Chapitre 2:

Les colons et la prise de homesteads


Parmi le premier groupe de colons venus de la Bretagne avec l’abbé Paul Le Floc’h en 1904, nous reconnaissons les noms de Pierre Rocher, Denys Bergot, Joseph Briand, Jean-Marie Gallais, Mathias Buzit, Jean Lucas, Yves Olivier, Jacques Larmet, Marie Creurer20, Joseph Creurer, Jules Daubenfeld, François et Michel Fagnou, Joseph Le Jan, Jean Leray, Augustin Male, Yves Mazévet, François Rouault, Alexis Albert, Pierre Froc, Pierre et Alain Mao, Yves Rallon21, Victor Quiniou, Théophile Rudulier Jean-Pierre Thébaud, François Tinevez et Yves Le Floc’h 22.

Ayant atteint leur destination, les nouveaux colons explorent la région. Au cours des jours qui suivent, ils visitent les terres des townships 41 et 42 des rangs 20 et 21. Ces visites de la région de «la Plaine» ne se font pas sans difficultés. «Mais cette visite est une tâche difficile: comment en effet, à travers le bois épais, savoir exactement où s’arrêtent les limites de chaque concession? Comment avoir une idée bien nette de la nature et de la disposition du terrain? Il faut employer souvent la hache pour se frayer un passage sous bois; quand la piste que nous suivons est coupée par quelque cours d’eau, il faut, à l’aide de quelques troncs d’arbre, improviser un pont.»23

À cause du bois épais, les colons ont de la difficulté à trouver les jalons posés par les arpenteurs pour indiquer les coins de sections. Et lorsqu’on réussit à trouver les jalons dans le bois, il est souvent impossible de savoir si le terrain sera bon pour l’agriculture.

C’est souvent pour cette raison que des terres furent enregistrées au Bureau des Terres du Dominion et ensuite abandonnées par le premier colon. Alors qu’il commençait à défricher son homestead, le colon découvrait parfois que la terre était marécageuse ou qu’il y avait énormément de roches sur le terrain. Devant cette situation, le colon abandonnait son homestead et allait se prendre un terrain ailleurs, soit dans la même région soit dans une autre. Dans d’autres cas, la personne abandonnait le tout et retournait à son pays d’origine. En étudiant la carte du township 42, rang 20, il est possible de voir combien des colons ont abandonné leur homestead avant d’en recevoir les titres de propriété.

Ayant exploré la région en groupe, les colons doivent maintenant décider qui pourra s’inscrire sur tel et tel homestead. «Il est bien à craindre que cette attribution ne soit la source de mécontentements et de récriminations: aussi pour y remédier dans la mesure du possible est-il décidé que le sort règlera l’ordre dans lequel chacun devra se présenter au Bureau des Terres du gouvernement.»24 L’abbé Paul Le Floc’h se réserve le carreau NW24-42-21-W2. C’est sur cette terre qu’il a l’intention de bâtir une petite maison-chapelle qui servira d’église et de résidence.

Jean Lucas, Théophile Rudulier, Jean-Marie Gallais et Pierre Froc accompagnent l’abbé Le Floc’h jusqu’à Prince Albert pour inscrire leurs homesteads auprès de l’agent des Terres du Dominion.

Les autres attendent à «la Plaine ». On a érigé une tente pour accommoder les colons en attendant qu’ils puissent se construire des maisons sur leur homestead. Avant de construire quoi que ce soit, il faut bâtir un chemin pour relier «la Plaine» et la section 24 du township 42, rang 21. Joseph Le Jan, Pierre Rocher et Denys Bergot se mettent au travail et après quelques jours ils ont réussi à ouvrir une route praticable jusqu’à la section 24.