Chapitre 2

L'évolution d'une association
Introduction...
L’Association jeunesse fransaskoise peut se vanter de ce qu’aucune autre association, sauf peut-être l’ACFC, n'ait été, autant qu'elle, l’instigateur de grands projets socio-culturels qui ont perduré jusqu’à nos jours. L’ajf peut se prévaloir d'être la fondatrice des Camps Voyageurs, de la Fête fransaskoise «On s’garroche à Batoche», du Festival théâtral, et même du Gala de la chanson (Super Fransaskois Show). Elle fait même revivre le Concours oratoire qui avait été organisé par l'ACFC entre 1954 et 1962. Et tout ceci provient d’une Association qui, en 1973, a dû se remettre entre les mains de l’ACFC parce qu’elle ne disposait pas de moyens financiers qui lui auraient permis d'être indépendante!
Anique Granger
au gala de la chanson

Les jeunes ne tardent pas à faire savoir qu’il ne faut pas juste parler de la survivance française en Saskatchewan, mais qu’il faut proposer et réaliser des projets intéressants (l’fun) pour que la jeunesse veuille conserver sa langue et sa culture.

Dès 1974, les deux comités de l’Association des Jeunes Francophones de la Saskatchewan organisent deux autres rallyes, l'un à Willow Bunch (le Festi-Frogue) du 22 au 24 mars (environ 280 jeunes) et l'autre à North Battleford (R.A.M.E. II) du 29 au 31 mars (environ 350 jeunes). Mais la grande réussite des jeunes, en 1974, c’est la mise sur pied des premiers Camps Voyageurs. Au cours des années qui suivent, l’ajf les organise en collaboration avec l’ACFC. En 1981, elle choisit de se retirer complètement du projet, lorsque l’ACFC décide que les Camps Voyageurs ne seront plus des camps d’immersion. Ces camps cesseront d’exister pendant plusieurs années. Aujourd’hui, il n'est plus question de faire des camps d'immersion, les Camps Voyageurs ayant été pris en charge par l’ACFC. Ils attirent toutefois, chaque été, des centaines de jeunes francophones provenant des écoles fransaskoises.

C’est aussi en 1974 que les membres de l’Association des Jeunes Francophones de la Saskatchewan font un premier geste politique. L’ACFC a à nouveau invité les jeunes à participer à sa réunion annuelle qui a lieu à Regina les 15, 16 et 17 novembre. Le thème de la réunion est «la Fête des Fransaskois». Durant la fin de semaine, les quelque 350 jeunes qui participent à la réunion se joignent à un groupe d’adultes pour aller manifester devant les portes de la Société Radio-Canada, rue McIntyre, à Regina. On demande l’implantation de la télévision française en Saskatchewan. Par la suite, les jeunes sont accusés d’avoir fait «pour la première fois, un geste politique concret, sans être pleinement conscient des conséquences.»12 Ce ne sera pas le dernier geste concret de l’ajf.

Si, au début de son existence, l’Association des Jeunes Francophones de la Saskatchewan voulait être complètement indépendante de l’ACFC, en automne 1975, elle demande d’être représentée au sein du bureau de direction de l’association mère; les jeunes demandent que l’ACFC crée un poste de vice-président jeunesse au sein de son bureau de direction. Cette demande est acceptée sans trop de discussion par les congressistes. C’est aussi en 1975 que l’ajf participe, avec les associations jeunesses des autres provinces canadiennes, à la création de la Fédération des jeunes canadiens-français.

Après le congrès de 1975, il y a un relâchement à l’Association des Jeunes Francophones de la Saskatchewan. Les animateurs-jeunesse continuent d’être embauchés par l’ACFC et leur première responsabilité est donc de satisfaire aux mandats de l’ACFC. De plus, il y a peu de fonds disponibles pour des activités pour la jeunesse. À cette époque, Pierre Elliot Trudeau parle de rapatrier la Constitution et toutes les associations francophones du pays se lancent dans la revendication constitutionnelle. L’ACFC demande donc aux animateurs-jeunesse de travailler avec la Fédération des jeunes canadiens-français pour rédiger un document intitulé La dernière jeunesse. Pour cette raison, il y a très peu d’activités tout au long de l’année 1976; la plupart des activités de l’Association se font au niveau local et régional.


David Granger...le président actuel de l'ajf
En 1976, Luc Martin est élu président de l’ajfS et son comité exécutif est formé de Marilou Lalonde (Saint-Victor), Paul et Carmen Campagne (Willow Bunch), Francine Monin (Bellegarde) et Lisette Préfontaine (Lisieux). Laurel Favreau est élue présidente de l’ajfN et son comité exécutif est formé de Micheline Pelletier (Prince Albert), Mariette Turcotte (Zénon Park), André Denis (Saint-Denis), Rudy Gaudet (North Battleford), Michelle Fortier (Zénon Park) et Laurier Gobeil (Albertville). Ce groupe de jeunes Fransaskois, appuyé par les deux animatrices-jeunesse, Suzanne Campagne et Gisèle Lemire, vont pousser à la création, en 1977, d’une seule association provinciale.

Au printemps 1977, un rallye provincial a lieu dans l’ancien Collège Notre-Dame à Saint-Louis. «Découverte 77» a pour but d’intéresser les jeunes à leur culture tout en leur fournissant une formation artistique. Lors du rallye, «les jeunes se sont rendus compte qu’il y avait des conflits entre les secteurs nord et sud. Ils se sont rendus compte qu’il était impossible de continuer avec deux comités indépendants. Afin de régler le problème, il fut décidé de restructurer l’ajf. Les jeunes voulaient un seul exécutif avec un coordonnateur, des animateurs et un secrétariat.»13
En août 1977, un congrès provincial des jeunes a lieu et l’Association jeunesse fransaskoise naît des cendres des anciens comités Nord et Sud de l’Association des Jeunes Francophones de la Saskatchewan. Roland Stringer de Ponteix est le premier président de l’ajf inc.; Laurel Favreau, ancienne présidente de l’ajfN, devient la première directrice générale en octobre 1977

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