des enfants à 2 835 m(6).
Le MAM n'a aucun rapport avec la condition physique, le poids des bagages
qui sont portés, le sexe ou une infection récente des voies respiratoires.
Tableau 3 Définition du mal aigu des montagnes
du Comité de concertation du Lac Louise(4)
Le diagnostic du MAM nécessite la présence des 3 critères et
d'un des quatre symptômes énumérés ci-dessous :
Critères
1) augmentation récente de l'altitude
2) séjour d'au moins plusieurs heures à la nouvelle altitude, et
3) maux de tête
Symptômes
a) trouble gastro-intestinal (anorexie, nausées, ou vomissements)
b) fatigue ou faiblesse
c) étourdissements ou vertiges
d) trouble du sommeil
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Le MAM peut être classé comme bénin, modéré ou grave selon les symptômes
présents(4). Les symptômes cardinaux du MAM modéré à grave
sont la présence de maux de tête, de fatigue, d'étourdissements, d'anorexie,
de nausées, de vomissements, de dyspnée à l'effort et d'ataxie(7).
Les maux de tête sont habituellement pulsatiles, intéressant surtout les
régions occipitale et temporale, plus prononcés le matin et le soir et
exacerbés par la manoeuvre de Valsalva. Dans le MAM modéré à grave, on
observe une hypoventilation relative(8), une rétention de liquide(9),
une augmentation de la pression intracrânienne(10), une perturbation
des échanges gazeux et un oedème interstitiel(11). L'une des
premières manifestations est l'absence de polyurie, qui est normalement
observée à haute altitude, ainsi qu'une diminution du débit urinaire et
une rétention aqueuse. Ce phénomène pourrait être attribuable au fait
que le taux d'aldostérone ne diminue pas. En effet, le taux de cette hormone
chute habituellement avec l'ascension, mais cela se produit peut-être
pas dans le MAM sévère. De plus, le système rénine-angiotensine est moins
inhibé en altitude chez ces personnes que chez les personnes normales,
et le taux de filtration glomérulaire est abaissé(12). La rétention
aqueuse nette et la surhydratation subséquente des neurones, alliées à
la perméabilité accrue de la barrière hémato-encéphalique (oedème vasogénique),
provoquent une élévation de la pression intra-crânienne dans le MAM sévère,
ce qui entraîne le coma. Une élévation du taux de gaz carbonique imputable
à l'usage de petits abris à l'épreuve du vent ou de combustible pour chauffer
les aliments dans les abris exigus à haute altitude peut exacerber ou
déclencher le MAM.
Diagnostic différentiel du mal aigu des montagnes
Le diagnostic différentiel du MAM englobe les infections virales d'allure
grippale, la gueule de bois, l'épuisement et la déshydratation et l'oedème
cérébral de haute altitude.
Recommandation pour la prise en charge du mal aigu des montagnes
L'aspect le plus important du traitement du MAM est le diagnostic précoce,
parce que le tableau clinique initial ne permet pas de prévoir la gravité
éventuelle de cette affection.
Recommandations pour le traitement du mal aigu des montagnes
-
Cesser l'ascension et prévoir un repos et une acclimatation à la
même altitude; l'acclimatation peut exiger de 12 heures à 4 jours
(A II).
- Descendre immédiatement si
- on observe des symptômes de MAM sévère : troubles neurologiques
(ataxie ou altération de la conscience) et/ou oedème pulmonaire (A
II), et/ou
- les symptômes évoluent à la même altitude durant l'acclimatation ou
le traitement (A II).
- Le fait de descendre à une altitude située à au moins 500 mètres
en-dessous de l'altitude à laquelle les symptômes se sont manifestés
permet habituellement de faire rétrocéder les symptômes de MAM.
- Agents thérapeutiques spécifiques
- L'acétazolamide (250 mg administré par voie orale dans les 24 heures
suivant l'apparition des symptômes suivi d'une seconde dose 250 mg 8
heures plus tard) : il s'agit d'un inhibiteur de l'anhydrase carbonique
qui accélère l'acclimatation et réduit la durée du MAM par son action
sur l'équilibre acido-basique(11). Ce médicament favorise
l'excrétion rénale du bicarbonate, ce qui entraîne une acidose métabolique,
une hyperventilation compensatoire et une amélioration de l'oxygénation
(A I).
