Chapitre 1
Enseignement

Marie-Antoinette Papen est née à Sainte-Anne-des-Chênes au Manitoba le 9 juin 1907. Elle est la fille cadette d’Eugène de MargerieBélona Généreux. Son père était le fils du doyen de la faculté de lettres de l’Université de Lille, en France, et il avait lui-même enseigné la littérature à cette université tout en écrivant des critiques littéraires pour la revue L’Univers.

Mais comme son physique était frêle et délicat, Eugène de Margerie décide d’abandonner l’enseignement et d’émigrer au Canada. Il arrive dans l’Ouest canadien au printemps 1885 en compagnie du comte de Bréda qui espère s’établir dans une ferme et s’adonner à des projets de culture.

Ce noble français renonce à ses projets et retourne en France, mais E. de Margerie décide de rester au Manitoba et au printemps 1886, il achète une ferme à Sainte-Anne-des-Chênes qu’il nomme « la ferme Sainte-Amélie.»1 Il se lance dans l’élevage des moutons et dépense même 20 000 $ pour construire une bergerie dans sa propriété. Il épouse une jeune fille de la région, Bélona Généreux, fille d’Alfred Généreux.

Eugène de Margerie devient un grand ami d’un autre Français établi dans la région, Louis de Cathelineau. Les deux jeunes Français disposent de beaucoup de capitaux mais de peu d’expérience pratique en agriculture.

«Ils avaient trop de ressources liquides disponibles, sans l’expérience voulue pour en disposer de manière profitable. Leur protecteur dut recommander aux familles de cesser tout envoi de fonds. Eugène de Margerie, avant tout lettré et profondément religieux, mais d’esprit peu pratique, ne se trouvait guère à sa place à la tête d’une exploitation agricole.»2

Eugène de Margerie et Bélona Généreux auront quatre enfants, un fils, Antonio et trois filles, Solange, Jacqueline et Marie-Antoinette qu’on appelle affectueusement «Ninette». Antonio suivra la tradition familiale et deviendra enseignant avant d’entreprendre une longue carrière comme chef du Secrétariat de l’ACFC en Saskatchewan.

Marie-Antoinette de Margerie est née à Sainte-Anne-des-Chênes en 1907. Elle est la plus jeune de la famille. Antonio, alors âgé de 12 ans devient son parrain. Lorsque Eugène de Margerie meurt un an après la naissance de Marie-Antoinette, Antonio prend au sérieux son rôle de parrain et il essaye de remplacer son père.

Mais, il revient à sa mère de veiller au bien-être de sa famille. «La jeune fille poursuit ses études à Sainte-Anne des Chênes et dans d’autres villages, au hasard des emplois qu’occupe sa mère pour assurer la subsistence de la famille.»3De sa mère, Marie-Antoinette de Margerie garde de bons souvenirs tout au long de sa vie. «Maman m’a inculqué des principes religieux très forts, très solides, que j’essaie de mettre en pratique aujourd’hui. Mais avec maman, nous avons été comme deux amies, vraiment.4