Chapitre 2:
La vie catholique et française
à Prince Albert au début du siècle


Mgr Albert Pascal, o.m.i., pose au milieu
d'un groupe de frères d'origine allemande.
Le 19 avril 1891, un jeune oblat français, Albert Pascal, est nommé Vicaire Apostolique de la Saskatchewan. Cette nomination transforme l’administration catholique de l’Ouest canadien; l’ancien et énorme diocèse de Saint-Albert, toujours administré en 1891 par Mgr Vital Grandin, est alors divisé en deux et un vicariat apostolique est créé dans le district de la Saskatchewan.

Si le nouveau diocèse de Prince Albert ne couvre pas un territoire aussi étendu que celui de Saint-Albert, il n’empêche que le nouvel évêque a des milliers de kilomètres à parcourir à pied, à cheval ou en bateau pour visiter toutes les missions de son domaine. «Le Vicariat Apostolique de la Saskatchewan s’étendait alors jusqu’au pôle glacial et comprenait à peu près tout le Vicariat Apostolique actuel du Keewatin.»11 Ce n’est qu’en 1910 que le Vicariat du Keewatin (le nord et l’est de la Saskatchewan et du Manitoba et une bonne partie de l’actuel Territoire du Nord-Ouest) est créé et Mgr Ovide Charlebois, o.m.i., en est le premier Vicaire Apostolique. De plus, le futur diocèse de Prince Albert comprend aussi, en 1891, tout le territoire qui forme aujourd’hui le diocèse de Saskatoon, créé en 1933.



Carte de la ville de Prince Albert vers 1905.


À son arrivée à Prince Albert en 1891, Albert Pascal retrouve une situation semblable à celle qu’il a connue dans les missions du lac Athabaska. «Lorsque Monseigneur Pascal fut appelé par la volonté du Saint-Siège et de ses supérieurs religieux à venir fonder le diocèse de Prince Albert, il ne trouva en arrivant qu’une remise pour palais épiscopal et une misérable cabane pour cathédrale.»12

Tout est à bâtir, mais ayant passé tellement d’années dans les missions du grand Nord, Albert Pascal n’est pas autrement troublé par cette situation. Au cours des vingt-neuf années suivantes, il va se consacrer à bâtir un diocèse. «On lui doit, en particulier, la fondation du Patriote de l’Ouest, la construction de la cathédrale de Prince Albert, des efforts en vue de l’établissement d’un collège catholique auprès de l’Université de la Saskatchewan (1919) et la fondation d’une école indienne à Duck Lake, Saskatchewan, en 1894.»13

La première tâche d’Albert Pascal est de faire construire une cathédrale. Mais dans tout son immense vicariat, il n’y a que 20 000 personnes environ, 17 pères oblats et six frères. Il n’a donc pas beaucoup d’argent à sa disposition. Malgré cela, les travaux de construction commencent en mai 1892. Les coûts sont exorbitants. «Notre église devait coûter 4,800 $ mais le père Dommeau m’informe que les accessoires et les travaux supplémentaires vont porter les coûts à 6 000 $.»14 Afin d’aider à les défrayer, Mgr Pascal doit quêter dans le Bas-Canada et en France. «Deux voyages en France en 1893 et en 1898 fournissent les fonds nécessaires pour ériger une cathédrale et un modeste palais épiscopal pour l’évêque.»15 Un évêché remplace la vieille remise en 1898, et une nouvelle cathédrale est construite en 1914.

C’est autour de ces deux bâtiments que se regroupent au début du siècle la plupart des Franco-Canadiens de Prince Albert.