Éliminer la violence familiale - les étapes franchies
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Éliminer la violence familiale
Les étapes franchies

Des chercheurs et des travailleurs de la ligne de front discutent de la signification de la violence, de la lutte pour l'éradiquer et des défis à venir

Bonnie Agnew se rappelle trop bien l'époque où il n'existait pas de maisons d'hébergement pour les femmes, de centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle ou de mouvement pour éliminer la violence familiale. Elle oeuvre depuis vingt-deux ans auprès du Vancouver Rape Relief and Women's Shelter. Son évolution personnelle comme militante et professionnelle de la lutte contre les mauvais traitements s'est faite parallèlement à celle des efforts pour éradiquer toutes les formes de violence familiale.

Sa carrière prouve de façon palpable que la lutte collective pour le changement social peut faire une différence. Elle se réjouit de pouvoir souligner des changements majeurs survenus durant sa vie. Comme les autres travailleurs de la ligne de front, les chercheurs et les analystes des politiques, elle constate avec fierté l'avancement de la société canadienne dans la lutte, mais entrevoit de nouveaux obstacles et défis.

"À la fin des années 60, j'étais étudiante et militante au tout début du mouvement de sensibilisation des femmes" déclare-t-elle. Les femmes se sont rassemblées pour discuter de leurs problèmes communs et se sont rendues compte que la violence faite aux femmes constituait un problème important. Les efforts déployés à l'échelle communautaire ont donné naissance aumouvement de création de maisons d'hébergement pour les femmes qui a constamment donné l'impulsion à la recherche et à l'action, d'abord concernant la violence faite aux femmes et plus tard concernant d'autres questions liées aux mauvais traitements et à la violence familiale.

La maison d'hébergement de Mme Agnew, créée en 1972, était une première au Canada. "Je me rappelle certainement de l'époque où ces choses n'existaient pas. Je ne suis pas intéressée à retourner à cette époque à moins qu'on n'est plus besoin de ces maisons." À la fin des années 70, le nombre de maisons d'hébergement était passé à environ 80. Aujourd'hui, elles sont près de 400 partout au pays.

Le mouvement pour les maisons d'hébergement est l'un des rares qui a contribué à transformer la société. Il y avait des actions limitées contre la violence familiale sur un certain nombre de fronts, mais dans les années 60, 70 et avant, les maisons d'hébergement ont été le fer de lance de l'action communautaire. Elles ont servi de catalyseurs et de laboratoires pour la recherche, l'éducation du public, les débats et l'action contre les mauvais traitements.

Les actions des femmes à l'échelle communautaire ont dirigé la lutte contre la violence

"L'action des groupes de femmes à l'échelle communautaire dans les années 70 a donné l'élan majeur", selon Elaine Scott qui a travaillé pendant des années pour le Programme sur la violence familiale à Santé et Bien-être social Canada. Pour Mme Scott, actuellement directrice générale du National Crime Prevention Council, l'action locale concernant la violence faite aux femmes a donné lieu à de nombreuses autres activités et à des tendances comme la reconnaissance d'autres formes de mauvais traitements, ainsi qu'à des appels à l'action politique, à des nouvelles lois, à des nouvelles méthodes de maintien de l'ordre et à des partenariats de type nouveau entre les organismes et les institutions sociales et juridiques.

Il y a eu un grand nombre d'autres influences importantes parmi lesquelles Mme Scott a mentionné la publication du "Rapport Badgley" en 1984 par le Comité sur les infractions sexuelles contre les enfants et les jeunes comme étant une initiative particulièrement notable du gouvernement fédéral. Cette initiative fédérale, suscitée par le travail des chercheurs, des travailleurs de la ligne de front et des militants communautaires a amené des changements au Code criminel et à la Loi sur la preuve au Canada qui permettent aux enfants de faire devant le tribunal des témoignages non corroborés concernant l'exploitation sexuelle. Le gouvernement fédéral a nommé Rix Rogers comme conseiller spécial auprès du ministre de la Santé et du Bien-être social en plus de lancer l'Initiative de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. Cela a permis de forger des partenariats avec les gouvernements provinciaux et les groupes communautaires.

"La violence à l'égard des personnes âgées a pris plus de temps à sortir de l'ombre, mais nous étions beaucoup mieux préparés en raison du travail accompli dans d'autres domaines. L'existence de cette forme de violence n'a pas été révélée d'une façon aussi dramatique que les deux autres. Ce fut beaucoup plus graduel. Elle a été dissimulée beaucoup plus longtemps parce qu'un grand nombre de personnes âgées n'étaient pas disposées à la rapporter", a déclaré Mme Scott. À mesure qu'on a exposé cette violence au grand jour, les organisations de personnes âgées se sont unies aux gouvernements et aux organismes sociaux pour reconnaître le phénomène et le prévenir.

