Chapitre 3:

La communauté francophone de Prince Albert
depuis la deuxième guerre mondiale


La présence du Patriote de l’Ouest joue un rôle important dans la vie française de Prince Albert pendant de nombreuses années. Hélas, en 1941, la congrégation des Oblats de Marie Immaculée, propriétaire du journal, décide qu’elle ne peut plus essuyer les pertes financières de l’entreprise et propose l’amalgamation de l’hebdomadaire avec La Liberté du Manitoba. Il y aura encore un rédacteur à Prince Albert pendant quelques années, le père Joseph Valois, o.m.i., mais l’atelier du Patriote de l’Ouest ferme ses portes. Le départ du journal est une dure perte pour la communauté francophone de Prince Albert.

Toutefois, Prince Albert est toujours le siège du diocèse et c’est, bien sûr, toujours à la Cathédrale qu’ont lieu la plupart des activités françaises. La fin de la guerre, en 1945, permet aux Canadiens français de reprendre le développement de leur communauté.

L’éducation est un des éléments importants du développement de cette communauté. À cette époque, en Saskatchewan, les écoles secondaires catholiques sont privées. À la campagne, les petites écoles n’enseignent que les cours de la 1re à la 9e année. Plusieurs congrégations religieuses sont venues fonder des couvents pour les filles, ici et là, dans la province. Pour les garçons, il y a le Collège catholique de Gravelbourg et les collèges classiques d’Edmonton et de Saint-Boniface.

À la fin de la guerre en 1945, il existe un couvent pour l’éducation des jeunes filles à Prince Albert: en 1904 les Soeurs de Sion avaient ouvert l’Académie de Notre-Dame de Sion, un couvent bilingue pour filles. Lorsque les Soeurs de Sion quittent Prince Albert en 1951, les Soeurs de la Présentation de Marie achètent le vieux couvent pour continuer l’oeuvre d’enseignement dans la nouvelle Académie Rivier. Des religieuses de la Présentation de Marie enseignaient déjà à Prince Albert depuis 1925. Cette année-là, elles avaient accepté la direction de l’école Saint-Paul. «Six religieuses arrivaient à Prince Albert le 23 août et s’installaient dans une humble résidence ayant servi de domicile aux Pères Oblats. Soeur Théresa-de-Jésus, soeur du Premier Ministre Louis St-Laurent, était la directrice de l’école. Le premier jour, elle enregistra 191 jeunes de 14 nationalités différentes.»29

Durant les années 1950, les Filles de la Providence viennent aussi ouvrir un couvent à Prince Albert; en 1957, elles font construire l’Institut de Notre-Dame de la Providence, une école secondaire privée pour jeunes filles. C’est aussi un noviciat pour la congrégation religieuse. Les Filles de la Providence étaient associées à la ville de Prince Albert depuis 1897 quand elles avaient accepté l’entretien de l’évêché. Trois ans plus tard, les religieuses s’étaient associées à l’orphelinat Saint-Patrick.

Mgr Albert Pascal, évêque de Prince Albert, avait décidé en 1899 d’acheter l’ancien couvent des Fidèles Compagnes de Jésus, vide depuis quatre ans, et d’en faire un orphelinat. «Nous avons fait l’acquisition et Dieu aidant par l’intercession du Saint Patron de l’orphelinat et aussi grâce au zèle prudent et distingué du R. P. W. Brueck, chapelain, et de l’intelligente direction du bon Frère E. Courbis nous avons ouvert cet humble orphelinat le dix-huit avril 1900.»30 Toutefois, il semble y avoir eu des frictions entre les religieuses françaises et certains orphelins anglais. En 1906, le père Brueck avait donc demandé à une congrégation de religieuses anglophones, les Soeurs de la Charité de l’Immaculée-Conception, de prendre la relève des Soeurs de la Providence.