Chapitre 4

La vie continue à Montmartre

La communauté se développe

La première messe avait été chantée à Montmartre en 1894. Mais, puisque l’abbé Roy ne pouvait pas desservir cette nouvelle communauté, les catholiques devaient se rendre à Wolseley chaque dimanche. Généralement, ils grimpaient tous dans deux chariots pour ce trajet.

Entre 1897 et 1902, un nouveau groupe de colons canadiens-français vient s’installer dans la région de Montmartre. Avec l’arrivée de ces nouveaux colons, il est décidé d’établir une paroisse à Montmartre. L’abbé Passaplan, un missionnaire suisse, est nommé premier curé résidant. Il s’installe dans sa nouvelle paroisse en 1900. L’établissement de la paroisse de Montmartre marque la fin de la colonie de la Société Foncière du Canada .

La première année avait été difficile pour les colons français, mais il fallait penser à l’avenir. Afin de ne pas perdre l’anglais qu’il avait appris en France, Auguste-Henri de Trémaudan avait commencé, en 1894, à enseigner des cours d’anglais à son frère et à quelques autres jeunes du coin. Ce fut la première école de Montmartre. (Auguste-Henri de Trémaudan allait être connu dans l’histoire de l’Ouest canadien pour sa contribution à la Nation métisse. C’est lui qui allait écrire L’Histoire de la Nation Métisse dans l’Ouest Canadien. Il aurait été poussé à entreprendre ce projet par Ambroise Didyme Lépine, l’ancien lieutenant de Louis Riel au Manitoba en 1870. Lépine aurait passé un certain temps dans la région de Forget, à environ 65 kilomètres au sud-est de Montmartre.)

En 1907, le Canadian Northern construit un chemin de fer jusqu’à Montmartre. Les rails passent à un mille au nord-ouest de la Grande Maison. C’est à cet endroit que va naître un nouveau village.

Au cours des prochaines années, Montmartre devient un centre commercial important dans la région. À l’époque du transport par chemin de fer, la petite communauté française est le plus important point sur la ligne du Canadien National entre Brandon et Regina. À un moment donné, il y avait deux magasins généraux, un magasin de meubles, deux quincailleries, deux agences d’équipement agricole, deux hôtels, une cour à bois et deux élévateurs à grain. La Banque de Toronto prendrait le local de l'ancienne Union Bank en 1910. Il y avait aussi, vers 1910, deux notaires et un médecin.

En 1910, Montmartre devient le siège de la municipalité rurale. C’est également en 1910 que les résidants de Montmartre décident de déménager l’église au centre du nouveau village, la première église ayant été construite près de la Grande Maison.

Petit à petit la communauté prend forme. Des cendres du rêve de Pierre Foursin naît une communauté vibrante et pleine d’énergie, une communauté qui accueille Français, Canadiens français et autres immigrants.

Un Français établi à Dumas en Saskatchewan, Gire Maigueret, écrit un poème au sujet de cette communauté en 1939. En voici un extrait:

Le Petit Montmartre du Canada

Il est un coin de terre, un modeste village
Que l’on aime à revoir quand on l’a déjà vu
Il est si sympathique et si doux son visage
Que l’âme garde son image
Comme les traits d’un disparu.
Ton nom vibre en nos coeurs comme une
Marseillaise.
Montmartre canadien! et nous prend tout
entiers!
À pleins poumons ici comme on respire à
l’aise
Des parfums de brise française
Qui s’exhalent de tes foyers!
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Le poème compte vingt-quatre couplets! Ce n’est peut-être pas de la grande poésie, mais l’auteur essayait de décrire la grande beauté de la région.


Fin du quatrième chapitre