À la fin des années 80, les programmes et les initiatives contre tous les genres de mauvais traitements se multipliaient à tous les niveaux. Mme Scott estime que l'action fédérale, comme la création de la Division de la prévention de la violence familiale au ministère de la Santé et du Bien-être social, a suscité la dissémination à grande échelle d'information partout au Canada et une pollinisation croisée entre les groupes de différentes régions. "Vers 1988, les gens découvraient, par exemple, des programmes en Saskatchewan et les modifiaient ou les utilisaient en Colomble-Britannique ou au Nouveau-Brunswick."

Les livres marquants

Linda MacLeod est l'auteure la plus connue au pays sur la question de la violence faite aux femmes. Ses deux livres publiés pour le compte du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme constituent de véritables ouvrages historiques. La femme battue au Canada: un cercle vicieux (1980) a suscité un vif intérêt parmi le public. Elle a passé l'année suivante en tournée de conférences et à donner des entrevues aux médias.

Pour de vraies amours, son deuxième livre (1986) a eu un impact aussi profond, mais différent, car il a poussé et orienté le gouvernement à prendre une action concrète sur de nombreux fronts. Le livre "a contribué à faire comprendre à des personnes de différents milieux qu'elles pourraient en fait travailler ensemble et qu'un grand nombre de questions concernant la santé, la justice et l'économie avaient comme dénominateur commun les mauvais traitements", a déclaré MacLeod.

Le partenariat est devenu un concept majeur pour de nombreuses personnes oeuvrant dans le domaine. "Le temps est venu d'examiner l'origine de la solution et non pas seulement les causes fondamentales du problème.

Le pasteur Jamie Scott du Conseil des églises pour la justice et la criminologie partage son avis. Le Conseil vient d'achever un projet de dix-huit mois intitulé La violence ou la vie avec la collaboration de Mme MacLeod. Il donne aux églises les ressources pour traiter de la violence familiale dans tous les aspects de leur travail et de leur vie à titre de communautés religieuses. Il est d'avis que les églises, les écoles, les professionnels de la santé, les employeurs et le système judiciaire constituent tous des exemples de secteurs qui doivent prendre à coeur la question de la violence familiale.

Les causes fondamentales des mauvais traitements

Le pasteur Scott estime que la violence résulte de l'existence d'un "ordre hiérarchique", une expression dont se sert le Conseil pour remplacer ce que l'on appelait jadis le "patriarcat". En termes simples, il s'agit "d'une personne qui estime que les autres ne sont pas aussi importantes qu'elle. Ce genre d'attitude ouvre la porte à la violence dans les relations", selon Scott.

L'ordre hiérarchique s'infiltre dans tous les aspects de la vie. "II y a encore beaucoup de choses cachées en-dessous... que les gens doivent comprendre pour saisir le caractère insidieux de la violence au travers de certains de nos comportements institutionnels et de certaines des valeurs sous-jacentes qui nous sont encore chères."

"Le problème ne se limite pas à la violence. II s'agit d'un phénomène interactif." Il donne le parentage comme autre exemple.

Le prince héritier, Office national du film, explore le cycle de la violence familiale dans le cadre d'une dramatique poignante.

"Une des initiatrices du projet a constaté que pendant son jeune âge, ses parents recouraient systématiquement à la fessé pour la discipliner. C'est tout ce qu'ils connaissaient. C'était le seul outil dans leur coffre. J'aimaintenant appris beaucoup d'autres façons de résoudre les problèmes."

Marlies Sudermann travaille au London Family Court Clinic, un centre d'hygiène mentale pour enfants à London en Ontario. Elle a comme projet majeur un programme deprévention offert en milieu scolaire. Elle enseigne depuis longtemps les causes fondamentales de la violence et elle a beaucoup réfléchi sur le sujet.

"La violence a plusieurs causes. Un des facteurs sous-jacents est que nous tolérons et ignorons une quantité assez considérable de violence au sein de la famille et de lasociété. Le sexisme et le racisme contribuent à perpétuer la violence. Si vous considérez, certains groupes comme ayant moins de valeur, il devient alors acceptable de les violenter et de les exploiter."

Linda MacLeod relève trois facteurs qui contribuent à la violence : l'isolement, la fragmentation, le pouvoir et l'emprise. Selon elle, l'isolement se produit à de nombreuxniveaux : géographique, physique, affectif et social. La fragmentation est "une maladie qui consiste à ne considérer qu'une infime partie du problème, à voir l'étiquette que porte la personne."

