Lexpression violence faite aux femmes évoque diverses formes de violence, de mauvais traitements et de négligence dont les femmes sont victimes dans leurs relations intimes, familiales ou de dépen-dance. Il peut sagir de relations actuelles, en train de se dissoudre ou terminées, que ce soit avec leurs maris, leurs conjoints, leurs amants, des hommes quelles fré-quentent, des proches ou des soignants.
De nombreuses expressions décrivent la violence faite aux femmes, dont femme violentée, femme battue, femme victime de violence conjugale, conjointe maltraitée. Récemment, des personnes qui militent en faveur de refuges durgence ont com-mencé à utiliser davantage lexpression plus générale violence faite aux femmes ou femmes violentées1. Certains auteurs utilisent lexpression violence faite aux femmes pour parler de diverses manifestations de violence envers les femmes, y compris lagression contre la conjointe, les mauvais traitements pré-conjugaux, le viol et les agressions sexuelles2. Dautres parlent de violence à légard de la partenaire3. Même si certaines expressions ne précisent pas le sexe de la victime, et même si une femme peut parfois être agressée par une autre femme, la majorité des travailleurs et travailleuses de première ligne sont davis que la femme est davantage susceptible dêtre agressée par un homme4.
Toute femme peut être victime de violence, peu importe son âge, sa race, son origine ethnique, son éducation, son identité culturelle, sa situation socioéconomique, sa profession ou son métier, sa religion, son orientation sexuelle, ses aptitudes physiques ou mentales, ou sa personnalité.
Les femmes sont vulnérables aux agressions, tant les plus jeunes que les plus âgées. Les petites filles qui sont maltraitées ou qui sont témoins dagressions contre leurs mères risquent dêtre elles-mêmes particulièrement vulnérables aux agressions en devenant de jeunes femmes. Les mauvais traitements que subissent certaines femmes en âge de procréer peuvent être directement liés à leur santé génésique et risquent de laffec-ter. À mesure que les femmes vieillissent, elles restent vulnérables aux agressions, soit dans leurs propres foyers, soit dans dautres établissements résidentiels.
La violence faite aux femmes peut prendre différentes formes. Habituellement, un partenaire violent tente de dominer et de contrôler la femme en posant des gestes qui menacent ou affectent sa santé physique et émotionnelle, sa sexualité, sa vie sociale, ses aptitudes parentales, sa situation financière, ses biens ou sa vie spirituelle5. Un épisode de violence peut parfois ne se produire quune fois dans la vie de certaines femmes ou peut faire partie dun cycle dactes violents qui dure pendant des années.
La violence physique se manifeste de différentes façons : lhomme peut battre la femme, lui faire des brûlures, la gifler, létouffer, lui donner des coups de pied, la pousser, la mordre ou lassaillir avec une arme. Elle peut aussi prendre la forme de négligence physique, tel un manque de nourriture ou de médicaments, linsuffisance de soins personnels et médicaux, des actes brutaux, ou la séquestration de la femme. La violence physique et la négligence peuvent causer des blessures graves et même mortelles. Lagression est un acte illégal au Canada.
La violence psychologique ou affective peut sexprimer par des cris, des insultes, des menaces incessants; lhomme humilie la femme ou lui fait constamment des reproches; jaloux à lexcès, il doute delle, la menace ou la harcèle (ou ses enfants, les membres de sa famille, ses ami(e)s, voire ses animaux de compagnie), lisole de ses voisins, ses ami(e)s ou sa famille, ou la prive damour et daffection. Chez certaines femmes, les effets de la violence affective peuvent être pires que ceux de la violence physique. Les femmes violentées psycho-logiquement courent un risque très élevé dêtre victimes de violence physique6. Au Canada, quiconque poursuit une autre personne ou profère des menaces contre elle (harcèlement criminel) et détruit ou endommage volontairement ses biens est coupable dacte criminel.
Il y a violence sexuelle quand une femme est violée (agression sexuelle), soumise à des attouchements, victime dexploitation ou de harcèlement sexuel, ou lorsque la femme doit se plier contre son gré à des relations intimes dangereuses, dégradantes ou blessantes. La femme est victime de violence sexuelle lorsque son partenaire ridiculise ou refuse de respecter ses choix en matière de sexualité et de reproduction. La mutilation des organes génitaux féminins, pratiquée sur les petites filles, comporte des conséquences graves pour les jeunes femmes, en particulier lorsquelles atteignent lâge de procréer7. Les agressions sexuelles et les exploitations sexuelles sont des actes illégaux au Canada.
