Les Activités

Jean Malette, le directeur général de l’Association de 1981-1985, commence le processus d’institutionalisation de l’organisme. Pierre Leblanc (1985-1987) poursuit dans la même voie. À la réunion annuelle de l’organisme, en mai 1985, l’ajf indique clairement qu’elle veut suivre le chemin de la politique, plutôt que celui des activités socio-culturelles. «Considérant que la jeunesse constitue à juste titre la relève de la francophonie, son orientation s’avère la base d’un développement qui doit avoir des répercussions positives pour l’avenir.»25

L’Association cède alors des projets culturels comme le Festival théâtral et le Concours oratoire fransaskois à la Commission culturelle fransaskoise. Au lieu d’aider à organiser la Fête fransaskoise en 1985, l’ajf dépense beaucoup d’énergie à organiser la marche de Batoche. «La marche de Batoche, c’est beaucoup plus qu’une simple activité jeunesse. D’une part, il s’agit de commémorer le centenaire de Louis Riel et faisant d’une pierre deux coups célébrer l’Année Internationale de la Jeunesse. Et d’autre part, cette activité constitue une campagne de prélèvement de fonds destinées aux victimes du tiers monde.»26 Ce projet fait couler beaucoup d’encre dans les journaux, mais ce n’est pas ce que recherche la jeune clientèle de l’Association.

Les jeunes Fransaskois se tournent de plus en plus vers la Commission culturelle fransaskoise pour leurs projets reliés à la culture et aux loisirs et l’Association jeunesse fransaskoise perd de plus en plus de membres. Les clubs locaux disparaissent, même dans les centres urbains. De plus, tout en perdant les 15 à 19 ans, l’ajf ne réussit jamais à vraiment attirer les 19 à 25 ans. Les jeunes universitaires et les jeunes travailleurs ont d’autres préoccupations, comme les études, le chômage, etc.

En 1985-86, l’ajf se vante surtout de ses programmes de création d’emplois, plutôt que de ses projets reliés aux intérêts de la jeunesse. «Ainsi, dans le domaine de l’éducation, l’ajf a obtenu des fonds visant à mettre sur pied le programme des étudiants animateurs qui auront comme tâche de développer une présence de l’ajf à l’intérieur même des écoles.»27 Le projet des animateurs à l’école ne remporte pas le succès espéré parce que les jeunes animateurs embauchés n’ont pas la formation requise pour faire du développement communautaire.

Au printemps 1986, l’Association jeunesse doit alors réorienter ce programme en mettant sur pied le projet Compas. Le projet vise à embaucher six jeunes Fransaskois, qui pendant onze mois suivront des cours à l’Université de Regina, tout en concevant des projets originaux pour la jeunesse de la province. Le succès de ce programme de formation ne peut être nié car deux des jeunes employés de Compas, Claude Grenier (directeur général) et Andrée MacDonald (directrice des projets) vont oeuvrer auprès de l’ajf. Une autre employée, Gisèle Marie, travaillera pour l’Association provinciale des parents fransaskois.

Toutefois, alors que l’Association provinciale dépense toute son énergie à des projets comme Compas, les jeunes des communautés rurales sont négligés et ils abandonnent l’ajf. De plus, pour une organisation qui se dit maintenant avoir une orientation revendicatrice, l’ajf ne dit pas un mot lorsque l’ACFC élimine le poste de vice-président jeunesse lors des changements apportés à sa constitution en novembre 1986.

Au printemps 1987, Pierre Leblanc quitte la direction de l’ajf et il est remplacé par Linda Garant. Dès son entrée en fonction, la nouvelle directrice apprend que les budgets de l’Association ne seront que le tiers des sommes demandées. Mme Garant commence alors à réorienter l’Association jeunesse vers une programmation socio-culturelle, sans pour autant abandonner complètement le volet de la revendication. Lorsque Linda Garant quitte l’Association en 1989, Claude Grenier la remplace. Il dirigera l'ajf jusqu'en décembre 1994.

Depuis quelques années, l’Association jeunesse fransaskoise a dépensé beaucoup de temps et d’énergie à faire renaître les clubs locaux de jeunes. C'est dans ce but qu'elle a mis sur pied le projet du Rock-mobile et qu'elle a collaboré avec Radio-Canada au projet de Pop-Jeunesse. Ayant retrouvé l’inspiration qui l’a guidée à la fin des années 1970, l’ajf accepte de s’occuper du volet sport dans la communauté fransaskoise et, au printemps 1992, elle organise les 1er Jeux fransaskois à Regina.

Le Rendez-Vous Fou qui a lieu la même fin de semaine que les Jeux fransaskois, ressemble beaucoup au Super Fransaskois Show organisé par l’ajf en 1979. Le Rendez-Vous Fou de 1992 regroupe cinq groupes musicaux dont quatre de la Saskatchewan (Le MAT, Freaké Ben Raide, Cri de Folie et Les ZED) et Vilain Pingouin, un groupe venu du Québec pour l’occasion.

L'ajf essaie aussi de regrouper jeunes et moins jeunes dans des activités comme les Jeux divers d'hiver, le Festival théâtral jeunesse, le Parlement jeunesse, etc. L’Association a toujours été plus efficace lorsqu’elle était prête à relever des défis socio-culturels, comme «On s’garroche à Batoche» et les Jeux fransaskois. C’est ce que les jeunes veulent et la meilleure revendication politique que peut faire l’ajf, c’est de permettre aux jeunes francophones de la province de vivre pleinement leur culture en français.

Fin du chapitre