Les allergies chez les enfants

Dans chaque garderie, il y a au moins un enfant qui souffre d'allergies. Par conséquent, il importe pour les intervenantes en services de garde de connaître les allergies des enfants, de savoir comment éviter les substances qui les déclenchent et de se préparer à contrôler les réactions.

Les substances que nous cotoyons dans nos activités quotidiennes ne sont pas ordinairement nuisibles (par exemple, pollen, arachides, plumes et pelage animal). Ces substances (appelées allergènes) pénètrent nos corps par la respiration, la nourriture, les attouchements ou les piqûres. Une fois que l'allergène a pénétré notre corps, le système immunitaire réagit en produisant des anticorps qui l'attaquent. Ces anticorps restent dans le corps pour protéger la personne contre toute autre attaque éventuelle de l'allergène. C'est un phénomène comparable au cas de la varicelle : l'individu qui en a été victime développe habituellement une protection à vie contre cette maladie (immunité).

Par contre, chez les personnes allergiques, une exposition répétée à un allergène rend le système immunitaire hypersensible plutôt que de l'immuniser. Une réaction allergique survient quand une personne est exposée à un allergène et que le corps produit des subtances chimiques (comme l'histamine) qui nuisent au tissu humain et provoquent des symptômes allergiques. Les allergies peuvent être légèrement agaçantes ou causer des réactions sérieuses. Heureusement, la plupart des allergies ne sont pas potentiellement fatales. Le tableau suivant indique les allergènes responsables des réactions allergiques.

Substances allergènes courantes Réactions typiques

Environnement

Poussière, moisissures, pollen, plantes, graminées, arbres Yeux et nez qui démangent, écoulement nasal, obstruction des voies nasales, céphalées dans la sinusite aiguë, éternuements, respiration sifflante, toux, essoufflement
Animaux

Pelage et plumes Yeux et nez qui démangent, écoulement nasal, obstruction des voies nasales, céphalées dans la sinusite aiguë, éternuements, respiration sifflante, toux, essoufflement
Insectes

Piqûres d'abeilles ou de guêpes Respiration sifflante, urticaire, renflement des voies respiratoires supérieures et gêne respiratoire, enflure du visage et choc anaphylactique dans les cas extrêmes
Aliments
Oeufs, arachides, noix, crustacés, lait et blé (ces deux derniers sont souvent allergènes chez les nourrissons) Vomissements, diarrhée, selles sanglantes et tous les symptômes provoqués par une piqûre d'insecte* (ex. : urticaire, pâleur, faiblesse, difficultés respiratoires, collapsus).
Médicaments et produits chimiques

Produits médicamenteux (ex. : antibiotiques) et non médicamenteux (ex. : assouplissant pour tissus) Vomissements, diarrhée, selles sanglantes et tous les symptômes provoqués par une piqûre d'insecte* (ex. : urticaire, pâleur, faiblesse, difficultés respiratoires, collapsus).

Réimprimé avec l'autorisation de la Société canadienne de pédiatrie, du livre Le bien-être des enfants - Guide visant à promouvoir la santé physique, la sécurité, le développement et le bien-être des enfants dans les garderies et dans les familles de garde. 1991, p. 252 et p. 237.

La réaction allergique se produit habituellement dans quatre des systèmes du corps humain : les voies respiratoires supérieures et inférieures, la peau, les yeux et le tractus gastrointestinal. Plus le nombre de systèmes touchés par un allergène est élevé, plus la réaction allergique sera grave. Le choc anaphylactique, une réaction allergique potentiellement fatale, attaque tout le corps. Cette réaction peut se produire très rapidement. En quelques secondes, les yeux, les lèvres et le visage de l'enfant commencent à enfler; un mal de tête apparaît; des éruptions urticariennes peuvent se manifester sur tout le corps; la gorge peut enfler, coupant ainsi la respiration; le vomissement et la diarrhée peuvent aussi survenir. L'enfant peut perdre connaissance en dix minutes. Les intervenantes doivent déterminer ces symptômes immédiatement, administrer de l'adrénaline (pour neutraliser l'attaque) et appeler une ambulance. Le choc anaphylactique est souvent causé par les arachides, les noix, les oeufs, les crustacés, les piqûres d'abeilles et de guêpes, la pénicilline et l'aspirine. Même si on n'est pas certain des symptômes de l'enfant, il faut toujours administrer de l'adrénaline et appeler l'ambulance. On devrait encourager les parents dont les enfants souffrent d'allergies graves à faire porter en tout temps des bracelets d'alerte médicale.