- Les effets secondaires de l'acétazolamide englobent les paresthésies,
la polyurie, les nausées, la somnolence, l'impuissance et la myopie.
En outre, le goût des boissons gazeuses, y compris celui de la bière,
peut être modifié parce que le dioxyde de carbone qu'elles contiennent
peut alors être goûté. Étant donné qu'il s'agit d'un sulfamide, l'acétazolamide
est contre-indiqué chez les personnes ayant une allergie connue à ces
composés. Dans certains rares cas, l'acétazolamide peut causer une cristallurie
et une suppression de la moelle osseuse.
- Le furosémide (80 mg par voie orale 2 fois par jour) :
c'est un diurétique qui s'est avéré utile dans le traitement d'une série
de cas, mais qui ne peut être recommandé avant de faire l'objet d'une
évaluation plus poussée(9) (C III).
- La dexaméthasone (dose d'attaque de 4 mg à 8 mg par voie intraveineuse,
intramusculaire ou orale suivie d'une dose de 4 mg toutes les 6 heures) :
c'est un corticostéroïde qui est efficace contre le MAM modéré(13-15)
et qui permet d'obtenir une amélioration marquée dans les 12 heures,
mais qui doit être réservé aux patients présentant des symptômes neurologiques
progressifs ou une ataxie. L'interruption du traitement à la dexaméthasone
sans retour à une altitude inférieure entraîne habituellement la réapparition
des symptômes, c'est pourquoi ce médicament ne devrait pas être utilisé
seul pour le traitement du MAM. En effet, il faudrait l'utiliser en
association avec la descente ou avec de l'acétazolamide pour accélérer
l'acclimatation (A I).
-
Traitement hyperbare
L'objet du traitement hyperbare consiste à simuler la descente et
à atténuer les symptômes en quelques heures comme mesure temporisatrice
jusqu'au retour en plaine. Une pompe à air manuelle légère (7 kg)
et des sacs en tissu sous pression (sacs de Gamow) sont maintenant
utilisés efficacement lors d'expéditions et dans les cliniques en
montagne comme mesures de temporisation. Deux essais comparatif randomisés
ont examiné l'effet du traitement de courte durée du MAM à haute altitude.
La première étude a conclu que le traitement hyperbare était aussi
efficace que l'oxygénothérapie(16). L'autre a montré que
le traitement hyperbare était supérieur au repos au lit(17).
Toutefois, ni l'une ni l'autre de ces études n'a mis en évidence un
avantage chez les sujets par rapport à des témoins après une période
de 12 heures. Par conséquent, ce traitement doit être considéré
comme une mesure de temporisation uniquement et la descente représente
toujours le traitement privilégié (A I).
- Traitements symptomatiques pouvant être envisagés
Analgésiques
- L'ibuprofène (dose unique de 400 mg par voie orale) s'est révélé
supérieur à un placebo pour ce qui est de réduire la sévérité des maux
de tête dus à l'altitude et sur le plan de la vitesse de soulagement
chez des militaires devant passer d'un camp de base situé au niveau
de la mer à une altitude de 5 000 m, dans le cadre d'un essai
comparatif randomisé avec permutation des traitements(18).
On croît que l'élévation de la perméabilité micro-vasculaire cérébrale
liée à la prostaglandine pourrait contribuer à la pathophysiologie du
MAM, et que l'administration d'inhibiteurs de la prostaglandine synthétase
peuvent atténuer cette réponse. Les principaux effets secondaires potentiels
de l'ibuprofène sont les hémorragies gastro-intestinales et une tendance
aux ecchymoses (A I).
- L'acétaminophène : certains experts recommandent cet analgésique
pour les maux de tête légers (C III).
- Le sumatriptan, un agoniste sélectif du récepteur de la 5-hydroxytryptamine
utilisé pour les migraines s'est révélé inférieur à l'ibuprofène dans
le cadre d'un essai comparatif randomisé(18) et n'est donc
pas recommandé (E I). La prochlorpérazine (5 mg à
10 mg par voie intramusculaire) ou la prométhazine
(50 mg par voie rectale ou orale) peut se révéler utile en présence
de nausées et de vomissements (B III).
-
Il convient d'éviter les sédatifs et l'alcool et de réduire les
efforts au minimum (D III).
