Banque Royale La collection privée
Emily Carr



On ne peut guère contester le fait qu'Emily Carr fasse partie des artistes les plus spirituels du Canada. Elle voit le jour à Victoria, en Colombie-Britannique, en 1871. Son père est un ancien marin et un commerçant qui s'intéresse à l'art, à l'esthétique et à la photographie en particulier. Emily perd ses parents avant l'âge de quatorze ans et ce sont ses sœurs aînées qui tiennent désormais la maison. C'est une enfant rebelle et elle persuade finalement le tuteur familial de la laisser aller étudier à la California School of Art de San Francisco (le Mark Hopkins Institute of Arts), où elle reste de 1891 à 1893. De retour à Victoria, elle s'installe un atelier dans une grange rénovée, à l'arrière de la maison familiale, où elle peint et enseigne l'art. En 1897, elle fait un voyage à Ucluelet, dans l'île de Vancouver, où elle fait pour la première fois un croquis d'un village indien. Dès 1898, elle a mis de côté assez d'argent pour poursuivre en Angleterre ses études en beaux-arts. Lors d'une visite à Londres, elle tombe malade et passe dix-huit mois en convalescence au sanatorium d'East Anglia , où elle puisera l'inspiration nécessaire à la rédaction de son livre intitulé Pause.

En 1904, elle rentre à Victoria et en 1906, elle est invitée à superviser les cours au Ladies' Art Club de Vancouver. Mais, les membres du club la jugeant trop peu sophistiquée à leur goût, elle est renvoyée après un mois.

De 1905 à 1910, elle retourne l'été sur la côte, dans le nord de la Colombie-Britannique, pour peindre des villages indiens et des totems. En 1910, elle a de nouveau économisé suffisamment d'argent pour partir à l'étranger et se rend cette fois-ci à Paris avec sa sœur Alice. Elle essaie d'abord d'étudier à l'Académie Colarossi à Paris, mais éprouve beaucoup de difficultés car les cours sont donnés intégralement en français. Elle étudie par la suite avec Harry Gibb à Crécy-en-Brie, en Bretagne, et subit alors l'influence des Fauves. En 1912, elle rentre à Victoria et à Vancouver où elle expose les peintures qu'elle a faites en France.

Elle continue à peindre des villages indiens dans son nouveau style, mais le public rejette ces œuvres, ce qui lui fait perdre du même coup des possibilités d'enseignement. Finalement, en 1913, n'ayant plus ni élèves ni marché pour ses tableaux, elle repart vivre avec ses sœurs dans la maison de Victoria. Avec sa part de la propriété familiale, elle fait construire un immeuble de quatre appartements, organise son atelier dans l'un d'eux et loue les autres. Elle fait aussi de la poterie, qu'elle décore de motifs indiens et qu'elle vend aux touristes. Elle abandonne la peinture pendant une quinzaine d'années durant lesquelles elle gère son immeuble, fait l'élevage de bergers anglais sans queue, et réalise des poteries et d'autres objets destinés aux touristes.

En 1921, Marius Barbeau montre ses peintures à Eric Brown, le directeur du Musée des beaux-arts du Canada. Ce dernier lui parle du Groupe des Sept et elle envoie une cinquantaine de toiles à l'exposition d'art indien de la côte-ouest qui se tient au Musée des beaux-arts du Canada en 1927, où un accueil favorable leur est réservé. En se rendant dans l'est du pays pour l'exposition, elle rencontre à Toronto A.Y. Jackson, J.E.H. MacDonald et Lawren Harris, dont elle subira l'influence, ce qui l'incitera à adopter un nouveau style spectaculaire. En 1933, elle est élue membre du Groupe des Peintres canadiens et participe à plusieurs expositions du Groupe des Sept. Même si elle refuse de l'admettre, nombre de ses tableaux terminés s'inspirent de photographies.

À l'âge de 70 ans, de santé défaillante, elle se consacre entièrement à l'écriture. Klee Wyck , un ouvrage publié en 1941, lui vaut le prix du Gouverneur-général dans la catégorie littérature non-romanesque. La publication de ses livres se poursuit pendant plusieurs années. Après plusieurs crises cardiaques, Emily Carr meurt en 1945 à Vancouver, à 74 ans. Elle a remporté de nombreux prix au Canada et aux États-Unis et ses tableaux figurent dans nombre de collections publiques et privées internationales.


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