Chapitre 2:

L’éducation des enfants

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, la première école ouvre ses portes dans le hameau de Notre Dame en 1910. Dès l’arrivée des colons, Adrien Liboiron était devenu le premier instituteur, enseignant dans la petite chapelle. Au départ, il y a une trentaine d’élèves qui fréquentent les cours à Notre-Dame d’Auvergne. Lorsque l’école est construite, M. H. Coutu remplace Adrien Liboiron comme enseignant.

En 1912, l’abbé Royer décide qu’il doit prendre du repos. Il retournera en France pour quelques mois. Le 15 janvier 1913, il se rend à Chamalières en Auvergne visiter la supérieure des Soeurs de Notre-Dame. «Durant son séjour il visita les soeurs de la congrégation de Notre-Dame de Chambriac afin de leur faire connaître son désir de trouver, pour sa paroisse, des enseignantes et des infirmières.»19

La supérieure accepte de soumettre la demande du curé de Ponteix à son Conseil et ensuite à l’évêque du diocèse de Clermont-Ferrand. Avant même son départ de France, l’abbé Royer reçoit l’assurance que des religieuses seront en Saskatchewan avant septembre 1913.

Cinq religieuses et une jeune postulante quittent Chamalières le 11 septembre 1913 pour se rendre en Amérique. Elles traversent l’Atlantique sur le Pomeranian et arrivent à Montréal le 27 septembre. Puis c’est un voyage en train jusqu’à Swift Current. Deux des religieuses laissent le groupe à Regina. Elles les rejoindront l’été suivant.«Pendant le parcours, nous voyions continuellement se dérouler les immenses plaines desséchées: pas un brin de verdure, pas un seul arbre, pas même un buisson... De temps en temps des tas de gerbes ou de paille dans les champs défrichés, puis de petites cabanes isolées à des distances considérables les unes des autres... On se demande comment des hommes peuvent vivre dans ces prairies désertes... Quelques troupeaux de vaches, plus souvent de chevaux, paissent je ne sais quelle herbe.»20

Enfin, de Swift Current les religieuses voyagent sur une ligne secondaire du Canadien Pacifique jusqu’à Pambrun, petit village situé à quelques milles au nord de Ponteix. L’abbé Royer avait envoyé une personne rencontrer les religieuses: «Vers 2h30, les soeurs sont montées en voiture - dans une démocrate21 sans doute - pour s’acheminer, enfin, vers leur destination! Il faisait un soleil brûlant et les chemins étaient si poudreux qu’on voyait à peine les chevaux dans la nuée de poussière.»22

La rentrée des classes a été prévue pour le 5 novembre, mais rien n’est prêt pour accueillir les pensionnaires. La maison n’est pas achevée; les ouvriers sont lents. L’eau n’est pas buvable; il faut en transporter d’un puits à un coût de 25 cents le tonneau. «Un autre problème, le pain! Pas de boulanger, chaque famille cuisait son pain. Les soeurs n’étaient pas habituées à faire le pain et la maison était si froide que le pâte ne levait pas. Le pain était mal réussi; brûlé ou pas assez cuit!»23

Les religieuses demandent alors à l’abbé Royer de remettre le début des classes, mais trois garçons de Ferland (Noé et Médelger Chabot et Antonio Fournier) arrivent pour le 5 novembre. Ils viennent de trop loin pour être renvoyés chez eux; les soeurs les mettent au travail. C’est seulement vers la fin novembre que le couvent accueille les enfants de la région.

En janvier 1914, on demande aux religieuses d’assumer l’enseignement à l’école publique du village. Puisque les soeurs ne parlent pas encore un bon anglais, et qu’elles n’ont pas encore reçu leurs certificats pour enseigner en Saskatchewan, elles hésitent, avant d’accepter un compromis; deux des religieuses vont enseigner le français à l’école publique le matin, tandis qu’une jeune institutrice, Mlle Thériault, enseignera l’anglais au couvent. Dans l’après-midi, on changera d’écoles.

En novembre 1914, les Soeurs de Notre-Dame de Chambriac se retrouvent dans une situation embarrassante. L’inspecteur du ministère de l’Éducation vient visiter l’école publique et le couvent à Ponteix. Après sa visite, il recommande que les religieuses ne retournent plus à l’école publique; Mlle Thériault détient les diplômes requis pour enseigner dans la province, mais ce n’est pas le cas pour les religieuses. Elles peuvent continuer à enseigner dans leur couvent en le désignant école privée .

Couvent de Notre-Dame
En 1916, on décide de construire une nouvelle église ainsi qu’un nouveau couvent à Ponteix. Les religieuses s’installent dans le nouveau couvent en novembre de la même année. Dès la première année dans le nouveau couvent, les Soeurs de Notre-Dame accueillent une soixantaine de pensionnaires et une vingtaine d’externes. Les religieuses commencent à aller suivre des cours à Regina afin d’être reconnues par le ministère de l’Éducation.

En 1920, la commission scolaire revient demander aux religieuses d’assumer l’enseignement à l’école publique. Cette école avait été construite sur un terrain donné par le Canadien Pacifique. «On déménagea l’école de Notre-Dame...y ajouta deux classes en forme de T et puis on bâtit une quatrième classe. En 1923, un incendie détruisait les deux classes.»24 Une nouvelle école en brique est construite, avec sept salles de classe et on la nomme École Poirier en honneur du nouveau curé de Ponteix.

Village de Ponteix vers 1920.