Il n'existe pas de cure pour les allergies. Au lieu de cela, les intervenantes doivent faire de leur mieux pour éviter les réactions négatives en éliminant ou en minimisant l'exposition aux allergènes. Le traitement consiste habituellement à soulager ou à réduire les effets des symptômes (par exemple, écoulement nasal, yeux rougies qui piquent, congestion nasale et des sinus), avec des médicaments comme des antihistamines et des décongestionnants.

Prévention des réactions allergiques

Une communication efficace entre les intervenantes en services de garde est essentielle pour éviter les réactions allergiques. Au moment d'inscrire un enfant, les intervenantes doivent poser des questions aux parents concernant les allergies, y compris le nom des allergènes, une liste des symptômes particuliers, les façons de prévenir l'exposition aux allergènes, les mesures à prendre en cas de réaction allergique et le nom de tout médicament prescrit ou fourni par le médecin de l'enfant. Les intervenantes peuvent se baser sur ces renseignements pour élaborer un plan de traitement adapté aux besoins particuliers de l'enfant. On recommande à toutes les garderies l'utilisation du formulaire sur les antécédents allergiques contenu dans le livre Le bien-être des enfants.

Politique de la garderie

Chaque garderie devrait avoir une politique et une liste de mesures préventives pour s'occuper des enfants ayant des allergies. Les suggestions suivantes peuvent être appliquées dans toute garderie :

Les intervenantes en services de garde devraient fournir aux parents un formulaire médical à remplir par le médecin de l'enfant. Il faut y demander de l'information sur le contrôle des allergies, y compris les médicaments, les stratégies préventives et les mesures à prendre en cas d'urgence. Voir un formulaire type dans Le bien-être des enfants, p. 863.
Il faut élaborer une stratégie pour partager l'information sur les allergies avec tous les membres du personnel. Par exemple, afficher une liste des enfants et de leurs allergies dans la cuisine et la salle à manger. C'est aussi une bonne idée d'y ajouter la photo des enfants, particulièrement si la garderie compte des suppléantes, des bénévoles ou des étudiantes en ÉPE. L'information pertinente sur les allergies devrait aussi être inscrite à chaque ensemble de fiches d'information pour cas d'urgence que l'on garde dans les trousses de premiers soins. En outre, les intervenantes pourraient trouver utile de fixer une liste des allergies qu'ont les enfants sur le dessus de la trousse de premiers soins utilisée à l'extérieur (par exemple, sur le terrain de jeux, à l'occasion de randonnées et de promenades) et de noter au surligneur les enfants allergiques à des substances retrouvées à l'extérieur comme les abeilles, les guêpes, le pelage des animaux et les plumes. Les intervenantes peuvent rapidement consulter cette liste si elles s'inquiètent au sujet d'un enfant et d'une réaction allergique potentielle. Avant de quitter la garderie, les intervenantes peuvent consulter cette liste pour s'assurer d'apporter avec elles la trousse d'adrénaline (contenant une injection ou un inhalateur). Les intervenantes doivent toujours veiller à ce que la trousse soit là où se trouve l'enfant. On n'a pas le temps de courir à la garderie chercher la trousse, revenir au terrain de jeu et administrer l'adrénaline ou d'amener l'enfant à la garderie pour ce faire. Rappelez-vous que le choc anaphylactique se produit rapidement -- les secondes sont donc comptées.
Les cuisinières et les intervenantes doivent se montrer vigilantes quant à la façon d'acheter, de préparer et de servir la nourriture. Les responsables des casse-croûte et des repas doivent lire la liste des ingrédients sur les emballages d'aliments et savoir quels enfants ont des allergies alimentaires. On recommande une extrême prudence avec les enfants allergiques à l'arachide et à ses produits dérivés. Les intervenantes doivent tenir grand compte des inquiétudes des parents, car même la senteur des arachides ou des traces de noix râpées dans un biscuit peuvent causer un choc anaphylactique chez les enfants ayant une allergie grave à l'arachide.
Les menus devraient être affichés pour permettre aux parents de suggérer des aliments ou des ingrédients de remplacement à ceux qui provoquent des réactions allergiques chez leurs enfants. Dans le cas de substitutions, essayez de fournir des aliments qui ressemblent à ceux des autres enfants. Cela peut contribuer à normaliser la nourriture pour les enfants ayant des allergies alimentaires.
Les garderies devraient aussi promouvoir une sensibilisation précoce aux allergies en faisant connaître de nouveaux aliments aux enfants de façon graduelle, particulièrement aux poupons et aux tout-petits.
Si un enfant développe une réaction allergique, communiquez avec les parents et inscrivez toutes les informations à son dossier.
Tous les parents devraient administrer à leurs enfants un médicament prescrit ou en vente libre pendant une période de 24 heures avant qu'il soit administré à la garderie. Cette période permet aux parents d'observer chez leurs enfants toute réaction secondaire ou allergique.

