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Volume 22-17
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Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV)* et Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI)**VOYAGES, GRIPPE ET PRÉVENTIONLa grippe s'accompagne de fièvre, de maux de gorge, de myalgies, de toux, de lassitude et de céphalées. Les taux d'attaque annuels varient de 10 % à 20 %, mais ils peuvent être plus élevés pendant les épidémies importantes (1). Après l'infection, les malaises peuvent durer plusieurs semaines. La morbidité et la mortalité imputables à la grippe sont plus importantes chez les personnes âgées (2) et chez les personnes qui souffrent d'autres maladies concomitantes. Ce sont ces groupes qui, dans le passé, ont été visés par les programmes d'immunisation (3,4). La pandémie de grippe de 1918, qui a fait quelque 20 millions de victimes dans le monde entier, a imposé un lourd tribut, en termes de maladie et de décès, aux jeunes Canadiens qui étaient en bonne santé (5,6). Aux États-Unis, on estime que la grippe entraîne la perte de millions de journées de travail (7) et 22 000 décès par année (8). Une évaluation plus récente préconise un programme plus étendu de vaccination contre la grippe car on estime qu'un tel programme serait «avantageux sur le plan de la santé et du point de vue économique pour les travailleurs adultes en bonne santé» (9). La vaccination antigrippale n'a pas été recommandée pour les personnes qui voyagent à l'étranger, à l'exception de celles pour qui cette mesure est normalement conseillée (3,4,10). Les voyages et les voyageurs peuvent représenter une combinaison importante d'exposition au virus et de risque de grippe. Dans une étude, les symptômes de la grippe venaient au second rang après les dérangements gastro-intestinaux chez les passagers et l'équipage lors de vols commerciaux vers l'extrême est de la Russie (11). S'il est vrai que les symptômes de la grippe n'étaient pas plus répandus dans ce groupe que dans l'ensemble de la population des États-Unis, le coût économique de la maladie imputable aux perturbations des déplacements, des voyages d'affaires et des vacances serait au moins aussi important que chez les personnes qui ne voyagent pas. La saison de la grippe s'étend généralement de novembre à mars, dans l'hémisphère nord, et de mai à octobre, dans l'hémisphère sud. Dans les régions tropicales, il est possible d'isoler le virus pendant toute l'année, et des épidémies peuvent survenir à différentes périodes, notamment au cours des mois d'été. Le vaccin anti-grippal est distribué au début de l'automne, habituellement au mois de septembre, et il est formulé chaque année à partir des nouvelles souches virales attendues au Canada. En raison de l'inversion de la saison grippale dans l'hémisphère sud, le vaccin formulé en Amérique du Nord peut ne pas correspondre exactement aux souches transmises dans le sud, mais il offrira vraisemblablement une certaine protection contre certaines d'entre elles. Le vaccin est habituellement polyvalent. Le vaccin de 1996-1997 sera formulé de manière à protéger contre trois souches émergentes de virus grippal. Dès l'épidémie de peste qui a sévi au 14e siècle, soit en 1 348 à Venise, 1 377 à Rausa et 1 383 à Marseille, il était reconnu que le transport des personnes et des marchandises était associé à la transmission de la maladie (12). La pratique de la «quarantaine» (isolement pour une période de 40 jours) a d'abord été adoptée en réponse à cette menace reconnue et à mené à la promulgation du Règlement sanitaire international par l'Assemblée mondiale de la santé, en mai 1951. Au cours des 45 dernières années, des changements importants sont survenus dans les voyages et les transports : plus de gens voyagent, plus de gens se trouvent habituellement dans un véhicule, les temps de déplacement sont réduits, les distances parcourues sont plus grandes, en particulier dans le cas du transport aérien. En outre, les gens se rendent dans des destinations plus variées et plus exotiques qu'auparavant. Divers facteurs dont le nombre de personnes et la densité de la population, la vitesse des transports et les distances parcourues alliés aux risques posés par les maladies endémiques et la réceptivité de l'hôte soulèvent un certain nombre de nouvelles considérations sanitaires pour les voyageurs. Parmi ces considérations, il y a le risque de contracter des maladies nouvelles ou exotiques pendant les voyages et la possibilité que les voyageurs introduisent des maladies nouvelles ou exotiques