Profil de la communauté acadienne et francophone de l'Île-du-Prince-Édouard

Histoire

C'est la France qui colonise d'abord l'Acadie à partir de 1604. Les Poitevins et les Basques sont les plus nombreux à partir vers le nouveau continent. Après de longues disputes avec l'Angleterre, la France signe en 1713 un traité qui lui donne juridiction sur l'Île-Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) - où elle établit une colonie permanente en 1720, et sur l'Île Royale (Île-du-Cap-Breton). La Nouvelle-Écosse continentale tombe alors sous contrôle britannique. Plusieurs Acadiennes et Acadiens refusent de prêter serment d'allégeance à l'Angleterre. Celle-ci décide en 1755 de mettre un terme à cette résistance passive. C'est la déportation. Les quelque 7 000 Acadiennes et Acadiens de ce territoire sont forcés à émigrer vers les colonies américaines. Plusieurs se réfugient dans ce qui reste de la Nouvelle-France. L'Île-du-Prince-Édouard en accueille un grand nombre.

Devenue britannique en 1763, l'Île allait devenir massivement anglophone. L'Acadie insulaire n'en survivra pas moins. Malgré leur éparpillement, les communautés acadiennes s'organisent tant bien que mal. Dès 1830, on compte six écoles acadiennes; il y en a treize en 1854. Mais, après la Confédération, l'action restrictive de la province dans le domaine scolaire conduit bientôt à une perte des acquis. L'Association des instituteurs acadiens de l'Île est créée en 1893 dans le but d'encourager l'enseignement du français dans les écoles publiques. Dès sa fondation en 1919, la Société Saint-Thomas-d'Aquin (SSTA) lui donnera son soutien, en se chargeant de récolter des fonds destinés à l'éducation de la jeunesse acadienne. En 1893, le journal L'Impartial est fondé.

La SSTA regroupe aujourd'hui 17 associations locales, régionales et provinciales. Son objectif : assurer des services et développer des programmes qui répondent aux besoins en matière de culture et de patrimoine de la communauté acadienne et francophone de l'Île. L'éducation et la formation, l'économie et le tourisme, les services communautaires, les communications à distance constituent ses chevaux de bataille.

La communauté acadienne et francophone de l'Île a fait office de pionnière en ce qui concerne la collaboration communauté/gouvernement puisqu'elle a été la première à conclure, en 1997, un partenariat tripartite (communauté, gouvernement fédéral et gouvernement provincial) à des fins de développement communautaire.

Géographie

La communauté acadienne et francophone de l'Île-du-Prince-Édouard comprenait 5 722 personnes de langue maternelle française en 1996. Ces francophones représentaient 4,3 % de la population totale de la province.

Sept francophones sur dix habitent dans l'ouest de l'Île, le comté de Prince, où ils représentent environ 10 % de la population. Ils se concentrent en grande partie dans la région Évangéline, et sont majoritaires dans quelques villages, dont Wellington et Abram-Village. Ils y ont développé un fort sentiment d'appartenance qui facilite leur cohésion et leur organisation communautaire. Une autre concentration importante d'Acadiens et de francophones est localisée à Summerside et dans les localités limitrophes de St. Eleonors et Miscouche. Un dernier regroupement d'importance se situe dans le nord du comté et comprend les localités de Tignish, Palmer Road et St. Louis.

La francophonie insulaire est essentiellement rurale, bien que plus d'un millier de personnes vivent à Summerside, le centre régional de services pour l'ouest de l'Île, et dans les localités avoisinantes. Si les Acadiennes, Acadiens et francophones de l'Île-du-Prince-Édouard sont peu nombreux, leur relative concentration leur confère un poids politique qui compense leur faible poids démographique.

 

 

les trente dernières
années

 

1967 La coopérative du Village des pionniers acadiens est fondée. Le village devient un attrait touristique pour les visiteurs et un lieu important pour la communauté locale.
1971 Des entrepreneurs de la région Évangéline fondent l'Association touristique Évangéline dans le but de coordonner leurs actions, d'orienter le développement touristique et de faire la promotion commerciale de cette destination touristique acadienne.
1975 L'hebdomadaire La Voix acadienne voit le jour. Seul journal de langue française publié à l'Île-du-Prince-Édouard, il est un outil d'information et une référence culturelle d'importance pour la communauté acadienne de l'Île.
1980 Un amendement est apporté à la Loi scolaire de l'Île-du-Prince-Édouard qui permet enfin l'établissement officiel de classes de langue française dans cette province.
1987 Le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard promulgue sa politique concernant les services en français.