Les réactions allergiques peuvent causer des sentiments de peur, de malaise et d'anxiété chez les enfants et leurs parents. Il est important de fournir à ces enfants un style de vie aussi normal que possible. Le fait de sensibiliser les enfants à leurs allergies et sur comment contrôler les réactions, peut réduire considérablement l'anxiété et éviter les limites excessives imposées aux activités.

Élaboré par Deborah Kernested, I.A., Toronto, Ontario.

Références

Abley, M. (1994). A life-and-death situation. The Toronto Star. lundi, 29 août, C4-C3.

Aronson, S.S. (1991). Ask Dr. Sue. Exchange. Septembre/octobre, 23-25.

Aronson, S.S. (1983). How to Reduce Allergic Problems. Exchange. Septembre, 29- 30.

Société canadienne de pédiatrie (1994). Petit Guide sur le bien- être des enfants : un manuel visant à promouvoir la santé dans les services de garde en milieu familial. Toronto : Creative Premises Ltd.

Société canadienne de pédiatrie (1992). Le bien-être des enfants - Guide visant à promouvoir la santé physique, la sécurité, le développement et le bien-être des enfants dans les garderies et dans les familles de garde. Toronto : Creative Premises Ltd.

Klich, B. (1994). Be healthy back at school. The Toronto Star. Dimanche, 21 août, F1.

Cet article a paru dans Interaction (hiver 1995), publié par la
Fédération canadienne des services de garde à l'enfance.

Affiché par la Fédération canadienne des services de garde à l'enfance, septembre 1996.

Substances allergènes courantes	Réactions typiques
Environnement
Poussière, moisissures, pollen, plantes, graminées, arbres	Yeux et nez qui démangent, écoulement nasal, obstruction des voies nasales, céphalées dans la sinusite aiguë, éternuements, respiration sifflante, toux, essoufflement
Animaux
Pelage et plumes	Yeux et nez qui démangent, écoulement nasal, obstruction des voies nasales, céphalées dans la sinusite aiguë, éternuements, respiration sifflante, toux, essoufflement
Insectes
Piqûres d'abeilles ou de guêpes	Respiration sifflante, urticaire, renflement des voies respiratoires supérieures et gêne respiratoire, enflure du visage et choc anaphylactique dans les cas extrêmes
Aliments
Oeufs, arachides, noix, crustacés, lait et blé (ces deux derniers sont souvent allergènes chez les nourrissons)	Vomissements, diarrhée, selles sanglantes et tous les symptômes provoqués par une piqûre d'insecte* (ex. : urticaire, pâleur, faiblesse, difficultés respiratoires, collapsus).
Médicaments et produits chimiques
Produits médicamenteux (ex. : antibiotiques) et non médicamenteux (ex. : assouplissant pour tissus)	Vomissements, diarrhée, selles sanglantes et tous les symptômes provoqués par une piqûre d'insecte* (ex. : urticaire, pâleur, faiblesse, difficultés respiratoires, collapsus).