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Chapitre trois:

Thème:Les loisirs et les Franco-Canadiens de la Saskatchewan


La vie sociale et les loisirs, dans la communauté agricole de l’Ouest canadien, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, sont souvent les seules occasions qu’ont les pionniers de rencontrer leurs voisins, leurs parents et leurs amis. Les familles habitent souvent à plusieurs kilomètres de leur plus proche voisin. Malgré tout, les historiens n'ont accordé que très peu d’importance aux loisirs dans l’histoire de la communauté francophone de la Saskatchewan.

Au début, les pionniers francophones apportent avec eux les activités sociales et culturelles de leur pays d’origine, que ce soit la France, la Belgique, la Suisse ou le Québec. Puis petit à petit, leurs activités se jumellent à celles des immigrants venus d’autres pays, et les activités de loisirs des francophones de la Saskatchewan prennent une nouvelle dimension.

À cette époque, les visites des pionniers ne se font que rarement l’été; cette saison est réservée aux durs travaux de la ferme. C’est surtout en hiver qu’on rend visite à ses voisins et parents de la région. Pour plusieurs pionniers francophones, l’hiver peut même être l’occasion de prendre le train et d’aller dans sa famille dans le Bas-Canada (Québec).

À cette époque là, on ne se préoccupe pas trop des formalités; les pionniers ne verrouillent que rarement leurs portes. Les moeurs du temps veulent que si un visiteur se présente chez quelqu’un et qu’il n’y a personne, ce visiteur peut entrer, allumer un feu, se préparer un repas et même passer la nuit. Si un visiteur est chez un voisin à l’heure du repas, il est invité à s’asseoir et à partager le repas. Refuser de nourrir un visiteur aurait été perçu comme une insulte.

La vie sociale des pionniers canadiens-français veut même que l’on aide ses voisins, qu’ils soient parents ou étrangers. On se regroupe souvent en «bee» ou corvée pour aider à bâtir maison et étable, ou même pour monter l’église et le presbytère. On organise parfois des corvées pour aider un voisin qui est malade ou blessé à semer ses champs, ou à les récolter, à faire ses foins ou à prendre soin de ses animaux. Dans certains cas, les femmes organisent des «bees» pour faire leurs provisions de savon ou pour «piquer» une couverture. Quant aux hommes, la corvée est organisée pour couper le bois de chauffage. Invariablement, ces corvées deviennent l’occasion d’une soirée ou «veillée».

Ces veillées peuvent être l'occasion de jouer aux cartes: le bridge, le whist, le 500 et la barrouche sont des jeux de cartes populaires dans les foyers canadiens-français. Les veillées sont aussi l'occasion d’organiser des danses. À cette époque, il n’y a pas encore de salles paroissiales dans les communautés francophones de la Saskatchewan. Les danses ont donc lieu dans les maisons des gens; la plus grande maison du coin est le lieu de plusieurs soirées. Bien sûr, chacun apporte un petit quelque chose pour améliorer le repas à la fortune du pot. Dans certaines régions francophones, on emprunte même le mot anglais «potluck» pour décrire ces repas à la fortune du pot.