Bonnie Agnew, qui travaille avec les femmes, est profondément consciente de la dynamique du pouvoir dans les mauvais traitements. "La violence résulte del'inégalité des femmes en plus de constituer un symptôme de cette inégalité."

Évolution des stratégies

Les stratégies pour éliminer la violence familiale ont évolué au cours des 25 dernères années. Lesprofessionnels et le public ont acquis de l'expérience et sont davantage sensibilisés, ce qui leur a permis demettre au point de nouvelles approches.

Au début, le mouvement pour la création de foyers d'hébergement visait à protéger les femmes et leursenfants des mauvais traitements. "II y a vingt ans, chaque municipalité au pays n'avait pas sa maison detransition ou son centre d'aide aux victimes d'agression sexuelle. Aujourd'hui, c'est devenu une réalité, déclareBonnie Agnew. Il s'agit d'un progrès majeur étant donné que les maisons de transition ont probablementconstitué la meilleure stratégie pour sauver la vie des femmes."

De la protection à la défense des droits à l'échelle juridique, il n'y a qu'un pas. Le mouvement pour les foyers d'hébergement a plaidé en faveur de la tolérance zéro en ce qui concerne les mauvais traitements et l'inculpation obligatoire des agresseurs. Ces exigences font maintenant partie de la politique des corps policiers dans la quasi totalité des juridictions depuis 1982 quand le Procureur général du Canada a exhorté les chefs de police à déposer des accusations dans tous les cas où l'on soupçonnait la violence à l'égard de la conjointe.

Cependant, la plupart des personnes qui oeuvrent dans le domaine estiment que le système judiciaire ne constitue qu'une composante d'une stratégie axée sur l'élimination des mauvais traitements. En outre, beaucoup de personnes se demandent si le processus de confrontation du système judiciaire pourrait susciter le genre de changement qui, à long terme, rendra nos foyers et la société plus sécuritaires pour tout le monde.

Jamie Scott affirme que de nombreuses personnes s'inquiètent depuis longtemps du fait que la "criminalisation des problèmes sociaux n'aura aucune répercussion sur les causes fondamentales de la violence familiale et que l'emprisonnement n'est pas une solutionadéquate. Nous faisons face à un débat difficile. L'évolution du phénomène du politiquement correct a fait qu'il est inacceptable d'appuyer l'inculpation systématique. Quand nous avons laissé entendre qu'une solution basée sur le droit criminel n'était pas efficace, on nous a accusés d'être trop indulgents envers les agresseurs."

Le pasteur Scott décrit une "évolution" incluant la "reconnaissance de la nécessité d'une condamnation initiale et sans équivoque de la violence familiale par la société" suivie et complétée par une gamme de mesuresde rattrapage et de prevention en collaboration avec tous les secteurs de la communauté.

Bonnie Agnew partage ces sentiments. "Nous croyons que la prison est une expérience brutale. Les hommes y sont brutalisés et se brutalisent. Il n'est pas logique d'essayer de traiter un homme déjà brutal en le plaçant dans un milieu brutal. Cela ne le rendra pas plus pacifique à sa sortie." Elle préconise l'inculpation obligatoire, mais d'autres formes de sentences.

La recherche révèle que "si un homme doit rendre compte de son comportement violent et doit le faire immédiatement à quelqu'un qui lui est cher - pasnécessairement le tribunal, mais peut-être ses amis ou collègues de travail - il sera alors moins susceptible de récidiver. Nous exhortons encore les hommes à s'occuper des congénères qu'ils connaissent, de leur dire que la violence est inacceptable, de les réprimander socialement."

La "victimisation" - un problème?

Linda McLeod dit que le fait que des personnes abordent toutes les formes de mauvais traitementstémoigne de l'évolution de la protection et du châtiment vers la reconnaissance, la prévention et l'éducation. "Je considère très influente la voix poignante des femmes autochtones et des milieux ethniques.

"Elles ne considèrent pas la violence comme un problème essentiellement lié aux rôles masculins et féminins, ce qui ne signifie pas qu'elles nient que lesfemmes sont plus souvent blessées et maltraitées que les hommes. Elles estiment que les mauvais traitements et la douleur subis par leurs hommes en raison des iniquitéset de la dynamique du pouvoir dans notre société expliquent en grande partie leurs comportements violents.

