Chapitre un

Les missions oblates

L’histoire des débuts de Delmas, c’est l’histoire des missions oblates dans le nord-ouest; c’est l’histoire des pères Lestanc, André, Hert et Cochin, quatre Oblats de Marie-Immaculée. L’histoire comprend aussi celle du Fort Battleford et des réserves indiennes environnantes.

Le père Jean Lestanc

Cette histoire commence vers 1877. Mgr Vital Grandin, évêque de Saint-Albert et du territoire du nord de la Saskatchewan (qui deviendra en 1882 le district de la Saskatchewan), demande au père Jean Lestanc, o.m.i.1 de se rendre dans la région de Battleford et de voir s’il pourrait y établir une mission. L’année précédente, Battleford avait été choisie comme siège de la capitale des Territoires du Nord-Ouest. Auparavant, l’endroit avait été tout simplement connu sous le nom de Telegraph Flat.

D’après des renseignements fournis par le père Lestanc, Mgr Grandin croit qu’il vaut la peine d’envoyer un missionnaire dans la région. Il demande alors au père André d’aller établir une mission à Battleford. Le père André arrive sur les lieux à la fin novembre et crée la mission Saint-Vital. Un mois plus tard, le père Lestanc revient à Battleford pour assumer la charge de la nouvelle mission.

Puisqu’il n’y a ni église, ni presbytère à Battleford, le père Lestanc demeure dans la maison de W.-J. Scott, où il enseigne le catéchisme aux jeunes Cris et Métis. Le dimanche, le curé chante la messe dans une bien humble demeure - la remise de l’honorable J. McRoy, greffier des Territoires du Nord-Ouest.2 De temps à autre, il va prêcher dans les réserves indiennes avoisinantes: Poundmaker, Little Pine, Sweetgrass, Eagle Hills, Red Pheasant, Mosquito, Thunderchild et Moosomin. Mais, sa priorité demeure la mission Saint-Vital à Battleford.

Puisque les Cris de la réserve Poundmaker sont très ouverts au catholicisme, le père Lestanc essaie probablement de convaincre son évêque de nommer un autre missionnaire pour l’aider. En 1878, le père Florent Hert arrive pour le remplacer à Saint-Vital. Cela va lui permettre de consacrer plus de temps aux missions indiennes.

Dès 1879, le père Lestanc établit la mission Sainte-Angèle sur la réserve Poundmaker. Puis, il fait construire une petite église, au sud-ouest de l’actuel emplacement de Delmas, sur la rive sud de la rivière Bataille.

L’année suivante, le père Hert meurt de froid: «Vous pouvez imaginer la consternation et la tristesse des gens lorsqu’on a découvert le corps du père Hert le 15 octobre 1880, mort à l’âge de 27 ans. Le jour précédent, comme à l’habitude, il était allé chasser des canards à quelques milles de la colonie . On croit qu’il était allé dans l’eau chercher un canard qu’il venait de tuer et qu’il a pris froid.»3 Le père Hert est remplacé à Battleford par le père Bigonnesse.

Lorsque le père Lestanc tombe malade en 1882, Mgr Grandin descend de Saint-Albert par bateau jusqu’à la mission Sainte-Angèle pour rendre visite à son missionnaire. Il est accompagné par le père André et par un jeune missionnaire nouvellement ordonné, le père Louis Cochin. «Après quelques jours, Mgr Grandin quitte Battleford, ramenant le père Lestanc avec lui et laissant le père Cochin pour le remplacer à Sainte-Angèle.»4 Ainsi commence la deuxième tranche de cette histoire des missions indiennes dans la région de Delmas.

Le père Louis Cochin

La vie ne semble pas être aussi favorable pour le jeune missionnaire nouvellement ordonné. Lorsqu’il est laissé en charge de la mission Sainte-Angèle à l’été de 1882, le père Cochin ne possède pas les mêmes atouts que son prédécesseur. Il ne parle pas le cri et doit passer le premier été à étudier cette langue indienne: