La culture canadienne-française


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Le régime français

En 1919, l'auteur français Paul Valéry (1871-1945) a écrit un essai qui commence ainsi: «Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.»2 Dans cet essai, Valéry fait référence aux civilisations grecques et romaines. Toutefois, comme ces civilisations, notre culture est mortelle. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle disparaîtra, mais plutôt qu’elle est constamment en évolution, changeant et s’adaptant à son milieu et à son environnement. C’est la raison pour laquelle les cultures québécoises et acadiennes ont des différences, même si elles sont de même souche: de l’ancienne France. C’est aussi la raison pour laquelle la culture fransaskoise a évolué différemment de celle du Québec (même si le folklore reste le même pour les deux groupes).

Plusieurs facteurs, tels que la politique, l’économie et la religion, influencent la culture d’un peuple ou d’un groupe. En étudiant l’histoire politique, sociale, économique et religieuse du peuple québécois, est-il possible de définir sa culture? C’est ce que nous allons essayer de faire dans ce document.

À la fin des années 60, lorsque la révolution tranquille bat encore son plein dans la province du Québec, un auteur issu du Manitoba français, Léandre Bergeron, écrit un volume qu’il intitule Petit manuel d’histoire du Québec. Dans ce volume, Bergeron décrit le peuple québécois comme étant un peuple qui:«subissons le colonialisme. Nous sommes un peuple prisonnier.»3 Pour cesser d’être un peuple colonisé, Bergeron croit qu’il est important pour les Québécois de connaître leur histoire. Bien sûr, il est important de connaître l'histoire d'un peuple afin de bien comprendre sa culture, ses croyances et ses moeurs.

Selon Léandre Bergeron, il est possible de différencier trois grandes périodes de colonisation dans l’histoire du Québec: le régime français (1608-1760), le régime britannique (1760-1919) et le régime américain (1920-?). En suivant ce schéma établi par Bergeron, est-il possible de voir l’évolution de la culture québécoise? Oui!



Les Français au Québec,

Lorsque les premiers colons français arrivent sur le sol canadien en 1608, leur culture est française, il n'y a pas encore de culture québécoise. Ils arrivent donc avec leur bagage de connaissances acquises en Europe au dix-septième siècle. La démocratie, comme on la connaît aujourd’hui, n’existe pas en France à cette époque. Elle commence seulement à faire des percées en Angleterre, tandis qu’en France, le roi demeure le pouvoir suprême. En France, comme dans tous les autres pays d’Europe, il y a une hiérarchie bien établie avec le roi en haut de la pyramide; il est suivi de la noblesse et enfin, en bas, on trouve le peuple. Au dix-septième siècle, le peuple commence déjà à se diviser en deux groupes, c’est-à-dire les bourgeois d’un côté et les paysans de l’autre.

À cette époque, tout le monde connaît sa place et tout le monde connaît ses responsabilités. Les paysans ensemencent les champs pour nourrir les gens du royaume; les artisans fabriquent les outils; les bourgeois vendent les produits des autres et la noblesse gouverne le pays.

Arrivés sur le sol canadien, les premiers colons français poursuivent ce mode de vie qu’ils ont connu en France. Ils suivent les mêmes traditions, célèbrent les mêmes fêtes, bref, la culture en Nouvelle-France est une prolongation de celle de la France.

Toutefois, les colons français ne peuvent éviter d’être influencés par leur nouveau milieu. Le climat rigoureux du Canada, par exemple, oblige les nouveaux colons à changer leur façon de s'habiller. Les Indiens du pays initient les Français à de nouveaux mets, comme la viande de pigeon, le maïs, etc. Même le tabac est un produit nord-américain que les colons découvrent en arrivant ici.

En Nouvelle-France, on découvre petit à petit de nouveaux moyens de transport: le canot, le travois, etc. De nouveaux métiers s’ouvrent aux colons français en Amérique du Nord, la traite des fourrures en étant le principal.

Au début, on essaie de transplanter la culture française en Nouvelle-France. On rétablit sur le sol canadien le même système de gouvernement qu’on avait connu en France. On offre des seigneuries à certains membres de la petite noblesse qui acceptent de venir s’établir ici. On retrouve les mêmes liens entre l’État et l’Église qu’on avait connus en France.

Une grande partie du folklore qu’on connaît aujourd’hui est venu de France au début de la colonie. Par exemple, la Sainte-Catherine est une fête française qui vient de Normandie. «Il était d’usage, autrefois en Normandie, de décorer la statue de sainte Catherine et même de la revêtir des habits à la mode du pays. Cette fonction revenait à la plus âgée des filles de la maison ou du couvent. C’est ainsi qu’avec le temps, l’expression "coiffer Sainte-Catherine" en vint à signifier "rester vieille fille", et que cette sainte fut consacrée, dans l’esprit des gens, patronne de toutes les filles de trente ans et plus qui n’avaient pas encore trouvé de mari.»4

Au Canada, la Sainte-Catherine prend de nouvelles dimensions. Marguerite Bourgeoys, dit-on, avait ouvert sa première école à Ville-Marie (Montréal) un 25 novembre. Chaque année, elle faisait de la tire pour commémorer cet événement. Dans la tradition orale du Québec, on dit aussi que Marguerite Bourgeoys faisait de la tire pour attirer les petits Indiens dans son école. Donc, comme on peut voir, de vieilles traditions sont peu à peu transformées en Nouvelle-France.