Chapitre 2

L'éducation des enfants
Ses racines...

Depuis sa fondation en 1912, l’acfc défend fidèlement les intérêts des Franco-Canadiens de la Saskatchewan et les protége au besoin, et elle défend leurs droits. Pour accomplir ce vaste mandat, elle encourage la création d’autres associations dans les domaines économique, culturel, et paroissial. Elle s’occupe de tous les domaines de l’activité humaine: colonisation, promotion des commerces canadiens-français, cours de tissage, bibiothèques ambulantes, protection des coutumes et des traditions familiales et paroissiales.

Mais, comme le rappelle Dumont Lepage, directeur général de la station de radio CFRG de Gravelbourg, lors de l’inauguration officielle de CFNS, la station de Saskatoon, en novembre 1952, l’acfc a toujours eu ses deux grands champs d’intérêts préférés: l’un des deux étant les communications, d'abord avec le journal Le Patriote de l’Ouest et ensuite avec la radio française, l’autre étant l’éducation. «Avec quel acharnement l’acfc a soutenu et défendu les droits sacrés de l’école catholique et française. Sans aucun soutien du ministère provincial de l’Education, elle a maintenu, et maintient encore, l’enseignement du catéchisme et du français à l’école.»14

Lorsque l’Acte des Territoires du Nord-Ouest est adopté en 1875, il prévoit des dispositions pour la création de districts scolaires. Les Canadiens français catholiques peuvent aussi établir des districts scolaires séparés où leur langue et leur foi feront partie du programme d’enseignement. Le premier district scolaire public catholique des Territoires du Nord-Ouest est mis sur pied à Bellevue en 1885.

En 1905, lors de la création de la province de la Saskatchewan, l’Acte de la Saskatchewan ne prévoit aucune nouvelle disposition au sujet de l’éducation française. Jusqu’au début de la Première Guerre mondiale en 1914, il ne semble pas y avoir de tension ouverte entre les francophones et les anglophones de la province en ce qui concerne les écoles. Toutefois, avec la guerre, ces relations changent en Saskatchewan. Des organismes comme la Saskatchewan Grain Growers, la Saskatchewan School Trustees’ Association et la Saskatchewan Association of Rural Municipalities demandent ouvertement qu’on interdise l’usage des langues étrangères dans les écoles de la province. On s’en prend surtout aux Allemands, mais les Canadiens français n’y échappent pas, en grande partie à cause de la réaction du Québec à la conscription.

Lors du congrès de la Saskatchewan School Trustees’ Association à Saskatoon en 1918, les délégués demandent que l’anglais soit la seule langue d’enseignement en Saskatchewan. À la suite de ce congrès, le gouvernement libéral de William Martin décide d’apporter un amendement à la Loi des Écoles. Les Canadiens français apprennent que l’amendement Martin vise à limiter l’usage du français dans les écoles. En 1918, les francophones réussissent à convaincre le gouvernement Martin de modifier son amendement pour permettre l’enseignement de la première année en français en plus d’une heure par jour pour les autres classes.

Au cours des années suivantes, l’acfc doit à nouveau lutter pour protéger les droits des francophones à l’éducation dans leur langue. Parfois l’Association gagne, mais d’autres fois les droits sont piétinés par les gouvernements.

C’est le cas en 1929 et en 1930. Le gouvernement conservateur de J.T.M. Anderson décide de supprimer les rares droits des francophones et des catholiques. En septembre 1929, il abolit l’échange des brevets d’enseignement avec le Québec. Il devient alors très difficile, sinon presque impossible d’engager des enseignants du Québec. En décembre de la même année, le gouvernement annonce que le catéchisme ne sera dorénavant enseigné qu'en anglais. Anderson va, plus tard, permettre aux francophones d’enseigner la demi-heure de catéchisme en français si la classe a lieu après la fermeture officielle de l’école, à trois heures et demie.

En février 1930, le Projet de loi 1 est déposé par le gouvernement Anderson. Ce projet de loi interdit l’affichage des symboles religieux et le port de l’habit religieux dans les écoles publiques de la Saskatchewan. En 1918, les Franco-Canadiens de la Saskatchewan avaient obtenu l’enseignement de la première année en français et une heure de français par jour pour les autres années scolaires. En mars 1931, le gouvernement Anderson abolit le droit à l’enseignement de la première année en français.

Ce n’est qu’en 1968 que le gouvernement libéral de Ross Thatcher commence à rendre aux francophones certains de leurs droits à l’enseignement en français. Un des membres du cabinet Thatcher est le francophone Lionel Coderre. À partir de 1968, il est possible d’établir des écoles désignées où l’enseignement se fait en français plus d’une heure par jour.