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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Mai 2000
Vol. 32, no 5



Le Centre bibliographique et les Archives publiques : deux directions gérées par M. Lamb

Les débuts du Centre bibliographique canadien, il y a cinquante ans, furent très modestes. Dans ces extraits tirés de ses mémoires non publiés (MG 31, D8, vol. 18, dossier 8, p. 247-251), monsieur W. Kaye Lamb, qui venait d'être nommé archiviste du Dominion et président du Comité consultatif national, raconte sa lutte en faveur de la Bibliothèque, afin qu'elle soit prise au sérieux au même titre que son institution-sœur bien établie, alors appelée Archives publiques du Canada.

« Dès mon arrivée à Ottawa, le ministre a nommé un Comité consultatif de la Bibliothèque nationale pour m'aider dans les préparatifs. Il comptait dix membres venant de tous les coins du pays, ainsi que Francis Hardy, bibliothécaire du Parlement, et moi-même. Selon moi, le pivot de ce comité était constitué des bibliothécaires Edgar Robinson, de la bibliothèque publique de Vancouver, Elizabeth Dafoe, de la bibliothèque de l'Université du Manitoba, et Peter Grossman, des bibliothèques régionales de Nouvelle-Écosse.

« La première réunion du Comité eut lieu le 4 mars 1949. J'ai alors suggéré que la première étape vers une Bibliothèque nationale devrait être la création d'un Centre bibliographique qui, avec un minimum de livres et de personnel, pourrait mettre sur pied deux projets représentant des fonctions évidentes d'une Bibliothèque nationale, soit la constitution d’un Catalogue collectif, qui donnerait accès aux ressources en livres de notre pays, et la compilation d’un catalogue des publications courantes d'origine, d'auteur ou d'intérêt canadien, qui, je l'espérais, pourrait rapidement être publiée sous forme d'un périodique distribué gratuitement à toutes les bibliothèques canadiennes.

« Durant l'année suivante, nous n'avons pu faire guère plus que planifier en attendant l'allocation de fonds dans les prévisions budgétaires de 1950-1951; mais en février 1950, le ministre m'avait donné l'autorisation écrite anticipée d'aller de l'avant dans l'organisation d'un Centre bibliographique. Martha Shepard, auparavant de la Division de référence de la Toronto Public Library, est devenue directrice du Centre le 1er mai 1950. Mme Jean Lunn, auparavant bibliothécaire de l'Institut Fraser de Montréal, s’est jointe au personnel le 1er juillet en tant que bibliographe, et a immédiatement assumé la responsabilité de la liste en cours qui, nous l'avions décidé, s'appellerait Canadiana. Elle parut pour la première fois, de façon indépendante, en janvier 1951; cette date marqua le début d’une lutte continuelle, d’abord pour publier à temps chaque numéro mensuel (ce dont nous fûmes souvent incapables), et ensuite pour obtenir des exemplaires des nouvelles publications qui devaient y figurer. C'était un véritable travail de détective, un travail énorme, magistralement accompli pendant des années par Adèle Languedoc, qui s'était jointe au personnel en janvier 1951. Le trio Shepard-Lunn-Languedoc formait une combinaison extraordinaire de talents très variés; le projet de la Bibliothèque nationale profita grandement de leur dévouement durant les vingt années suivantes, la plupart du temps dans des conditions de travail qui étaient loin d'être idéales.

« Dès 1951, j'avais entrepris une épuisante exploration à pied des alentours d'Ottawa, à la recherche d'un site possible pour l'édifice de la Bibliothèque nationale. Dès le début, je gardais à l'esprit que le futur édifice abriterait à la fois la Bibliothèque nationale et les Archives publiques. Pour moi, cette idée représentait une excellente stratégie. Je savais bien qu’on s’était montré favorable à la construction prochaine d'un édifice pour la bibliothèque, mais aucune disposition financière significative n'avait encore été prise pour la bibliothèque elle-même. En 1952, au moment du dénouement, le Centre bibliographique était toujours assez confortablement installé dans l'une des plus grandes salles du musée de l'ancien édifice des Archives. Il n'était pas raisonnable de soutenir qu'une organisation aussi minuscule justifiât la construction de vastes locaux pensés en fonction de l'avenir. Si une structure indépendante devait être construite, ce serait plus ou moins à l'échelle de la Bibliothèque publique d'Ottawa. Ma solution au dilemme fut de supposer (et c'est ce qui s'est produit) qu'au moment de construire, nul n'aurait d'objection à ce que j'entreprenne d'abriter dans le nouveau bâtiment les deux directions dont j’étais responsable, plutôt que seulement celle dont on parlait alors le plus. »

Dans cet article, M. Lamb se révèle de nouveau un meneur sympathique et généreux, qui n’hésite pas à souligner l’aide des personnes qui l’ont secondé dans l’entreprise de sa vie, qui était de fonder une organisation tout en en administrant une autre. Puisqu’il avait l’habitude d’aborder ses responsabilités avec un certain humour mordant, il comprendrait que je vous conseille vivement de ne pas jeter les chandelles d'anniversaire du Centre bibliographique, mais de les garder pour le 50e anniversaire de la Bibliothèque nationale elle-même, qui aura lieu en 2003.

Ian E. Wilson,
Archiviste national


Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 2000-4-10).