Chapitre 2:

Une communauté prend forme

Lorsqu’elles arrivent en Saskatchewan, les trois familles ne trouvent aucune des institutions qu’elles ont connues au Québec. Il n’y a pas de bureau de poste, d’église, d’école. Tout est à faire dans cette prairie du sud de la Saskatchewan.

Avant même de commencer à bâtir leurs maisons, ils font la connaissance de l’abbé Jules Bois. C’est un jeune prêtre français qui est arrivé dans l’Ouest canadien en 1909 pour fonder une paroisse française près de Ferland. En effet, des colons de la France étaient arrivés en 1908 et s’étaient établis à Meyronne. Benjamin Soury-Lavergne était parmi eux. «Ce dernier était déjà dans cette région depuis avril 1908, arrivé avec MM. Dugas, Roy, De Jaeger, Géraux, Baonville et Hanna, puis en mai, MM. Edmond Loutrel, Lacaze et Hart.»15

Au printemps de 1910, l’abbé Bois et un groupe de colons se dirigent vers la région de Billimum à l’ouest de Ferland où sera érigée la mission de Saint-Martin. «Conduisant des colons vers la région de Billimum, ce prêtre aperçut une tente dans la vallée et, sans hésiter, résolut de s’y arrêter pour faire connaissance avec les nouveaux colons.»16

La région de Ferland vers 1915.
L’abbé Jules Bois allait devenir le premier curé de Ferland. Il s’y rend de temps en temps, disant parfois la messe sous une tente et parfois dans la maison d’un pionnier. «La première messe célébrée dans la région de Ferland fut par l’abbé Bois, vraisemblablement en mai 1910. Elle eut lieu sous la tente en présence des familles Fournier, Fauchon et Chabot. Le missionnaire continuait ensuite, à tous les mois, de venir dire la messe, soit chez Edmond Chabot, soit chez Joseph Fournier.»17 Le jeune missionnaire français continuera de visiter la région jusqu’à la fondation de la paroisse Saint-Jean-Baptiste en 1917.

Puisqu’ils ont un prêtre qui viendra leur chanter la messe une fois par mois, les colons veulent maintenant avoir un bureau de poste. Edmond Chabot est chargé de communiquer avec le ministre des Postes pour lui demander d’établir un bureau de poste. Puisque les pionniers viennent tous de la paroisse de Sainte-Claire-de-Dorchester, ils demandent que le nom de leur nouvelle communauté soit Sainte-Claire-des-Prairies. «Mais comme il existait déjà un bureau dans la province sous le nom de Vallée-Sainte-Claire, Ottawa l’ouvre quand même le premier avril 1911 sous la désignation “Des Prairies” en nommant Edmond Chabot comme titulaire.»18

Ainsi commence l’histoire du nom de Ferland. Les gens de la région ne sont pas contents du nom «Des Prairies». Le nom ne veut rien dire! Et, selon les pionniers du coin, ce nom pourrait porter à confusion avec le bureau de poste de «Lac des Prairies».

En mai 1911, le maître de poste, Edmond Chabot, demande au ministre des postes de changer le nom pour Saint-Edmond. Le ministre refuse et décide lui-même que le nouveau nom sera «Ferland», le nom d’un grand historien canadien-français, l’abbé Jean-Baptiste Ferland. La communauté est ainsi baptisée le 1er juillet 1911.