-
L'administration d'oxygène à faible débit (si disponible), à raison
de 0,5 L/min à 1 L/min, le soir est utile, en particulier pour les
maux de tête de haute altitude, et ce traitement est recommandé pour
le MAM bénin(2) (A I).
Note : Des rapports anecdotiques provenant de médecins et
d'alpinistes chevronnés donnent à penser que la descente est plus efficace
et que l'oxygène ne doit pas être utilisé comme seul traitement pour le
MAM modéré à sévère.
Prévention du mal aigu des montagnes
Mesures générales
- La méthode la plus sûre est l'ascension progressive(4).
L'ascension progressive signifie que les alpinistes, en particulier
les novices, devraient
- éviter une ascension rapide jusqu'aux altitudes de sommeil > 3 000 m,
- passer de 2 à 3 nuits à une altitude de 2 500 m à 3 000
mètres avant de poursuivre l'ascension,
- passer une nuit supplémentaire pour l'acclimatation à chaque gain
d'altitude de 600 m à 900 m s'ils poursuivent l'ascension.
Des excursions d'une journée à une altitude supérieure suivies d'un
retour à une altitude inférieure pour la nuit facilite l'acclimatation.
Une règle empirique est qu'à une altitude de > 3 000 m,
chaque nuit devrait être passée à > 300 m au-dessus de l'altitude
de la nuit précédente, et qu'il faut prévoir une journée de repos (2
nuits à la même altitude) tous les 2 ou 3 jours (B III).
-
Il faut éviter l'alcool ainsi que les sédatifs hypnotiques (D III).
-
Une alimentation riche en hydrates de carbone (> 70 %) a
atténué les symptômes du MAM chez 30 % des soldats ayant fait
l'ascension rapide jusqu'à un point situé près du sommet de Pike's
Peak (4 300 m) et doit être considérée comme une mesure
préventive d'appoint(20,21) (A II).
-
Le surmenage (activités nécessitant une dépense d'énergie supérieure
à celle qui est exigée pour la marche ou les tâches d'entretien du
camp) contribue à la maladie et doit être évité. L'exercice modéré
favorise l'acclimatation mais un exercice intense doit être évité
(B III).
Mesures pharmacologiques
- Médicaments spécifiques utilisés dans la prévention du MAM
-
Acétazolamide : C'est un inhibiteur de l'anhydrase carbonique
(voir la rubrique Traitement du MAM ci-dessus) qui, dans de
nombreuses études comparatives randomisées, s'est révélé efficace
pour la prévention du MAM chez les personnes transportées rapidement
à des altitudes de 4 000 m à 4 500 m(22-28).
De faibles doses de 125 mg à 250 mg administrées par voie
orale, 2 fois par jour, à compter de 24 heures avant l'ascension
se sont révélées aussi efficaces que des doses plus élevées(29).
Une étude randomisée a permis d'établir qu'un comprimé de 500 mg
d'acétazolamide à libération contrôlée par voie orale toutes les 24 heures
avait une efficacité équivalente et moins d'effets secondaires parce
que les taux sériques de pointe étaient inférieurs(30).
Le traitement à l'acétazolamide ne devrait se poursuivre que pendant
les 2 premiers jours en haute altitude, pendant l'acclimatation (A I).
Indications : ascension rapide (<= 1 jour) à des altitudes
> 3 000 m; une augmentation rapide de l'altitude de sommeil
(p. ex., déménagement du camp de 4 000 m à 5 000 m
en un jour) ainsi que des antécédents de MAM ou d'OPHA (A I).
Les effets secondaires de l'acétazolamide sont traités (voir à la
rubrique Traitement du MAM ci-dessus) et doivent être pris
en considération.
-
Méthazolamide : un essai randomisé portant sur 20 alpinistes
(19 hommes et 1 femme) a montré l'efficacité comparable de cet
inhibiteur de l'anhydrase carbonique (150 mg par voie orale,
une fois par jour, à compter de 1 semaine avant l'ascension) pour
ce qui est de prévenir les symptômes du MAM. Comparativement à l'acétazolamide,
moins de patients recevant de la méthazolamide ont développé des paresthésies(31)
(B II).
-
Spironolactone (25 mg par voie orale 4 fois par jour) :
une étude randomisée a montré que la spironolactone avait une efficacité
comparable à celle de l'acétazolamide, mais cette conclusion n'a pas
été confirmée(26) (B II).
