Chapitre 1:

La statue de Notre-Dame d'AuvergneDéménagement du village

Les voyages d’un missionnaire

Albert-Marie Royer est né à Combronde, en Auvergne, dans le centre-sud de la France. Après son ordination à la prêtrise, il est nommé curé du village de Ponteix en France. Il exerce son métier de prêtre pendant vingt-et-un ans, mais il rêve toujours de quitter son pays natal et d’aller établir une mission à l’étranger, une paroisse qui serait consacrée à Notre-Dame d’Auvergne. Il fait un premier voyage en Algérie mais revient en France désillusionné. En 1905, il lit un article écrit par le fondateur de plusieurs paroisses dans le sud-est de la Saskatchewan, l’abbé Jean Gaire.

L’abbé Royer décidede venir voir l’Ouest canadien. «Le 20 mars 1906, il laisse sa paroisse, et sur le bateau Philadelphia, se dirige vers New York. Il arrive à l’archevêché de St-Boniface vers la mi-avril, il y rencontre Mgr Langevin. Il fut à ce moment frappé d’une fièvre et conduit à l’hôpital, où il demeura trois semaines.»1

De Saint-Boniface, il explore la région de la Montagne de l’Orignal dans le sud-est de la Saskatchewan, se rend en Alberta où il visite les Rocheuses. Pendant son voyage de retour, il arrête au bureau d’immigration à Moose Jaw où il fait la connaissance d’un agent, Thomas Gelley, qui lui signale qu’un certain Edmond Gauthier se dirige, avec un groupe de colons canadiens-français, vers la région de la rivière La Vieille. (Voir Gravelbourg.)

L’abbé Royer décided’aller retrouver ce groupe à La Vieille. «La Vieille, en effet, est une intéressante colonie, quoique de formation récente. Son fondateur n’est autre qu’un Métis de Willow Bunch, Alexandre Medelis (McGillis), connu et estimé dans la région sous le nom de Katchou.... Katchou donc, au printemps 1906, signala cette place et y conduisit un groupe de Canadiens de Cantal, ayant à leur tête M. le curé de Willow Bunch.»2

C’est à cet endroitque l’abbé Royer se propose de fonder sa paroisse dédiée à la Sainte-Vierge. Il prend un homestead et reçoit l’approbation de Mgr Langevin, archevêque de Saint-Boniface pour établir une paroisse. Il devient alors le premier curé résidant de La Vieille ou Gauthierville.3 Il retourne ensuite en France pour régler ses affaires et pour essayer de convaincre certains Français de venir s’établir dans l’Ouest canadien.

Lorsque l’abbé Royer revient au Canada, il apprend que l’abbé Louis-Pierre Gravel, nouveau missionnaire-colonisateur pour le district, a décidé de fonder sa propre paroisse à La Vieille, de lui donner le nom de Gravelbourg et de la dédier à Sainte-Philomène. Mgr Langevin propose donc à l’abbé Royer d’accepter le poste de vicaire à Gravelbourg. Ceci ne lui plaît pas; il ne veut pas être un simple vicaire et il rêve de fonder une paroisse dédiée à Notre-Dame. À Gravelbourg,«Ste-Philomène ayant supplanté la Ste-Vierge, il ne voulait pas que les autres saints eussent le pas sur Notre-Dame.»4


L'Ouest canadien en 1907 comme l'a trouvé l'abbé Royer.