Lexploitation financière ou économique se produit lorsque le partenaire défend à la femme de travailler, quil exerce un contrôle sur son choix de travail, quil lempêche de devenir ou de rester autonome au plan financier, quil lui refuse tout accès à des ressources financières et lexploite sur le plan financier. Au Canada, le fait de ne pas fournir les choses nécessaires à lexistence dune conjointe ou dun conjoint ou dune personne dépendante est illégal.
Une femme est victime de violence spirituelle lorsquon lui interdit de sadonner aux pratiques religieuses ou spirituelles de son choix, quon se moque de ses croyances religieuses, ou lorsquon invoque des croyances religieuses pour justifier le contrôle exercé sur elle.
Chaque année, des centaines de Canadiennes subissent des blessures graves ou meurent des suites des actes violents contre elles par leurs partenaires. Daprès les rapports de police de 1999, 523 femmes ont été grave-ment blessées ou sont décédées des suites dagressions commises par leur mari ou conjoint de fait. Ces chiffres sont cinq fois plus élevés que le nombre dhommes (100) gravement blessés ou morts des suites dactes violents de la part de leur conjointe durant la même période8. Pourtant, les recherches indiquent quun grand nombre dépisodes de violence ne sont pas signalés à la police9.
Au cours denquêtes sur la violence, on demande aux personnes de parler des agressions dont elles sont ou ont été victimes. Ces enquêtes révèlent mieux, bien quimpar-faitement10, limportance et la nature de la violence faite aux femmes. LEnquête de 1993 sur la violence faite aux femmes a été la première enquête nationale à recueillir de linformation auprès des femmes victimes de violence au Canada. Depuis, lEnquête sociale générale de 1999 sur la victimisation a interrogé près de 26 000 Canadiennes et Canadiens sur les actes de violence perpétrés contre eux par leurs conjoints actuels ou précédents (mariés ou de fait)11. LEnquête sociale générale de 1999 révélait que 8 p. 100 des femmes et 7 p. 100 des hommes avaient subi une forme quelconque de violence soit des menaces jusquà de la violence sexuelle de la part de leurs partenaires intimes au cours des cinq années faisant lobjet de lEnquête12; de plus, elle indiquait que les agressions contre les femmes semblaient beaucoup plus graves, et plus fréquentes, que celles contre les hommes.
Comparativement aux hommes, les femmes étaient six fois plus susceptibles de signaler quelles ont été agressées sexuellement; cinq fois plus susceptibles de signaler quelles ont été étouffées;
De plus, les femmes subissent plus souvent certaines formes de violence affective.
Comparativement aux hommes, les femmes
Il est clair que la violence physique et affective fait partie de la vie de bien des Canadiennes. Compte tenu de limportance et de la fréquence de la violence faite aux femmes partout au Canada, le problème ne concerne pas que les particuliers et les familles, mais bien toute la société. Cest un problème social grave, pour lequel il faut prendre des mesures de toute urgence.
Il existe de nombreuses théories et des divergences dopinions sur les causes de cette forme de violence, mais aucune explication définitive na encore été for-mulée. De lavis de bien des spécialistes, la répartition déséquilibrée du pouvoir entre les femmes et les hommes dans la société, depuis longtemps, continue dêtre un facteur central. Ils relient les mauvais traitements et les actes de violence envers les femmes à la réalité sociale et écono-mique de ces dernières, cest-à-dire à toutes les attitudes discriminatoires, aux valeurs, aux comportements, aux structures et aux institutions qui rabaissent, isolent et marginalisent les femmes15.
On saisit de mieux en mieux comment les conséquences dun déplacement16, de la colonisation17, du racisme18, de lhomophobie19, de la pauvreté20 et de lisolement21 peuvent aggraver la vulné-rabilité des femmes face à la violence.