-
Dexaméthasone : de nombreuses études randomisées ont montré
que la dexaméthasone avait une efficacité comparable à celle de l'acétazolamide
dans la prévention du MAM(24, 32-36). Une étude randomisée
portant sur 32 randonneurs en bonne santé qui ont fait l'ascension
de la Sierra Nevada jusqu'à une altitude de 3 650 m à 4 050 m
a établi que l'association d'acétate de dexaméthasone (4 mg par
voie orale 4 fois par jour), et de l'acétazolamide (250 mg par
voie orale 2 fois par jour), donnait des résultats supérieurs à ceux
de la dexaméthasone ou de l'acétazolamide seule(37). Dans
une autre étude, une dose aussi faible que 4 mg de dexaméthasone
toutes les 12 heures a permis d'atténuer efficacement les symptômes
du MAM(34). Cependant, étant donné que la plupart des cas
ne présentent qu'un MAM bénin, que l'acétazolamide représente une
alternative efficace et en raison du risque de phénomène de rebond
et d'autres effets secondaires graves de la dexaméthasone, nous recommandons
d en'utiliser la dexaméthasone que pour le traitement du MAM ou pour
la prophylaxie, au besoin, chez les personnes intolérantes ou allergiques
à l'acétazolamide (A I).
-
Nifédipine : la seule étude randomisée à porter sur la prévention
du MAM a montré que cet antagoniste des canaux calciques permettait
de réduire la pression au niveau des artères pulmonaires durant une
ascension rapide à 4 559 m, mais n'avait aucun effet sur les
échanges gazeux ni sur les symptômes du MAM(38). Bien que
la nifédipine puisse se révéler utile dans l'OPHA, elle n'a montré
aucune utilité dans le MAM (D I).
OEdème cérébral de haute altitude On reconnaît habituellement
l'OCHA lorsqu'une personne atteinte du MAM ou d'OPHA présente des symptômes
d'ancéphalopathie. On peut considérer que l'OCHA représente l'extrémité
du spectre du MAM, et il survient rarement en l'absence d'OPHA(39).
Il se caractérise par une ataxie, une extrême lassitude et une altération
de la conscience qui se manifeste comme une confusion, une altération
de la pensée, une somnolence, une stupeur et un coma. D'autres signes
et symptômes possibles englobent la cyanose ou une coloration grisâtre,
des maux de tête, des nausées et des vomissements, des hallucinations,
une paralysie des nerfs crâniens, une hémiparésie, une hémiplégie, des
convulsions, des hémorragies rétiniennes et des signes neurologiques en
foyer. L'étude des gaz sanguins ou la sphygmo-oxymétrie montrent une hypoxémie
prononcée. Une radiographie pulmonaire laisse habituellement voir les
signes d'un oedème pulmonaire. L'évolution d'un MAM bénin à un OCHA peut
s'étaler sur une période de 12 heures ou encore sur une période de
1 à 3 jours, qui est beaucoup plus courante. Les mécanismes pathophysiologiques
qui sous-tendent l'OCHA sont semblables à ceux du MAM et entraînent un
oedème cérébral et une élévation de la pression intra-crânienne, mais sont
plus prononcés(40).
Recommandations pour le traitement de l'oedème cérébral de haute altitude
-
Le diagnostic précoce est le facteur le plus important dans le traitement
de l'OCHA. Afin de prévenir le décès, il faut amorcer la descente
dès que l'ataxie ou l'altération de la conscience commence à se manifester
(A II).
-
Le traitement hyperbare (sac de Gamow) associé à l'oxygénothérapie
devrait être mis en route s'il est impossible d'amorcer immédiatement
la descente. Si l'oximétrie est disponible, il faut titrer l'oxygène
administré de manière à maintenir la SaO2 à > 90 %.
-
La dexaméthasone (dose d'attaque de 4 mg à 8 mg par voie intraveineuse,
intramusculaire ou orale, suivie de dose supplémentaire de 4 mg
toutes les 6 heures) associée à une oxygénothérapie (2 L/min à 4 L/min
par minute, administrée à l'aide d'un masque ou d'une canule nasale)
se sont également révélées bénéfiques en plus de la descente (A II).
- Le patient comateux
-
Il faut assurer la perméabilité des voies aériennes et il peut être
nécessaire de drainer la vessie. De plus, l'intubation, l'hyperventilation
et l'administration prudente de diurétiques, comme le furosémide font
également partie du traitement de cette affection (B III).
