La culture canadienne-française

L'industrialisation et la politique La culture


Le Canada français depuis la confédération

Alors que la population canadienne-française était majoritaire et urbaine au recensement de 1666, elle est complètement différente 200 ans plus tard lors de la Confédération. En 1867, les Canadiens français ne représentent plus que le tiers de la population. De plus, environ 85 % d'entre eux vivent à la ferme ou en milieu rural.

Contrairement à l’Ontario ou aux États-Unis, le Québec est surtout un pays agricole. L’industrialisation du Québec n’a pas encore commencé. Pendant la dernière partie du XIXe siècle, il y a une grande migration vers les villes industrialisées de la Nouvelle-Angleterre. Des milliers et des milliers de Canadiens français quittent le Québec pour aller chercher des emplois dans les villes du New Hampshire, du Massachusetts, du Rhode Island, de New York et du Maine.

C’est qu’au Québec où la revanche du berceau a été fortement encouragée par le clergé et les autres membres de l’élite, il y a des familles qui ont huit, dix, douze et même parfois vingt enfants. Le peuple canadien-français continue d’être composé d'agriculteurs, mais les bonnes terres ont toutes été prises et les jeunes ne voient aucunement comment gagner leur vie dans la province.

Mais le clergé et la petite élite canadienne-française ne veulent pas perdre leur pouvoir sur le peuple. On dénonce alors la migration vers les villes industrialisées. On glorifie de plus en plus le métier d’agriculteur. «Toute personne qui choisissait de s’en aller en exil aux États-Unis ou qui émigrait vers la ville était dénoncée comme étant un traitre ou un déserteur, et le mythe de l’agriculture comme dernier recours pour la nation était perpétué par des romans et des chansons.»19



L'industrialisation

Puis ensuite, c’est l’industrialisation de l’Est du pays. Là, le peuple canadien-français doit apprendre comment respecter un horaire de travail, comment faire fonctionner les machines de l’usine et comment se soumettre à son patron. Ce dernier apprentissage aurait été plus facile si le patron avait été Canadien français. Mais, ce sont généralement les Canadiens anglais ou les Américains qui occupent les postes de patron.

Les Canadiens français commencent de plus en plus à se voir comme un peuple inférieur; ils sont la main-d’oeuvre des investisseurs américains et canadiens-anglais. Ce sentiment d’infériorité doit être combattu! Le nationalisme québécois commence à prendre de l’ampleur. Ce mouvement de nationalisme se répand d'abord parmi les politiciens, ce qui conduit à l’émergence des Rouges ou du parti libéral du Québec.

Ensuite, ce sont les mouvements syndicaux qui prennent de l’ampleur. Avant la Confédération, puisqu’il n’y avait presqu’aucune industrie au Québec, il n’y avait pas vraiment de mouvement syndical. Lorsque l’industrialisation de la province commence, à la fin du XIXe siècle, la population de la province devient de plus en plus syndicalisée.

Tout cela mène inéluctablement à la révolution tranquille des années 60 en commençant par l’élection de Jean Lesage, libéral, en 1960, suivie de la nationalisation de plusieurs industries au Québec et de la laïcisation de l’éducation. La révolution tranquille est avant tout un mouvement de «nationalisme étatisé». «Un des principaux effets de ce nationalisme étatisé est l’ouverture aux francophones du Québec de certains secteurs de l’économie à laquelle ils n’avaient pu participer auparavant.»20 Le mouvement des caisses de dépôts et Hydro-Québec forment un nouveau groupe de nationalistes «capitalistes» québécois. C’est aussi le cas du service public du Québec.



La culture

Tout en continuant d’être fortement influencés par le Canada anglais et les États-Unis, les Canadiens français du Québec commencent à se voir comme une société distincte et bon nombre d'entre eux réclament l’indépendance. La révolution tranquille devient un autre élément de la révolution culturelle québécoise. Même si on continue à écouter, et souvent préférer, la musique américaine, on développe une industrie de la musique au Québec. Le théâtre, nationaliste et québécois, met de côté les grands classiques comme Molière, Racine et Corneille et prend goût aux pièces de Michel Tremblay, de Jean Barbeau, de Françoise Loranger et de Marie Laberge.

Mais, hormis les arts, la culture évolue dans d’autres sens au Québec. L’Église catholique perd beaucoup de son influence après le Concile du Vatican, en 1963. Les Québécois deviennent de plus en plus urbanisés. Et on réclame de plus en plus un statut spécial à l’intérieur de la Confédération canadienne.

La culture québécoise, elle, a été formée par le passé, mais elle continue à évoluer avec le temps. Elle ne peut se réfugier uniquement dans son folklore, elle doit continuer à évoluer avec les changements politiques, économiques, sociaux et idéologiques.

Le peuple québécois d’aujourd’hui n’est pas le même que celui du régime français, ou du régime britannique. Les Québécois d’aujourd’hui ne sont même pas semblables à leurs parents du début du XXe siècle. C’est la nature d’une culture d'être constamment en voie d’évolution, changeant et s’adaptant au temps et au milieu.

fin du 3e chapitre