Quelle que soit la cause, aucune circon-stance ni aucune situation ne justifient le recours à la violence. Chaque personne a la responsabilité de mettre fin à la violence et dapprendre à former et à maintenir des relations saines.
Facteurs qui augmentent les risques
Toute femme, peu importe les circon-stances de sa vie, risque dêtre victime de violence. Selon les statistiques, certains facteurs peuvent, de façon directe ou indirecte, augmenter les risques de la femme dêtre maltraitée dans ses relations intimes. Sans être nécessairement des causes directes de violence, ces facteurs de risque sont associés à la violence et augmentent la probabilité dactes violents22. La présence de multiples facteurs créent un risque encore plus élevé. Linformation sur les facteurs de risque fait ressortir comment certaines circonstances précises dans la vie dune femme peuvent accroître sa vulnérabilité à lagression.
Ainsi, la femme sera plus vulnérable si elle est jeune (18 à 24 ans) ou âgée (65 ans ou plus), handicapée, ou autochtone. Le risque saccroît lorsque la femme a été victimisée durant son enfance ou témoin dactes violents envers sa mère. La grossesse est également un élément qui augmente le risque de violence conjugale23.
Les femmes de moins de 25 ans sont plus susceptibles que les autres dêtre victimes dactes violents au cours de leurs relations intimes24. Elles sont aussi plus susceptibles dêtre assassinées par leur partenaire actuel, leur ancien mari ou conjoint de fait25.
On estime que les femmes handicapées sont 1,5 à 10 fois plus susceptibles dêtre maltraitées que les femmes non handi-capées, selon quelles vivent au sein dune collectivité ou dans des établissements26. Les agressions contre les femmes handi-capées sexpriment par toute une gamme de comportements souvent différents de ceux adoptés contre les femmes non handicapées. Par exemple, les femmes handicapées doivent souvent compter sur dautres pour se déplacer, faire leur toilette, manger, prendre leur bain ou accomplir dautres tâches quotidiennes. Cette dépendance exige des relations assez intimes avec un grand nombre de personnes, y compris les partenaires, des soignants, des profes-sionnels de la santé, des responsables du transport et dautres membres de la famille. Une telle dépendance sur un large réseau de relations augmente les risques dune femme handicapée dêtre violentée27.
Des recherches ont démontré que les taux de violence contre les femmes des Premières Nations et les femmes Inuit sont très élevés. Selon une étude menée en Ontario, 8 femmes autochtones sur 10 ont été victimes de violence conjugale; 87 p. 100 dentre elles ont été physiquement blessées et 57 p. 100 ont subi des agressions sexuelles28. On estime que 75 p. 100 à 90 p. 100 des femmes dans certaines collectivités autochtones ont été maltraitées physiquement29.
Certains facteurs relationnels peuvent aussi rendre la femme plus vulnérable à la violence. Une femme, par exemple, dont le partenaire est jeune (entre 18 et 24 ans)30, na pas demploi (à long terme)30, a un niveau de scolarité peu élevé30, consomme beaucoup dalcool31, ou a été témoin dactes violents perpétrés contre sa mère32. Les femmes qui vivent en union libre sont plus susceptibles dêtre agressées par leurs partenaires que les femmes mariées33. La présence darmes dans la maison est associée à des agressions mortelles34. Si une femme menace de quitter ou quitte son partenaire, elle accroît encore plus ses risques dêtre maltraitée ou même dêtre tuée35. Son désir de quitter son partenaire peut exacerber le besoin de contrôle de ce dernier; il peut alors réagir en intensifiant la violence ou en lassassinant.
Sur les femmes maltraitées
Lorsquune femme est maltraitée, cest virtuellement tous les aspects de sa vie qui peuvent être ébranlés sa santé physique et mentale (consulter la liste ci-dessous), sa capacité de travailler, ses relations avec ses enfants, les membres de sa famille et ses ami(e)s, son efficacité personnelle et la perception de son estime de soi. Parfois, ses efforts pour faire face à la situation, par exemple en consommant de lalcool ou des drogues, ne viennent quajouter dautres problèmes. En fin de compte, dans certains cas, les femmes sont assassinées par leurs partenaires violents.