-
Il n'existe aucune étude comparative portant sur l'usage de stéroïdes
dans le traitement du coma, mais on dispose de preuves anecdotiques
selon lesquelles la réponse serait bonne si le traitement est mis
en route dès le début de l'OCHA (C III), mais médiocre
si les stéroïdes sont administrés une fois que la personne a perdu
conscience (D III).
-
Les données à l'appui de l'usage du mannitol, d'un sérum physiologique
ou de l'urée pour le traitement du coma sont limitées (C III).
Le coma peut persister pendant des jours, même après le retour à une
altitude inférieure, et il faut écarter les autres causes éventuelles
si le patient n'a pas repris conscience.
Prévention de l'oedème cérébral de haute altitude
La prévention de l'OCHA est la même que pour le MAM. Les complications
non fatales peuvent durer plusieurs semaines.
OEdème pulmonaire de haute altitude
L'OPHA, qui est décrit comme un syndrome clinique unique en 1960(41),
est la principale cause de décès dû à la haute altitude. Jusqu'à 20 décès
sont signalés chaque année(42). L'incidence de ce syndrome
varie avec la vitesse de l'ascension, l'altitude atteinte, la température,
l'effort physique, l'usage de somnifères et d'autres facteurs. S'il est
vrai que moins d'un skieur sur 10 000 dans les Rocheuses (altitude
maximale 3 500 m) développe un OPHA(43), jusqu'à 1,6 %
des randonneurs qui atteignent le camp de base du mont Everest à 5150 %m,
3 % des adultes qui font de la randonnée en montagne au Pérou à une
altitude de 3 782 m(44), et 5,2 % des alpinistes
suisses qui parviennent à une altitude de 4 559 m(45)
développent ce syndrome. De plus, jusqu'à 15 % des soldats indiens
présentent ce trouble lorsqu'ils sont transportés par voie aérienne du
niveau de la mer jusqu'à des altitudes variant entre 3 500 m et 5 500
m(10). Les jeunes ainsi que les hommes peuvent être plus sensibles
à ce trouble(42,44). Les personnes atteintes d'OPHA ont généralement
un faible seuil de stimulation ventilatoire par l'hypoxie ainsi qu'une
réponse vasoconstrictive pulmonaire élevée à l'hypoxie(46).
L'OPHA survient habituellement dans les 2 à 4 heures qui suivent l'ascension
à des altitudes > 2 500 m, le plus souvent le deuxième soir. Les
premiers symptômes peuvent englober une toux persistante, une baisse de
la performance physique et un délai de récupération prolongé après un
exercice. Parmi les autres symptômes courants, on peut mentionner la fatigue,
la faiblesse, un essoufflement à l'effort ainsi que les signes du MAM
(maux de tête, anorexie, lassitude). À mesure que progresse le syndrome,
la toux sèche, la cyanose centrale et périphérique, la tachycardie et
la tachypnée surviennent même au repos. Le taux de mortalité dépend de
nombreuses variables, dont la rapidité du diagnostic et du traitement.
Diagnostic différentiel de l'oedème pulmonaire de haute altitude
Le diagnostic différentiel de l'OPHA englobe les troubles suivants :
pneumonie, embolie pulmonaire, infarctus pulmonaire et hyperactivité des
voies aériennes. De plus, l'OPHA peut être compliqué par une surinfection,
un oedème cérébral, une thrombose pulmonaire, des gelures ou des traumatismes
causés par des points de compression durant l'immobilisation.
Résultats de laboratoire dans l'oedème pulmonaire de haute altitude
Chez les personnes souffrant d'OPHA, les analyses de laboratoire révèlent
ce qui suit : légère élévation de l'hématocrite et de l'hémoglobine,
légère élévation de la numération lymphocytaire et augmentation des concentrations
de créatine-phosphokinase. L'analyse des gaz sanguins artériels révèle
la présence d'une alcalose respiratoire et d'une hypoxémie sévère. Les
radiographies pulmonaires évoquent un oedème pulmonaire non cardiogène
(infiltration bilatérale en plages de la cavité et de l'espace interstitiel
prédominant aux lobes inférieurs).
