Chapitre 3:

Les fils de Saint-Brieux et les guerres d’Europe


Une fois que la petite communauté de Saint-Brieux commence à s’établir, elle reçoit un nouveau type de colons. En 1910 et en 1911, le gouvernement canadien accorde des concessions d’une demi-section de terre aux anciens combattants de la Guerre des Boers en Afrique du Sud. Plusieurs Français à Saint-Brieux se prévalent de ce droit à 320 acres de terre. François Rouault est arrivé dans la région avec le premier groupe en 1904. En 1906 un deuxième groupe, formé de François Le Berre, Jules Daubenfeld, Joseph Ronvel, Guillaume Jezequel et Pierre-Mathurin Coquet, vient les rejoindre. Enfin, en 1910, deux autres anciens combattants de la Guerre des Boers arrivent à Saint-Brieux. Il s’agit de Henri Massé et Louis Reinier.

Ces huit anciens soldats français inscrivent leur demi-section auprès de l’agent des Terres du Dominion en 1910 et en 1911.

Quelques années plus tard, entre 1914 et 1918, plusieurs autres jeunes hommes de Saint-Brieux seront appelés à aller prendre les armes pour la défense de la France.

Lorsque la guerre éclate en Europe en 1914, plusieurs colons d’origine française vivant en Saskatchewan décident qu’ils doivent retourner pour aider avec la défense de leur ancienne patrie. Plusieurs de ces jeunes hommes s’inscrivent dans l’armée canadienne. D’autres, par contre, optent de regagner le pays de leur origine et de faire leur service militaire avec l’armée de la France.

Clément Boissière, Jean Briens, Pierre et René Kernaleguen, Émile Leray, Alfred Petit, Étienne Pérault, Ferdinand Ranger et Stanislas Rohel sont neuf des pionniers de Saint-Brieux qui ont servi dans l’armée française entre 1914 et 1918. Il y en a eu d’autres.

Pourquoi aller rejoindre l’armée française au lieu de celle de leur nouveau pays d’adoption? «Les plus jeunes appartiennent à la réserve de l’armée française et en temps de guerre ils doivent rejoindre au plus tôt leur régiment; bien qu’ayant quitté la France depuis dix ans, le sentiment de l’amour de la patrie vibre toujours au fond de nos coeurs; la patrie est en danger: sans hésiter et n’écoutant que l’appel du devoir.... partent pour la France dès la première semaine de la mobilisation.»27 En effet, c’est l’amour qui les pousse à aller défendre leur ancienne patrie. Plusieurs ne reviendront pas; certains seront tués sur les champs de bataille, tandis que d’autres opteront de rester en France après la guerre.

D’autres jeunes hommes de Saint-Brieux se voient obligés de s’inscrire dans l’armée canadienne. François Bergot, François Buzit, Rémi Buan, Jules Daubenfeld, Julien Kernaleguen, Adrien et Louis Legars, Eugène Pérault, Arthur Pilon, Pierre Fau, François Suignard et Jean-Marie Rocher sont envoyés en Angleterre avant de se rendre au front.

Ceux qui restent à Saint-Brieux font aussi leur part pour l’effort de guerre. «Et pendant ce temps ceux qui, pour une raison ou une autre, n’ont pu partir, travaillent sans relâche à produire le blé si nécessaire au ravitaillement des armées alliées; dames et demoiselles organisent un cercle de la Croix-Rouge et s’ingénient à expédier au front des colis qui rendront tant de service aux blessés et aux malades.»28

C’est ainsi que tout le monde a été touché par la Première Guerre mondiale entre 1914 et 1918. Le même scénario se reproduira une vingtaine d’années plus tard (1939-1945). Nombreux seront les anciens combattants de Saint-Brieux qui reviendront de la guerre en 1945.

La même situation se sera produite dans toutes les autres communautés francophones de la Saskatchewan.

Venus de la Bretagne, les premiers colons ont donné à leur nouvelle communauté sur le sol canadien le nom d’une ville de leur pays natal, Saint-Brieuc. Au Canada, le nom était écrit Saint-Brieux. Lorsque les premiers colons sont arrivés en 1904, il y en avait seulement deux ou trois qui avaient été fermiers en Bretagne. Les autres avaient été boulanger, commis de magasin, gendarme, etc. Mais tous venaient dans le nouveau pays pour une seule raison; le gouvernement du Canada offrait 160 acres de terre pour 10,00 $.

Ils sont venus et ils ont appris à manier la hache pour défricher leur terrain. Ils n’ont pas eu la vie facile, mais ils ont conquis le pays du lac Lenore. Aujourd’hui, leurs descendants sont de fiers agriculteurs, commerçants et entrepreneurs.


-Fin-