Effets de la violence sur la santé de la femme violentée36
Les conséquences physiques sur la santé comprennent notamment des os fracturés, des ecchymoses, des coupures, des brûlures, des plaies, par arme blanche ou des blessures par arme à feu, des égratignures, des morsures, des déchirures, des entorses, des commotions, des fractures du crâne, des cicatrices, le ou les tympans perforés, un décollement de rétine, des blessures au larynx, des dents ébréchées ou perdues, la perte de cheveux, une douleur gastro-intestinale chronique, le syndrome du côlon irritable, une douleur chronique au cou, au dos ou autre douleur musculo-squelettique, une céphalée chronique, de lhypertension, des palpitations, ainsi quune consommation abusive dalcool et dautres drogues. Les femmes enceintes violentées subissent des effets directs ou indirects, lesquels peuvent entraîner de graves complications pour la mère, le ftus et, plus tard, le nourrisson37.
Les conséquences sexuelles comprennent les maladies transmises sexuellement, dont le VIH, une douleur chronique pelvienne, génitale ou utérine, une infection vaginale ou urinaire chro-nique, une meurtrissure ou une déchirure de la paroi vaginale ou anale, des grossesses répétées (non voulues ou contre-indiquées), une infertilité ou une hystérectomie précoce, une dépendance sexuelle. La mutilation des organes génitaux féminins entraîne aussi des conséquences physiques et psychologiques sur la santé des femmes38.
Parmi les effets psychologiques, on retrouve une faible estime de soi, la négligence de soi, des sévices auto-infligés, des difficultés dans les relations interpersonnelles, une angoisse profonde, des pleurs fréquents, des réactions de peur prononcées ou inhabituelles, des accès de colère incontrôlés ou subis, un stress chronique, des phobies, des flashbacks, de linsomnie, des troubles du sommeil, des cauchemars, une incapacité dimposer des limites appropriées, une atrophie de la personnalité, une passivité, une perte de mémoire, des difficultés de concentration et de productivité.
Les effets psychiatriques se traduisent notam-ment par la dépression, des pensées suicidaires, une dissociation mentale, le syndrome de stress post-traumatique, des troubles alimentaires, le trouble de ladaptation avec humeur dépressive, des troubles obsessionnels-compulsifs.
Malgré les possibles effets dévastateurs de la violence sur la santé des femmes, il arrive souvent quon ne réussisse pas à les voir ni à les dépister. De nombreux professionnels et dispensateurs de services qui interviennent auprès des femmes reconnaissent maintenant quils ont la responsabilité de sinformer sur les indicateurs possibles de violence et quils doivent systématiquement demander à toutes les femmes ce quelles savent de la violence et si elles croient en être victimes.
La violence a des répercussions non seule-ment sur les femmes mais sur dautres également.
Répercussions sur les enfants exposés à la violence
LEnquête sociale générale de 1999 a démontré que des enfants avaient entendu ou avaient été témoins dactes violents envers un parent dans 37 % (461 000) des cas de violence conjugale au cours des cinq années faisant lobjet de lEnquête. Les enfants étaient plus susceptibles dêtre exposés à de la violence contre leurs mères que contre leurs pères et étaient plus susceptibles dentendre ou dêtre témoins des mauvais traitements envers leurs mères39. Les enfants exposés à des actes de violence perpétrés contre leurs mères même des nourrissons et de très jeunes enfants peuvent être gravement touchés : de telles situations peuvent en effet nuire au développement psycholo-gique des enfants et causer de graves problèmes comportementaux et scolaires40. Les problèmes psychologiques et com-portementaux de ces enfants peuvent être semblables à ceux des enfants qui sont eux-mêmes victimes de violence41.
Répercussions sur les agresseurs
Des professionnels ont remarqué que les hommes qui maltraitent leurs partenaires peuvent éprouver de la colère, du déni, des problèmes affectifs, du rejet et de lisolement. Dautres facteurs tels le fait quils ont probablement eux-mêmes été maltraités ou ont été témoins dabus durant leur enfance42, ainsi que la consommation de drogues ou dalcool, la participation à des actes criminels, ou dautres expériences de marginalisation aggravent le pro-blème de la violence. Les agresseurs sont aussi responsables de leur comportement et des effets dévastateurs sur leurs partenaires et sur leurs enfants. Ils sont également responsables du tort quils se font à eux-mêmes. Certains agresseurs en arrivent parfois à tuer leurs partenaires et leurs enfants et à se suicider.