L'OPHA est une forme d'oedème pulmonaire non cardiogène. Bien qu'on ne
connaisse pas le mécanisme de l'OPHA, l'hypertension pulmonaire est toujours
présente et s'accompagne habituellement d'une perméabilité élevée aux
protéines et d'une fonction ventriculaire gauche normale.
Recommandations pour le traitement de l'oedème pulmonaire de haute
altitude
-
Le traitement efficace de l'OPHA nécessite un diagnostic précoce.
L'évacuation à un endroit situé à une altitude inférieure revêt une
importance critique (A II). Dans les cas d'OPHA bénin,
une descente rapide de seulement 500 à 1 000 m entraîne
une amélioration rapide. Les personnes touchées peuvent être capables
d'entreprendre une nouvelle ascension lente 2 à 3 jours plus tard.
-
L'oxygène à fort débit si disponible, administré à l'aide d'un masque
ou d'une canule nasale peut permettre de sauver la vie(1)
(A II). Dans certaines situations à haute altitude, le
repos au lit associé à l'administration d'oxygène peut être suffisant
pour un OPHA bénin (uniquement des symptômes d'un exercice vigoureux)
à condition que l'on observe fréquemment le patient pour s'assurer
que son état s'améliore(47).
-
Il faut réduire au minimum les efforts physiques. On doit recommander
au patient d'éviter le stress dû au froid qui peut faire augmenter
la pression au niveau des artères pulmonaires (B III).
-
Il a récemment été établi que les masques à pression positive améliorent
les échanges gazeux, mais ce traitement ne doit pas remplacer la descente(48)
(B II).
- Les médicaments ne jouent qu'un rôle secondaire limité dans la prise
en charge de l'OPHA étant donné que la descente et l'oxygénothérapie
permettent d'obtenir de bons résultats. La pharmacothérapie doit être
considérée comme un traitement d'appoint et n'est pas censée remplacer
ces deux modalités.
-
Nifédipine (un comprimé de 30 mg à libération lente administré par
voie orale toutes les 12 à 24 heures ou 10 mg par voie sublinguale,
à répéter au besoin) réduit la résistance vasculaire pulmonaire et
abaisse la pression artérielle pulmonaire(49) et devrait
être envisagé comme traitement d'appoint (B III).
-
Monoxyde d'azote : dans le cadre d'un essai comparatif randomisé
récent, il a été démontré que l'inhalation de 40 ppm de monoxyde d'azote
entraîne une baisse importante de la pression artérielle pulmonaire
systolique et améliore l'oxygénation artérielle chez les sujets prédisposés
à l'OPHA, mais non chez ceux qui étaient résistants à ce syndrome(50)
(B I). Cette forme de traitement devrait être envisagée
comme un complément à la descente chez les sujets à risque. Il peut
toutefois être d'administration peu pratique, p. ex., chez les skieurs.
-
Furosémide (80 mg soit par voie intraveineuse ou orale toutes les
12 heures associé à 15 mg de sulfate de morphine par voie intraveineuse
ajouté à la première dose) : ce traitement reste controversé. Selon
un groupe de chercheurs, il améliorerait la diurèse ainsi que l'état
clinique(9). Un autre rapport publié par la suite a indiqué
que le furosémide provoquait des effets secondaires chez des sujets
amenés à une altitude de 5 340 m sur le mont Logan(51).
Aussi, faut-il faire des recherches plus poussées sur le furosémide
avant d'en recommander l'usage (C III).
-
Morphine : la morphine atténue la dyspnée, améliore l'oxygénation
et le confort et abaisse les rythmes cardiaques et respiratoire. Certaines
inquiétudes ont toutefois été soulevées concernant la dépression respiratoire,
l'hypovolémie et l'hypotension qui pourraient survenir avec ce traitement
associé à la furosémide(52) (C III).
-
près la descente, le traitement continu des cas rares d'OPHA englobe
le repos au lit et l'administration d'oxygène afin de maintenir SaO2
> 90 %. La plupart des patients se rétablissent rapidement
avec ce traitement simple, et l'intubation et la ventilation sont
rarement nécessaires. La pneumonie doit être traitée avec des antibiotiques.
Les patients peuvent recevoir leur congé lorsqu'on observe une amélioration
clinique, et une PO2 de 60 mm Hg ou une SaO2
> 90 %. On doit leur conseiller de reprendre lentement leurs
activités normales(1). Il y aurait également lieu de leur
donner des conseils au sujet de la prévention (voir ci-dessous).
