|
|
Dépression des années 1930 Page 2
|
L'Hôtel Iroquois
|
Toujours la même année, alors que la Canadian Johns-Manville était sur une lancée expansionniste, son prolongement devenant inévitable, la municipalité devait en profiter pour réaménager son territoire :
« Attendu que la Canadian Johns-Manville a déjà construit et doit encore construire des maisons dans ces dites rues, que les utilités publiques, comme l'eau, la lumière y sont déjà installés, ou le seront prochainement dans ces dites rues. Attendu que sur le plan ci-dessus décrit les rues indiquées par les chiffres 1-2-3-4 ont été nommées et désignées par les noms Champlain, Windsor, Dufferin et du Parc. Attendu qu'il est à propos de verbaliser ces rues et d'accepter les noms choisis pour les désigner [...] Il est en conséquence proposé [...] que ces rues plus haut décrites soient et sont verbalisées, nommées et désignées. »169
De cette façon, la municipalité s'enrichissait de quatre nouvelles artères pour accueillir de nouveaux citoyens. Cette amélioration de l'aménagement urbain venait en quelque sorte supporter la compagnie minière dans le recrutement de travailleurs et donnait tout son sens à la coopération municipalité-mine. Chacun des partenaires semblait y gagner au change.
Bien sûr, ce ne fut pas la première ni la dernière fois qu'il y eut l'établissement d'un nouveau schéma municipal ou la création de nouvelles rues : les conditions variaient au gré des circonstances mais étaient toujours reliées, comme c'était le cas ici, aux destinées de la mine d'amiante. D'autres projets semblables verront en effet le jour sous différents auspices, motivés par des impératifs peut-être moins visibles, mais tout aussi vitaux pour la communauté. Il faudra attendre en 1932 pour voir un autre changement au chapitre des rues, soit l'extension de deux artères déjà existantes : la rue Gaspé et l'Avenue Manville170. Cette dernière phase de la mine, matérialisée par l'empiètement du puits sur le périmètre urbain, va constituer les derniers soubresauts de ce type, avant l'éruption des premiers symptômes de la crise.
|
Hôtel de ville d'Asbestos
|
Une fois dans le tourment de la dépression, la compagnie fera tout en son pouvoir pour rendre la vie plus facile aux chômeurs tout en tentant de maintenir ses propres activités, afin d'assurer la survie de l'exploitation. Dans le cadre de son intervention immédiate à la population, elle procédera à des dons en argent équivalant au salaire normal d'un travailleur :
« Lecture est faite d'une lettre de la Canadian Johns-Manville au sujet des personnes qui demanderont des secours directs à la municipalité, et même ceux que nous avons actuellement; offrant au Comité des chômeurs le privilège d'obtenir de la dite compagnie le salaire que ces derniers peuvent gagner. »171
Puis, on supportera quelques initiatives de survie familiale qui prendront diverses formes : « ce conseil accepte de la Canadian Johns-Manville les terrains que cette compagnie met à sa disposition pour jardins municipaux pour venir en aide aux chômeurs et indigents de la municipalité. »172
Dans la mesure de ses moyens, la Canadian Johns-Manville a fait office de compagnon de route à la municipalité dans ses efforts de redresser ou du moins de tempérer les effets d'une longue crise qui a secoué les fondations de toute la communauté. Loin de se montrer insensible aux difficultés vécues par ses travailleurs comme par les autres citoyens de la localité d'Asbestos, l'entreprise a fait montre de compassion, maintenant un certain lien avec le milieu. C'est dans un esprit de coopération que la crise a pu être traversée sans trop de dommages permanents, laissant entrevoir un avenir meilleur pour la compagnie et la municipalité.
|
|
|
______________________
|
169 |
|
Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 2 novembre 1927. |
170 |
|
Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 8 septembre 1932. |
171 |
|
Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 15 février 1933. |
172 |
|
Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 19 avril 1933. |
|