Bernache du Canada
Par Daniel Toussaint
N.B. Cette fiche a été produite initialement pour préparer l'équipe de bénévoles à l'animation au parc national de Plaisance.
CARACTÉRISTIQUES
Combien y a-t-il de races (sous-espèces) de bernaches ?
On en reconnaît 11 en Amérique du Nord. L’espèce se reproduit dans tout le nord de l’Amérique du Nord et hiverne aux États-Unis.
C’est la sous-espèce de l’intérieur (Branta canadensis interior) qui migre par Plaisance.
La sous-espèce Branta canadensis maxima, dite aussi résidente ou géante, est celle qui niche dans l’Outaouais depuis quelques années.
Quelle est leur taille ?
La sous-espèce (race) qui s’arrête ici (la race de l’intérieur) mesure environ 90 cm (36 pouces) et pèse environ 3,5-4,2 kg (7 à 9 lbs). L’envergure des ailes dépasse un mètre. La bernache résidente (sous-espèce maxima) est environ 40 % plus grosse.
Y a-t-il d’autres espèces de bernaches et d’oies qui s’arrêtent ici ?
La bernache cravant, qui niche dans l’ouest de l’Arctique, passe en petits nombres, mais plus tard (fin mai - début juin). Elle est plus courte et présente une ligne blanche au cou.
La bernache nonnette, qui niche au Groenland, s’arrête exceptionnellement à Plaisance. Elle a la face blanche.
L’oie des neiges migre plus à l’est (lac Saint-Pierre, Cap Tourmente), mais de petits groupes de quelques dizaines d’oies et des individus isolés s’arrêtent dans la vallée outaouaise.
L’oie rieuse (à front blanc) et l’oie de Ross sont des visiteurs exceptionnels à Plaisance.
Quelle est la différence entre mâle et femelle, jeune et adulte ?
Les adultes ne présentent aucune différence apparente. La femelle est légèrement plus petite. Leur cri, habituellement traduit par a-honc, ca-ronc ou hinc, est plus fort, aigu et prolongé chez le mâle.
Les jeunes acquièrent leur plumage adulte dès leur première année. Les individus d’une famille se reconnaissent par leur cri individuel. Les jeunes quittent leurs parents à l’âge d’un an.
Quelle est la différence entre outarde et bernache ?
L’outarde (bustard en anglais) est un oiseau terrestre des steppes herbeuses et des cultures étendues, qui possède un bec et des pattes de poule. On trouve plusieurs espèces dans cette famille (Otididés) en Eurasie et en Afrique, mais pas ici.
La bernache du Canada (Canada Goose en anglais) est un oiseau aquatique qui appartient à la famille des oies, cygnes et canards (Anatidés), caractérisée par un bec aplati et des pattes palmées. Espèce indigène de l’Amérique du Nord, la bernache a été introduite en Angleterre, en Irlande et dans les pays scandinaves au cours des 3 derniers siècles.
Les premiers colons baptisèrent notre bernache "outarde" en raison de sa ressemblance avec l’outarde canepetière mâle, petite outarde de la taille d’une gélinotte et présente en Europe (autrefois commune, mais aujourd’hui menacée).
Jusqu’à quel âge peuvent-elles vivre ?
Environ 15 ans en milieu naturel. Le record est de 24 ans. Peu atteignent cependant cet âge, la mortalité annuelle étant d’environ 30 à 50 %.
En captivité, le record serait de 60 ans.
MIGRATION
D’où viennent-elles ?
Elles passent l’hiver dans les refuges des États côtiers du nord-est américain, entre la Caroline du Sud et l’État de New York : principalement sur la péninsule Delmarva (Delaware, Maryland, Virginie), mais aussi dans les Carolines, au New Jersey et en Pennsylvanie.
Où vont-elles nicher ?
Dans le Grand Nord du Québec : basses terres de la baie James et de la baie d’Hudson (celles qui s’arrêtent dans la vallée outaouaise), côtes de l’Ungava (celles qui s’arrêtent dans la vallée outaouaise et au lac Saint-Pierre).
Combien de temps restent-elles ici ?
On les voit durant environ 6 semaines. Les premières arrivent vers la fin mars et les dernières partent vers la mi-mai. Toutefois, la durée moyenne du séjour de chaque bernache à Plaisance n’est que de quelques jours ; il y a donc constamment de nouveaux arrivants, dont bon nombre proviennent du secteur de la rivière Nation, sur la rive ontarienne de l’Outaouais.
Le pic de la migration se situe de la fin avril au début mai.
Pourquoi restent-elles ici si longtemps ?
Elles attendent la fonte des neiges pour avoir accès aux jeunes pousses et le dégel des lacs plus au nord pour s’approcher des aires de nidification.
Elles trouvent une abondante source de nourriture pour refaire leurs forces et de grands plans d’eau pour se protéger des prédateurs.
Arrêtent-elles aussi l’automne ?
La migration automnale se déroule beaucoup plus rapidement qu'au printemps. La plupart des bernaches effectuent le trajet sans escale à partir des aires de nidification jusqu'aux quartiers d'hiver (de 1500 à 3000 km, selon la distance qui sépare les deux aires) où elles vont se reposer dans des refuges, à l'abri des chasseurs. Le pic de la migration a lieu dans les 3 premières semaines d’octobre. Elles peuvent ainsi faire plus de 1500 km par jour.
