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Chapitre 1:

Un voyage difficile de Saint-Malo à Saint-Brieux


Originaire de la Côte-du-Nord en France, l’abbé Paul LeFloc’h était venu au Canada en 1903. Descendu du train à Prince Albert, il fait la connaissance de Mgr Albert Pascal, évêque du diocèse de Prince Albert, qui lui demande s’il ne serait pas intéressé à retourner dans son pays natal pour recruter des Bretons pour le peuplement de l’Ouest canadien.

L’abbé Le Floc’h visite la région de Prince Albert. Il se rend jusqu’au lac Lenore, à Flett’s Spring, où le père Adrien Maisonneuve a établi une petite mission. Les deux hommes explorent la région au nord du lac et l’abbé Le Floc’h constate que cet endroit serait favorable à l’agriculture. Il retourne alors en France, en Bretagne, et passe l’hiver à donner des conférences ici et là. Le printemps suivant, il a recruté 300 personnes intéressées à recommencer leur vie au Canada.

Première étape: un voyage en navire


Refrain:
À Saint-Malo, beau port de mer;
À Saint-Malo, beau port de mer,
Trois gros navires sont arrivés,
Nous irons sur l’eau, nous irons nous promener,
Nous irons jouer dans l’île.

Saint-Malo! Port de mer situé à l’entrée de l’estuaire de la Rance dans le nord-ouest de la France. À partir de 1491, la navigation malouine1 a connu une grande renommée. Le célèbre navigateur français, Jacques Cartier, avait quitté le port de Saint-Malo le 20 avril 1534. Son voyage lui avait permis de découvrir le golfe du St-Laurent et de prendre possession du Canada au nom de la France.



Voyage du Malou de Saint-Malo à Halifax en 1904 avec les colons de Saint-Brieux.


Trois cent soixante-dix ans plus tard, le 1er avril 1904, un autre navire, le Malou, quitte le port de Saint-Malo. À bord ce navire il y a trois cents Bretons qui viennent s’établir dans les prairies des Territoires du Nord-Ouest. Beaucoup d’entre eux vont se rendre à un endroit au sud de Prince Albert dans la région du lac Lenore et y fonder la paroisse de Saint-Brieux. Ils ont été recrutés par l’abbé Paul LeFloc’h.

Les colons grimpent dans le paquebot, le Malou, le 1er avril 1904. Ils sont accompagnés d’environ 1 200 pêcheurs malouins que l’on a appelés des «Terre Neuvas» et qui viennent à Saint-Pierre-et-Miquelon2 pour faire la pêche à la morue.3

Un des colons a décrit la traversée de l’océan Atlantique dans une lettre à ses parents:

«Je ne suis partis de Saint-Malo le premier Avril, à 7 heures du mantin. On a pas eu du beau temps pour aller jusqua Saint-Pierre, mais malgré cela je ne suis pas été malade, ni les autres non plus, excepté Anne a eu un peu le mal de mer et les plus grands des enfants la petite n’a pas eut le mal de mer. On a mis quinze jours pour aller jusqua Saint-Pierre à cause de la brume parce que les navires quand il y a de la brume ne marche pas vite. On était rendue à Saint-Pierre le 11, ont appercevait la terre à cinq heures du matin, ont était rentré au port à neufs heures, ont était resté jusqua le 21.»4

Cet extrait est tiré d’une lettre d’un colon nommé François (Le Briqueur), écrite lorsque le groupe est arrivé à Qu’Appelle dans les Territoires du Nord-Ouest en mai 1904. Selon ces renseignements, la traversée de l’océan aurait pris onze jours et les colons bretons auraient passé dix jours sur l’île de Saint-Pierre avant de continuer leur voyage jusqu’au Canada. D’autres témoignages affirment que le Malou est arrivé à Saint-Pierre le 15 avril et que les colons n’auraient attendu que six jours avant de continuer leur trajet.