Marie-Anne DuperreaultAnnette Saint-Amant

Chapitre 1

Deux journalistes

Le Patriote de l’Ouest voit le jour le 22 août 1910 à Duck Lake. Dans son livre, Les Français dans l’Ouest canadien, Donatien Frémont nous a donné un bref historique du premier journal français de la Saskatchewan, ainsi que des premiers artisans de l’hebdomadaire. «Un modeste atelier fut aménagé dans une dépendance de l’école (École St-Michel à Duck Lake). Les premiers ouvriers associés à l’oeuvre - rédacteur, typographe, pressier - furent des Français.

On alla chercher sur une ferme voisine, où il travaillait aux moissons, Jean-Marie Estival, pour le placer devant une casse de typographe. Ce jeune Breton avait apporté, dans son bagage léger d’émigrant, quelques notions d’imprimerie. Ce fut pour lui le point de départ imprévu d’une carrière journalistique exercée tour à tour à Montréal, à Sherbrooke et à Québec. Maurice Dumousseau, d’Angoulème, déjà rencontré à Saint-Boniface, devint plus tard le chef d’atelier.

Le P. Adrien-Gabriel Morice, un Oblat originaire de la Sarthe, rédigea les douze premiers numéros du Patriote de l’Ouest. Ancien missionnaire des Indiens en Colombie-Britannique, il était déjà connu pour ses travaux historiques et ethnologiques, qu’il allait poursuivre durant une trentaine d’années. Son successeur, le P.A.-F.Auclair, eut pour aide un jeune prêtre français, l’abbé Boucher, qui fit la guerre dans les tirailleurs algériens. Le journal se transporta ensuite à Prince Albert, où il trouva des conditions plus favorables à son développement. L’auteur de ces lignes y fut secrétaire de la rédaction, avant de passer à La Liberté de Winnipeg...»1

Dans cette étude historique, Frémont se préoccupe surtout de la contribution des Français au développement de l’Ouest canadien. Il ne fait donc aucune mention du rôle qu’ont joué les Canadiens français et surtout les femmes canadiennes-françaises.

Des milliers d’entre elles ont aidé à défricher les terres de la Saskatchewan. Elles ont collaboré à l’éducation des enfants et à l’établissement de coopératives. Elles ont aidé à fonder les paroisses et les communautés francophones. Enfin, elles ont bâti des hôpitaux et ont aidé à soigner les malades.

Même au Patriote de l’Ouest, il est impossible de passer sous silence le rôle qu’ont joué deux jeunes femmes venues du Québec. L’une d’entre elles, Annette Saint-Amant, allait devenir l’épouse de Donatien Frémont, un des grands journalistes de l’hebdomadaire français de la Saskatchewan.