Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans Asbestos en photos Filons d'histoire Johns-Manville Photo Société d'histoire d'Asbestos
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Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)

Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève

Conclusion
Filons d'histoire
Pages : 1-2-3-4-5

Dépression des années 1930 – Page 1

Asbestos vers 1930
Asbestos vers 1930
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Après avoir connu un début prometteur, la communauté d'Asbestos n'allait pas tarder à déchanter. Emportée par la vague dévastatrice du krach boursier de 1929, le milieu était loin d'être assez solide pour résister à la déroute de l'économie mondiale. Un manque flagrant de moyens poussera les autorités concernées à faire appel aux deux paliers de gouvernement, mais surtout à la solidarité des citoyens. Cette solidarité se manifestera par diverses initiatives et constituera la meilleure défense contre le chômage et la pauvreté.

Ce ne sera que quelques années après ce jeudi noir de 1929 que l'on ressentira les contrecoups de la crise. Ce marasme économique affectera directement l'industrie de l'amiante ainsi que la population d'Asbestos, entièrement dépendante de celle-ci. Ce n'est qu'avec le déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale que la crise sera véritablement réfrénée. Les bouleversements apportés seront toutefois bénéfiques pour l'industrie de l'amiante. Le passage à une production de guerre s'avérera le moteur d'un renouveau industriel et économique pour la ville.


Sous le signe du secours direct : une « décennie » lourdement hypothéquée
Moulins 3, 4A et 4B de la Canadian Johns-Manville vers 1928
Moulins 3, 4A et 4B vers 1928
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C'est dans un contexte de mises à pied massives et de profonde détresse économique qu'on entreprend l'année 1932, qui marque le début des déboires économiques et sociaux du village. Époque d'austérité sans précédent, la période 1932-1939 représente un tournant dramatique pour la majorité des habitants d'Asbestos. Ceux-ci verront leur gagne-pain, la compagnie Canadian Johns-Manville, perdre un terrain considérable dans un contexte mondial de moins en moins propice au marché de l'amiante. Cette situation entraîne inévitablement un nombre croissant de pertes d'emplois dont l'ampleur représente un énorme gouffre socio-économique qui ne sera pas comblé avant plusieurs années. Ce sera par centaines que l'on comptera les congédiements forcés. Cette situation amènera la population à exiger des décisions rapides et efficaces de la part de la municipalité, comme de la part des organismes communautaires existants.

Considérant la gravité de la conjoncture et les maigres ressources dont elles disposent, les autorités municipales sauront s'adapter, répondant aux besoins les plus pressants en sollicitant systématiquement l'aide des gouvernements. Il fallait combler l'écart entre ce que la ville pouvait fournir et les ressources nécessaires pour répondre aux multiples demandes de secours qui n'ont cessé d'affluer durant cette période. Ainsi, la panacée à la crise en cours sera le secours direct.

Le tout premier recours au secours direct est cité en septembre 1931, coïncidant avec le règlement no 131 qui autorise un emprunt de 3 300 $, soit le premier tiers d'une somme de 10 000 $, dans le cadre du programme d'aide aux chômeurs. La ville venait ainsi de s'engager dans le cycle interminable du recours à l'emprunt.

En août 1932167, un nouveau sommet est atteint lorsque l'on est contraint de procéder à l'achat de bons pour le pain chez les trois boulangers locaux, afin d'assurer la subsistance des nombreux chômeurs. De septembre 1932 jusqu'à l'éclatement de la guerre, l'attention des élus a été constamment retenue par les problèmes sociaux découlant du piètre rendement économique de la mine, embourbée dans la crise. Situation nécessitant de multiples recours au programme de secours direct, qui se présentait comme la seule issue possible au phénomène grandissant de la pauvreté. La dépression faisait donc son oeuvre, augmentant le nombre de ses victimes et précipitant la municipalité dans la spirale de l'endettement.


Des temps durs, mais une mine en mouvement
Manufacture de la Canadian Johns-Manville
Manufacture de la CJM
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Durant cette période économiquement défavorisée, la Canadian Johns-Manville ne fera pas office de simple spectatrice, pas plus qu'elle ne se confinera à un rôle de victime. Principale pourvoyeuse d'emplois pour la communauté et ses habitants et ce, depuis le début du siècle, la compagnie a su se maintenir raisonnablement à flot lorsque la crise vint freiner son expansion. Toutefois, on allait passer d'une phase d'augmentation de la production vers une phase de décélération dans l'exploitation de la ressource naturelle. De plus, la compagnie jouera un rôle dans l'assistance publique et dans la structuration du réseau d'aide à la population locale. Les responsables de la mine ont mis la main à la pâte, faisant ainsi leur part pour venir en aide aux habitants d'Asbestos. C'est la mission que devait s'octroyer la compagnie face aux ravages causés par la dépression des années 1930.

Peu avant l'effondrement des marchés mondiaux, la Canadian Johns-Manville avait connu, depuis sa création, une prospérité remarquable qui faisait d'elle un des joyaux industriels de toute la région. Cette prospérité l'amenait à rendre de précieux services non seulement aux habitants, en leur procurant de nouvelles perspectives d'emplois, mais aussi à la municipalité, notamment pour les services publics de base. C'est ainsi qu'en 1927, la municipalité d'Asbestos profitait de l'électrification, assumée en grande partie par la compagnie. Celle-ci acheminait elle-même cette précieuse source d'énergie, étant le seul distributeur local de ce nouveau service public :

« La municipalité désirant obtenir une quantité additionnelle de pouvoir électrique, pour l'éclairage du village et pour l'usage de ses habitants et attendu que la Compagnie consent à fournir ce pouvoir aux conditions du règlement ci-après mentionné. C'est pourquoi, les parties aux présentes, en considération du paiement de la somme de un dollar et autres considérations valables reçues de part et d'autre, dont quittance, ont stipulé et fait entre elles l'arrangement suivant : La Compagnie consent à délivrer à la Municipalité, et la Municipalité consent à acheter et à se procurer de la Compagnie, la quantité de pouvoir électrique dont elle a besoin, mais une telle quantité ne devra pas excéder 250 H.P. forces pour les fins décrites dans ce projet de règlement. »168

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167 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 4 août 1932.
168 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 13 avril 1927. Ce règlement d'envergure jetait non seulement les bases d'une étroite coopération entre la municipalité et la compagnie minière, mais constituait également un échange fructueux de services dont la Ville n'allait pas tarder à s'acquitter.


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