Nouvelles de la Bibliothèque nationale |
Carrol D. Lunau,
Programmes nationaux et internationaux
Au début de 1999, la Bibliothèque nationale du Canada a fait parvenir un questionnaire d'enquête sur la mise en commun des ressources à un échantillon de bibliothèques, d'organismes provinciaux du monde des bibliothèques et de regroupements de bibliothèques représentant tous les types et tailles de bibliothèque, à l'exception des bibliothèques scolaires, de toutes les régions du Canada. Les résultats de cette enquête indiquent que des services de mise en commun des ressources sont offerts partout au pays.
Le présent article souligne certains faits saillants des résultats de l'enquête. Un résumé plus complet des résultats, des tendances et des enjeux a été présenté à la deuxième réunion du Groupe d'étude sur la mise en commun des ressources, qui s'est tenue le mercredi 16 juin 1999. À cette réunion, les membres du Groupe d'étude ont mentionné que le résumé décrit bien l'état de la situation qui prévaut au Canada dans les bibliothèques, regroupements et organismes provinciaux à la fin du XXe siècle.
Les objectifs de l'enquête consistaient à (1) rassembler de l'information sur les pratiques actuelles en matière de mise en commun des ressources, et (2) à cerner les tendances et les enjeux influençant la mise en commun des ressources. En se fondant sur ces renseignements, le Groupe d'étude sur la mise en commun des ressources révisera le document préparatoire de 1994, « Une stratégie canadienne de mise en commun des ressources d'information ».
Taux de réponse
La Bibliothèque nationale a envoyé 353 questionnaires et en a reçu 189 dûment remplis, ce qui correspond à un taux de réponse global de 53,54 pour 100. La précision des résultats est de l'ordre de 7,5 pour 100, 19 fois sur 20. Dans les trois principaux groupes de répondants, le taux de réponse est le suivant : (1) 53,07 pour 100 quant aux bibliothèques; (2) 50,0 pour 100 quant aux organismes provinciaux; (3) 66,6 pour 100 quant aux regroupements.
La représentation régionale des bibliothèques répondantes est la suivante :
Colombie-Britannique | 30 | 17,34 % |
Les provinces des Prairies | 46 | 26,59 % |
Ontario | 41 | 23,70 % |
Québec | 26 | 15,03 % |
Les provinces de l'Atlantique | 22 | 12,72 % |
Le Nord | 8 | 4,62 % (la plupart des réponses proviennent du Yukon) |
La représentation des répondants par type de bibliothèque est la suivante :
Bibliothèques des collèges et universités | 50 | 28,90 % |
Bibliothèques publiques | 104 | 60,12 % |
Bibliothèques spécialisées | 19 | 10,98 % |
Les bibliothèques spécialisées qui ont répondu au questionnaire représentent une proportion beaucoup plus faible que leur représentation réelle à l'échelle du pays; par conséquent, les résultats de l'enquête ne sont pas représentatifs de la gamme complète des bibliothèques spécialisées canadiennes. Toutefois, ils donnent un aperçu qui peut indiquer des domaines de recherche supplémentaires. Comme il est mentionné plus haut, l'enquête ne s'étendait pas aux bibliothèques scolaires.
Situation actuelle
Les réponses à l'enquête mettent en évidence trois caractéristiques générales du milieu actuel des bibliothèques. La croissance des regroupements de bibliothèques constitue le premier. Cependant, les membres du milieu ne s'entendent pas sur une définition commune de ce que constitue un regroupement. Les bibliothèques, dans une proportion de 74,6 pour 100, déclarent faire partie d'au moins un regroupement et plusieurs d'entre elles ont indiqué être membre d'un grand nombre de regroupements. Au total, 89 groupes ont été mentionnés comme étant des regroupements, notamment des organismes provinciaux (p. ex., Services des bibliothèques publiques du Manitoba), des systèmes de bibliothèque régionaux (p. ex., Chinook Arch Regional Library System), des associations de bibliothèques (p. ex., l'Association pour l'avancement des sciences et des techniques en documentation, ASTED), des fournisseurs (p. ex., Data Research Associates, DRA), ainsi que des regroupements traditionnels tels l'Electronic Library Network (ELN). La négociation de licences d'utilisation sur site représente le service le plus fréquemment offert par les regroupements qui ont répondu à l'enquête, et constitue également le service le plus utilisé par les bibliothèques qui font partie de ces regroupements. La deuxième caractéristique générale est l'omniprésence du changement. Le milieu des bibliothèques est actuellement en période de transition. Plus de la moitié (56,1 pour 100) des bibliothèques indiquent que des changements sont survenus dans leur structure administrative ou organisationnelle au cours des cinq dernières années. Les bibliothèques des provinces de l'Atlantique mentionnent, dans une plus grande proportion que celles des autres régions, qu'elles ont été confrontées à des changements. L'impact des technologies, principalement Internet et le Web, constitue la troisième caractéristique. Selon les répondants, l'incidence de la disponibilité de catalogues de bibliothèque dans Internet se traduit par une augmentation de la charge de travail, une augmentation des demandes provenant d'autres régions ou pays, l'accessibilité accrue aux ressources pour les usagers des bibliothèques, ainsi que le nombre accru d'usagers mieux informés. Pour 63,0 pour 100 des répondants, Internet et le Web ont eu une incidence sur les activités de mise en commun des ressources. Voici les observations types des répondants à cet égard :