Coûts pour la société
Les recherches démontrent que le problème de la violence faite aux femmes coûte, chaque année, des milliards de dollars au Canada. La toute première estimation des coûts associés aux mauvais traitements infligés aux femmes (et à dautres formes de violence contre les femmes) a révélé des coûts dau moins 4,2 milliards de dollars par année en termes de services sociaux, déducation, de justice pénale, de main-duvre, demploi, de services de santé et de soins médicaux43.
Les mauvais traitements infligés aux femmes et toute autre forme de violence fondée sur le sexe a de vastes consé-quences sur la santé des femmes et sur le système de santé44. On estime à 1,5 milliard de dollars par année les coûts liés aux soins dispensés aux femmes maltraitées. Ce qui inclut les coûts associés aux soins médi-caux immédiats et aux soins dentaires, aux heures de travail perdues à cause dabsences (avec ou sans paie), aux soins médicaux à long terme, aux séjours dans un hôpital psychiatrique (tous les types), au recours à des maisons de transition et à des
centres de crise ainsi quà dautres formes de prévention et de thérapie45.
Daprès létude « Selected Estimates of the Costs of Violence Against Women », de telles estimations révèlent dimportants renseignements, mais ne représentent quune partie dun tout46. Dautres coûts, et ils sont nombreux, restent encore à être calculés.
Une femme maltraitée doit souvent prendre de nombreuses décisions, parfois très difficiles, sur la meilleure façon de se protéger et de protéger ses enfants et dautres personnes importantes dans sa vie. Elle doit déterminer quand et à qui elle peut dire quelle est victime de violence. Elle doit décider quand et où aller chercher de laide; et savoir tirer pleinement profit des services et de laide accessibles pour accroître sa sécurité et améliorer sa situation.
Entretemps, sa situation personnelle et sociale limite souvent ses choix en termes daide et de possibilités de mettre fin à la violence. Pour certains groupes de femmes au Canada notamment les femmes des Premières Nations et les femmes Inuit, les immigrantes et les réfugiées, les femmes handicapées, les femmes des régions rurales et éloignées, les lesbiennes, etc. la discrimination, le racisme, la pauvreté ainsi que lisolement social et géogra-phique créent des difficultés additionnelles. Non seulement ces femmes subissent les conséquences dactes violents perpétrés contre elles, mais elles doivent aussi faire face aux difficultés suscitées par leur situation de femmes marginalisées dans la société et par la réalité de services limités.
Voici certaines difficultés quune femme peut avoir à surmonter47 :
quelquun quil la maltraite ou si elle essayait de le quitter. Il peut avoir menacé de lui enlever ses enfants ou de la blesser dautres façons. Elle peut avoir peur de ne pas être comprise, crue ou respectée par les autorités. Si elle est une immigrante ou une réfugiée, elle peut avoir peur dêtre expulsée du pays. Si elle est lesbienne, elle peut avoir peur que son orientation sexuelle soit révélée à sa famille et à ses collègues de travail. Elle peut aussi craindre les reproches, les jugements et le rejet des membres de sa famille, de ses ami(e)s et de la collectivité. Elle peut avoir peur dêtre rejetée par tous. Si son agresseur sub-vient à ses besoins, elle peut avoir peur que celui-ci la prive de nourriture, deau, de médicaments, de soins de santé, de vêtements et lempêche de recevoir des visiteurs. Elle peut avoir peur dêtre rudoyée ou limitée dans ses déplacements. Elle peut craindre quon porte atteinte à ses biens ou quon les lui enlève.
Sentiments dimpuissance La femme violentée peut se sentir impuissante, comme ayant perdu le contrôle de sa vie. Son estime de soi peut être amoindrie. Elle peut se sentir fatiguée ou déprimée à cause du stress créé par la violence. Elle se sent peut-être incapable déchapper au contrôle de son agresseur. Elle ne sait peut-être pas quelle a des droits.
