Soeur Marie-Angèle (Angèle Gauthier)

Née le 9 février 1828 à Vaudreuil, Québec, et décedée le 25 mai 1898 à Quamichan (Duncan C.B.), elle fut ensevelie à Victoria dans le cimétière communautaire situé dans le jardin de l'Académie Sainte-Anne. Aujourd'hui ses restes reposent dans le terrain réservé aux soeurs, au cimétière de Ross Bay, à Victoria.

Soeur Marie-Angèle vécut son enfance à Vaudreuil, village rural canadien français. Son père était fermier et la famille fut élevée en partageant les travaux de la ferme et du foyer. Étant la huitième de seize enfants, Soeur Marie-Angèle a dû assumer plusieurs responsabilités chez elle. Elle grandit dans l'atmosphère d'une tradition et d'une culture canadiennes françaises.

Pendant quelque temps elle fréquenta l'école de son village natal. À cette époque au Canada Français l'enseignement se terminait à l'élémentaire. Les professeurs qualifiés ne se trouvaient pas dans ce coin rural. En 1851, elle fut admise dans la Congrégation des Soeurs de Sainte-Anne, liée à l'école de Vaudreuil. À l'école connue sous le nom d'Académie Blondin, les maîtresses apprenaient les éléments de pédagogie enseignés par le clergé, lequel surveillait les cours d'étude et donnait les instructions au noviciat récemment fondé. Outre l'instruction pédagogique les novices étaient formées dans la pratique des corvées domestiques, communes aux foyers du dix-neuvième siècle: cuisson, couture, tissage, tricotage, fabrication de dentelles, soin des malades à domicile ou autres besognes. Une religieuse devait être apte à ces métiers afin de contribuer à l'éducation de la société rurale du Québec et au service missionnaire. En ce temps-là une personne possédant ces talents variés avait plus de valeur qu'une personne spécialisée.

Soeur Marie-Angèle devint la deuxième supérieure générale de la Congrégation à Saint-Jacques de l'Achigan, Québec. À la fin d'un terme de trois ans on la nomma à la mission de Victoria, Ile de Vancouver. En Colombie (-Britannique) elle eut des obédiences à l'Académie Sainte-Anne, Victoria, à Sainte-Anne, Duncan, à l'hôpital Saint-Joseph, Victoria, à l'Académie Sainte-Anne, Vancouver, et enfin à la Mission Sainte-Marie, Mission City.

Partout où elle fut nommée Soeur Marie-Angèle mérita le titre «la bonne soeur». Les enfants l'acceuillaient avec joie quand elle apparaissait sur la scène. Toujours, elle avait ou une pomme ou une orange sinon un bonbon à offrir. Elle se servit des graines de semence envoyées par sa famille pour enseigner l'art du jardinage. Une contribution unique fut l'enseignement du tricot aux Indiens, ces premiers tricots étaient les précurseurs des fameux chandails «Duncan Cowichan» qui jouissent d'une réputation mondiale.

Missionnaire en Colombie (-Britannique), la formation qu'elle avait reçue au Québec lui rendit de grands services comme en témoignent les lettres à sa famille dans lesquelles elle révèle son fort attachement auz Indiens et aux Noirs.

Chacune de ses journées étaient amplement remplie par l'enseignement, le soin des malades, la surveillance aux besoins du clergé, ainsi que par maintes responsabilités domestiques. Tous ces services avaient comme base une spiritualité aussi forte que profondément enracinée laquelle savait s'intégrer à chaque tâche qu'elle accomplissait.

Une autre contribution que Soeur Marie-Angèle légua à la postérité fut le charmant journal qu'elle écrivit à ses parents et dans lequel elle relata son voyage de Montréal au Panama et de là à San Fransisco puis finalement à Victoria, Ile de Vancouver. Ce journal fut publié à Montréal en 1859 dans le Journal de l'Instruction Religieuse. Ce document est charmant dans sa simplicité et son sens de l'humour. Il décrit en details l'arrivée des quatres premières religieuses sur la côte ouest de notre pays. Il souligne les ambitions des religieuses par opposition aux ambitions des «chercheurs d'or» qui avaient fait le voyage avec elles.

Les cinquante ans de vie religieuse de Soeur Marie-Angèle (1848-1898) furent empreints de l'esprit d'une vraie femme canadienne française qui avait voué sa vie à l'éducation de la jeunesse chrétienne, au soulagement des souffrances de l'humanité et aux besoins immédiats de la communauté qu'elle savait si bien servir. Une des cinq sources d'eau sur la propriété des Soeurs de Saint-Anne à Duncan porte son nom.

Exceller est le privilège de quelques personnes, et une personne, telle que Soeur Marie-Angèle qui a si généreusement servi les besoins journaliers d'une société, mérite honneur et souvenir.

Ricard, Gérald et al. Présence Francophone à Victoria, C.-B. 1843-1987. Victoria, Association historique francophone de Victoria, 1987. p. 74-76