DÉCLARATION DU BUREAU EXÉCUTIF NATIONAL SUR LES POLITIQUES DU CANADA CONCERNANT L'IMMIGRATION ET LES RÉFUGIÉS NOVEMBRE 1992

Nous sommes un pays d'immigrants. À l'exception des autochtones, chaque citoyen du pays est le descendant d'une personne qui, pour une raison quelconque, a pris la grave et difficile décision de s'expatrier, de couper de profondes racines familiales et culturelles et de plonger avec sa progéniture dans un avenir inconnu.

Ces personnes espéraient le meilleur tout en se préparant au pire. En général, elles connu un peu des deux.

Dans le passé, les travailleurs et leurs organisations n'ont jamais décide des politiques relatives à l'immigration et aux réfugiés. Ce sont les gouvernements, agissant d'ordinaire pour le compte des employeurs dominants, qui ont établi ces politiques pour répondre aux besoins du marché de travail. Quand le Canada a eu besoin de main-d'oeuvre a bon marché, il en a fait entrer au pays. Quand il a eu besoin de travailleurs spécialisés, il en a également recrute et a ainsi contribue à un "exode des cerveaux" des pays sous-développés.

De telles politiques en matière d'immigration et de réfugiés, motivées par les besoins des employeurs, ont eu pour effet d'opposer un groupe à un autre groupe, forme d'immigrants récemment arrives. Les immigrants ont souvent du, en conséquence, supporter le fardeau du racisme et de la discrimination.

L'un des mythes que l'on fait circuler, c'est que lorsque le chômage est élevé, le Canada ne peut pas accueillir d'immigrants. Or, rien n'indique que l'immigration engendre ou aggrave le chômage. En fait, les études montrent plutôt que les immigrants créent des emplois en sus de ceux qu'ils détiennent.

Le chômage est un problème économique; c'est un problème qui relève des politiques des gouvernements et des grandes entreprises. À une époque de neoconservatisme, il s'agit de politiques comme le libre-échange, la privatisation, la déréglementation et les taux d'intérêt élevés. Les travailleurs n'ont pas fixe ces politiques; les travailleurs - et, tout particulièrement, les immigrants et les réfugiés - ne doivent pas être blâmes pour le chômage élevé que ces politiques engendrent.

Le taux de natalité continue de décliner au Canada. Nous devons accroître notre assise démographique et, en même temps, lutter en faveur d'une stratégie économique nationale incluant une politique de plein emploi ainsi que des programmes sociaux également accessibles à tous et adéquatement finances.

Le Canada a maintenant une occasion unique de contribuer a la solution d'une urgente crise mondiale - crise dont sont victimes plus de 17 millions de réfugiés qui cherchent désespérément un lieu d'asile dans un monde de plus en plus hostile. Des millions de personnes parmi ces réfugiés fuient l'oppression politique, mais des millions fuient également l'exploitation économique.

Nous devons faire pression sur nos gouvernements canadiens, actuels et futurs, pour qu'ils donnent une plus vaste portée a la définition désuète du statut de réfugié qui est actuellement en vigueur, car elle pouvait être utilisable au cours des années 1940, mais elle est absolument inadéquate pour les années 1990. Nous avons besoin d'une définition plus large qui reconnaît les origines économiques aussi bien que politiques des mouvements de réfugiés et qui permet d'intervenir en conséquence.

Notre syndicat reconnaît en outre que les femmes constituent la majorité des réfugiés du monde. Or, la encore, la définition traditionnelle des réfugiés n'admet pas l'oppression exercée envers les femmes comme motif d'attribution du statut de réfugié. Il faut changer immédiatement cet état de choses afin de protéger des millions de femmes qui luttent contre des désavantages insurmontables.

Il y a eu des époques, dans l'histoire du Canada, ou l'on a accorde un degré de priorité adéquat aux droits et aux besoins des réfugiés. Malheureusement, ces époques ou primaient les considérations humanitaires ont cède le pas, ces dernières années, a un climat de mesquinerie croissante. Les personnes qui demandaient le statut de réfugié au Canada ont du faire face a des retards bureaucratiques condamnes tant par l'Eglise que par les syndicats et les organismes communautaires.

À mesure que l'arrière diminue dans le traitement des revendications du statut de réfugié, nous assistons a un déclin rapide du pourcentage de demandeurs admis au Canada. Près d'une personne sur deux de voit refuser le statut de réfugié. Sous prétexte de débarrasser le pays des immigrants clandestins, on ordonne des expulsions a un taux qui grimpe de façon inquiétante. Cette pratique trouve manifestement ses racines dans un projet de société de type neoconservateur.

Le racisme qui existait dans le passe au Canada semble aujourd'hui refaire peu a peu surface dans les politiques publiques. Les réfugiés d'Europe de l'Est et, en particulier, de l'ancienne Yougoslavie sont admis au pays, comme il se doit. Mais les réfugiés de Somalie, et d'Afrique en général, se voient refuser l'entrée au Canada.

De plus, le gouvernement fédéral fait manifestement preuve d'un favoritisme de classe dans ses politiques actuelles et dans les modifications qu'il se propose d'adopter a la Loi sur l'immigration. La porte est grande ouverte aux immigrants qui sont de riches entrepreneurs; a l'oppose, les immigrants qui font partie de la classe ouvrière font face a la perspective de se voir dicter dans quelle région du pays ils devront vivre pendant une période donnée, ainsi qu'a d'autres mesures qui n'ont pas leur place dans les lois du Canada. Le traitement discriminatoire des immigrants employés comme domestiques en est un exemple.

Le mouvement ouvrier a ete bâti par des travailleurs immigrants - y compris des travailleurs qui étaient des réfugiés. Les TCA doivent continuer de faire entendre leur voix sur cet important aspect des politiques sociales. Qui, davantage que le mouvement ouvrier, a le droit et le devoir d'exercer une action sur la taille et la composition de la population nationale de travailleurs?

Nous habitons dans un vaste pays. Comparativement a beaucoup d'autres régions du monde, nous vivons dans une relative aisance. A titre de pays d'immigrants, nous avons beaucoup de réalisations a notre actif. Les immigrants d'aujourd'hui et de demain continueront eux aussi de contribuer a notre société. Nous devons ouvrir le plus grand possible nos portes et notre coeur aux gens qui veulent apporter a notre pays leur énergie, leur courage et leur résolution.

Par-dessus tout, nous devons offrir un lieu d'asile a ceux qui en ont le plus besoin: les réfugiés qui fuient l'oppression et l'exploitation.

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