Dépendance économique La dépendance économique ou la pauvreté ou la peur de la pauvreté peut empêcher une femme de quitter une relation violente48. Elle na peut-être aucune ressource financière ni déducation formelle, de compétences ou dexpé-riences de travail. Si elle a travaillé à la ferme familiale, elle et ses enfants risquent peut-être de tout perdre si elle quitte. On la peut-être forcée ou amenée par la ruse ou la manipulation à céder le contrôle de ses finances et de ses biens à son agresseur.
Les services de police ou dambulance risquent de prendre beaucoup de temps pour répondre à un appel provenant dun endroit rural ou éloigné. Si la femme décide de partir, elle na peut-être pas de moyens de transport ni dargent pour payer son déplacement. Dans de petites collectivités, où les services sont assurés par des gens de la localité, la femme peut connaître ces personnes, ce qui peut nuire à son besoin de confidentialité.
Une femme handicapée peut ne pas avoir accès à un moyen de transport qui lui permettrait de quitter une situation de violence ou de se rendre à un refuge. Les refuges et dautres services de sa collec-tivité ne sont peut-être pas accessibles; par exemple, il est possible que personne ne comprenne le langage gestuel.
Une femme des Premières Nations ou une Inuit, ou une immigrante ou réfugiée, peut ne pas avoir accès à de laide ou à des services adaptés ou conformes à sa culture. Elle peut soupçonner que les dispensateurs de service ont des attitudes discriminatoires ou font preuve de racisme.
Une lesbienne peut trouver que les services daide ne sadressent quaux femmes hétérosexuelles. Il peut arriver que les dispensateurs de services ne soient pas conscients de la possibilité de violence dans les relations lesbiennes.
La meilleure façon de prévenir et de réagir est de collaborer avec dautres personnes de votre collectivité. Partout au Canada, des centaines dorganisations communautaires, bénévoles et professionnelles collaborent afin de prévenir la violence faite aux femmes et de réagir à de telles situations. Il faut donc trouver qui sont les personnes de votre collectivité qui participent à ces initiatives de lutte contre la violence faite
aux femmes et en apprendre davantage sur ce qui se fait dans votre collectivité et ailleurs. Pourquoi ne pas offrir vos services à titre de bénévole ou faire une contribution pour appuyer ces efforts?
En tant que dispensateurs de soins pri-maires, les intervenants en santé sont bien placés pour prévenir la violence faite aux femmes et pour y réagir. Leur rôle est primordial au sein dune intervention intégrée, multidisciplinaire et intersecto-rielle. On reconnaît de plus en plus les effets de la violence sur la santé de la femme et, par conséquent, bien des projets ont été mis sur pied pour informer les intervenants en matière de santé sur les façons de dépister, dévaluer et daider les femmes victimes de violence. Parmi les projets, mentionnons lélaboration de protocoles, des lignes directrices, des outils de dépistage, des méthodes dévaluation des risques, des ressources pour le perfectionne-ment et la formation, des mécanismes de coordination et bien dautres. Alors quon crée de nouveaux modèles de soins dans le cadre de la restructuration du système de santé, il est important de continuer à appuyer les efforts des intervenants en santé qui tentent de prévenir la violence faite aux femmes et de trouver les meilleurs moyens de réagir à cette situation.
Compte tenu des nombreux cas de femmes violentées au Canada, il y a de fortes possibilités quune personne de votre entourage personnel ou professionnel soit victime de violence sans que vous vous en doutiez. Il faut être prêt à faire face à cette situation et à offrir de laide sans pour autant mettre la femme ni ses enfants en plus grand danger.
Une femme maltraitée peut avoir peur de dire à quiconque ce qui lui arrive. Lorsque vous arrivez à déceler les signes de violence, vous pouvez lui dire quelle nest pas seule et que vous êtes prêt(e) à lécouter et à la croire. Si on ne peut pas compter sur un signe unique et irréfutable pour déceler la violence, on peut toutefois en apprendre davantage sur les indicateurs physiques, psychologiques et comporte-mentaux qui révèlent une situation de mauvais traitements. Par exemple, la femme peut être incapable dexpliquer certaines blessures ou des problèmes de santé chroniques. Elle peut sembler inquiète, anxieuse ou déprimée. Il se peut quelle consomme de lalcool ou des drogues pour faire face à la situation. Le comportement de son partenaire peut être aussi révélateur : il peut lui défendre de rencontrer dautres personnes, ou limiter ses rencontres, ou bien tenter de la contrôler dautres façons.
