La création culturelle

Une fois que les jeunes ont réussi à contrôler leur association, ils peuvent s’attarder à des projets d’envergure. Entre 1977 et 1982, l’Association jeunesse fransaskoise devient l’organisme d'avant-garde de la communauté fransaskoise.

En 1977, le journal L’Eau Vive cessant de paraître pendant quelques mois, l’ajf fonde sa propre revue, Le Fransaskois, et en janvier 1978, elle est la première association à offrir un stage en journalisme à ses membres. Le Fransaskois devient Le Petit Patriote en juin 1979 et ensuite La Fransasque en 1982. L'ajf publie encore La Fransasque mensuellement.

À cette époque, la Commission culturelle fransaskoise n’a pas encore créé son programme d’intégration culturelle dans les écoles. Pour cette raison, l’ajf est une des premières à organiser des spectacles dans les écoles. Par exemple, en février 1978, deux musiciens franco-ontariens, les frères Parizeau d’Ottawa, font une tournée dans plusieurs écoles de la province.

Ayant créé les Camps Voyageurs en 1974, l’ajf organise de nouveaux camps en 1978 en créant les Voyageurs Fransaskois. «Les Voyageurs, après un apprentissage de 3 semaines, se sont rendus dans deux communautés, une dans le sud et l’autre dans le nord, et ont travaillé avec des jeunes et des personnes de l’âge d’or pendant une dizaine de jours.»14 Les Voyageurs Fransaskois sont tous des artistes et leurs stages dans les communautés comprennent des cours de musique, de chant, de danse et de théâtre. À la fin de l’été, les Voyageurs Fransaskois font une tournée dans plusieurs
Des amitiés se forment
au Camp Voyageur
centres francophones de la Saskatchewan. Suzanne Campagne et Roland Stringer sont deux des prinicipaux artistes fransaskois qui y participent.

L’année 1979 est une des plus fertiles de l'histoire de l’Association jeunesse fransaskoise. En 1978, l’association a demandé un quart de million de dollars au Secrétariat d’État et bien qu'elle ne reçoive que 60 000 $, elle ne va pas limiter ses activités en 1979.

En automne 1978, l’ajf se joint à Francophonie jeunesse de l’Alberta, à la Fédération jeunesse colombienne et au Conseil jeunesse provincial du Manitoba pour créer «Ouest en Action». Le but de cet organisme est d’organiser un grand rassemblement historique et culturel des jeunes francophones de l’Ouest. En juin 1979, la foire «On s’garroche à Batoche» a lieu à Saint-Laurent de Grandin, à quelques kilomètres au nord de Batoche. Plus de 1 000 jeunes de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan se réunissent pendant quatre jours afin de mieux connaître leur histoire et de goûter leur culture francophone de l’Ouest.

L’année suivante, l’Association jeunesse fransaskoise demande à l’ACFC et à la Commission culturelle fransaskoise de collaborer avec elle pour organiser une grande fête familiale pour tous les Fransaskois à Saint-Laurent, une fête semblable à «On s’garroche à Batoche». Cette fête familiale va devenir la Fête fransaskoise.

Deux autres grands projets sont lancés par l’Association jeunesse fransaskoise en 1979. En janvier, l’ajf annonce l’embauche de Jean-Raymond Châle comme directeur du premier «Festival de théâtre Zone». L’année précédente, des élèves du Collège Mathieu, entre autres Roland Stringer et Lise Rivard, ont monté la pièce Zone de Marcel Dubé et ils ont effectué une tournée dans quelques centres francophones de la province. L’automne suivant, plusieurs de ces jeunes, inscrits au Collège Universitaire de Saint-Boniface, fondent une troupe théâtrale, les Fransaskois hors Saskatchewan. Roland Stringer demande alors à la directrice de l’ajf d’organiser un festival théâtral. Il a lieu en mars 1979: cinq troupes y participent. Le succès du premier festival de théâtre encourage l’ajf à continuer ce projet jusqu’en 1985, date à laquelle le volet théâtre est remis à la Commission culturelle fransaskoise.

Toujours en 1979, l’animateur-jeunesse de Prince Albert, Michel Gervais, lance l’idée d’un «Super Fransaskois Show», un grand gala de la chanson. «Dès son arrivée en Saskatchewan en 1977, Michel Gervais avait parlé à maintes reprises d’une grande manifestation culturelle fransaskoise. C’est seulement en 1979, avec l’appui de l’ajf provinciale et du club des Patriotes de Prince Albert qu’il a réussi à mener à bonne fin ce projet.»15 Le «Super Fransaskois Show» comprend un grand banquet et un spectacle avec plus de 40 artistes fransaskois, ainsi que le couronnement de Mlle Fransaskoise. Parmi les artistes présents à cette manifestation culturelle fransaskoise, il y a les soeurs Boyer de Saint-Brieux, Julien Poulin de Zénon Park, Les Shenandos de Saskatoon, les soeurs Campagne de Willow Bunch, Laura et Vassa Corbeil de North Battleford, Gilbert Troutet de Regina, Gisèle Lemire de Regina, Madeleine Viczko d’Allan et le groupe Les Marlins de Saint-Brieux.

Le but du «Super Fransaskois Show» est «de fournir des occasions à nos jeunes artistes de se produire en spectacle afin qu’ils puissent se faire connaître. Le deuxième objectif est d’organiser une fête et des symboles qui renforceront l’identité et la fierté d’être Fransaskois.»16 De ce point de vue, le «Super Fransaskois Show» est un succès. Plus de 1 000 personnes assistent au gala, à Prince Albert, et Michèle Lepage de Debden est couronnée Mlle Fransaskoise.

C’est aussi lors de la soirée qu’est dévoilé le résultat d’un autre grand projet de l’ajf, celui de doter la communauté francophone de son propre drapeau fransaskois. «Nous invitons nos lecteurs qui aimeraient commenter le nouveau drapeau fransaskois à nous faire parvenir leurs impressions car maintenant que le sort est jeté, on devra passer à la phase d’acceptation du drapeau par les Fransaskois et peut-être suggérer certaines modifications mineures.»17 Comme ça a été le cas quelques années plus tôt avec le nom «Fransaskois», il faut plusieurs années pour que le drapeau fransaskois soit pleinement accepté.

Malgré le succès inespéré du «Super Fransaskois Show», l’expérience n’est jamais répétée. Cependant, l’Association des artistes de la Saskatchewan et la Commission culturelle fransaskoise ont dernièrement mis sur pied le Gala provincial de la chanson afin de trouver des jeunes Fransaskois pour représenter la province au Concours de la chanson de Granby.

Au début des années 1980, l’Association jeunesse fransaskoise continue d’innover dans le domaine culturel. En 1982, c’est l’ajf qui accepte le défi de remettre sur pied un Concours oratoire fransaskois. Même si l’ajf cède ce projet à la Commission culturelle fransaskoise en 1985, elle s'en est quand même occupée pendant les premières années difficiles.

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