Chapitre 1

Un regroupement de jeune
Nos enfants...

Lorsque l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan est fondée à Duck Lake en 1912, il est surtout question de colonisation et d’écoles, mais il y a quand même un élément de la population de langue française, en Saskatchewan comme au Québec, qui aimerait qu’on accorde une plus grande importance à la jeunesse. Quelques semaines après le Congrès de Duck Lake, l’article suivant paraît dans Le Patriote de l’Ouest du 21 mars 1912.

«Nos enfants et le Congrès du Parler Français...
Un distingué correspondant nous fait part d’une excellente suggestion que nous sommes heureux de communiquer à nos lecteurs et de recommander vivement à leur attention: L’article de l’abbé L. A. Groulx, dans le “Devoir” du 2 mars ne pouvait passer inaperçu. Il vient à propos et fera du bien. Oh! la magnifique idée que celle d’intégrer les tout-petits au Congrès du Parler Français. Marche belle idée! Cours! Vole! Et bravo pour celui qui t’a mise au train!»1

Tout au long de son histoire, l’ACFC a été soucieuse des besoins de la jeunesse francophone de la province, surtout en matière d’éducation. C’est la raison pour laquelle elle s’est occupée des «Concours de français» de 1925 à 1968. C’est aussi pour cette raison qu’elle a dépensé énormément d’énergie pour créer deux stations de radio françaises dans la province, à Saskatoon et à Gravelbourg. «Oui, poste CFRG, fais valoir notre parler français! C’est là ta mission première. Fais vibrer le verbe français dans tous nos foyers. Fais-le apprécier et aimer! Apprends à nos petits enfants, surtout, à en être fiers! Apprends-nous tous à le parler correctement, énergiquement, avec élégance et naturel.»2


Une réunion annuelle de
l'ajf
Lorsque l’ACFC fête son 50e anniversaire en 1962, les Franco-Canadiens de la Saskatchewan décident que leur Association doit consacrer plus d'énergie au regroupement des jeunes. Ainsi, en 1965 et 1966, l’ACFC organise deux grands rassemblements de jeunes à Gravelbourg.

Le but de ces rencontres est de les amener à «discuter des problèmes scolaires chez les Francophones»3 et peut-être de fonder une association provinciale de jeunes. Mais, à cette époque, le gouvernement fédéral n’offre pas encore de subventions et à cause de problèmes financiers, ces regroupements cessent d’exister après quelques mois.

Entre-temps, dans le nord de la province, on crée quelques clubs locaux pour les jeunes, comme «Les Zodiaques» à North Battleford, «Les Météorites» à Debden, «Chez La Vigne» à Prince Albert et «Le Blé d’Or» à Zénon Park. Trop souvent, cependant, ces clubs de jeunes sont contrôlés par des adultes et des membres du clergé.

Les voyages-échanges

Dans bien des cas, les francophones ne cherchent plus à conserver leur langue et leur culture, donc les rares clubs de jeunes n'accueillent que peu de membres et ils ne dépassent que très rarement les limites de leur village ou de leur communauté. C’est le père André Mercure, o.m.i., qui va changer tout ça. «En 1968, l’abbé André Mercure de North Battleford lança le projet S.E.V. (Saskatchewan Étudiante Voyage) qui permettait pour la première fois aux jeunes Fransaskois de visiter l’Est du Canada, et donc d’autres endroits francophones.»4 Les voyages S.E.V. se poursuivent jusqu’en 1978.

Ces voyages permettent aux jeunes de passer six semaines à visiter le Québec, les Maritimes et des États de la Nouvelle-Angleterre, donc ils deviennent très populaires. Malheureusement, les voyages S.E.V. ne s'adressent qu'à de très petits groupes (20 à 25 jeunes chaque année). Au début des années 1970, alors que le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau affirme que «les voyages forment la jeunesse», l’ACFC commence à organiser des voyages-échanges pour permettre à un plus grand nombre de jeunes d'aller au Québec. En 1971, l’ACFC organise jusqu’à dix voyages-échanges et l’année suivante, 20 autres groupes de la Saskatchewan vont au Québec.

En 1971, le père André Mercure ajoute de nouvelles destinations aux voyages S.E.V. Cette année-là, un groupe de jeunes universitaires se rend en France avec l’abbé Arthur Marchildon pour le premier voyage S.E.V.I. (Saskatchewan Étudiante Voyage International).