Si vous décidez de soulever la question de la violence, assurez-vous de le faire en privé. Ne lui posez jamais de questions à ce sujet devant qui que ce soit, y compris son partenaire et ses enfants. Il faut tout faire pour assurer sa sécurité.
Noubliez pas que votre capacité de fournir de laide sera à la mesure de vos propres expériences, valeurs et attitudes. Si vous ne vous sentez pas à laise devant la question de violence, essayez den comprendre les raisons. Vous avez peut-être besoin de plus dinformation sur la question et sur les services offerts dans votre collectivité, ou bien il se peut que vous ayez vous-même besoin daide pour faire face à votre expé-rience personnelle de violence. Si vous avez besoin de renseignements au sujet de la violence, communiquez avec le Centre national dinformation sur la violence dans la famille ou consultez les ressources recommandées (indiquées dans les pages suivantes). Pour connaître les services et les groupes daide accessibles dans votre collectivité, consultez la première section de lannuaire téléphonique de votre localité ou communiquez avec le refuge durgence ou centre dhébergement pour femmes violentées le plus près de vous.
Si vous vous sentez incapable de fournir de laide, soyez prêt(e) à diriger une femme violentée auprès dune autre personne en mesure de laider.
Si vous travaillez à titre de dispensateur de services dans un domaine communautaire ou qui a trait à la santé, aux services sociaux, à léducation ou à la justice, familiarisez-vous avec les nombreux outils qui vous sont accessibles. Il existe aussi de plus en plus de programmes de formation professionnelle, de protocoles et dautres ressources qui traitent de dépistage, dévaluation des risques, de documents de référence, daiguillage, de suivi et dautres domaines de responsabilité professionnelle.
Lorsquune femme vous confie quelle est victime de violence, vous devez lui montrer que vous la croyez et lui faire comprendre que personne ne mérite dêtre violenté.
Il faut aussi vous préoccuper dabord et avant tout de sa sécurité. Demandez-lui ce quil lui faut pour se sentir en sécurité. Si elle se sent en danger immédiat, offrez-lui dappeler la police ou le refuge durgence le plus près. Si elle le préfère, donnez-lui le numéro de téléphone du refuge; elle pourra faire lappel elle-même (de façon anonyme si elle le veut) afin dobtenir de laide.
Une femme violentée doit prendre de multiples décisions, lesquelles sont souvent extrêmement difficiles. Vous pouvez laider à examiner toutes ses options en lui procurant de linformation au sujet des services et des différents groupes daide50 et en laidant à préparer un plan de sécurité pour elle-même et pour ses enfants51.
En tant que professionnel, vous devez être prêt à documenter à fonds la situation de violence ou vos inquiétudes à ce sujet.
Que la femme prenne ou non une décision au sujet des mauvais traitements dont elle est victime, il est important de continuer à laider. Il faut reconnaître et respecter la complexité de sa situation. Pour la majorité des personnes, les changements sopèrent
en plusieurs étapes ce qui peut se révéler long et difficile. Si une femme violentée sent quune personne la croit forte et est prête à laider, il peut y avoir un changement important à long terme.
Si vous êtes actuellement dans une situation de violence ou si vous avez été violentée par le passé, dites-vous bien que vous nêtes pas seule. Vous pouvez téléphoner et demander de laide aux endroits suivants dans votre collectivité (les numéros de téléphone devraient être inscrits sur les premières pages de lannuaire téléphonique de votre localité) :
Si vous maltraitez votre partenaire, vous devez prendre la responsabilité de vos actes et demander de laide afin de changer votre comportement. Communiquez avec un des organismes susmentionnés et demandez quon vous aide.
