Chapitre deux:

Thème: Les loisirs dans les communautés métisses francophones


Après avoir travaillé à la sueur de leur front pour répondre aux exigences de la Loi des Terres du Dominion, nos ancêtres francophones aimaient se réunir pour chanter, danser ou faire du sport.

Mais avant de parler des loisirs des Canadiens français de Bellegarde, de Gravelbourg et de Ponteix ou de ceux de Debden, de Bellevue et de Zénon Park, parlons des coutumes des Métis.

Comme c’est le cas dans les familles canadiennes-françaises, les Métis aiment se réunir pour parler de choses et d'autres. Le premier lieu de rencontre, c’est le perron de l’église, après la messe du dimanche. «Mais, dans le domaine des sorties, comme dans plusieurs autres, il y a inégalité entre les hommes et les femmes. Selon les témoignages d’une dame, “on sortait peu, nous les filles, même le dimanche il fallait revenir à la maison à six heures pour tirer (sic) nos vaches. Les gars, eux, ils sortaient.»14

Les mariages sont une autre occasion de se réunir. «Bon nombre d’entre eux ont lieu l’hiver, entre les Rois (6 janvier) et le carême (mi-février); au tournant du siècle on choisit plutôt de se marier au printemps ou à l’automne, de préférence le mardi ou le mercredi, et tôt le matin. La noce dure deux jours, parfois davantage.»15 Même si pour plusieurs Métis, le mariage n’est qu’une cérémonie religieuse venant légitimiser le mariage fait «à la mode du pays»,16 c’est tout de même une occasion de fêter.

En effet, au grand chagrin des missionnaires oblats, les Métis aiment faire la fête. «Les “musiques” sont indispensables aux veillées: violons, accordéons, “ruine-babines” (harmonicas), tambours, guitares, bombardes (guimbardes) ainsi qu’une batterie composée de cuillers, assiettes ou bols de bois ou de fer blanc, etc.»17 On dit même qu’on pouvait trouver un violon dans chaque maison métisse à la fin du XIXe siècle. Les Métis aiment aussi follement la danse: «On danse des reels, gigues, stepdances, cotillons, quadrilles (danses carrées), châtises et même des menuets, surtout chez les plus anciens.»18

Les curés n’aiment pas voir danser les Métis, ni les voir jouer au poker. «Ceux qui ne dansent ou ne chantent pas peuvent jouer aux cartes; le quatre-sept, l’euchre dit à l’écarté sont, dit-on, populaires. On joue parfois aux dés (poker) pour de l’argent, au grand mécontentement du curé.»19