En ce qui concerne les services traditionnels de mise en commun des ressources, tels le prêt entre bibliothèques (PEB) et les catalogues collectifs, le milieu a évolué pour tenir compte des nouvelles possibilités offertes par la technologie; d'autre part, de nombreuses caractéristiques sont toujours les mêmes. La majorité des répondants indiquent une augmentation du PEB, et certaines bibliothèques précisent que l'augmentation importante dans ce domaine est reliée au fait que leur catalogue est désormais diffusé dans Internet. Dans certains cas, il s'agit de bibliothèques qui offrent des services de PEB pour la première fois, ou de bibliothèques qui reçoivent des demandes de PEB de bibliothèques des États-Unis ou d'Europe pour la première fois. Dans une proportion de 42,8 pour 100, les répondants ont automatisé leurs fonctions de PEB, et 68,8 pour 100 des répondants ont conclu des accords de prêt réciproque. À l'heure actuelle, seules les bibliothèques universitaires répondent aux demandes de PEB provenant d'usagers et dans l'ensemble, seuls 12,7 pour 100 des répondants offrent ce service.
La grande majorité (72,3 pour 100) des bibliothèques signalent leurs mentions de fonds à un catalogue collectif, que ce soit à l'échelle locale, régionale, provinciale, nationale ou internationale. La plupart d'entre elles signalent leurs fonds à l'échelle régionale ou provinciale, 27 répondants (15,6 pour 100) signalent leurs fonds dans AMICUS, le catalogue collectif de la Bibliothèque nationale, tandis que 22 répondants mentionnent qu'ils signalent leurs fonds à un catalogue international, surtout le Online Computer Library Center (OCLC). En outre, les catalogues collectifs ne sont plus réservés qu'au seul usage du personnel des bibliothèques : 58,0 pour 100 des bibliothèques universitaires permettent aux usagers d'accéder directement au catalogue collectif. La plupart des catalogues collectifs prennent la forme de catalogues centralisés traditionnels, mais la moitié des organismes provinciaux répondants mentionnent que leur catalogue collectif est un catalogue virtuel. Un peu plus de la moitié des bibliothèques répondantes (53,2 pour 100) précisent qu'elles effectuent des recherches dans des catalogues virtuels surtout pour le PEB, pour repérer un ouvrage en instance de catalogage ou à des fins de référence.
Conclusion
Les résultats de l'enquête illustrent la diversité des pratiques en cours au sein du milieu canadien des bibliothèques. Les bibliothèques participent à la mise en commun des ressources en signalant leurs fonds à des catalogues collectifs et en offrant des services de PEB. Afin de s'adapter aux demandes croissantes des usagers et à l'augmentation des coûts, les bibliothèques, dans une proportion grandissante, se joignent à des regroupements, mettent en application de nouvelles technologies, procèdent à l'automatisation de fonctions à forte intensité de main-d'œuvre et amorcent l'instauration du libre-service à l'intention des usagers. Les bibliothèques universitaires sont à l'origine de cette évolution vers des demandes de PEB amorcées par les usagers, nouveau type de service qui fait son chemin de plus en plus dans les bibliothèques publiques.
Dans de nombreuses provinces, la tradition veut que les organismes provinciaux assurent la coordination des services de bibliothèque, surtout les services offerts par les bibliothèques publiques et les bibliothèques régionales. Le mode de coordination varie en fonction des lois provinciales régissant les bibliothèques. Au cours des dernières années, le nombre de regroupements s'est accru et, dans certains cas, des organismes provinciaux sont devenus eux-mêmes des regroupements. Dans certaines provinces, il existe à la fois un organisme de bibliothèque publique provincial et un regroupement offrant des services à divers types de bibliothèques, dont des bibliothèques publiques. Les deux groupes offrent des services semblables à leurs membres. Étant donné que les bibliothèques sont à la recherche de la façon la plus rentable d'offrir leurs services aux usagers, les regroupements continueront de jouer un rôle important au sein du processus de mise en commun des ressources.
Évaluer et mettre en application les options disponibles afin de répondre aux besoins des usagers dans une période de changement continuel représente le défi que toutes les bibliothèques, y compris les bibliothèques scolaires qui n'ont pas fait l'objet de l'enquête, doivent relever. Pour cette raison, la Bibliothèque nationale est convaincue que l'analyse, la discussion et la mise à jour de la stratégie sur la mise en commun des ressources constituent un cadre de travail important pour l'avancement des bibliothèques au Canada - un cadre de travail à partir duquel on pourra établir des plans.