[Indigenous People]

La spiritualité

La vie des peuples du Nord était tributaire du climat, des saisons et des déplacements des animaux. Tout autour des populations s'agitaient des forces violentes inexplicables : l'eau, les vents, la neige et la glace, le soleil, la lune et les étoiles, le cycle des naissances et des décès.

Les Inuit croyaient que chaque personne, chaque animal, chaque chose inanimée et chaque force de la nature possédait un esprit qui, après la mort, vivait dans un autre monde. Pour plusieurs groupes, l'un des plus importants esprits était la déesse de la mer, appelée Seda. Elle vivait au fond de l'océan et contrôlait les phoques, les baleines et les autres animaux marins.

Pour plaire à ces esprits et leur manifester du respect , les Inuit se conformaient à des règles particulières ou à des tabous. Par exemple, pendant les mois d'hiver sans soleil, les femmes n'avaient pas le droit de coudre des peaux de caribou dans les abris de neige construits sur les glaces de mer. Il était également tabou de manger, pendant le même repas, de la viande d'animaux terrestres et de la viande d'animaux marins. Le couteau utilisé pour découper les baleines devait être attaché avec de la peau de phoque et non de la « babiche » (lanières de peau) de caribou. Les chasseurs faisaient couler goutte à goutte de la glace fondue dans la gueule des phoques morts afin de combler la soif des esprits. Il en était de même pour les baleines fraîchement tuées. En Alaska, les Inuit conservaient la vessie des phoques qui renfermait, croyaient-ils, l'esprit de l'animal. Chaque année, au cours d'une cérémonie particulière, la collectivité renvoyaient les vessies à la mer pour se garantir une bonne chasse lors de la saison suivante.

Il existait, chez les Inuit, des hommes et des femmes possédant des pouvoirs religieux spéciaux qu'ils avaient acquis pendant de longs mois de jeûne et d'isolement au cours desquels les secrets des esprits leur étaient révélés. Les Inuit croyaient en outre que les grosses difficultés comme le mauvais temps, les maladies, la mauvaise chasse étaient attribuables à la transgression des tabous. Les chamanes, ou angakok, tels que les appelaient les Inuit, recommandaient des cadeaux pour apaiser les esprits offensés, des amendes ou des punitions, et conseillaient les déplacements vers d'autres régions. Ces tabous étaient fondés sur de sages principes de santé et de conservation.

Les Inuit croyaient aussi que l'esprit humain peut vivre dans un nouveau corps après la mort de ce dernier. Cette croyance faisait partie de leur mode de vie religieux. Ils pensaient qu'une personne était composée de trois parties : son corps, son âme et son nom. Ainsi, ils pouvaient nommer un nouveau-né d'après un parent décédé afin que le nom et l'âme puissent à nouveau constituer un seul tout. Un tel enfant qui portait alors le nom de l'être aimé décédé, pouvait ainsi être appelé « grand-père » ou « tante  par des parents plus âgés. Le nom d'un mort ne devait plus jamais être mentionné tant qu'il n'était pas attribué à un nouveau-né et qu'il n'avait pas ainsi repris vie.

Les Inuit se racontaient des histoires pour s'amuser, pour éduquer leurs enfants et se transmettaient ainsi l'histoire de leurs tribus. Ces histoires traduisaient souvent les liens étroits existant entre le chasseur et la nature. Elles regorgeaient d'enseignements pour les jeunes sur les règles de comportement et sur les manières à adopter, soit la patience, l'honnêteté, la maîtrise de soi, la tranquillité, la générosité et l'absence de curiosité. Il s'agissait de traits de caractère admirables et les enfants apprenaient les comportements acceptables d'après les actions des personnes âgées. Étant donné l'immuabilité du monde environnant que rien ne pouvait modifier, les anciennes coutumes étaient observées et la sagesse des personnes âgées n'était pas contestée.