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Naissance d'un village (1881) Page 1
Pendant de nombreuses années, les historiens ont décrit le Québec francophone comme une société essentiellement rurale, relativement égalitaire et dont la structure sociale fondamentale est la famille. Unie par une même culture et des valeurs religieuses communes, cette société produit des dirigeants religieux et politiques venant du peuple et reflétant les préoccupations de celui-ci. Au cours des années 1860, une nouvelle conception de la société québécoise de la fin du XIXe siècle voit le jour.
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Asbestos, 1897
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Cette fois, il n'est plus seulement question des Canadiens-français. La société québécoise est divisée en trois parties : une bourgeoisie d'origine britannique et contrôlant l'économie; une petite bourgeoisie canadienne-française formée de membres de professions libérales (petits entrepreneurs, clergé, exerçant un contrôle institutionnel et idéologique) enfin, la masse des ruraux canadiens-français. La société québécoise de la fin du XIXe siècle apparaît maintenant comme beaucoup plus complexe et l'image monolithique ayant longtemps prévalu n'est plus de mise. On y retrouve plusieurs classes et cette structure sociale est en constante mutation46.
La naissance et l'évolution du village d'Asbestos répond parfaitement bien au genre d'historiographie décrit par les historiens, dépeignant le Québec de l'époque comme une société hautement ségréguée socialement. En effet, que ce soit dès la formation du village ou à sa pleine expansion démographique des années futures, Asbestos a toujours été divisée en classes sociales et ce, dès le tout début de son avènement. Ces classes sociales scelleront la structure municipale d'Asbestos tout au long de son histoire.
Naissance d'Asbestos
Le 1er août 1884, un bureau de poste s'ouvre chez William Church47. Le nom « Asbestos » apparaît
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Le village d'Asbestos vers 1897
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alors sur l'enseigne48. Ce nom désigne désormais la localité : Asbestos est né! C'est vers cette époque qu'Adolphe Parenteau ouvre la première boutique de forge du village49. Quant à Henry Roux, il offre dès 1890, par l'entremise de son magasin général, le service d'approvisionnement ordinaire aux gens du village. Quant au service de l'éducation des enfants, on ouvre une salle de classe en 1881, au rez-de-chaussée d'une maison. On baptisera cette maison « l'école rouge ».
Grâce à une mine et à son pouvoir d'attraction démographique, un village est né. C'est ainsi que le village d'Asbestos sera, par proclamation du 27 janvier 1899, « détaché de la municipalité du Canton de Shipton, et formera une municipalité séparée sous le nom de La Municipalité du village d'Asbestos »50.
Un premier conseil municipal est élu en 1899, ainsi que le premier maire d'Asbestos, Henry Roux. À l'époque, il n'y a pas d'Hôtel de Ville et, jusqu'en 1909, les conseillers siègent chez des particuliers. Ce premier conseil siégera jusqu'en 1902.
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46 |
Paul-André Linteau. René Durocher. Jean-Claude Robert, op.cit., p. 165-167.
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47 |
Annals of Richmond County and Vicinity, p. 142.
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48 |
En anglais, le terme « asbestos » est utilisé comme terme générique pour désigner : « [...], fibrose varieties of a number of rock-forming silicate minerals [...] ». En français, deux termes nous sont donnés par les dictionnaires bilingues comme équivalents d'« asbestos » : il s'agit de « amiante » et de « asbeste». Monique Cormier et Pierre Menassa, « Le Québec produit-il de l'amiante ou de l'asbeste? ». META, Vol. 32, no 4, Décembre 1987, p. 451. |
49 |
Frère Fabien, Asbestos : son aspect, son industrie et ses activités, Sherbrooke, Éd. Paulines, 1977, p. 37. lso Ibid. |
50 |
Livre des procès-verbaux : Livre 1, 9 mars 1899 au 11 mars 1909, Asbestos, Hôtel de Ville d'Asbestos. |
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