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Volume 21-16
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Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV)* DÉCLARATION RELATIVE À L'IMMUNISATION DES VOYAGEURS INTERNATIONAUX CONTRE LA POLIOMYÉLITE(Recommandations fondées sur les preuves) (1) Le tableau clinique de la poliomyélite varie, allant de l'infection inapparente à l'atteinte neurologique grave, avec paralysie et décès. On estime que le rapport entre les infections inapparentes et les formes cliniques de la poliomyélite s'établit entre 60:1 et 1000:1 (2,3,4). La poliomyélite est une infection causée par un des trois types antigéniques d'entérovirus suivants : les poliovirus 1, 2 et 3. Elle se propage surtout par voie oro-fécale, lorsque les conditions d'hygiène laissent à désirer. Au Canada, la dernière épidémie importante remonte à 1959, année où l'on a dénombré 1 887 cas de poliomyélite paralytique. Depuis l'introduction du vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPTI), en 1955, et du vaccin trivalent oral (VPTO), en 1962, la poliomyélite indigène est pratiquement disparue. De rares éclosions ont été signalées dans des populations qui avaient refusé le vaccin pour des raisons d'ordre religieux (5,6). Entre 1980 et 1992, 10 cas de poliomyélite ont été déclarés au Canada (7). On croit que neuf de ces cas étaient reliés à l'administration de vaccins (5). Étant donné que les poliovirus sauvages ne circulent plus dans la population canadienne, il n'est plus recommandé au Canada de vacciner systématiquement les adultes contre la poliomyélite ni de leur administrer des doses de rappel, sauf dans des circonstances particulières (5). C'est notamment le cas chez les voyageurs qui se rendent à l'étranger, dans des régions où la poliomyélite est endémique ou épidémique. Une étude sérologique réalisée dernièrement auprès de 233 voyageurs internationaux d'origine américaine a révélé que 12 % d'entre eux n'avaient pas d'anticorps dirigés contre les poliovirus 1 ou 3 (8). Tous présentaient les anticorps contre le poliovirus 2. Les anticorps contre les trois types de poliovirus ont été détectés chez les voyageurs participants qui avaient reçu le vaccin antipoliomyélitique au cours des cinq années antérieures. Seulement 84 % des personnes qui avaient reçu une dose de rappel plus de 5 ans auparavant étaient séropositives pour les trois types. Si ces données ne peuvent être appliquées à l'ensemble de la population canadienne, elles n'en indiquent pas moins que de nombreux voyageurs pourraient n'être pas porteurs des anticorps conférant une protection contre les poliovirus. Vu le nombre restreint de cas de poliomyélite déclarés au Canada, dont aucun ne semble associé à un voyage, il sera plus simple de préciser quels sont les sujets qui ne doivent pas être immunisés contre cette maladie en prévision d'un voyage international. Cette approche sera simplifiée d'autant à mesure qu'on progressera vers l'atteinte de l'objectif d'éradication de la poliomyélite dans le monde. Un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé relatif au Programme élargi de vaccination (PEV) fait état de l'incidence des cas déclarés de poliomyélite par région du monde en 1992 (6). Dans les Amériques, le dernier cas de poliomyélite indigène causé par un poliovirus sauvage a été recensé au Pérou, le 23 août 1991 (7). Aucun nouveau cas n'a été signalé depuis, malgré la surveillance intensive des cas de paralysie flasque dans la région, où aucun cas n'échappe à la déclaration. Quarante-deux des 47 pays ou régions (89 %) n'ont signalé aucun cas de poliomyélite pendant 3 ans ou plus (6). Lorsqu'une région ne signale aucun cas pendant 3 ans, on considère que la poliomyélite n'est plus transmise dans cette région. En octobre 1994, l'Organisation mondiale de la Santé a annoncé que l'objectif d'éradication de la poliomyélite dans les Amériques avait été atteint (9). Malheureusement, dans certaines régions d'Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, les taux de poliomyélite continuent d'osciller entre 1 à 10 cas par 100 000 habitants (figure 1). Trois cas de poliomyélite sur quatre sont déclarés par l'Inde (6). Ces données n'indiquent pas forcément que les voyageurs internationaux risquent de contracter l'infection ou la maladie. Chez les adultes qui se rendent dans des régions où la poliomyélite est endémique ou épidémique, une évaluation attentive des activités susceptibles d'accroître le risque d'exposition à de l'eau contaminée indiquera peut-être que la vaccination primaire ou l'administration de doses de rappel est indiquée. Au nombre des facteurs qui influent sur le risque de transmission de la poliomyélite dans une région géographique figurent la durée du voyage, l'exposition probable à de l'eau insalubre et les activités pouvant entraîner une exposition accrue à des conditions non hygiéniques, comme la randonnée pédestre, la participation à un programme d'aide internationale, le fait de dispenser des soins de santé ou de faire partie d'un programme d'échanges culturels.