1990 La création de la Commission scolaire de langue française de l'Île-du-Prince-Édouard permet désormais aux Acadiens, Acadiennes et francophones insulaires de gérer leurs propres écoles.

Tenue de la finale des Jeux de l'Acadie à l'Île-du-Prince-Édouard et participation annuelle d'une délégation de l'Île à la Finale des Jeux.

1991 Le nouveau Musée acadien, situé à Miscouche, accueille ses premiers visiteurs. Il remplace l'édifice en rondins construit en 1964. Il héberge le Centre de recherches acadiennes de l'Île-du-Prince-Édouard, fondé en 1985.

Création du Carrefour de l'Isle-Saint-Jean, centre scolaire et communautaire desservant la grande région de Charlottetown et Rustico.

Fondation de la Société éducative de l'Île-du-Prince-Édouard.

1994 La Société éducative de l'Île-du-Prince-Édouard fonde le Centre provincial de formation pour adultes à Wellington. Dans ce centre, la Société éducative offre des services de formation à distance en collaboration avec le réseau du Collège de l'Acadie de la Nouvelle-Écosse. Il propose aussi un éventail de cours à temps partiel et à la demande destinés à la clientèle adulte francophone de l'Île. De plus, la Société éducative s'occupe du développement et de la mise en œuvre de programmes d'alphabétisation.

1997 Élaboration d'une stratégie intitulée « Projet télécommunauté insulaire francophone » dont l'objectif principal est de favoriser le développement et l'épanouissement de cette communauté en lui offrant un outil qui réponde spécifiquement à ses besoins. Cette stratégie vise notamment à :

- créer une société du savoir dans laquelle l'utilisation et l'exploitation des technologies sont généralisées, afin de développer une culture axée sur le savoir;

- doter la communauté acadienne et francophone insulaire d'un réseau en télécommunications reliant ses régions en une communauté virtuelle;

- encourager l'investissement dans des programmes de formation et d'études générales, et accroître l'employabilité des Acadiens, Acadiennes et francophones.

Diffusion cinq jours par semaine d'une émission radiophonique depuis un studio permanent de la Société Radio-Canada, situé à Charlottetown (CBAF Bonjour).

Établissement, pour la première fois dans le pays, du premier protocole d'entente tripartite (Canada/Île-du-Prince-Édouard/communauté) pour le développement de l'économie du savoir et des ressources humaines francophones.

Élaboration d'un plan de développement stratégique global pour la communauté acadienne et francophone insulaire.

1998 Un important projet de restructuration du mouvement coopératif est élaboré. Le Conseil de développement coopératif est fondé. Il regroupe quelque seize coopératives dans des secteurs très variés et remplace le Conseil de la coopération de l'Île-du-Prince-Édouard fondé en 1977.

1999 La Loi sur les services en français de l'Île-du-Prince-Édouard reçoit l'assentiment royal en avril. Elle présente la vision gouvernementale concernant l'usage du français au sein du gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard.

La communauté acadienne et francophone insulaire lance un projet d'implantation d'une radio communautaire à l'échelle provinciale (en voie de réalisation).

2000 En janvier, toute la communauté acadienne et francophone de l'Île-du-Prince-Édouard accueille avec joie la décision de la Cour suprême du Canada en faveur des parents francophones de Summerside/Miscouche. Depuis 1982, ceux-ci réclamaient à la province de l'Île-du-Prince-Édouard l'établissement d'une école homogène francophone dans leur communauté. Le jugement reconnaît « que la communauté francophone de Summerside/Miscouche a droit, sur son territoire, à une école donnant une instruction en français ».

Proclamation des premiers articles de la Loi sur les services en français de l'Île-du-Prince-Édouard.

Dans sa démarche continue de développement de la communauté à l'aube du nouveau millénaire, la communauté acadienne et francophone de l'Île propose un concept à la fois innovateur, prometteur et adapté aux nouvelles réalités : la mise sur pied d'un Centre de l'économie du savoir appliqué (CESA). L'originalité de cette démarche repose sur l'intégration des technologies de l'information et des communications à tous les niveaux d'enseignement au sein d'un même établissement (la maternelle, le primaire, le secondaire, le collégial, l'université et la formation continue). Il propose aussi la mise sur pied de programmes et de services favorisant le développement des organismes communautaires. Plus généralement, cette démarche favorisera la création d'un environnement propice au développement de l'entrepreneuriat et à la recherche de nouveaux modèles de développement et d'entreprises.

(Source : Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) du Canada. Profil de la communauté acadienne et francophone de l'Île-du-Prince-Édouard, Ottawa, mai 2000, 20 p.)

 

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