dans des régions non endémiques (migrants). Des éclosions de grippe ont été maintes fois décrites en rapport avec les voyages en train (13,14), en avion (15) et en bateau (16,17). L'un des risques inhérents au fait de contracter la grippe pendant un voyage tient à ce que la souche virale n'aura pas encore été introduite dans le vaccin le plus récent. Ainsi, il est possible que les personnes vaccinées ne soient pas complètement protégées (8). Des recommandations ont été faites concernant l'identification des personnes à «haut risque» qui se proposent de voyager à l'étranger afin qu'on puisse offrir la vaccination ou la chimioprophylaxie post-exposition à l'amantadine ou à la rimantadine à ces personnes de même qu'à leurs contacts admissibles (3,4,16,17). Il existe des lignes directrices et des recommandations détaillées concernant l'usage de ces agents pour la chimioprophylaxie et le traitement (4). La chimioprophylaxie n'est pas un substitut à la prévention par la vaccination, sauf dans les cas où le vaccin est contre-indiqué ou n'a pas été administré avant le début de l'activité grippale A. En pareille situation, les groupes cibles particuliers seraient les personnes à haut risque de morbidité ou de mortalité due à la grippe de type A, celles qui prodiguent des soins aux personnes à risque, celles qui présentent une déficience immunitaire et qui devraient par conséquent avoir une réponse inadéquate au vaccin et les autres personnes qui souhaitent prévenir la grippe de type A, pour qui la décision de recourir à la chimioprophylaxie serait prise au cas par cas. Il peut s'agir d'une option thérapeutique pour certains voyageurs exposés aux souches endémiques du virus grippal A, notamment dans le cas de voyages très longs à bord de certains bateaux ou trains. Il existe des modèles mathématiques de la propagation régionale (10,18) et mondiale (19) de l'épidémie de grippe. Ces modèles sont fondés sur l'observation de la propagation de la grippe et sur certaines hypothèses relatives aux migrations de populations et à la contagiosité du virus. Le modèle européen de la propagation des épidémies de grippe indique qu'une fois le virus introduit dans une population réceptive, le temps dont disposent les autorités sanitaires pour intervenir est probablement très court, vraisemblablement moins d'un mois, après la découverte d'un foyer d'épidémie (20). Une propagation aussi rapide limiterait considérablement l'efficacité de la vaccination en tant que mesure préventive. Les études prospectives n'ont pas permis de démontrer la capacité du vaccin de prévenir ni de retarder l'introduction de la grippe à l'échelle d'une population. Les déplacements massifs de gens à l'intérieur des pays et entre ceux-ci rendent de telles études difficiles à réaliser. Certains chercheurs ont montré l'existence d'une immunité collective après la vaccination antigrippale (21-24). La plupart de ces études ont été réalisées dans des milieux relativement restreints et fermés comme des foyers de soins infirmiers. Une étude a laissé entendre que l'immunisation augmentait l'immunité collective contre la grippe à l'échelle de l'État (24). Résumé Il existe trois raisons possibles de vacciner contre la grippe : 1) protéger la santé de l'individu ; 2) prévenir les épidémies et 3) prévenir la propagation de la maladie d'une région à l'autre. Étant donné les bienfaits démontrés de la vaccination anti-grippale chez les personnes à haut risque (2,4-8), les personnes vivant dans un milieu relativement clos (21-23), et maintenant chez la population jeune et en santé (9), les risques individuels observés de contracter la grippe qui sont associés aux transports en commun (13-17), et le rôle éventuel des transports rapides dans la propagation de la grippe (18-20), il a été décidé de faire les recommandations suivantes pour la prévention de la grippe chez les voyageurs. Recommandations
Références
* Membres : Dr W. Bowie; Dr L.S. Gagnon; Dr S. Houston; Dr K. Kain; Dr D. MacPherson (président); Dr V. Marchessault; Dr H. Onyett; Dr R. Saginur; Dr D. Scheifele (CCNI); Dr F. Stratton; Mme R. Wilson (CUSO). Membres d'office : LCdr. D. Carpenter (MDN); Dr E. Gadd (DGPS); Dr B. Gushulak (Secrétaire); Dr H. Lobel (CDC); Dr A. McCarthy (LLCM et MDN); Dr S. Mohanna (DGSM); Dr M. Tipple (CDC). Dr D. Scheifele (président); Dr J. Spika (secrétaire général); N. Armstrong (secrétaire administrative) Dr F. Aoki; Dr P. DeWals; Dr E. Ford-Jones; Dr I. Gemmill; Dr S. Halperin;
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Dernière mise à jour : 2002-11-08 |