Chapitre 3 suite...

Des conflits entre colons et habitants du pays

Durant l’été 1812, les colons de Selkirk arrivent finalement à la Rivière-Rouge. Durant les années suivantes, plusieurs conflits éclateront entre les colons de Selkirk et les hivernants de la Compagnie du Nord-Ouest.27

Il est possible qu’il n’y ait pas eu de batailles entre les colons et les Norwesters,28 mais la récolte ne fut pas bonne en 1813. L’année suivante, craignant une famine, le chef des colons, Miles Macdonnell, interdit l’exportation de pemmican de la colonie.

Cette mesure choque les Norwesters qui ont besoin du pemmican pour leurs postes de traite à l’intérieur du pays. Puis, Macdonnell impose un autre règlement. Il interdit la chasse du bison à cheval. Ce nouveau règlement choque les Bois-Brûlés.

Jusqu’alors dans l’histoire de l’Ouest, les Métis (ou Bois-Brûlés) n’ont pas joué un rôle important. Ils sont les descendants des alliances entre les voyageurs et hivernants et les femmes indiennes. Ils gagnent leur vie en tant qu'employés des deux compagnies de traite de fourrures ou comme chasseurs de bisons. Les chasseurs métis approvisionnent aussi bien les Norwesters que les employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

À cette époque, les Bois-Brûlés se considèrent déjà comme un peuple libre et ils n’aiment pas se soumettre aux lois des compagnies. Les proclamations de Miles Macdonnell ne sont pas bien vues des Métis.

Miles Macdonnell interdit la chasse à cheval pour la raison suivante: «Cette façon de chasser le bison était traditionnelle chez les Métis. Malheureusement, elle effarouchait les troupeaux qui se ruaient loin de la région de la Rivière-Rouge. Les colons qui n’étaient pas des chasseurs expérimentés, avaient donc plus de difficulté à abattre les bêtes dont ils avaient besoin pour assurer leur subsistance.»29

Les Bois-Brûlés offraient leurs services à une ou l’autre des deux compagnies. Ils étaient guides, voyageurs, hivernants ou fournisseurs de pemmican pour la Compagnie de la Baie d’Hudson ou celle du Nord-Ouest.

Les gestes de Miles Macdonnell poussèrent les Bois-Brûlés à se rapprocher de la Compagnie du Nord-Ouest. Les patrons de cette dernière compagnie nommèrent donc Cuthbert Grant, un jeune Métis d’origine écossaise, «capitaine-général de tous les sang-mêlé». Grant rallia derrière lui bon nombre de Métis, d'Indiens et de Blancs.

À l’automne 1815, la guerre est à la veille d’éclater entre les deux camps. Miles Macdonnell demande à Jean-Baptiste Lagimodière de se rendre à Montréal pour porter des lettres au comte de Selkirk. Lagimodière accepte, laissant sa femme et ses enfants à Saint-Charles.

Jean-Baptiste entreprend son voyage en plein hiver: «Le Canadien fit le voyage à pied et seul, avant l’hiver de 1815-1816. Il remplit avec succès sa mission qui lui fit parcourir plus de 1 800 milles. Pendant son voyage de retour, il fut cependant fait prisonnier par des Indiens mandatés par la North West Company. On l’enferma au fort William et il ne fut délivré qu’en août 1816, lors de la prise du fort par Lord Selkirk.»30