Prévention de l'oedème pulmonaire de la haute altitude
Les mesures préventives applicables dans le cas de l'OPHA sont les mêmes
que celles du MAM, à savoir l'ascension progressive, l'acclimatation et
le retour à des altitudes inférieures pour la nuit. De plus, il faut éviter
l'alcool et les somnifères ainsi que le surmenage, en particulier au cours
des 2 premiers jours en altitude.
-
L'expérience clinique (mais aucune étude) indique que l'acétazolamide
pourrait prévenir l'OCHA chez les personnes ayant eu des épisodes
récurrents dans le passé, en particulier les enfants(53)
(C III).
-
Dans le cadre d'un essai clinique comparatif randomisé, la nifédipine
(20 mg d'un comprimé à libération lente administré par voie orale
à toutes les 8 heures) a permis de prévenir l'OPHA chez des sujets
ayant des antécédents d'épisodes répétés qui ont fait une ascension
rapide jusqu'à une altitude de 4 559 m(54). Cependant,
l'usage du médicament à cette fin est limité en raison des effets
secondaires potentiellement néfastes, dont l'hypotension, les maux
de tête, les nausées, les vomissements, la fatigue, les étourdissements
et l'oedème pédieux. L'usage de la nifédipine devrait donc être restreint
chez les personnes ayant une sensibilité connue à l'OPHA qui se rendent
néanmoins à des altitudes où les réserves d'oxygène et les possibilités
de descente sont limitées(55) (B I).
Il importe de bien expliquer à ces personnes que la nifédipine ne
remplace pas l'ascension progressive et l'acclimentation lente. La
descente devrait survenir immédiatement si des symptômes se manifestent.
-
Il importe de faire subir une évaluation cardiaque aux personnes
qui ont déjà présenté un OPHA afin d'écarter tout risque de troubles
cardio-vasculaires non diagnostiqués (C III).
Le tableau 4 résume les recommandations principales
de la médecine fondée sur des preuves pour le MAM, l'OCHA et l'OPHA.
Trouble du sommeil en haute altitude et respiration périodique
Le sommeil normal est souvent perturbé en haute altitude. À une altitude
d'environ 3 048 m, certaines personnes auront un sommeil de
mauvaise qualité alors que la majorité des personnes qui dorment à une
altitude > 4 300 m présenteront des troubles marqués du sommeil(56,57).
Dans une étude réalisée auprès de six hommes durant deux nuits passées
au niveau de la mer et quatre nuits non consécutives à 4 301 m,
tous ont affiché des troubles du sommeil en haute altitude selon les résultats
d'un électro-encéphalogramme pendant le sommeil(58). Ce trouble
était caractérisé par une diminution significative du temps passé aux
stades de sommeil trois et quatre et une tendance à avoir des périodes
d'éveil plus longues. Les hommes ont déclaré avoir eu un sommeil de mauvaise
qualité, mais l'on a observé seulement une légère réduction de la durée
totale du sommeil. Cinq des sujets avaient également une respiration périodique,
mais l'éveil n'était pas toujours associé à ce mode de respiration. Le
mécanisme de l'éveil n'est pas connu de façon certaine, mais il pourrait
être lié à une hypoxie.
La respiration périodique survient surtout pendant la nuit et se caractérise
par une hyperpnée suivie d'une apnée. Les personnes ayant une réponse
ventilatoire à l'hypoxie élevée (RVH) ont des taux supérieurs de respiration
périodique(59), alors que les personnes chez qui cette réponse
est faible ont peut-être des périodes d'hypoxémie extrême durant le sommeil
qui ne sont pas liées à la respiration périodique(61-63). Les
données indiquent que le réveil permet de protéger contre la privation
d'oxygène grave(63-65).