Pourquoi volent-elles en " V " ?
Dans la formation en "V", le décalage et l'espacement relativement constant entre les oiseaux est tel qu'il permet à chacun de voir et de suivre le précédent sans pour autant se placer dans le tourbillon créé par le sillage de ce dernier. De plus, l'extrémité de l'aile de chaque oiseau s'appuie sur le tourbillon d'air ascendant produit par l'aile de celui qui le précède. Ainsi, à l'exception du chef de file, habituellement un adulte expérimenté, chaque oiseau doit fournir moins d'énergie et peut voler plus longtemps et plus vite. Les volées sont composés de plusieurs familles.
À quel moment de la journée et à quelle vitesse et altitude volent-elles ?
Elles migrent tant de jour que de nuit. On les entend souvent à la brunante.
La vitesse est d’environ 60-75 km/h en croisière ; jusqu’à 100 km/h avec un bon vent arrière.
L’altitude varie de 200 à 1000 mètres ; elles volent exceptionnellement jusqu’à 3000 mètres.
Elles volent plus bas lorsque le plafond est bas et couvert que lorsque le ciel est dégagé, et volent généralement plus bas au printemps qu’à l’automne.
Est-ce vrai que les colibris migrent sur le dos des bernaches ?
Faux ! Il s’agit là d’une croyance populaire assez répandue.

POPULATION
Combien de bernaches s’arrêtent ici ?
La population du corridor de la mi-Atlantique se situe à environ 1 million de bernaches; elle était en déclin depuis les années 1980, mais on a connu une hausse depuis 1996.
Selon une étude réalisée en 1989, environ 360 000 s’arrêtent dans la vallée de l’Outaouais, entre Gatineau et Papineauville. Durant le pic de la migration, on peut en compter jusqu’à
50 000 quotidiennement.
La majorité s'arrêtent dans les champs entre Masson et Thurso.
Il y en a de moins en moins sur les Presqu’îles du parc national de Plaisance, en raison de la diminution des aires cultivées. On en voit plus que quelques centaines quotidiennement dans ce secteur.
Peut-on les chasser ? Sont-elles bonnes à manger ?
La chasse est permise l’automne, en septembre (race résidente) et de la fin octobre à la fin décembre (race migratrice).
La chasse est toutefois interdite dans la Baie Noire Est et dans la baie Parisien, entre les presqu’îles.
La chair est succulente. Les Cris de la baie James et les Inuit de la baie d’Hudson en font une consommation importante.
Quelles sont les principales causes de mortalité ?
La chasse vient au premier rang. Les chasseurs Blancs et Autochtones peuvent en tuer jusqu’à 25%.
La prédation sur les oeufs et les jeunes dans le Nord par les renards arctiques, les loups et certains oiseaux (rapaces, corbeaux) peut être forte certaines années.
Les autres causes (compétition alimentaire, empoisonnement, etc.) sont moins importantes.
Pourquoi voit-on des bernaches ici même en été ?
La sous-espèce (race) résidente est de plus en plus commune ; la population nord-américaine dépasserait le million d’individus.
Issue d’élevage et relâchée dans le nord-est des États-Unis dans les années 1930, elle migre peu et ne craint pas l’homme. Elle s’installe dans les parcs urbains, les golfs, les plages et autres endroits publics, où elle est parfois considérée comme nuisible (contamination par les fientes, danger près des aéroports) et soumise à un contrôle.
Des bernaches résidentes nichent dans le sud de l’Outaouais depuis le début des années 1990.
ALIMENTATION ET COMPORTEMENT
Que mangent-elles à Plaisance ?
Des aliments riches en énergie et en protéines : plantes et invertébrés aquatiques dans les marais, jeunes pousses de graminées (mil surtout) et de légumineuses, et restes de grains cultivés (maïs surtout) dans les champs.
Combien de temps passent-elles à s’alimenter ?
La journée d’une bernache se répartit approximativement comme suit : 40 % du temps consacré à l’alimentation, 30 % au repos et 30 % au toilettage (baignade, lissage des plumes).
Que signifie la position du cou ?
Cou à la verticale : guet, alerte (la bernache est farouche, on trouve toujours des " sentinelles ").
Cou replié, étiré ou étendu vers l’avant : conflit ou menace envers d’autres bernaches.
Tête baissée : soumission.
REPRODUCTION
Quel est leur habitat de reproduction ?
Nos bernaches nichent au Nouveau-Québec, dans les régions marécageuses et les tourbières de la forêt boréale et de la toundra. Le nid est bâti sur le sol, près de l’eau et de préférence sur un îlot, dans une dépression tapissée de duvet et de divers matériaux végétaux.
Combien ont-elles de petits ?
Elles pondent environ 5 oeufs (4-6). La durée d’incubation est d’environ 4 semaines. La femelle couve et le mâle monte la garde. Les petits naissent en juin. Ils sont prêts à voler à l’âge de 2 mois.
Les couples sont-ils fidèles ?
Les bernaches sont matures à l’âge de 3 ans, parfois à 2 ans. Elles sont monogames et le couple est uni à vie. Si l’un des deux meurt, l’autre trouvera toutefois un nouveau partenaire.
Pour plus d'informations: info@coo.qc.ca