Le travail...

Le travail de l’Interprovinciale n'est pas facile. Au début, il faut lancer une campagne pour prélever des fonds. Les actions de l’Association Interprovinciale coûtent 5 $. Les Canadiens français sont généreux. Une petite communauté comme Saint-Denis donne à elle seule plus de 2 000 $. Par la suite, l’Association Interprovinciale organise chaque année «la journée des écoles». Ce jour-là, chaque paroisse canadienne-française se fait un devoir de prélever des fonds pour l’Association.

Lorsqu’il devient président de l’acfc en 1925, Raymond Denis passe à nouveau à l’action. Il crée un secrétariat permanent et il organise des campagnes pour augmenter le nombre de membres. Puisque l’acfc commence maintenant à s’établir sur des bases plus fermes, il n’y a plus aucune raison pour que l’Association Interprovinciale continue d'exister. Elle est dissoute en 1925.

Lors du congrès de l’acfc en 1925, on fait le bilan de l’oeuvre de l’Association Interprovinciale depuis sa fondation, huit ans auparavant: plus de 100 instituteurs et institutrices ont reçu une aide financière de l’Interprovinciale, soit pour défrayer le coût de leurs cours à l’École Normale, soit pour payer leur billet pour venir de l’Est.

Le succès de l’Association Interprovinciale est remarquable. De tous les prêts qu’elle a fait aux enseignants, en sept ans d’existence, seulement 2 000 $ n’ont jamais été remboursés. Des 100 enseignants qui ont reçu une aide financière, 46 enseignaient toujours en 1925 et 26 avaient épousé des Franco-Canadiens de la Saskatchewan et demeuraient toujours dans la province. Enfin 24 seulement sont retournés dans l’Est.

«Malheureusement, il y avait bien des vieux garçons en Saskatchewan, et ils ne se faisaient pas faute de marier nos maîtresses d’écoles. Nous retrouvions celles-ci au bout de trois ans, quatre ans, non pas dans nos écoles, mais mariés avec déjà plusieurs petits Canadiens groupés autour de la maman et il fallait faire venir d’autres institutrices pour les remplacer.»22 Pour cette raison, on accuse souvent l’Association Interprovinciale d’être une agence matrimoniale.