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Figure 1
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RECOMMANDATION 1 Vaccination primaire des enfants et, s'il y a lieu, vaccination primaire des adultes ou administration d'une dose de rappel, conformément aux recommandations du Comité consultatif national de l'immunisation (5) [fermeté de la recommandation : catégorie A; qualité des preuves : classe III (1) (voir aussi l'Annexe I)]. Usage recommandé Nourrissons et enfants : On peut entreprendre la vaccination antipoliomyélitique au moyen du VPTI ou du VPTO. Le calendrier recommandé est le suivant : administrer le vaccin à l'âge de 2, 4 et 6 mois (omettre cette dose si l'on administre exclusivement le VPTO) et de nouveau à 18 mois, ainsi qu'une dose de rappel entre 4 et 6 ans et entre 14 et 16 ans (omettre cette dose si l'on administre exclusivement le VPTO). Après une vaccination primaire, une revaccination est indiguée seulement dans le cas d'un adulte qui n'a reçu qu'une dose de rappel au moins 10 ans après la vaccination primaire et qui doit se rendre dans un pays étranger oû la poliomyélite est endémique. Enfants de moins de 7 ans non immunisés pendant la première enfance : On peut entreprendre la vaccination antipoliomyélitique au moyen du VPTI ou du VPTO. Le calendrier recommandé est le suivant : vaccination à la première visite, 2 mois plus tard, 2 mois après la deuxième dose (omettre cette dose si l'on administre exclusivement le VPTO), 6 à 12 mois plus tard, à l'âge de 4 à 6 ans (omettre cette dose si les doses antérieures ont été administrées après le quatrième anniversaire) et entre 14 et 16 ans (omettre cette dose si l'on utilise exclusivement le VPTO) et, au besoin, tous les 10 ans par la suite. Calendrier de vaccination systématique pour les enfants de 7 ans et plus, ou pour les adultes non immunisés pendant la première enfance : On peut entreprendre la vaccination antipoliomyélitique au moyen du VPTI ou du VPTO. En raison du risque de maladie associée au vaccin, on ne doit utiliser qu'avec prudence le VPTO chez un adulte non immunisé ou chez un sujet qui pourrait exposer un adulte non immunisé à la souche vaccinale. Le vaccin est administré lors de la première visite, 2 mois plus tard, 6 à 12 mois plus tard et, au besoin, tous les 10 ans par la suite. RECOMMANDATION 2 La vaccination de rappel contre la polio n'est pas indiquée chez les personnes qui voyagent dans les Amériques (6) (fermeté de la recommandation : catégorie E; qualité des preuves : classe II). RECOMMANDATION 3 On devrait envisager d'administrer la série primaire ou des doses de rappel aux voyageurs internationaux qui se rendent dans d'autres régions du monde où la poliomyélite est endémique ou épidémique. La décision sera prise après une évaluation du risque d'exposition au virus (6,8) (fermeté de la recommandation : catégorie A; qualité des preuves : classe II).
Références
* Membres : Dr S. Dumas; Dr G. Horsman (CCE); Dr J.S. Keystone; Dr D. Lawee; Dr J.D. MacLean; Dr D.W. MacPherson (président); Dr J. Robert; Dr R. Saginur; Dr D. Scheifele (CCNI); Mme R. Wilson (CUSO). Membres d'office : Dr P. Percheson (DGPS); Dr E. Gadd (DGPS); Dr S. Mohanna (DGSM); Dr R. Nowak (MDN); Dr M. Tipple (CDC); Dr C.W.L. Jeanes (secrétaire); Dr J.S. Spika (LLCM); Mme S. Ladouceur (agente de secrétariat du Comité consultatif); Dr J. Losos (LLCM). |
Dernière mise à jour : 1997-01-02 |