Elle se dit de plus en plus mal à l'aise face à la tendance de certains groupes à mettre l'accent sur la "victimisation" qui provoque des réactions fondées sur la confrontation, l'étiquetage et qui a pour effet de dresser les groupes de "victimes" les uns contre les autres.

Marlies Sudermann estime que ses sept années d'expérience dans les écoles de London démontrent que l'éducation peut à la fois aider la population étudiante à éviter les relations de violence et à préparer lesprofessionnels de demain à aborder les problèmes de mauvais traitements avec une compréhension et une sensibilité accrues. Son programme a des répercussionsnon seulement sur les étudiants, mais aussi sur les enseignants, les parents, les administrateurs et les conseillers/commissaires scolaires qui bénéficient tousde l'expérience.

De la même manière, les personnes luttant contre la violence à l'égard des personnes âgées découvrent que l'éducation du public est leur outil le plus puissant. Que ce soit les enfants, les adultes d'âge moyen ou les personnes âgées, tout le monde peut changer d'attitude, trouver de nouvelles solutions etapprendre à éviter les situations de violence.

Dates repères de la lutte contre la violence familiale
  • 1965  
  • L'Ontario devient la première province à rapporter des cas de violence faite aux enfants.
  • 1970  
  • Premier rapport de la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada (Le rapport ne mentionne pas la violence).
  • 1970  
  • Premier programme sur l'étude de la condition féminine (offert à l'Université de Toronto).
  • 1972  
  • La première maison d'hébergement pour femmes battues au Canada ouvre ses portes à Vancouver.
  • 1973  
  • Création du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme (CCCSF).
  • 1973  
  • La Neglected Adults Welfare Act de Terre-Neuve devient la première loi de protection des adultes en Amérique du Nord.
  • 1976  
  • Le comité permanent de la Chambre des communes tient des audiences et publie un rapport sur l'enfance maltraitée et négligée.
  • 1980  
  • Création du Conseil consultatif national sur le troisième âge.
  • 1980  
  • Le CCCSF publie le rapport intitulé La femme battue au Canada : un cercle vicieux.
  • 1981  
  • Les médias font état des rires rovoqués à la Chambre des communes par des commentaires sur la prévalence de la violence à l'égard de la conjointe. Cette réaction des députés provoque un tollé parmi le public.
  • 1982  
  • Création du Centre national d'information sur la violence dans la famille.
  • 1982  
  • Le Procureur général du Canada exhorte la police à déposer des accusations dans les cas de violence faite à la conjointe lorsqu'elle a des motifs raisonnables de croire qu'il y a eu voies de fait.
  • 1983  
  • La législation canadienne en matière d'agression sexuelle est modifiée en profondeur et criminalise l'agression sexuelle au sein du couple marié.
  • 1984  
  • Le discours du trône traite le phénomène des femmes battues comme une question prioritaire.
  • 1984  
  • Le comité sur les infractions sexuelles à l'égard des enfants et des jeunes (le Comité Badgley) publie son rapport.
  • 1986  
  • Santé et Bien-être social Canada crée la Division de la prévention de la violence familiale.
  • 1987  
  • Le CCCSF publie le rapport intitulé Pour de vraies amours: prévenir la violence conjugale.
  • 1989  
  • Huit femmes sont tuées à Montréal dans ce qui est devenu le "massacre de Montréal".
  • 1989  
  • Premier sondage majeur canadien sur l'ampleur et la nature de la violence faite aux personnes âgées.
  • 1990  
  • Le conseiller spécial du ministre de la Santé et du Bien-être social en matière d'agressions sexuelles contre les enfants publie le rapport À la recherche de solutions.
  • 1993  
  • Le Comité canadien sur la violence faite aux femmes publie le rapport Un nouvel horizon: Éliminer la violence - Atteindre l'égalité.
  • 1993  
  • Statistique Canada mène une enquête sur la violence faite aux femmes.

    Les obstacles au progrès

    Malgré le progrès réalisé au cours des deux dernièresdécennies - et dans certains cas en raison de ce progrès - la lutte pour l'élimination de la violence doit surmonter de nombreux obstacles, entre autres:

  •   la résistance des personnes menacées par le changement;
  •   le manque de financement et de ressources en raison des compressions gouvernementales;
  •   les barrières institutionelles qui perpétuent les inquités historiques;
  •   les attitudes et traditions sociales enracinées
  • En outre, de nombreux professionels interrogés ont cité la territoralité, l'institutionnalisation et d'autres problèmes au sein différents mouvements et organismes créés pour lutter contre la violence.

