Les Métis et leurs coutumes

Chapitre 1

L’histoire de la Montagne de Bois

Les racines indiennes

Avant l’arrivée de l’homme blanc, la région de la Montagne de Bois était souvent visitée par des tribus indiennes, les Cris, les Pieds-Noirs, les Assiniboines et les Montagnais. Ces diverses tribus autochtones ont laissé leurs marques sur le terrain; les pétroglyphes à Saint-Victor sont un exemple de l’écriture indienne sur les rochers.

Les Indiens sont un peuple nomade; ils vivent de la chasse du bison qui se trouve par millions dans la prairie. Avant l’arrivée de l’homme blanc, le gibier manque rarement dans la Montagne de Bois.

En 1869, un jeune Canadien français de Saint-Gabriel de Brandon au Québec, Jean-Louis Légaré, travaille comme traiteur de fourrures pour un Métis de Pembina, Antoine Ouellette.

Un jour, Ouellette présente Jean-Louis à Georges Fisher, un Métis anglais qui arrive des prairies de l’Ouest. Il revient d’un voyage dans la région d’Assiniboia1 où il a visité certaines familles métisses qui hivernent dans la région de la Montagne de Bois. Selon Fisher, cette région est enchanteresse. Le territoire en question est traversé par une vallée où abondent le bois et les sources d’eau. Dans cette vallée, il y a une abondance de bison et de gibier.


Jean-Louis Légaré

Antoine Ouellette invite alors Jean-Louis à aller s’installer à la Montagne de Bois afin d’y ouvrir un comptoir pour desservir les Métis qui se rendront dans la région. Jean-Louis accepte et, alors qu’il se prépare pour son départ vers la vallée que lui a décrite Georges Fisher, plusieurs Métis de Pembina viennent le trouver pour lui demander s’ils peuvent l’accompagner. Légaré connaît bien leur situation.

Ces Métis se sont toujours considérés comme des hommes libres.2 Ils se sont battus contre la Compagnie de la Baie d’Hudson pour gagner le droit de vendre librement leurs fourrures et leur pemmican aux commerçants américains. Plusieurs ont suivi l’exemple des colons de Lord Selkirk et se sont installés sur des parcelles de terre le long de la rivière Rouge. Ils cultivent quelques acres de terre, récoltant un peu de blé et d’avoine, mais leur principal gagne-pain est le bison qu’ils abattent chaque été lors de la chasse annuelle.

Toutefois, leur vie est quelque peu bouleversée ces derniers temps par l’arrivée de colons anglais de l’Ontario.3 Ces derniers arrivés croient qu’ils sont les maîtres de la colonie de la Rivière-Rouge et les Métis espèrent retrouver une certaine liberté dans la vallée de la Montagne de Bois.

C’est à ce même moment que Louis Riel met sur pied son premier gouvernement provisoire, celui qui mènera en 1870 à la création de la province du Manitoba.

Puisque le gibier ne vient plus dans la région de la Rivière-Rouge, les chasseurs doivent aller de plus en plus loin vers l’ouest pour trouver des troupeaux de bisons. Certaines familles métisses veulent alors aller s’établir plus à l’ouest, plus près des troupeaux de bisons.

Quelques jours plus tard, une caravane de 300 charrettes quitte Pembina. Elle transporte 75 familles métisses venant de Pembina, de Saint-Joseph et de Saint-François-Xavier. Chaque famille possède quatre charrettes et une dizaine de chevaux. Leurs loges sont des tentes en peau de forme conique, le tipi des Indiens des plaines.

La région de la Montagne de Bois vers 1870...

Pendant plusieurs semaines, la caravane sillonne la prairie de ce qui est aujourd’hui le sud de la Saskatchewan. «Une journée de marche était de vingt milles environ. Chaque soir, les éclaireurs désignaient le lieu du campement, autant que possible à proximité de l’eau et du bois. On formait un grand cercle avec les charrettes qui servaient de barricades contre les attaques toujours à redouter des Indiens. À l’intérieur du cercle, se trouvait le camp proprement dit, les tentes, le mobilier, et les animaux attachés à des pieux. Enfin, tout au centre, un feu allumé, à la chaleur duquel les femmes faisaient cuire le repas de la famille.»4


Après la messe à Willow Bunch...
En octobre 1870, Jean-Louis Légaré et les familles métisses arrivent à la Montagne de Bois5 où ils rencontrent le Père Lestanc, o.m.i., qui fait bâtir une chapelle. Certains Métis se bâtissent des maisons de bois rond puisqu’ils ont l’intention d’établir un campement d’hiver permanent dans cette vallée.

L’hiver de 1870-1871 est très rigoureux, les tempêtes se multiplient. Jean-Louis Légaré fait la traite des fourrures avec les Métis et les Indiens de la région. Le printemps suivant, il retourne à Pembina pour livrer les fourrures qu’il a accumulées pendant l’hiver à son patron, Antoine Ouellette. Georges Fisher suggère à Jean-Louis de devenir associé avec lui dans un poste de traite.