Chapitre 2:

Le mode de vie

L'architecture
L'habillement
Les loisirs
La nourriture
Le parler métis
Conclusion

Les Métis pratiquent le nomadisme: «Le Métis était habituellement nomade, autant par sa mère habituée à la vie libre des plaines, que par son père, friand de courses et d’aventures... Le travail de la terre n’avait aucun charme pour lui.»11 Toutefois, les Métis ne sont ni paresseux, ni irresponsables. Ils ont bien du travail pour s'occuper: «les Métis s’occupaient de la construction de leurs maisons, meubles, traîneaux, charrettes, canots, etc.»12 De plus, leurs services sont souvent recherchés en tant que voyageurs, arpenteurs, et guides. «On s’adressait de préférence au Métis parce qu’il pouvait servir d’interprète auprès des Sauvages et parce qu’il était plus digne de confiance que ces derniers.»13

Lorsqu’ils décident enfin de s’établir en permanence à un endroit, les Métis choisissent souvent le meilleur terrain. Louis Riel écrit:«Les établissements métis ont été les jalons de la civilisation future. Ils ont été si bien choisis qu’ils deviennent partout les centres sur lesquels s’appuie l’émigration pour coloniser et rayonner dans tous les sens.»14 Il avait raison car ce sont les Métis qui ont été les premiers à s’établir là où naîtront de grandes villes, comme Winnipeg, Prince Albert, Edmonton et Calgary.

La chasse au bison



Mais entre 1821 et 1870, ce sont la chasse au bison et le frétage qui constituent les principales occupations des Métis. Ils deviennent les fournisseurs de viande (pemmican) de l’industrie de la traite des fourrures. Et, avec leurs charrettes de la Rivière-Rouge, les Métis deviennent transporteurs d'approvisionnement des postes de traite de l’Ouest et du Nord, et transporteurs de fourrure vers les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson à la Rivière-Rouge.

La chasse au bison est donc la principale occupation des Métis, et leur favorite: «Le gibier le plus important était le buffle ou bison, car cet animal fournissait non seulement la nourriture, mais encore une bonne partie du vêtement et de l’abri.»15 À cause de son importance pour la survie de leur communauté, les Métis ne partent pas à la chasse de façon désordonnée: «Autant pour se tenir en garde contre les Indiens malveillants, les Métis, à la veille d’une grande chasse au bison, se réunissaient et s’organisaient.»16

Les Métis sont fiers de s’appeler des «hommes libres». Toutefois, pour que la chasse soit une réussite, il est important d’imposer des lois. Ces lois sont simples mais elles doivent être respectées par tous les membres du groupe.

«En fait, ils ne faisaient qu’entériner une fois de plus les règlements établis lors des chasses précédentes, règlements qui restèrent à peu près inchangés jusqu’aux dernières chasses au bison, quarante ans plus tard.

  • 1. Nul ne doit chasser le dimanche.
  • 2. Nul groupe ne doit s’écarter du convoi, ni le précéder, ni traîner en arrière.
  • 3. Nul groupe ou individu ne doit chasser le bison avant le signal.
  • 4. Chaque capitaine et ses hommes, à tour de rôle, doivent patrouiller à l’intérieur du camp et monter la garde.
  • 5. Dans le cas d’une première infraction, la selle et la bride du contrevenant seront lacérées.
  • 6. Dans le cas d’une deuxième infraction, le manteau du coupable sera saisi et lacéré.
  • 7. Dans le cas d’une troisième infraction, le coupable sera fouetté.
  • 8. Toute personne trouvée coupable de vol, même si c’est une peccadille, sera amenée au milieu du campement et le crieur criera son nom trois fois, y adjoignant chaque fois le mot “voleur”.»17

Plus tard, lorsqu’ils sont établis dans la vallée de la Saskatchewan, à Saint-Laurent et à Batoche, les Métis continuent de se gouverner en utilisant les règlements de la chasse. Toutefois, avec l’arrivée dans l’Ouest de la Police montée en 1874, les Métis devront se soumettre à la loi du pays. Un incident survient en 1875 lorsque Gabriel Dumont juge certains chasseurs indépendants coupables d’avoir violé les règlements métis de la chasse. Les chasseurs se plaignent auprès du juge de paix, Lawrence Clark, qui demande à la Police montée d’arrêter Dumont. Bien que le chef Métis puisse se justifier, les résidants de Saint-Laurent acceptent dorénavant de se soumettre à la loi du pays.18

Lorsque le bison disparaît, les Métis commencent à penser à changer leur mode de vie. Mais beaucoup d’entre eux choisissent de se diriger vers le nord où ils peuvent continuer à pratiquer leur vie de chasseurs.


Le frétage



Suivant les traces de leur père canadien-français, les Métis deviennent d’habiles voyageurs sachant manier les canots d’écorces de bouleau, les barques York et les charrettes. Les Métis deviennent les principaux transporteurs de biens dans le Nord-Ouest. «C’est dans le groupe des Bois-Brûlés que se recruteront de plus en plus les conducteurs de charrettes qui, bientôt, parcourront la Prairie: activité qui répondait à leurs habitudes de vie aussi fidèlement que la profession de “voyageur“ où leurs pères s’étaient longtemps distingués.»19

Une Charette de la Rivière-Rouge. Source:
Dépliant publicitaire, Maison Alexandre McGillis,
Saint-Victor, Saskatchewan
Une fois qu’ils ont gagné le droit de «commerce-libre» avec les Américains et qu’ils ont brisé le monopole de la Compagnie de la Baie d’Hudson avec l’affaire Sayer en 1849, les Métis créent dans l'Ouest un vaste réseau de pistes pour leurs charrettes. Ces pistes vont de Saint-Boniface et Fort Garry jusqu’à Edmonton en passant par Batoche et Fort Carlton, et de Prince Albert jusqu’aux États-Unis en passant par la Montagne de Bois et la Montagne de Cyprès.

Lorsque l’industrie du frétage est remplacée par les chemins de fer, les Métis doivent chercher d’autres emplois. Toutefois, plusieurs continuent dans cette industrie, devenant camionneurs ou travaillant pour les compagnies de chemin de fer.