Pour obtenir de linformation et de la documentation sur la violence faite aux femmes, communiquez avec le :
Centre national dinformation sur la violence dans la famille Unité de prévention de la violence familiale Division de la santé des collectivités Direction générale de la santé de la population et de la santé publique Santé Canada Indice de ladresse : 1907D
9e étage, Immeuble Jeanne-Mance Pré Tunney Ottawa (Ontario) K1A 1B4 Canada Téléphone : 1-800-267-1291 ou (1 800 267-1291)Télécopieur : (613) 941-8930 FaxLink : 1-888-267-1233 ou (613) 941-7285 ATME : 1-800-465-7735 ou (613) 952-6396 Site Web : http://www.phac-aspc.gc.ca/nc-cn Courriel : ncfv-cnivf@hc-sc.gc.ca
Plusieurs des sites Web traitent de la violence faite aux femmes et de sujets connexes. Le site du Centre national dinformation sur la violence dans la famille offre davantage de renseignements à ce sujet et des liens à dautres sites pertinents.
LAlliance des Cinq Centres de Recherche sur la Violence. Violence Prevention and The Girl Child: Final Report. Recherche subventionnée par Condition féminine Canada. 1999.
Biesenthal, Lorri, Lynne Dee Sproule, Mary Nelder, Susan Golton, Donna Mann, Denise Podovinnikoff, Inge Roosendaal, Shellie Warman et Donna Lunn, en collaboration avec Community Abuse Programs of Rural Ontario. Research Report: the Ontario Rural Woman Abuse Study (ORWAS). Ottawa : Ministère de la Justice, 2000 (en anglais seulement).
Centre canadien de la statistique juridique.
La violence familiale au Canada : un profil statistique, 2000. Ottawa : Statistique Canada; no de cat. 85-224-XIF, 2000.
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Unité de prévention de la violence fami-liale. Guide traitant des femmes victimes de violence et du système canadien de justice pénale : lignes directrices à lintention des médecins. Ottawa : Santé Canada; no de cat. H72-21-164-1998F (1999).
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CA, Sage Publications Inc., 1999. Barbara Anello, Report Re. InterSectoral Workshop on Violence Against Women with Disabilities and Deaf Women and Access to the Justice System, 27 novembre 1998, North Bay (Ontario). Rapport préparé pour le DAWN Ontario Board. [en ligne]. [Consulté en novembre 2000]. Sur Internet: http://dawn.thot.net/ workshop.html>. Jamieson, Beals, Lalonde & Associates, Inc., Guide à lintention des professionnels de la santé et des services sociaux réagissant face à la violence pendant la grossesse, Ottawa, Santé Canada, 1999. Lorri Biesenthal, Lynne Dee Sproule, Mary Nelder, Susan Golton, Donna Mann, Denise Podovinnikoff, Inge Roosendaal, Shellie Warman et Donna Lunn, Étude sur la violence envers les femmes en milieu rural ontarien (ORWAS). Rapport final, Ottawa, ministère de la Justice, 2000. LAlliance des Cinq Centres de Recherche sur la Violence, Violence Prevention and the Girl Child: Final Report, Recherche subventionnée par Condition féminine Canada, 1999.
Ce document a été préparé par Liz Hart et Wanda Jamieson de Jamieson, Beals, Lalonde & Associates, Inc. Nous désirons remercier les personnes suivantes de leur contribution : Katalin Kennedy, Lynn Austin et Gaby Vieira, de Santé Canada, ainsi que Marianne Fizet, Kimmon Crosier et Sonja Harrington, de Jamieson, Beals, Lalonde & Associates, Inc.
Centre national dinformation sur la violence dans la famille
Unité de prévention de la violence familiale Division de la santé des collectivités Direction générale de la santé de la population et de la santé publique Santé Canada Indice de ladresse : 1909D1 9e étage, Immeuble Jeanne-Mance Pré Tunney Ottawa (Ontario) K1A 1B4 Canada
Téléphone : 1-800-267-1291 ou (1 800 267-1291)
Télécopieur : (613) 941-8930 FaxLink : 1-888-267-1233 ou (613) 941-7285 ATME : 1-800-465-7735 ou (613) 952-6396
Site Web : http://www.phac-aspc.gc.ca/nc-cn Courriel : ncfv-cnivf@hc-sc.gc.ca
Il est possible dobtenir, sur demande, la présente publication en formats de substitution.
This publication is also available in English under the title Woman Abuse.
Mars 1995 (La violence conjugale)
Octobre 2001 (révision)
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Notre mission est daider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir
et à améliorer leur état de santé.
Santé Canada
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Sa Majesté du chef du Canada, représentée par le Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2002.