    Jamie Scott estime que de nombreuses institutions et personnes se sentent menacées par le changement. Quand une analyse "met en cause nos structures fondamentales - nos valeurs, nos croyances - on y oppose une résistance farouche". Il s'inquiète de lafaçon dont les mouvements évangéliques ont appuyé lanotion des "valeurs familiales traditionnelles" pour que les relations de pouvoir traditionnelles demeurent. D'après lui, il est frustrant comme personne de l'églisede constater, qu'ils utilisent non seulement la bible, mais aussi la bénédiction divine pour donner poids et légitimité à cette attitude rétrograde.

    À l'instar des autres formes d'action sociale, la lutte contre la violence à l'égard des personnes âgées fait face à un manque de fonds en raison des compressions gouvernementales. "En d'autres mots, il nous faut des ressources accrues", a affirmé Elizabeth Podnieks, chercheuse en violence à l'égard des personnes âgées. "Ici, à Toronto, nous essayons d'établir une maisond'hébergement, mais ce n'est vraiment pas facile en raison des difficultés financières. II existe tr`s peu d'endroits où les femmes âgées victimes de violence peuvent trouver refuge et aucun pour leurs homologues masculins. Les victimes de violence ne devraient être celles qui doivent quitter leur foyer, mais une maison d'hébergement est fantastique en cas d'urgence." Elle estime aussi que les compressions augmentent le stress chez les prestateurs de soins, ce qui provoque parfois laviolence dans les établissements.

    Bonnie Agnew est très préoccupée par les repercussions des compressions aux services sociaux en matière de lutte contre la violence faite aux femmes. Réduire le financement aux maisons d'hébergement pour les femmes, par exemple, reviendrait à "détruire ce qui fonctionne". Cependant, elle considère toutes aussi menaçantes les réductions aux autres programmes sociaux.

    "Tout ce qui appuie l'amélioration de la situation de la femme réduira la violence dont elles sont victimes. Sans ces appuis, les femmes seront vulnérables parcequ'elles sont plus pauvres et désavantagées. Elle craint également que de nombreuses personnes ne suivent le mouvement d'inquiètude vis-à-vis de la violence sansvraiment la comprendre ou avec un engagement mitigé.

    Marlies Sudermann sait qu'il reste un long chemin à parcourir. Il existe encore plusieurs régions, notamment en milieu rural, où les ressources pour protéger lesvictimes de violence ou pour faire du travail de prévention sont inexistantes. Les vieilles attitudes sont fortement enracinées. Elle rappelle des cas récents où les juges ont fait des commentaires peu perspicaces sur les causes liées à la violence. Selon elle, un autre facteur est tout aussi dangereux: la résistance des professionnels "bien intentionnés" qui refusent d'admettre que la violence est un problème parce que cela laisserait entendre qu'ils n'ont pas reconnu, dans le passé, l'ampleur de la violence dans leurs domaines respectifs.

    Brassez la cage... et poursuivez la lutte

    Linda MacLeod constate que de nouvelles stratégies voient le jour - et que d'autres sont encore nécessaires pour surmonter ce genre d'obstacles. Comme les autres, elle est impressionnée par ce qui se produit à l'échelle comnununautaire. Elle constate que les gens "mettent moins l'accent sur la violence en soi et davantage sur la mise en place de communautés saines.

    "De plus en plus de personnes, dans leur quête d'une solution qui nous sortira de ce tunnel obscur, ont recours au bon vieux développement communautaire d'antan. Il me semble que les gens doivent continuer à lutter pour aller au-delà de la fragmentation et de la dynamique du pouvoir qui semblent se produire au moment de la création d'un nouveau lot de services institutionnalisés."

    Ainsi, comme les autres personnes qui luttent contre la violence faite aux personnes âgées et aux enfants, Bonnie Agnew continue de travailler sur la ligne de front.Elle s'occupe des femmes victimes de violence comme elle le fait depuis vingt ans. Elle forme les nouveaux membres du personnel. Elle parle à la communauté et donne des entrevues aux médias. Elle fait du maillage avec des organisations offrant à peu près les mêmes services et avec les organisations alliées engagées dans un travail connexe.

    Elle est frustrée par les problèmes, mais encouragée par le progrès réalisé. Elle se rappelle du moment où, en 1981, la députée Margaret Mitchell a suscité le rire de ses collègues lorsqu'elle a parlé en faveur de l'élimination de la violence à l'endroit de la conjointe à la Chambre des communes. "II n'y a pas longtemps de cela. Nous sommes dans une situation très différente maintenant. Ils ne rient plus impunément aujourd'hui."

    Transition (Septembre 1995, p. 4)
    L'Institut Vanier de la famille

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