Tableau 4 Prise en charge du mal des montagnes
selon les preuves disponibles
|
Mal aigu des montagnes
|
Oedème cérébral de haute altitude
|
Oedème pulmonaire de haute altitude
|
MODALITÉ
|
Prévention
|
Traite-
ment
|
Prévention
|
Traite-
ment
|
Prévention
|
Traite-
ment
|
Descente
|
-
|
A II
|
-
|
A II
|
-
|
A II
|
Traitement hyperbare
|
-
|
A I*
|
-
|
-
|
-
|
|
Oxygénothérapie
|
-
|
A I*
|
-
|
A II*
|
-
|
A II+
|
AGENTS THÉRAPEUTIQUES
|
Acétazolamide
|
A I
|
A I+
|
A I
|
-
|
C III
|
|
Méthazolamide
|
B II
|
-
|
B II
|
-
|
-
|
|
Spironolactone
|
B II
|
-
|
B II
|
-
|
-
|
|
Furosémide
|
-
|
C III
|
-
|
B III*
|
-
|
C III
|
Dexaméthasone
|
A I*****
|
A I**
|
A I*****
|
A II*
|
-
|
|
Nifédipine
|
D I
|
-
|
D I
|
-
|
B I
|
A II*
|
TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES
|
Analgésiques
|
|
|
|
|
|
|
Ibuprofène
|
-
|
A I
***
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Acétaminophène
|
-
|
C III
***
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Anti-émétiques
|
|
|
|
|
|
|
Prochlopérazine
|
-
|
C III ****
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Prométhazine
|
-
|
C III ****
|
-
|
-
|
-
|
-
|
* Doit être utilisé comme mesure de temporisation en attendant
la descente ou en plus de la
descente seulement.
** Utilisé avec la descente ou en association avec de l'acétazolamide
seulement
+Doit être administré dans les < 24 heures qui suivent l'apparition
de symptômes bénins.
La descente est obligatoire si les symptômes évoluent.
***Pour les maux de tête de haute altitude
**** Pour les nausées et les vomissements
*****Utilisé pour le traitement uniquement ou pour la prophylaxie
chez les personnes à risque qui sont intolérantes ou allergiques
à l'acétazolamide.
|
Prévention et traitement des troubles du sommeil en haute altitude
1. Acétazolamide (125 mg par voie orale au coucher) a été démontré qu'il
diminue la respiration périodique et l'apnée, améliore l'oxygénation comparativement
au placebo et à l'almitrine et qu'il peut être utilisé en toute sécurité
comme somnifère(61) compte tenu des effets secondaires décrits
précédemment (voir à la rubrique Traitement du MAM ci-dessus) (A I).
2. Témazépam (10 mg par voie orale) a également été démontré récemment
que cette benzodiazépine à action brève était supérieure à un placebo
pour ce qui est de réduire le nombre et la gravité des changements de
la saturation pendant le sommeil et d'améliorer la qualité de celui-ci(66)
(A 1).
Cette amélioration a été obtenue sans chute importante des valeurs de
saturation artérielle moyennes durant le sommeil qui auraient été prévisibles
avec les benzodiazépines à action plus longue.
Hémorragie rétinienne en haute altitude
Les hémorragies rétiniennes sont très courantes à des altitudes >
5 200 m(67-69). Celles-ci ne sont pas nécessairement liées
au MAM et sont davantage associées à l'hypoxémie. Elles ne sont symptomatiques
que si elles surviennent au-dessus du macula. S'il est vrai que les hémorragies
rétiniennes peuvent entraîner la cécité, il reste que dans la majorité
des cas elles se résorbent de 7 à 14 jours après le retour à une altitude
normale. Bien que rien n'indique que le siège de l'hémorragie sera le
même lors d'ascensions subséquentes, la plupart des experts estiment qu'il
s'agit d'une contre-indication aux ascensions futures. Les hémorragies
qui n'ont aucune incidence sur la vision n'ont généralement pas d'importance
clinique et ne justifient pas la descente. Certaines hémorragies ont été
causées par un exercice vigoureux qui fait augmenter la pression sanguine
et chuter les taux artériels de saturation en oxygène(67).
À des altitudes inférieures à 5 200 m, les hémorragies seraient
probablement liées davantage à des maladies de haute altitude et celles-ci
devraient être traitées selon le syndrome en cause.
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* Membres : Dr K. Kain (président);
H. Birk; M. Bodie-Collins (secrétaire général); Dre S.E. Boraston;
Dr H.O. Davies; Dr K. Gamble; Dr L. Green;
Dr J.S. Keystone; Dre K.S. MacDonald; Dr
J.R. Salzman; Dre D. Tessier.
Membres d'office : Dre E. Callary (SC); R. Dewart
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précieuse contribution à la présente déclaration.
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et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada
[Relevé des
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