Afin d’assurer le succès de l’entreprise, Mgr Mathieu obtient une charte de l’Assemblée législative de la
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Mgr Mathieu |
Si Mgr Mathieu réussit à créer son «élite écclésiastique et professionnelle franco-saskatchewanaise», pourra-t-il la «garder à la ferme»? Bien sûr, le Collège Mathieu va former des prêtres pour répondre au grand besoin des petites paroisses rurales et il y aura un cours de trois ans en agriculture. Mais, bien d’autres voudront devenir médecin, notaire et avocat. Accepteront-ils de s’établir à la campagne, à Hoey, à Willow Bunch ou à Bellegarde ou prendront-ils le chemin de la grande ville pour ouvrir des cabinets à Prince Albert, à Saskatoon et à Regina?
Il existe plusieurs exemples de francophones ayant des professions libérales qui ont choisi de s’établir dans des petites villes ou à la campagne: le docteur Arsène Godin à Willow Bunch, le docteur Victor Bourgeault à Marcelin, les docteurs Lefèvbre et Moreau à Hoey, les frères Gravel à Gravelbourg (avocat et médecin), Joseph-Arthur Marcotte à Ponteix (avocat), le docteur Joseph-Antoine Soucy à Gravelbourg et l’auteur Marc-Antoine Lebel, alias Jean Féron, à Arborfield.
Cependant, la majorité des Franco-Canadiens qui font leurs études au Collège Mathieu ne s'installent pas à la campagne, en Saskatchewan, pour former le «leadership» tellement souhaité par Mgr Mathieu. D’une part, le Collège Mathieu est affilié, dès 1924, à l’Université d’Ottawa. Un bon nombre de diplômés du Collège se rendront alors à Ottawa pour poursuivre 4leurs études et beaucoup choisiront de ne jamais revenir en Saskatchewan, s’établissant au Québec, en Ontario et ailleurs. Quant à ceux qui reviennent dans la province, plusieurs ouvriront leurs bureaux dans les grandes villes.
À cette époque, et jusqu’au début des années 1960, la ville de Prince Albert attire beaucoup de ces francophones exerçant des professions libérales. Dans cette ville, il y a l’atelier du Patriote de l’Ouest, ainsi que l’évêché du diocèse. Ces francophones s’impliquent pleinement dans le développement de la vie socio-culturelle des Franco-Canadiens de la Saskatchewan. «Durant les premières années de la paroisse du Sacré-Coeur, qui était alors la seule paroisse catholique de Prince Albert, un groupe culturel très actif s’était formé sous la personnalité de Madame Morrier, (née Gravel), une musicienne de renom et une femme exceptionnelle, à ce qu’on raconte.12 Elle était aussi une artiste. Un petit groupe élite s’était donc formé sous son patronage. Ce groupe comprenait plusieurs artistes tels le Docteur Montreuil, les DeLagorgendière, les Gravel, les Jutras, les Turgeon, Madame Carrier, les Casgrain, etc. On organisait à la salle de la cathédrale, des concerts, des tableaux, des pièces de théâtre, des séances de musique et le tout en français.»13
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